Attention aux extrapolations linéaires

D’après la conférence donnée par le Pr. André Aurengo aux étudiants d’HEC en 2003 

Le Sievert n’est qu’un indicateur de risque : plus la dose en Sievert est élevée, plus le risque est important. Mais la proportionnalité n’est à peu près vérifiée qu’au-delà d’une certaine dose. Au-delà de 200 milliSievert (mSv), il y a une proportionnalité entre le risque et la dose, mais en deçà, cela n’est pas vérifié et on n’observe même pas toujours que le risque augmente avec la dose.
« J’insiste parce que c’est de là que viennent toutes les confusions du genre « un microsievert (µSv) donné à un milliard de personnes, ça fait tant de morts ». Tout cela ne veut rien dire : le Sievert ne doit pas être utilisé dans des calculs de probabilités. Il est fait pour la radioprotection, et toutes les sociétés savantes se sont élevées contre ce genre de calcul absurde, qui est à peu près aussi pertinent que de calculer la puissance d’une grue en utilisant des chevaux fiscaux !» (André Aurengo)
La dose efficace n’a pas de valeur probabiliste, elle ne prend pas en compte certains facteurs essentiels comme le débit de dose ou l’âge.

 

Pour mieux connaître les unités de radioactivité

Le Becquerel (Bq) :
Un becquerel correspond à une désintégration par seconde

Le Curie (Ci) :
Il vaut 37 milliards de Bq. C’est une première source de confusion, car le Bq est une unité très petite, et en revanche le Curie est une unité très grande. A titre d'exemple, chacun de nous constitue une source radioactive d’environ 8000 Bq, principalement du fait du potassium 40.

Le Gray (Gy)
Quand un rayonnement ionisant arrive sur un organisme, il dépose de l'énergie dans la matière, et cette énergie s’exprime en Gray.

1 Gy = 1 Joule par kg

On exprime en Gray l’énergie ionisante reçue par un organe précis (par exemple la thyroïde ou un muscle).

Le Sievert (Sv) :
C’est l’unité de « dose efficace ». Cette dose efficace est une grandeur créée pour les besoins de la réglementation. Elle ne devrait être utilisée que dans ce but.
On l’obtient en faisant la somme pour tous les organes d’un produit qui prend en compte d’une part la dangerosité du rayonnement (coefficient WR, = 1 pour rayons X, béta et gamma, >1 pour alpha et neutrons) et d’autre part le fait que les organes sont plus ou moins sensibles au rayonnement (coefficient WT =0,05 pour la thyroïde).
Dose efficace = dose absorbée x WR x WT
Alors pourquoi avait-on besoin du Sievert en réglementation ? C’est une unité additive : elle permet d’additionner des irradiations qui vont concerner plusieurs secteurs de l’organisme. Par exemple si la peau et la thyroïde sont irradiées, les deux irradiations peuvent être sommées. On tient également compte de la proportion de l’organe soumise à l’irradiation (30% de la peau et 100% de la thyroïde)

Autres unités :

Rutherfords (Ru) :
Il vaut 2,7.10-17 Ci. C’est une unité américaine et anglaise.

Röntgen (R) :
Quantité de rayonnement X ou gamma telle que l'émission corpusculaire qui lui est associée dans 0,001293 gramme d'air produise, dans l'air, des ions transportant une quantité d'électricité, de l'un ou l'autre signe, égale à 1/3.109 Coulomb.
Un Coulomb par kilogramme est égal à 3876 Röntgen.

Rem (rem)
Le rem tire son nom de l'abréviation « Röntgen Equivalent Man » et est une ancienne unité d'équivalent de dose de radiation. Son remplaçant SI est le sievert, et on a 1 rem = 0,01 Sv.

Quelques ordres de grandeur

Une irradiation totale brève de l’ensemble de l’organisme de 10 Sievert (10 000 mSv) conduit très rapidement à la mort.
Les premiers signes cliniques apparaissent au delà de 1000 mSv.
L’irradiation naturelle moyenne à Paris est d’environ 2,5 mSv, elle atteint 5 mSv à Clermont-Ferrand. On remarque que les variations, même en France, sont importantes.
La limite annuelle légale pour la population, c’est-à-dire ce qui est réglementaire d'ajouter à l’irradiation naturelle est de 1 mSv.
L’irradiation naturelle est importante, puisque elle a été l’un des moteurs de l’évolution. Du fait qu'elle dépende des rayons cosmiques, elle varie avec l’altitude. Par exemple, au niveau de la mer, cette irradiation cosmique représente 0,25 mSv/an, mais à La Paz elle atteint 2 mSv/an.