Madame
Marion Libertucci, responsable plaidoyer, Handicap International (HI)
Ceci
constitue une restitution libre de l'interview que Paul, Joseph, Mehdi
et
moi-même avons menée à l'Antenne
Ile-de-France d'Handicap International.
Le
plan qui y figure est purement artificiel. Je l'ai établi a
posteriori pour en
faire ressortir les grandes lignes. L'interview de plus d'1h30
s'avère
fructueuse car elle étaye et illustre un grand nombre de
points figurant dans
la préparation de l'interview. Un grand merci donc
à notre interlocutrice,
Madame Libertucci, pour nous avoir si bien reçu.
Caroline
Présentation:
« plaidoyer »,
anciennement « lobbying », terme
anglo-saxon jugé inadapté.
« plaidoyer » traduit en anglais
pas « advocacy » rend le
sens de « défense d'une bonne
cause ».
Organisation
du pôle d'action politique et de plaidoyer de HI:
- droit des personnes
handicapées
- actions humanitaires
- plaidoyer SIDA
- Bombes à sous munitions
(BASM) depuis 2003
I.
Mines vs BASM:
1) Similitudes:
Victimes
civiles
cf.
l'étude Fatal Footprint (Nov. 2006)
98%
de civils
Restes
de guerre
ex
du Laos, plus de 30 ans après le conflit
Travail
de terrain
difficulté
à distinguer les différents types d'explosifs
mais effets similaires: décès,
mutilations.
2)
Spécificités des BASM
Utilisation
contexte:
neutralisation de zone
utilisateurs
variés: états, groupes rebelles
manque
d'informations sur les zones de largage
ex
Israël au Liban, plans exigés par les Nations Unis
flous
non discrimination des
cibles civils ou
militaires
Conception
en
principe: explosion au moment du choc
en
réalité: certaines n'explosent pas, pollution
à long terme
Contradictions
avec le
droit humanitaire international
- principe de discrimination
(civils/militaires)
- principe de
proportionnalité (dommages civils/avantage
militaire acquis)
Arguments de HI:
- remise en cause de la nature
même de l'arme:
couverture de zone
- non discrimination selon
témoignages d'anciens militaires
et de démineurs
Arguments de la
défense
(entre parenthèses réfutés par HI)
étayés
par des conseillers
juridiques
règles
très strictes
d'utilisation (aucune preuve)
(absence de
preuve de la
supériorité des BASM par rapport à
d'autres armes dans certaines situations)
données
sur les effets à long
terme collectés par les ONG
danger pour les
militaires
eux-mêmes: ne peuvent repasser sur une zone de largage de BASM
III.
Recherche de
solutions: interdiction vs amélioration
MAM:
amélioration
ajout de
dispositifs
d'explosion si le choc au sol n'a pas été
suffisant
abaissement du
taux d'échec
en dessous de 1%
problèmes:
- encore trop
élevé: 20 millions de BASM larguées
sur
l'Iraq
- stocks n'auront pas
été soumis à ces taux
- conditions idéales de
test (chiffres communiqués par
les Etats, par les fabricants, paramètres non pris en
compte: angle de largage,
nature du sol ex BM-85, conditions météo,
facteurs humains...)
rapport
coût/ résultats:
pays
producteurs de nouvelles
générations seuls à avancer ce type de
propositions: France, Allemagne,
Autriche, Canada.
Possible
revente des modèles
anciens et peu fiables aux pays moins riches.
Stratégie
militaire:
avenir aux
armes de précision
pas d'enjeu
économique majeur
selon certaines sources, les industries de l'armement seraient
prêtes à se
reconvertir dans la production d'autres armes.
Q:
Communication avec les
industries de l'armement?
HI se rend tous
les ans au
Salon de l'Armement.
Les producteurs
se disent
prêts à se soumettre à la loi.
Sont soumis
à la pression
médiatique. Veulent donner une bonne image et faire montre
de leur capacité
d'adaptation.
IV.
Politique:
Parlementaires
français; HI, défenseur de
l'interdiction des BASM, a obtenu
le soutien d'un certains nombres de représentants politiques
(cf site)
propositions de
loi, jamais
été à l'ordre du jour
Contacts avec
la présidence,
les ministères des Affaires Etrangères et de la
Défense
Campagne
présidentielles:
Certains
candidats ont été
sollicités durant la campagne pour se positionner sur la
question des BASM.
Q:
Interprétation du
changement de position de Nicolas Sarkozy?
Avant et
après la conférence
de Genève; accélération de la pression
sur les BASM.
Sommets
internationaux:
Conférence
de Genève,
novembre 2006, examen de la CCW ( Conventions sur certaines armes
conventionnelles). En marge de ce sommet, durant lequel un certain
nombre
d'états ont ratifié le protocole V relatif aux
restes explosifs de guerre, la
question des BASM était au centre des
préoccupations.
Se
réunit 3-4 fois par an.
Fonctionnement:
mandat de
discussion, mandat de négociation (ouverture des discussions
pour aboutir à un
résultat concret) décidés par
consensus.
Décisions
par protocole et
par arme, dimension juridique. Le protocole V (les BASM sont
concernées) n'a
obtenu que peu de signatures; Il a passé à
Genève le cap des 25 signatures, ce
qui lui permet d'être mis en application. Seuls les pays
signataires sont
engagés à le respecter (limitation).
Nouveauté:
A l'initiative de
la Norvège, première conférence
spécifique aux BASM.
Conférence
d'Oslo, février
2007.
Perspectives:
- Reconnaissance de la
nécessité d'un règlement
spécifique
- Vers une interdiction
- Etablissement d'un calendrier,
engagement d'ici 2008,
délai court
Premières
critiques:
- Exclusion des armes qui provoquent
des dommages acceptables
sur les civils; problème de définition.
- Soumission aux jugements des enceintes appropriées (ex CCW).
Composition de
la CCW:
Pays
contestataires
(nécessité d'un consensus donc blocage possible)
USA, Russie,
Pakistan, Chine,
Israël
Pays soumis aux
décisions de
ses derniers
Grande
représentation
européenne
Faible
représentations de
pays africains et asiatiques
Quelques pays
observateurs
Pas depays directement victimes
Q:
rôle des ONG dans ses
sommets, place de HI?
HI appartient
à la CMC
(Cluster Munition Coalition), regroupement de plusieurs ONG luttant
pour
l'interdiction des BASM.
Human Right
Watch et Amnesty
International sont aussi membres de la CMC. La CMC est
impliquée dans des
campagnes nationales et internationales.
Spécificité
de HI: expérience
de terrain
A venir (au
moment de
l'interview) en mai 2007 Conférence de Lima
Position
de la France
Soumise
à la pression
médiatique.
Plus de retenue
dans
l'utilisation des BASM pour ménager son image mais argument:
réserve
du droit
d'utiliser...
Pourtant, plus
d'armées de
taille égale, plus de face à face, ennemi non
localisé.
Q:
moratoire pouvant être
levé en cas de conflit majeur?
À
opposer à
un traité qui permettrait de réglementer une fois
pour toute, sans exception.