Enjeu économique : Le développement des échanges au sein de l’Union européenne
Le centre de gravité de l’Europe s’est fixé, depuis le XIXème siècle, sur un axe caractérisé par la densité de sa population et la richesse de sa production. L’unification allemande, l’adhésion de l’Autriche à l’Union européenne et la perspective de son extension aux pays de l’Europe orientale vont inévitablement déplacer vers l’est le centre de gravité européen. Il existe donc des risques de marginalisation de la partie sud-ouest du continent.
Lors du Conseil européen d’Essen, en décembre 1994, divers projets transeuropéens ont été retenus afin d’assurer un développement européen harmonieux. Parmi ceux-ci, l’axe ferroviaire Lisbonne - Kiev a été retenu comme l’un des projets prioritaires. La section à travers les Alpes, entre Lyon et Turin, en constitue le maillon clé. La ligne Lyon – Turin se trouve à l’intersection de deux axes fondamentaux du développement européen : elle assure non seulement les relations entre l’est et l’ouest mais aussi entre le nord et le sud du continent. Elle permet ainsi de relier les axes Londres - Lyon (déjà desservis par des lignes à grande vitesse) et Turin - Naples (lignes en cours de construction) et contribue au rééquilibrage des échanges au sein de l’Union européenne. La France, desservie par ce nouvel axe d’échanges, et l’Italie, qui verra ainsi s’effacer la barrière naturelle des Alpes, bénéficieront directement de ce nouveau contexte.
Dans le cadre du développement d’un réseau ferroviaire européen, le Lyon Turin constitue le maillon manquant qui va permettre la mise en réseau de 5000 km de lignes nouvelles et relier ainsi 250 millions d’européens.
Il s’agit aussi de se doter d’un levier pour favoriser les échanges économiques, consolider la compétitivité des pays de l’Europe du sud comme la France, le Portugal, l’Espagne et l’Italie, (particulièrement la plaine du Pô).
Cette nouvelle liaison sera un contrepoids efficace à l’axe Rhin Danube, notamment en direction des pays de l’Est nouvellement entrants.
Enjeux environnementaux
Environnement : Pour la protection des Alpes
Chaque jour, des milliers de camions empruntent les vallées et les grands tunnels alpins (70% des échanges France-Italie se font par la route). La Transalpine constitue le seul moyen de mettre un
terme au « tout routier » qui met en péril l'équilibre du formidable patrimoine environnemental des Alpes.
Les lourdes conséquences – y compris financières – de l'absence d'une politique volontariste de rééquilibrage modal entre le rail et la route pénalisent fortement les Alpes : les moyens nécessaires pour résorber ce goulet d'étranglement doivent être mis en œuvre d'urgence. Inventer les déplacements durables
La protection de l'environnement est une priorité de la Transalpine Lyon-Turin. Parce qu'elle assurera le transport du fret via le fer, cette liaison européenne jouera un rôle vital dans une politique de développement durable.
Comment mettre fin à la dégradation de la qualité de l'air, comment mieux prendre en compte l'environnement, comment éviter la mise en danger des hommes sans remettre en cause la libre circulation des personnes et des biens alors qu'un rééquilibrage s'impose entre la route et le rail ? Moins de pollution, moins d'impact sur les riverains et un souci permanent de sécurité et d'intégration au territoire. La Transalpine, véritable système ferroviaire multiservice ouvre la voie à un nouveau concept : les déplacements durables, privilégiant avant tout les hommes, leurs espaces de vie et d'activités. Et leur avenir...
Les accidents dramatiques du tunnel du Mont-Blanc et du Tauern ont mis en lumière la menace grave que fait peser la croissance continue du transport routier de marchandises à travers les Alpes. Nuisances, pollutions, risques : face à une réalité de plus en plus difficile à supporter "il devient urgent d'apporter des solutions responsables et réalistes" comme le souligne Michel Charlet, maire de Chamonix. Alors que 6000 poids lourds empruntent chaque jour le Tunnel du Fréjus, un large consensus d'élus et d'associations en appelle à un choix "raisonnable et adapté". "Nous ne devons pas sacrifier nos vallées alpines" plaident en chœur les responsables alpins.
Les Alpes menacées d'asphyxie
En proposant de mettre en œuvre le "rééquilibrage vital de la route vers le rail", la liaison Lyon-Turin offre une réponse à la saturation annoncée du réseau routier et au poids dominant du transport routier (80% du fret français contre 20% au rail). Véritable alternative, la Transalpine apporte la preuve que combiner route et rail constitue une manière plus sûre d'envisager le développement à long terme du trafic fret à travers les Alpes. Et plus respectueuse de l'environnement alpin exceptionnellement fragile et menacé par la pollution. En proposant "d'aménager sans abîmer" comme le revendiquait Michel Barnier, en 1997, lors du Colloque "La Transalpine", la liaison Lyon-Turin s'inscrit résolument dans une perspective d'avenir "puisque c'est notre rôle de prendre aujourd'hui des décisions pour les générations futures".Or, il se trouve qu'il n'existe pas de moyen plus fiable, plus rapide et plus réaliste qu'un train pour acheminer voyageurs et surtout marchandises à travers les Alpes.