En l'absence d'une
réglementation européenne globale concernant le dpi , l'autorisation
de la pratique est de la responsabilité de chaque état. Certains
l'autorisent ou l'interdisent par une loi spécifique et dans certains
cas cette loi est actuellement en discussion. Dans d'autres pays la pratique
est autorisée indirectement par une autorité de régulation
de la PMA ou de la recherche sur l'embryon ou par une loi sur la recherche médicale.
Un point de vue négatif sur le dpi a été exprimé
récemment au niveau européen par la commission temporaire sur
la génétique humaine et les autres technologies nouvelles de la
médecine moderne dans le rapport qu'elle a présenté le
8 novembre 2001 au Parlement européen . La commission craignait qu'un recours abusif
aux tests génétiques, notamment le dpi et le diagnostic prénatal ne conduisent à des pratiques eugéniques.
Mais ce rapport a été refusé en bloc par le Parlement européen.
Etats autorisant le DPI par une loi spécifique
Danemark, Loi N° 460 du 10 juin 1997 relative à la fécondation
artificielle en rapport avec le traitement, le diagnostic et la recherche d'ordre
médical, et Arrêté N° 758 du 30 septembre 1997 relatif
au rapport sur les traitements en matière de fécondation in vitro,
etc., ainsi que sur le diagnostic préimplantatoire.
Le dpi est autorisé, mais son champ d'application est limité aux
cas où l'enfant risque d'être affecté d'une maladie héréditaire
grave ou d'une anomalie chromosomique importante.
Chapitre
2. Interdiction de traitement
Article 7. 1. L'examen génétique d'un ovocyte fécondé
ne peut être effectué que dans les cas où il existe un
risque connu et important que l'enfant soit atteint d'une maladie héréditaire
grave.
7.2. L'examen
génétique peut en outre être effectué en rapport
avec la fécondation artificielle réalisée hors du corps
de l'intéressée pour cause d'infertilité, lorsqu'un tel
examen peut confirmer ou exclure la présence d'une aberration chromosomique
importante
Article 8. La fécondation artificielle impliquant une sélection
des spermatozoïdes ou des ovocytes fécondés préalablement
à leur implantation dans l'utérus d'une femme dans le but de
sélectionner le sexe de l'enfant à naître est interdite,
à moins que cette pratique n'ait pour objet de prévenir une
maladie héréditaire grave liée au sexe de l'enfant à
naître.
Espagne, Loi
N° 35 du 22 novembre 1988 relative aux techniques de procréation
médicalement assistée.
Le dpi est autorisé mais son champ d'application est limité. Les
articles 12 et 13 traitent des diagnostics et traitements par le diagnostic
prénatal et préimplantatoire.
12.1. Aucune intervention portant sur un préembryon vivant, in
vitro, à des fins diagnostiques ne peut avoir d'autre but que l'évaluation
de sa viabilité ou la détection de maladies héréditaires
aux fins de les traiter, si cela est possible, ou de déconseiller le
transfert aux fins de procréation .
13.1. Aucune intervention portant sur un préembryon vivant, in
utero, à des fins thérapeutiques ne peut avoir d'autre but que
de traiter une maladie ou d'en prévenir la transmission, avec des garanties
raisonnables et contrôlées .
13. 3. Un traitement ne peut être pratiqué sur des préembryons
in vitro ou sur des préembyons... que si les conditions suivantes sont
remplies : ...
d) le traitement n'a pas d'influence sur les caractères héréditaires
non pathologiques et ne vise pas l'amélioration [seleccion] des individus
ou de la race...
France, Article L. 2131-4 (CSP) issu de la loi 94-654 du 29 juillet
1994, et Décret n° 98-216 du 24 mars 1998.
Le diagnostic biologique effectué à partir de cellules
prélevées sur l'embryon in vitro n'est autorisé qu'à
titre exceptionnel dans les conditions suivantes :
Un médecin exerçant son activité dans un centre de diagnostic
prénatal puridisciplinaire tel que défini par l'article L.2131-1
doit attester que le couple, du fait de sa situation familiale, a une forte
probabilité de donner naissance à un enfant atteint d'une maladie
génétique d'une particulière gravité reconnue comme
incurable au moment du diagnostic.
Le diagnostic ne peut être effectué que lorsqu'a été
préalablement et précisément identifiée, chez l'un
des parents, l'anomalie ou les anomalies responsables d'une telle maladie.
Les deux membres du couple expriment par écrit leur consentement à
la réalisation du diagnostic.
Le diagnostic ne peut avoir d'autre objet que de rechercher cette affection
ainsi que les moyens de la prévenir et de la traiter.
Il ne peut être réalisé, à certaines conditions,
que dans un établissement spécifiquement autorisé à
cet effet après avis de la Commission nationale de médecine et
de biologie de la reproduction et du diagnostic prénatal.
Norvège, Loi N° 56 du 5 août 1994 relative à l'utilisation
médicale de la biotechnologie.
La loi contient un chapitre 4. Diagnostic préimplantatoire.
