Raymond Sené

 

 

Raymond Sené est physicien CNRS au laboratoire de Physique corpusculaire du Collège de France. Membre de la commission scientifique présidée par Raimond Castaing et chargée d'évaluer les capacités de Superphénix comme outil de recherche, il en a démissionné en mai 1996. Il fait partie du " Groupement de scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire ".

 

Point de vue de Raymond Sené sur la radioactivité d’Iter

Extrait du Nouvel économiste (5 décembre 2003)

« À ce niveau apparaissent deux petits "détails" permettant de faire comprendre les principaux mensonges concernant la fusion : elle utiliserait un combustible quasi illimité qui se trouve dans l'eau de mer et elle serait propre au point de vue radioactif.

Le premier, et non le moindre, est qu'il faut non seulement du deutérium, l'isotope de masse 2 de l'hydrogène mais aussi du tritium, l'isotope de masse 3 de l'hydrogène, radioactif. S'il est possible d'extraire le deutérium de l'eau de mer (à quel coût énergétique?), par contre le tritium, isotope radioactif de l'hydrogène de courte période (12,26 ans) se trouve en très faible quantité dans la nature, d'où la nécessité d'en fabriquer, en grandes quantités en faisant réagir les neutrons avec le fluide caloporteur, du lithium en l'occurrence. Puis il faudra l'extraire, le stocker avant de l'injecter dans l'enceinte en fonction des besoins.
Pour un réacteur de 1000 MW, 15 à 20 kg de tritium seront nécessaires pour 2 à 3000 heures de fonctionnement (20 kg de tritium représentent une activité de 200 millions de curies soit 7,4.1018 Bq, - des milliards de milliards de Bq). L'installation va donc être contaminée par le tritium, car ce radioélément, tout comme l'hydrogène dont il a les mêmes propriétés physico-chimiques, diffuse facilement à travers les métaux et n'est pas du tout inoffensif pour la santé contrairement aux discours traditionnels.


Le second est que les neutrons doivent traverser la structure de la chambre de combustion si on veut espérer récupérer de l'énergie. Ces neutrons vont activer les matériaux, créant de très importantes quantités de radioéléments de période plus ou moins longue. Sur le plan de la radioactivité, ces réacteurs, si un jour ils fonctionnent, n'auront rien à envier aux réacteurs à fission.
De plus, chaque année une portion de l'enceinte, circuits magnétiques compris devra être changée en raison l'usure très rapide (environ 5 cm par an,) de sa paroi intérieure et constituera un volume important de déchets de très haute activité, de durée de vie plus ou moins longue.
En résumé, ce type de réacteur, présenté par ses promoteurs comme écologique , sans déchets radioactifs (pas de "cendres" contenant des produits de fission) va produire une nuisance radioactive au moins égale, si ce n'est plus important, que les réacteurs actuels. »