Nous avons eu l’opportunité de rencontrer Pierre Maintier, ancien foreur qui nous a donné son avis sur la question.
Parcours
Pierre Maintier a tout d’abord eu un diplôme de l’école des Arts et Métiers puis il a continué sa formation à l’école nationale supérieure du pétrole. Il a commencé sa carrière au bureau de recherche pétrolière (BRP). Puis, il a changé et a travaillé pour Forasol/Foramer. Cette société existe encore aujourd’hui sous le nom de Pride Forasol et effectue des forages pétroliers dans le monde entier. Entre 1954 et 1992, Pierre Maintier a travaillé dans le milieu du pétrole. Il est actuellement à la retraite.
Entretien
Selon Pierre Maintier, il n’y aura pas de fin du pétrole. En 1954, il a entendu dire que les réserves de pétrole allaient durer 25 ans. En 2005, certains prédisent jusqu’à 60 ans de réserves. Et pourtant la consommation a augmenté de 10% par an. A l’époque, la production était de 700 millions de tonnes/an. Aujourd’hui, cette production a doublé.
Il affirme donc que le pétrole durera toujours parce qu’avant que les ressources ne soient épuisées, on aura remplacé le pétrole par autre chose. Il a identifié les industries dépendant de cette ressource qui auront besoin éventuellement de changer leurs habitudes de consommation : aviation, transport routier. Pour le reste, il croit beaucoup en l’industrie nucléaire : les centrales nucléaires vont fournir assez d’électricité, les bateaux nucléaires existent déjà…En ce qui concerne le transport de l’énergie, il estime que l’hydrogène réglera certainement de nombreux problèmes.
Outre les innovations technologiques qui vont nous permettre de nous passer du pétrole, il croit également aux avancées technologiques dans le domaine du pétrole pour extraire toujours plus de pétrole afin de patienter jusqu’à cette date.
Il me précise en effet qu’au départ, la profondeur des forages était de 600m maximum, aujourd’hui, on creuse jusqu’à 1200m. D’importants gisements se trouvent en mer. De 3000m de profondeur sous l’eau, on peut forer les fonds marins jusqu’à 4000m de profondeur. Il y a ensuite l’augmentation des rendements des puits pétroliers qui permettent de réévaluer les réserves que l’on a déjà. Certains scientifiques parlent ainsi d’aller jusqu’à des rendements de 45% alors qu’au départ, seul 15% du pétrole était prélevé.
Il n’est pas d’accord avec l’affirmation que l’augmentation du prix du pétrole ces dernières années n’aurait pas eu lieu si l’on avait autant de pétrole que l’on désirait. Pour lui, le prix du pétrole dépend plus de la politique que des réserves. On fait de plus en plus de recherches en pétrole et c’est pour cela que le prix augmente. Il ajoute : « Lorsque l’on est dans le milieu du pétrole, on ne croit pas à la fin du pétrole ». De plus pour les foreurs, l’augmentation du prix du pétrole est bénéfique.
Vers 1982, sa société possédait 1500 appareils de forages au Texas. En 1986, il y en avait plus que 600. Un prix élevé du pétrole est donc un moyen d’augmenter les recherches de pétrole. De plus aujourd’hui, un prix élevé ne modifie pas trop la demande en pétrole. Il pense par ailleurs qu’il va sûrement avoir une stabilisation du prix du pétrole vers 100$ le baril. Ce prix est fixé par les compagnies productrices mais est très influencé par les financiers. Il est très aléatoire et dépend beaucoup de la politique.
Pierre Maintier connaît l’existence du peak oil mais il pense surtout qu’il suffit d’attendre une découverte d’une énergie de remplacement. Par exemple, pour le charbon, on n’a pas attendu d’épuiser toutes les ressources en charbon pour passer à autre chose. La reconnaissance du peak oil n’empêche pas d’être optimiste au niveau des ressources en énergies.
Vers 1973, le prix du baril de pétrole a doublé en passant de 3$ à 6$ le baril parce que les pays producteurs ont compris l’importance de cette ressource pour les consommateurs. Mais ils ne sont pas dupes, ils savent très bien que ces revenus du pétrole ne dureront pas éternellement. On voit alors apparaître des investissements de l’argent du pétrole pour développer le tourisme dans ces pays.
Lorsque tout est pratique et est peu coûteux, on ne cherche pas ailleurs. Le boom pétrolier a tout d’abord comme conséquence plus d’investissements dans ce domaine. Il ne croit donc pas à une fin de la civilisation moderne à cause de la fin de cette ressource. Il pense aussi que la découverte des gisements est proportionnelle aux forages que l’on fait. Plus on creuse, plus on trouve ! Un forage peut par exemple être abandonné parce qu’il n’y a pas assez d’investissement dessus. Avec la montée des prix, il se peut qu’on ait enfin assez d’argent pour mener plus de projets de forage.
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