4.1. Le diagnostic préimplantatoire s'entend de l'examen génétique
d'un ovocyte fécondé avant implantation dans l'utérus.
4.2. Un ovocyte fécondé ne peut être soumis à
un examen génétique que dans des cas spéciaux impliquant
une maladie héréditaire grave sans aucune possibilité de
traitement, telle que visée à l'article 2-10, 2e alinéa
: Selon des dispositions plus détaillées prises par le Ministère
de la Santé et des Affaires sociales, la fécondation extracorporelle
peut également être pratiquée dans le cas d'une maladie
héréditaire grave, telle que visée à l'article 4-2.
L'autorité royale est habilitée à arrêter des conditions
détaillées régissant l'accès au diagnostic préimplantatoire.
4.3. Il est interdit de procéder à un examen de l'ovocyte fécondé
aux fins de sélection du sexe de l'enfant, sauf dans les cas particuliers
impliquant une maladie héréditaire grave liée au sexe.
Suède, Loi N° 115 du 14 mars 1991, et Directives du Ministère
de la Santé et des Affaires Sociales sur le diagnostic prénatal
et le diagnostic préimplantatoire, 1995.
Le dpi peut être pratiqué seulement pour diagnostiquer de graves
maladies héréditaires et progressives qui conduisent à
une mort prématurée et pour lesquelles il n'y a ni traitement
ni possibilité de guérir.
Etats qui interdisent le DPI par une loi spécifique
Allemagne : Loi sur la protection des embryons, 1990.
Deux articles sont concernés. L'article 2-1 sanctionne toute personne
qui utilise un embryon humain dans un autre but que d'assurer sa survie.
L'article 8-1 définit l'embryon comme un ovule humain fécondé
capable de se développer dès l'instant où la fusion des
noyaux a eu lieu. Selon cet article chaque cellule totipotente prélevée
sur un embryon est aussi un embryon qui doit être protégé.
Un débat est en cours au sujet de l'acceptabilité du dpi s'il
était réalisé sur des cellules non totipotentes.
Des organisations professionnelles (Deutsche Forschungsgemeinschaft, Gesellschaft
fur Humangenetik, Bundesarztekammer (Association médicale allemande)
et des associations sont favorables à une modification de la loi qui
permettrait de pratiquer le dpi dans des conditions d'encadrement extrêmement
sévère. L'Association médicale allemande a présenté
un projet de directives en 2000 à la suite d'un symposium sur la médecine
de la reproduction organisé par le ministère allemand de la santé.
Le ministère a clairement fait entendre son opposition mais il a dit
qu'il pourrait consentir à une loi permettant l'application de cette
technique sous réserve de la définition de certaines conditions
très restrictives. La Conférence des évêques allemands
a publié une déclaration dans laquelle elle exprime son opposition
au dpi en se fondant sur deux arguments,- le droit de l'embryon à une
protection et le risque d'encourager des tendances eugéniques.
Le 14 mai 2002 la commission " Loi et éthique dans la médecins
moderne ", auprès du parlement a rendu les conclusions de son enquête
concernant la médecine. Elle s'est prononcée par un vote de 16
voix contre 3 contre la levée de l'interdictiondu dpi.
Le principal argument tourne autour de l'impossibilité de garantir la
protection de l'embryon prévue par la loi puisque la technique a pour
but de sélectionner certains embryons. Les tenants de la levée
avaient proposé de décriminaliser le dpi dans des situations exceptionnelles,
qui auraient été appréciées au cas par cas.
Autriche, Loi N° 275 sur la médecine reproductive, 1992.
Article 9(1) : les cellules susceptibles de développement ne peuvent
pas être utilisées à d'autres fins qu'une PMA. Elles ne
peuvent faire l'objet d'un examen et d'un traitement que dans la mesure où
cela est nécessaire, compte tenu de l'état de la science et de
la pratique médicales, pour provoquer une grossesse.
Irlande, Loi constitutionnelle.
8e amendement (1983) : L'Etat reconnaît le droit à la vie de
l'enfant à naître et, tout en tenant compte du même droit
à la vie de la mère, garantit dans ses lois le respect et, dans
la mesure du possible, défend ce droit (c'est à dire de l'embryon)
par ses lois.
Un comité du département de la Santé étudie actuellement
la possibilité d'établir des directives pour les pratiques de
PMA, qui pourraient inclure le dpi .
Suisse : Loi fédérale sur la procréation médicalement
assistée, 18 décembre 1998.
Article 5-3 : Le prélèvement d'une ou plusieurs cellules
sur un embryon in vitro et leur analyse sont interdits.
En 2001, la Commission de la science, de l'éducation et de la culture
du Conseil national a proposé de réexaminer cette interdiction,
en rappelant que le vote de l'interdiction avait été obtenu uniquement
grâce à la voix prépondérante du président.
Etats où le DPI est autorisé en l'absence d'une loi spécifique
Belgique
Un avant-projet de loi " concernant la protection des embryons in vitro
" daté décembre 1998 envisage de légiférer
sur la recherche sur l'embryon, dont fait partie le dpi, considéré
comme une activité de recherche scientifique et non d'application clinique.
