Les organisations non gouvernementales et la question des bombes à sous-munitions
 
 
Les ONG engagés sur la question des BASM sont regroupées au sein de la Cluster Munition Coalition (CMC). Amnisty International, Human Right Watch et Handicap International en font partie. Ces ONG luttent pour l'interdiction des BASM, comme elles l'ont fait avec succès pour les mines anti-personnelles il y a quelques années. Cependant, à chaque campagne qu'elles mènent, les ONG  doivent se faire connaître. Leur visibilité s'évalue à deux niveaux: le pouvoir de rassemblement de l'opinion publique et la participation aux sommets internationaux.
 
 
       La course médiatique
        
Sans le soutien de l'opinion publique, les ONG n'ont que peu de chance d'intéresser les organes gouvernementaux, nationaux et internationaux. Ainsi, elles mènent des actions d'envergure pour informer et mobiliser les populations des pays producteurs et utilisateurs de BASM: pyramides de chaussures pour évoquer les mutilations provoquées par les armes, campagnes d'information dans des forums, des écoles... Elles sont reléguées par les médias (radios, télévision, internet) qui jouent un rôle primordial dans la diffusion des messages, ce qu'un représentant d'Handicap International nous a confirmé lors d'une interview.
 
Parallèlement, les ONG poursuivent leur action sur le terrain, auprès des populations touchées, dans laquelle elles puisent des exemples et des images aptes à véhiculer une certaine émotion.
Un document d'Handicap International intitulé « Témoignages... » rassemble les histoires d'enfants et de jeunes adultes mutilés, en Irak(2003) , au Liban(1982) , au Kosovo(1999). Au Liban, l'histoire
se répète puisque des BASM ont à nouveau été lancées en juillet 2006.
 
Les arguments avancés par les ONG pour condamner les BASM font référence au droit international humanitaire: Handicap International (HI) remet en cause la nature même de l'arme. Son imprécision ne permet pas la distinction entre cible civile et cible militaire.
Par ailleurs, aucune donnée précise sur les zones polluées n'est communiquée par les Etats utilisateurs (cf. interview). Une des actions de terrain des ONG consiste à recueillir ses données, quand cela est possible. Le rapport « Fatal Footprint » publié par Handicap International en novembre 2006 étudie les situations de 23 pays d'Asie du Sud-Est, d'Afrique, d'Europe du Sud-Est, de la Communauté des Etats Indépendants de la Russie, du grand Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, dans lesquels ont été confirmés des victimes de BASM.
 
La pétition lancée par Handicap International au nom de la Cluster Munition Coalition dont elle est co-fondatrice a rassemblé 320 000 signatures. Elle vise à attirer l'attention des hommes politiques (cf. partie politique), à les convaincre qu'il s'agit d'une cause d'intérêt publique, en particulier à l'heure où la campagne s'intensifie depuis la première conférence dédiée entièrement aux BASM en février 2007 à Oslo.
 
 
      Sommets Internationaux
 
   De Genève à Oslo, vers une reconnaissance du problème
 
A Genève du 7 au 17 novembre 2006 s'est tenue la troisième conférence d'examen de la CCW (Convention sur certaines armes conventionnelles) durant laquelle le protocole V de la Convention, protocole relatif aux restes explosifs de guerre, est entrée en vigueur après avoir passé le cap des 25 signatures. Ce protocole « fait obligation à toute partie à un conflit armé de procéder ou contribuer à l’enlèvement de ces armes et de prendre toute autre mesure nécessaire pour dissiper la menace qu’elles font peser sur les populations civiles. » (CICR)
 
Les sous-munitions non explosées sont rattachées à ce protocole mais un certain nombre de pays appuyés par les ONG veulent aller plus loin. A l'issu de la Conférence qui a laissé sous-jacente la question des BASM, la Norvège et la Suède annoncent leur volonté de convoquer certains pays volontaires à la première Conférence internationale à Oslo en février dans l'intention d'aboutir d'ici 2008 à un traité d'interdiction. Une nouvelle aire dans la lutte contre les BASM commence.
        
 
   Un calendrier 2007, des attentes
 
A Oslo, un groupe de 48 états dont la France, le Comité International de la Croix Rouge (CICR), la Coalition contre les sous-munitions (CMC), ainsi que d’autres organisations humanitaires se sont rassemblés pour considérer l'interdiction des BASM. Une première.
 
Plus précisément, les termes de l'instrument international sont relatifs à « l'interdiction de l’utilisation, la production, le transfert et le stockage des armes à sous-munitions qui provoquent des dommages inacceptables aux civils », et à l'établissement d'un « cadre de coopération et d’assistance » dans les zones contaminées, selon la Déclaration de la Conférence d'Oslo datée du 23 février 2007. Des polémiques ont déjà été lancées, notamment sur la formule « qui provoquent des dommages inacceptables aux civils ». (cf interview de Mme Libertucci, présente à la conférence). Se pose une fois de plus la question de la définition.
 
La deuxième Conférence s'est tenue à Lima (Pérou) du 23 au 25 mai 2007. Sa déclaration se compose de 22 articles. Sa forme est à rapprochée de celle d'un traité car elle définit clairement l'arme visée par le traité, considérant les BASM comme des armes à dispersion contenant des sous-munitions explosives. Elle détermine aussi le champ d'application du Traité envisagé ainsi que ses conditions d'applications.
 
   Calendrier programmé
 
Les conférences suivantes seront déterminantes, à Vienne en novembre/décembre 2007, puis à Dublin début 2008. La Belgique qui, rappelons-le, a déjà pris unilatéralement la décision de ne plus produire, utiliser et stocker les BASM en automne dernier, s'est engagée à tenir une réunion régionale entre temps. Tout ceci montre comment les initiatives de quelques pays constituent la clé de voûte de tout processus international.