LA REMISE EN QUESTION DE LA RELATIVITE GENERALE

ETUDE DE LA VARIABILITE DE LA CONSTANTE DE LA STRUCTURE FINE

 

Autres remises en question actuelles de la théorie:

Tests expérimentaux de la théorie de la relativité générale


Ce texte est une version française simplifiée d'un extrait d'un article publié par K. Hagiwara et al., Physical Review D66, en juin 2002. L'extrait à été revu par T. Damour (IHES) en octobre 2001.

 

Nous ne nous intéresserons ici qu'au cas " classique " c'est-à-dire non relativiste. Une approche relativiste apporte des résultat intéressant et notamment la possibilité d'une énergie du vide, [1] qui viendrait faire écho à la fameuse " constante cosmologique " introduite puis rejetée par Einstein. Cependant, de récentes découvertes cosmologiques semblent donner une valeur positive et relativement petite à cette énergie. Une telle valeur a des effets négligeables sur les tests qui suivent.

Test expérimentaux du couplage entre la matière et la gravité
Tests de la dynamique du champ gravitationnel en régime faible

Tests de la dynamique du champ gravitationnel en régime rayonnant et/ou fort
Conclusion
Références

Tests expérimentaux du couplage entre la matière et la gravité.

Test sur la constance des constantes
L'universalité du couplage entre la gravité et la matière, appelé principe d'équivalence, a beaucoup de conséquences observables.
Premièrement, le principe prédit que les résultats d'une expérience non gravitationnelle locale, dans le référentiel local standard, ne dépend pas d'où, ni de quand, l'expérience est réalisée. Cela signifie, par exemple, que des expériences locales ne devraient pas sentir l'évolution cosmique de l'univers ( la constance des constantes) ni montrer des directions privilégiées dans l'espace temps ( isotropie de l'espace, invariance par transformation de Lorentz). Ces prédictions sont cohérentes avec beaucoup d'expériences et d'observations. La meilleure limite d'une variation dans le temps possible d'une des constantes fondamentales du couplage concerne la constante de la structure fine.

Test sur l'isotropie de l'espace
Les tests les plus précis sur l'isotropie de l'espace ont été effectués en étudiant les possibles changements quadripolaires des niveaux d'énergies nucléaires [2]. Le résultat (nul) peut être interprété comme si on testait le fait que la matière est couplée à un seul champ de gravitation externe avec une précision de 10 ^ -27.

Test sur l'accélération en chute libre
Deuxièmement, le couplage universel de la gravité implique que deux corps tests électriquement neutres, lancés depuis la même position et avec la même vitesse dans un champ de gravitation externe tombent de la même façon, indépendamment de leur masse et de leur composition. L'universalité de l'accélération en chute libre a été vérifiée avec une précision de 10 ^-12 à la fois pour des corps en laboratoires [3] et pour les accélérations gravitationnelles de la Lune et de La Terre vers le Soleil [4].

Test sur la dilatation des temps
Finalement, le principe d'équivalence implique aussi que deux horloge identiquement construites situées à deux positions différentes dans un potentiel newtonien classique U(x) = G m/r, montrent quand on les compare à l'aide de signaux électromagnétiques une différence apparente entre les périodes des horloges, indépendamment de leur nature et de leur constitution. Ce décalage universel des périodes des horloges a été vérifié avec une précision de 10 ^ -4 (0.00001) en comparant une horloge à maser d'hydrogène volant dans une fusée à une altitude d'environ 10 000 km, à une horloge similaire au sol [5].


Tests de la dynamique du champ gravitationnel en régime faible

Toutes les expériences gravitationnelles actuellement conduites dans le système solaire, y compris les avances du périhélie des orbites des planètes, la courbure et le retard des signaux électromagnétiques qui passent près du Soleil et les données très précises de la distance à la Lune obtenues par échos laser, sont compatibles avec les résultats de la relativité générale.

