Depuis les années 1970, dans un des lieux de nidification majeurs de France, la Dombe (dans l’Ain), l’abondance de certaines espèces a décru de près de 70%. Face à des chiffres sans appel, les chasseurs sont tout de suite montrés du doigt. Sont-ils entièrement responsables de cette diminution ? La réponse est clairement non.
Le facteur principal de diminution d’espèces comme les canards de surface en Dombe est la destruction des habitats par l’agriculture. Il y a une cinquantaine d’années, la Dombe était une zone composée d’environ 1300 étangs qui était séparés par des zones de vasière. Or, ces zones au bord des étangs sont justement les zones de reproduction des canards de surface. L’agriculture traditionnelle a utilisé des champs entre les étangs, mais sans empiéter sur les bords, il y avait donc une bonne harmonie entre l’agriculture et les canards.
Cependant, avec la révolution agricole et l’apparition de la PAC (Politique Agricole Commune), ces zones de vasière ont été utilisées pour cultiver du maïs. Une très grande proportion de ces zones de vasière a donc purement et simplement disparu. Les mesures environnementales sont venues très tard (à cause de la forte pression du lobby céréalier), et déjà 70% de nicheurs avaient disparu. Depuis, la population s’est tout de même stabilisée, mais sur le peu qui reste.
Du fait de la quasi disparition des canards de surface, il y a eu un report de la pression de chasse sur les canards plongeurs. Ceci explique pourquoi les canards de surface ont commencé à diminuer avant les canards plongeurs.
Cette situation, prise en exemple ici dans la Dombe, se retrouve dans la plupart des grandes zones de nidification françaises (Forez, Brenne, marais breton).
Dans le marais breton, la situation est un peu moins grave. En effet, le sol est tel qu’il est impossible de cultiver le maïs. Dans ce cas précis, ce n’est pas l’invasion d’agriculture qui détruit les habitats, mais au contraire l’abandon des terrains, qui deviennent sauvages et sont envahis d’herbe. Du coup, les oiseaux trouvent ce milieu hostile et ne viennent plus.