Le régulateur de vitesse
 
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Expertise de la Vel Satis : nouveau report

01 juin 2005

Les deux spécialistes, mandatés par la justice pour comprendre pourquoi le véhicule se serait mis à rouler à 200 km/h durant près d'une heure, ont obtenu mercredi matin un second report. Le délai d'un mois supplémentaire devrait leur permettre de "finaliser la rédaction de leur rapport".

Sept mois et demi après leur nomination, le 12 octobre 20 04 , les deux experts mandatés par le Tribunal de grande instance de Bourges pour examiner la "Vel Satis folle", peinent à boucler leurs travaux. Après avoir obtenu un premier report de quatre mois, au début de l'année, Christian Handurand, expert auprès de la cour d'appel de Bordeaux, et Philippe Mussy, son collègue rattaché à la cour d'appel de Grenoble, ont bénéficié d'un mois de réflexion supplémentaire, afin, disent-ils, de "finaliser la rédaction" de leur rapport. Ainsi en a décidé le tribunal de grande instance de Bourges, mercredi.

Il semble que ce report est simplement dû au formalisme judiciaire qui entoure la remise de l'expertise. "Pour chaque expertise, un pré-rapport doit être remis aux parties trois semaines avant la remise du rapport définitif afion que les parties puissent y répondre et, éventuellement, apporter des contre-arguments et ce, avant la remise du document à la justice", explique à tf1.fr une source informée. En l'espèce, il semble que la rédaction du pré-rapport ait connu un peu de retard, provoquant une prolongation "technique" du délai afin que l'écart de trois semaines soit respecté par rapport à la remise du rapport définitif à la justice.

A défaut de constituer le premier cas de dysfonctionnement supposé d'un régulateur de vitesse sur un véhicule roulant en France (au cours d'une interview réalisée au mois d'avril, le directeur de la qualité du groupe Renault avait déclaré à tf1.fr qu'un client s'était plaint d'un problème analogue sur sa Laguna "en août 2002"), l'affaire de la Vel Satis est la première à avoir "conquis" le terrain médiatique. Le 3 octobre 20 04 , un automobiliste, Hicham Draa, 29 ans, avait affirmé avoir roulé durant 150 km à près de 200 km/heure sur l'A71, à cause, selon lui, du blocage du régulateur de vitesse de son véhicule. Le conducteur avait finalement pu arrêter son véhicule près de Riom (Puy-de-Dôme), à une vingtaine de kilomètres d'une barrière de péage.

 

Incident "très improbable"

Le témoignage de l'automobiliste avait de quoi laisser songeur. Hicham Draa affirmait que la boîte de vitesse séquentielle de sa Vel Satis s'était bloquée, sans qu'il ne puisse ni freiner, ni couper le moteur. "J'étais en train de doubler un camion et j'avais verrouillé le régulateur de ma Renault Vel Satis sur 130 kilomètres à l'heure. J'ai accéléré pour dépasser un poids lourd et là, je n'ai pas compris, le régulateur s'est emballé. La vitesse a grimpé à 190 kilomètres à l'heure ! Impossible pour moi de faire descendre la vitesse ! J'étais coincé à 190 kilomètres/heure", avait-il raconté au Berry Républicain. Un incident aussitôt qualifié de "très improbable" par Louis Schweitzer, le Pdg de Renault de l'époque. Si un régulateur de vitesse, piloté par un calculateur mêlant électronique et informatique, peut potentiellement connaître des avaries, comment expliquer que la boîte de vitesse et les freins, c'est-à-dire des pièces totalement mécaniques, puissent devenir brutalement inopérants ?

Conscient des dégâts commerciaux que pouvaient provoquer une telle affaire, Renault avait fait rapatrier la Vel Satis dans son Technocentre de Guyancourt (Yvelines) deux jours après l'incident. Après quelques heures d'analyse, un expert indépendant n'avait constaté "aucun dysfonctionnement, tant sur les organes électroniques, mécaniques ou hydrauliques". Le constructeur avait alors pris les devants en introduisant, le 10 octobre, un référé devant le Tribunal de grande instance de Bourges afin d'obtenir la saisine d'un expert automobile agréé auprès des tribunaux.

 

Changement de communication

C'est suite à ce recours que le tribunal a ordonné la nomination des deux experts. Depuis le 12 octobre, Christian Handurand et Philippe Mussy sont chargés par la justice de "déterminer si le régulateur de vitesse connaît, ou a pu connaître, un dysfonctionnement, déterminer les interventions effectuées depuis l'incident jusqu'à la prise en charge par Renault et les conséquences de celles-ci". Force est de constater qu'en près de huit mois, deux experts cherchent toujours une explication là où quelques heures avaient suffi à un autre spécialiste pour livrer son verdict. Difficile d'y voir clair… Depuis cette affaire de la Vel Satis, une quarantaine de cas ont été recensés chez Renault, un chez Toyota et un autre sur une Audi.

Après avoir longtemps privilégié l' "erreur de pilotage" ou "une confusion entre les pédales" de la part des conducteurs, Renault a quelque peu infléchi sa communication en envoyant, au cours du mois d'avril, une brochure à ses 600 000 clients munis d'un régulateur de vitesse. Interrogé par tf1.fr, le constructeur avait alors reconnu : "Peut-être que nous n'avons pas su expliquer la prise en main de ces régulateurs…"

 

Renault maintient le cap

"Nous ne disposons d'aucune nouvelle information à ce sujet". Interrogé mercredi par tf1.fr, Renault a formellement démenti le contenu de l'article publié le même jour par Le Figaro. Mais pas question, pour autant, de demander la publication d'un droit de réponse : "Nous n'allons pas répondre à chaque fois qu'un journal écrit quelque chose sur le sujet", explique-t-on du côté de la marque au losange qui dit "s'en remettre aux expertises judiciaires en cours".

Le Figaro écrit que "les experts, y compris les ingénieurs de Renault (…) s'orientent vers deux pistes distinctes" susceptibles d'expliquer les problèmes de régulateurs de vitesse : le problème lié au multiplexage et les perturbations électromagnétiques du système embarqué. Le quotidien y voit "une façon de reconnaître qu'il pourrait finalement y avoir un défaut dans les systèmes électroniques des voitures". Du côté de Renault, on insiste sur les "erreurs" contenues dans l'article. Notamment, le blindage utilisé chez le constructeur pour étanchéifier les calculateurs serait de classe 4, et non de classe 3.

 

 

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