De la même façon que ce qui est fait dans les discussions sur la précision des expériences sur la force éléctrofaible, il est utile de quantifier la signification de la précision des expériences gravitationnelles en paramétrant les écarts plausibles à la relativité générale. La possibilité de l'existence de nouveaux couplages des forces gravitationnelles qui mènent (sur de petites, et peut-être grandes échelles) à un écart par rapport aux théories de la gravité d'Einstein et de Newton est suggérée par la théorie des cordes [6], et par les idées de Brane World [7]. Des expériences récentes ont établi une limite sur les petites distances d' interactions qui est de l'ordre de 0,2 mm. Si on focalise sur les interactions de grande portée, il faut s'intéresser aux paramètres Gamma et Beta. Ces paramètres surviennent naturellement dans les discussions phénoménologiques sur les écarts possibles à la relativité générale. Les meilleurs limites actuelles sur les paramètres Gamma et Beta sont , avec un degré de confiance de 68% : -3,8 * 10^-4 < Gamma<2,6 * 10^-4 déduites des mesures du VLBI (Very Long Baseline Interferometry) sur les "déflections" des ondes radio par le Soleil [8] et 4 * Beta - Gamma = - 0.0007±0.0010 [9] à partir des mesures laser sur une inclinaison possible de la Lune vers le Soleil.


Tests de la dynamique du champ gravitationnel en régime rayonnant et/ou fort.

Principe
La découverte de pulsars (c'est-à-dire d'étoiles à neutrons en rotation émettant des bruits radio) dont les orbites sont reliées par la gravitation [10,11] a ouvert un terrain entièrement nouveau pour tester la gravitation relativiste, procurant aux scientifiques une approche expérimentale du régime rayonnant et/ou fort du champ de gravitation. Dans ces systèmes, la vitesse finie de propagation des interactions gravitationnelles entre le pulsar et son compagnon génèrent des effets de "marée" dans les équations du mouvement [12]. Ces forces de marée sont la manifestation locale du rayonnement gravitationnel émis à l'infini par le système. Elles ont pour effet de rétrécir l'orbite binaire et de diminuer la période de rotation.

Tests sur la période d'un pulsar
La stabilité remarquable de l'horloge du pulsar a permis à Taylor et à ses collaborateurs de mesurer le très léger décalage de la période dont la valeur a été établie a 10^-12 [11,13], ainsi ils ont eu une confirmation expérimentale directe des propriétés de propagation du champ gravitationnel.
De plus, le potentiel gravitationnel de surface d'une étoile à neutrons étant d'un facteur 10^8 plus grand que celui de la Terre, et d'un facteur d'environ 2,5 sous la limite du trou noir, les données des pulsars sont des sondes sensibles du régime de fort champ gravitationnel.

Tests impliquant simultanément des régimes rayonnants et forts
Il a été possible de mesurer trois paramètres du premier pulsar découvert. Ces trois paramètres déterminent des équations qui définissent, pour chaque théorie, trois courbes dans le plan des masses (deux masses, deux dimensions). Cela fournit une vérification (combinée champ rayonnant /fort) d'une théorie particulière, selon que les courbes se coupent en un point, comme elles le devraient. Après avoir retranché un faible mais non négligeable effet newtonien perturbateur du à la Galaxie, on trouve que la relativité générale passe le test avec succès à une précision de 10 ^-3 [11,13].

Tests impliquant seulement le champ fort
La découverte d'un autre pulsar binaire[14] a permis de mesurer quatre paramètres et d'obtenir ainsi deux ( quatre observations moins deux masses (inconnue)) tests du champ gravitationnel fort, sans le mélanger avec les effets rayonnants [15]. La relativité générale supporte le test dans la précision des mesures [15,11]. En utilisant les données les plus précises et les plus récentes [16] on trouve un résultat en accord avec la théorie avec une erreur de 1%.

Tests sur des pulsar non symétriques
Plusieurs autres systèmes de pulsar binaires, de type non symétrique (des systèmes quasiment circulaire composé d'une étoile à neutron et d'une naine blanche) peuvent aussi être utilisés pour tester la gravité relativiste [17,18] Des mesures de la forme des pulsations d'un de ces pulsars ont permis de détecter une variation dans le temps de la forme de ces pulsations compatible avec la prédiction[19] que le couplage général relativiste des orbites devrait causer un changement dans l'orientation du faisceau du pulsar en fonction de la ligne de vue.

