Industries consommatrices

Les industries consommatrices de pétrole

Quelles sont les industries les plus dépendantes au pétrole et pourquoi ?

On en dénombre quatre. Les voilà succinctement présentées.

 

Le secteur des transports

La hausse de la consommation pétrolière mondiale dans les années à venir proviendrait pour les deux tiers des transports, et plus particulièrement du transport routier. C’est en tous cas, pour tous les acteurs, le secteur qui sera le plus malmené dans le cas d’un pétrole rare et cher. L’augmentation de la consommation mondiale en pétrole pour les transports vient bien sûr des nouveaux pays consommateurs qui s’équipent en véhicules. Le pétrole reste difficilement substituable dans les transports qui dépendent à 97 % des produits pétroliers. Le pétrole est une source d’énergie facilement transportable, peu volumineuse, et concentrée : il est très difficile à l’heure actuelle de remplacer totalement le pétrole dans le secteur des transports.

De plus, utiliser une autre source d'énergie pour les voitures n'aurait de résultats significatifs qu'après le renouvellement de la plus grande partie du parc (seize années sont nécessaires au renouvellement de 90 % du parc).

Le transport aérien pourrait être encore plus touché par une hausse du prix du pétrole et par sa raréfaction. Le kérosène est très difficilement substituable… De plus, 25% du prix d’un billet d’avion est constitué du prix du carburant. Les carburants en aviation doivent être sûrs. Ceci impose la forme liquide. Les carburants doivent être hydrophobes (éthanol et méthanol mal appropriés). L’hydrogène liquide pourrait faire l’affaire, mais le développement à grande échelle reste lointain.

 

Énergie domestique

Le pétrole est encore très utilisé comme moyen de chauffage. C’est cependant un secteur où des efforts sont plus facilement faisables. On peut substituer le pétrole par d'autres formes d'énergies :

  • Bois sous diverses formes (granulés, sciure ou copeau, bûche). Cette ressource n'est renouvelable et neutre en CO2 que si son exploitation est modérée et bien organisée, la quantité de bois utilisée étant compensée par les arbres qui poussent. Si le bois vient de la déforestation, la ressource s'épuise et son utilisation dégage du CO2 dans l'atmosphère, il y a donc peu de différence avec un combustible fossile. Rappelons toutefois que le manque de bois a été au XVII e siècle la cause de la première crise de l'énergie en Europe, conduisant à l'exploitation de plus en plus poussée du charbon de terre. Aujourd'hui, ce sont des pays comme l'Indonésie qui sont dans la même situation, ayant détruit en quasi totalité leurs forêts primaires
  • Houille : ses inconvénients sont les suies et les gaz à effet de serre principalement ; il s'y ajoute des coûts importants en vies humaines chez les mineurs (accidents et silicose), même avec les dispositifs de sécurité existants.
  • Gaz Naturel, qui connaîtra un pic similaire à celui du pétrole, bien que plus tardif (20 ans pour la plupart des experts)
  • Biogaz : produit par fermentation de matière organique et notamment de déchets organiques (boues de stations d'épuration, déchets d'ordures ménagères, effluents d'élevage...). L'intérêt de cette source d'énergie contre l'effet de serre est énorme : non seulement on économise des ressources fossiles, mais surtout on brûle du méthane qui sinon serait émis dans l'atmosphère. Cependant en contrepartie, on émet du CO2, dont l'impact sur le réchauffement climatique n’est pas non plus anodin.
  • Géothermie, très écologique cette solution nécessitait des sources chaudes ou des surfaces importantes mais de nombreuses avancées technologiques ont permis de pallier ces problèmes.
  • Electricité, mais encore faut-il à la fois isoler les maisons et produire l'électricité.

Les économies d'énergie possibles sont à envisager. Certains acteurs pensent qu'il serait possible de réduire de 50 à 80 % les dépenses d'énergie domestique.

 

Agriculture

Bien que ce secteur ne semble que peu concerné par un renchérissement fort et durable du pétrole, il sera peut-être le plus durement touché. En effet, l'agriculture intensive repose sur l'utilisation d'intrants (engrais chimiques, pesticides) élaborés à partir de l'énergie pétrolière ou issus de l'industrie pétrochimique. Par ailleurs, l'agriculture consomme de grandes quantités de plastique (serres, emballages, outils...) et de carburant pour les engins agricoles.

La mutation du modèle agricole actuel vers un système « sans pétrole » sera laborieuse. Les pertes de productivité qui pourraient en découler engendreraient des situations de crise alimentaire dans le pire des cas, ou, du moins un questionnement sur la consommation alimentaire et ses modes. Il est peu probable que l'agriculture puisse se maintenir ou se développer dans le modèle productiviste, même sans pic pétrolier (problèmes écologiques, économiques, de santé publique et sociétaux avec par exemple la dégradation de la qualité des eaux et des sols). 

 

Pétrochimie

Les matières plastiques, les fibres synthétiques, les médicaments, certains cosmétiques, les engrais sont fabriqués à partir de dérivés du pétrole. Aujourd'hui, une grande part des matériaux d'emballage et de fabrication des produits industriels utilisent du plastique, c'est-à-dire du pétrole transformé. Une ère du pétrole cher pourrait remettre en cause cet usage du pétrole, qu'il sera difficile de remplacer.

Il est possible de produire certaines matières plastiques en utilisant des végétaux ou des bactéries ; mais pas dans la gamme de diversité des plastiques issus de la pétrochimie. Enfin, compte tenu de l'impossibilité de consacrer une trop grande partie des terres agricoles à des productions non nutritives, la voie du recyclage des matériaux doit être privilégiée.

 

La pétrochimie et les transports constituent ce que beaucoup d’acteurs appellent les usages nobles du pétrole.