: le diagnostic génétique pré-implantatoire […]
peut mener à la détection de maladies douloureuses incurables
et dont les enfants meurent en bas âge. Il prévient les interruptions
de grossesse thérapeutiques, celles-ci ayant lieu lorsqu'une telle maladie
n'est découverte que lors du diagnostic prénatal.
En attendant, le dpi est régi par la réglementation concernant
la génétique humaine. Un décret royal du 14 décembre
1987 énonce les standards que doivent satisfaire les centres d'hérédité
humaine pour être autorisés à pratiquer des tests diagnostiques
et le conseil génétique. Les centres agréés sont
financés par des fonds publics et les services sont accessibles à
toute personne qui estime en avoir besoin. Deux arrêtés royaux
du 15 février 1999 fixent les critères de programmation applicables
au programme de soins " médecine de la reproduction " et réglementent
les centres FIV. Dans un centre autorisé à pratiquer la FIV, il
faut obtenir l'approbation de la commission de bioéthique de l'institution
concernée.
Finlande, Medical Research Act, Statute No. 488/1999.
Cette loi définit la recherche médicale dans les termes suivants
: l'intervention dans l'intégrité d'une personne, d'un embryon
ou d'un fœtus humain dans le but d'améliorer la connaissance des
causes, symptômes, diagnostic, traitement et prévention de maladies
ou de la nature de la maladie au sens large.
Le chapitre 3 traite de la recherche concernant les embryons et les fœtus.
Il interdit spécifiquement certaines interventions : la recherche sur
un embryon de plus de 14 jours et sans le consentement de la femme, la production
d'embryons pour la recherche, la recherche visant la modification de caractères
héréditaires, le clonage d'un être humain… Les techniques
d'AMP et le dpi ne sont pas mentionnés en tant que tels, mais on considère
que n'étant pas interdits, ils sont autorisés, à condition
de respecter certaines conditions (approbation d'un comité d'éthique,
consentement, agrément par l'autorité nationale des affaires médico-légales…).
Une loi sur la PMA était en préparation début 2002. Elle
devrait autoriser le dpi dans un cadre clinique.
Grèce
Avant 2000 il n'existait aucune réglementation en matière
de recherche sur les embryons. Le domaine était couvert par une déclaration
du conseil général pour la santé datée de 1988.
La recherche nécessite l'approbation du comité d'éthique
compétent. En 2000 un décret présidentiel a interdit la
recherche sur l'embryon.
Italie
Pendant longtemps aucune loi ne réglementait les pratiques d'assistance
médicale à la procréation. Un projet de loi, votée
à la Chambre des Députés en juin 2002 est actuellement
examiné par le Sénat. Son article 3, bien que ne mentionnant pas
explicitement le dpi, semble l'interdire lorsqu'il prohibe " le recours
aux PMA à des fins eugéniques ou de sélection visant à
prédéterminer les caractères de l'enfant à naître
".
Pays-Bas
Le dpi est considéré comme une procédure de recherche et
doit se conformer à la loi sur la recherche médicale avec des
sujets humains, entrée en vigueur fin 1999. Les projets doivent être
approuvés par le Comité Central de la Recherche créé
en rapport avec cette loi. Le dpi est approuvé parce que son but est
d'empêcher la souffrance des futurs enfants et leurs parents. Les centres
devront être agréés. Un projet de loi actuellement en discussion
propose des règles pour l'utilisation des gamètes et embryons,
notamment pour la recherche, mais ne traite pas spécifiquement le dpi.
Royaume-Uni
La pratique du dpi est admise implicitement par la loi de 1990 relative à
la fécondation et à l'embryologie humaines,
qui régit l'assistance médicale à la procréation
et définit les conditions dans lesquelles la recherche sur l'embryon
est possible. Le développement de méthodes de détection
d'anomalies génétiques ou chromosomiques de l'embryon avant son
implantation fait partie des objectifs justifiant la recherche sur l'embryon.
En 1999-2000 la Human Genetics Commission et la HFEA ont voulu connaître
l'opinion du public sur une éventuelle extension des critères
d'application du dpi. A la suite de cette consultation, un groupe de travail
a élaboré des recommandations parmi lesquelles la suivante : Le
diagnostic préimplantatoire doit être disponible seulement lorsqu'il
y a un risque important qu'une anomalie génétique grave se trouve
chez l'embryon .
Le comité d'éthique de la HFEA a rendu public en décembre
2001 sa position favorable à une demande d'associer le typage HLA au
dpi pour venir en aide à un enfant gravement malade. Le comité d'éthique a déclaré notamment : …
nous pouvons comprendre que l'utilisation du typage pour sauver la vie d'un
frère ou une sœur pourrait être justifiée. Selon l'opinion
du Comité, cette situation se présentera seulement dans de très
rares circonstances et devrait être soumise à de sévères
contrôles .