Le coût réel du pétrole

Avant d’être vendu, le pétrole a dû être découvert, exploité, transporté. Après une rapide énumération des opérations devant être faites pour amener le pétrole sur le marché, nous allons donner le montant des investissements nécessaires pour produire le pétrole dans le futur.

Les informations suivantes ont été compilées à partir de deux sites internet :

http://r0.unctad.org/infocomm/francais/petrole/filiere.htm et www.er.uqam.ca/nobel/ieim/ article-ceim.php3?id_article=2409

 

A quoi peut servir l’investissement

La prospection ou l’exploration.

Avant d’exploiter le pétrole, il faut tout d’abord le trouver. C’est là où le secteur parapétrolier intervient : ils réalisent des études géologiques pour le compte des compagnies qui prennent ensuite la décision ou non de pratiquer le forage. La première incertitude apparaît : on peut trouver plus ou moins de pétrole. Plus ces prédictions seront justes, plus le coût global de la phase de prospection sera réduit compte tenu du nombre de forages limités à entreprendre.
Sans investissement, les entreprises ne pourraient pas se lancer dans cette aventure. Et dans le secteur pétrolier, il est fréquent de penser que plus on fait des recherches et des forages, plus on trouve de champs pétroliers. (Voir interview Pierre Maintier, ancien foreur).

Exploitation du pétrole.

La phase d'extraction est réalisée par des compagnies pétrolières, qu'elles soient internationales (comme les majors), nationales ou locales. La rentabilité économique de l'extraction est largement tributaire des prix du pétrole brut. Or ces prix sont fixés sur le marché international et varient constamment. Lorsque les prix sont à la hausse, des champs peuvent devenir rentables. Dans le cas d’une baisse, la rentabilité de l’extraction peut devenir problématique et réduire la quantité de pétrole produite.

A court terme néanmoins, les outils de gestion de risque de prix (contrats à terme, options et swaps) permettent de gérer ce risque.

C’est donc vraiment à long terme que les prix peuvent influer sur les investissements faits dans les zones d’exploitation difficiles, les rendant rentables. Ceci s'applique surtout pour les exploitations avec un coût de production élevé, faisant souvent partie des pétroles non-conventionnels : offshore, huiles extra-lourdes, sables bitumineux, schistes bitumineux…. Rappelons que dans les années 80, les huiles lourdes du Canada étaient considérées comme inexploitables. Aujourd’hui, elles sont en exploitation et surtout rentables. (voir interview Xavier Préel).

 

 Négociants

Comme on vient de le dire, à court terme, les risques de prix peuvent être gérés par des outils financiers. Le marché dérivé du pétrole peut aussi jouer un rôle dans le coût final du pétrole. Si à court terme, les prix du pétrole sont très volatils, les risques couverts sur ces marchés sont beaucoup plus importants. Chaque événement économique ou politique majeur peut alors jouer sur les prix de manière beaucoup plus rapide : dès qu’une rumeur d’attentat se répand, les risques sont plus élevés et ceci provoque une envolée des prix sur le marché à terme alors qu’il n’y a pas encore eu de conséquences physiques sur la production de pétrole.

 

Transport

Le transport du pétrole brut se fait pour la grande majorité de deux manières : sur terre par oléoduc et sur mer par cargo. Le transport sur terre peut également se faire par chemin de fer ou par camions mais le coût est généralement élevé par rapport à l'oléoduc. Ce transport a aussi un prix, inclus dans le prix de vente final. Et pour pouvoir livrer le pétrole, il faut donc investir dans des moyens de transports. Yves Cochet, dans son livre, parle de la pénurie de tankers (transport maritime) qui crée des tensions sur le marché. Investir de l’argent dans les moyens de transport pétrolier peut aussi permettre d’éviter la pénurie de pétrole.

 

Raffinage

La capacité de l'industrie de raffinage est aujourd'hui suffisante pour assurer la transformation du pétrole en produit pétrolier.

Mais les pessimistes affirment que les capacités de raffinage actuelles sont toutes utilisées. Investir dans le raffinage peut aussi permettre d’abaisser les tensions sur les marchés de pétrole.

 

Recherche et développement

Pendant toutes ces phases, la découverte de nouvelles technologies peut apaiser les tensions sur le marché en augmentant l’offre actuelle ou future.

Par exemple, pendant l’exploitation, différentes technologies peuvent être mises en place pour essayer d’augmenter le taux de récupération. Et sachant que le taux de récupération actuel est d’environ 30%, une augmentation de 10% au niveau mondial équivaut à un tiers de réserves prouvées en plus.

La recherche et développement a donc besoin d’investissement pour pouvoir développer de nouvelles technologies utiles à toute l’industrie de pétrole.

 

 

Les chiffres de l’investissement : les perspectives d’investissement

(selon le rapport du world energy outlook 2005)

 Dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, 614 milliards de dollars seront nécessaires pour la production pétrolière entre 2004 et 2030, dont 174 milliards pour l'Arabie Saoudite afin de maintenir et d'augmenter sa capacité de production : de 10,4 mb/j en 2004, à 18,2 mb/j en 2030.

 

L’exploration et développement représentent les trois quarts des investissements en pétrole dans les pays du MOAN.

Si les investissements en exploration devaient stagner au même niveau que ces dix dernières années -- moins 23% par rapport au Scénario de Référence de l'AIE --, la production de pétrole chuterait d'un tiers et les exportations de gaz de 46% en 2030.

Même si le prix élevé du pétrole de ces dernières années a un peu relancé les explorations, six pays du MOAN ont un ratio réserves/production supérieur à 50 ans, ce qui freine leur motivation à en faire davantage ou du moins temporise la situation d'urgence présente.

Un investissement de 487 milliards USD est prévu pour le raffinage du pétrole au niveau mondial. Deux tiers de ces investissements iront en Chine et vers les pays en voie de développement dont la moitié au Moyen-Orient -- environ 110 milliards de dollars dont 30% pour l'Arabie Saoudite.

 

Pour satisfaire la demande, il va falloir augmenter les capacités de raffinage de 1,8% par an, surtout les capacités de conversion des fractions lourdes en produits légers (essence, diesel, kérosène) par des procédés thermiques et catalytiques qui permettent d'utiliser moins de pétrole brut et d'éviter ainsi de contribuer à l'augmentation du prix du brut. Ces capacités représentent à elles seules 35% des investissements en aval -- 69% des investissements pour les pays de l'OCDE et 38% pour les pays en voie de développement jusqu'en 2010 (WEO 2005, pp. 97-103). Les compagnies occidentales ne sont donc pas pressées d'investir, car les pays du MOAN, notamment l'Arabie Saoudite et le Koweït, prévoient de développer leurs capacités de raffinage domestique, mais aussi à l'étranger (Chine, Inde, États-Unis).

 

Le volume des échanges internationaux en pétrole et produits raffinés devrait augmenter de deux tiers entre 2004 et 2030; c'est pourquoi une somme de 252 milliards de dollars devra être investie dans les tankers pétroliers et les pipelines.

 

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