Théorie de la Phrénologie

Franz Joseph Gall

 

 

La théorie de Gall :

Au XVIIIe siècle, les connaissances sur le cerveau étaient très partielles et dominées par des spéculations non scientifiques. C'est dans ce contexte que travaille Franz Joseph Gall (1758-1828), le premier à annoncer que les différentes fonctions mentales sont localisées dans différentes parties du cerveau. Il a effectivement raison sur ce point, mais entièrement tort sur la manière dont ces fonctions sont organisées dans le cerveau. Il crée la phrénologie (du grec phrenos=cerveau, logos=étude), première théorie complète de localisationnisme cérébral. Cette nouvelle science va être cependant fortement critiquée par la communauté scientifique, considérée comme une "pseudo-science", l'oeuvre d'un charlatan.

 

C'est dans son livre : "L'Anatomie et la Physiologie du système nerveux en général, et du cerveau en particulier" que Gall expose les principes de base de la phrénologie :

D'abord, il pense que les facultés morales et intellectuelles de l'Homme sont innées, et que leur manifestation dépend de l'organisation du cerveau, considéré comme l'organe responsable de tous les sentiments et facultés.

Ensuite, Gall propose que le cerveau soit composé de plusieurs "organes" particuliers, chacun étant relié à ou responsable d'une faculté mentale. Il avançait aussi que le développement relatif des facultés mentales chez un individu conduirait à un développement physique plus important des sous-organes responsables des facultés considérées.

Enfin, Gall propose que la forme externe du crâne reflète la forme interne du cerveau, et que le développement physique relatif des organes cérébraux entraîne des changements sur la forme du crâne, ce qui pourrait être utilisé pour diagnostiquer les facultés mentales particulières d'un individu donné, en en faisant une analyse propre.

 

Les expérimentations de Gall :

Fort d'observations menées sur les cerveaux de ses connaissances et patients qui le conduisent à énoncer sa théorie, Gall et ses collaborateurs -dont le plus important est Johann Spurzheim (1776-1832)- mettent au point des cartes topologiques du cerveau qui leur permettent de déterminer, rien qu'en observant la forme extérieure du crâne de quelqun ses prédispositions et ses facultés mentales. Ainsi une certaine zone du cerveau plus proéminente caractérisera un individu violent par exemple.

 

L'histoire de la Phrénologie :

Cette théorie est très fortement critiquée dès ses débuts par la Communauté scientifique : dès 1808, l'Institut de France rassemble un commité de savants, mené par Cuvier, qui déclare que la Phrénologie n'est pas fiable -certains historiens suspectent ces scientifiques de n'avoir pas plus de preuve de ce qu'ils avancent que Gall, et que c'est Napoléon Bonaparte qui leur a demandé d'aboutir à cette conclusion, furieux que l'interprétation de son crâne par Gall ne révèle pas des qualités nobles qu'il pensait posséder!

Malgré tout, la théorie de la Phrénologie a attiré de nombreux successeurs, et aussi étrange que cela puisse paraître, certains experts restent persuadés du bien-fondé de cette science !

D'autres scientifiques ont eux aussi avancé des hypothèses proches de celles de la phrénologie : l' anthropologue Cesare Lombroso, presque un siècle après Gall, soutient que certaines caractéristiques physiques comme un front pentu ou des os faciaux asymétriques révélent un caractère violent.

Dans la première moitié du 20e siècle, c'est en se basant sur la carte topologique du cerveau de Gall que se développe l'usage fréquent de la lobotomie (procédure consistant à séparer le lobe frontal ou temporal du reste du cerveau) pour rendre les gens moins agressifs et impulsifs.

 

Et le gène de la violence dans tout ça?

Comme on a pu le constater, jamais Gall n'a avancé l'hypothèse d'un gène de la violence ; et pour cause ! la génétique naît en 1953, soit plus de 150 ans après les théories de Gall!

Pourtant, cette théorie est étroitement liée à celle du déterminisme génétique, lorsqu'on l'éclaire des découvertes du XXe siècle : ce sont nos gènes qui déterminent la forme de notre crâne, au même titre que nos autres caractéristiques physiques. Et si cette forme révèle des prédispositions à la violence, on peut conclure que nos gènes, même s'ils ne sont pas entièrement responsables, impliquent toutefois des caractéristiques comportementales. C'est dans cette optique que nous pouvons dire que Franz Joseph Gall énonce le premier la possibilité de l'existence de prédispositions génétiques à la violence.