Ordre de grandeurs
Les tests considérés ci-dessus ont examiné des interactions gravitationnelles à des échelles comprises entre la fraction de millimètre et quelques unités astronomiques ( soit 150 000 000 km). D'un autre côté, les actions de relativité générale sur la lumière et la matière d'un champ de gravitation externe sur une échelle d'une longueur d'environ 100 kpc ont été vérifiées à environ 30% dans certains systèmes de lentille gravitationnelle [20].
Certain tests à l'échelle cosmologique sont aussi valables. En particulier, la nucléosynthèse du Big Bang a été utilisé pour établir des contraintes non négligeables sur la variabilité de certaines "constantes" [21]


Conclusion

Tous les tests expérimentaux à ce jour sont compatibles avec les prédictions de l'actuel modèle "standard" de gravitation : la relativité générale d'Einstein. L'universalité du couplage entre la matière et la gravité ( le principe d'équivalence) a été vérifié jusqu'à une précision de 10^-12. Les expériences du système solaires ont permis de tester les prédictions du champ faible de la théorie d'Einstein avec une précision de 10^-3. Les propriétés de propagation de la gravitation relativiste, ainsi que plusieurs aspects de son champ fort, ont été vérifiés à un niveau de 10^-3 dans des expériences impliquant des pulsars binaires. Plusieurs nouveaux développements dans les expériences de gravitation sont attendus dans un futur proche.

 

Références :

1. S. Weinberg, Rev. Mod. Phys. 61, 1 (1989).
2. J.D. Prestage et al. , Phys. Rev. Lett. 54, 2387 (1985).
3. Y. Su et al., Phys. Rev. Lett. 57, 3125, (1986).
4. J. O. Dickey et al., Phys. Rev. D50, 3614 (1994).
5. R. F. C. Vessot et M. W. Levine, Gen. Rel. Grav. 10, 181 (1979) ;
R. F. C. Vessot et al., Phys. Rev. Lett. 45, 2081 (1980).
6. T.R. Taylor et G. Veneziano, Phys. Lett. B213, 450 (1988) ;
S. Dimopoulos et G. Guidice, Phys. Lett. B379, 105 (1996) ;
I. Antoniadis, S. Dimopoulos, et G. Dvali, Nucl. Phys. B516, 70 (1998).
7. V. A. Rubakov, Phys. Usp 44, 871 (2001) ;
I. I. Kogan, astro-ph/0108220.
8. T.M. Eubanks et al., Bull. Am. Phys. Soc., Abctract # K 11.05 (1997).
9. J.O. Dickey et al., Science 265, 482 (1994) ;
J.G. Williams, X.X. Newhall, et J.O. Dickey, Phys. Rev. D53, 6730 (1996).
10. R.A. Hulse, Rev.Mod Phys. 66, 699 (1994).
11. J.H Taylor, Rev. Mod. Phys. 66, 711 (1994).
12. T. Damour et N. Deruelle, Phys. Lett. A87, 81 (1981) ;
T. Damour, C.R. Acad. Sci. Paris 294, 1335 (1982).
13. J.H. Taylor, Class. Quantum Grav. 10, S167 (Supplément 1993).
14. A. Wolszczan, Nature 350, 688 (1991).
15. J.H. Talor et al., Nature 355,132 (1992).
16. I.H. Stairs et al., Astrophys. J. 505, 352 (1998).
17. C.M. Will et H.W. Zaglauer, Astrophys. J. 346, 366 (1989).
18. T. Damour et G. Schäfer, Phys. Rev. Lett. 66, 2549 (1991).
19. T. Damour et R. Ruffini, C.R ? Acad. Sc. Paris 279, série A, 971 (1974) ;
B.M. Baker et R.F. O'Connell, Phys. Rev. D 12,359 (1975).
20. A. Dar, Nucl. Phys. (Proc. Supp. ) B28, 321 (1992).
21. A.S. Eddington, The Mathematical Theory of Relativity (Cambrige University Press, Cambrige, 1923) ;
K. Nordtvedt, Phys. Rev. 169, 1017 (1968) ;
C.M Will, Astrophys. J. 163, 611 (1971).



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