L'homme peut-il climatiser la planète ? Peut-il réguler et abaisser la température du globe comme l'on règle le thermostat d'un bâtiment ou d'un véhicule ? De telles questions ne relèvent-elles pas de la science fiction ? La mainmise sur le climat n'est-elle pas une chimère ? N'est-elle pas aux géo-sciences du XXIe siècle ce que le voyage dans le temps fut à la physique du XIXe siècle ? C'est pourtant bien de sciences, de chercheurs, de modélisations, de programmes à financer, d'expérimentations dont il va être question dans cette étude. Banquise artificielle, parasol cosmique, inondation de vastes zones dépressives.., les laboratoires débordent de projets colossaux dont l'ambition affichée est de contrecarrer quelques-uns des effets d'un réchauffement climatique à l'échelle de la Terre, qu'il soit lié ou non à l'activité humaine. Certains voient dans l'avènement - ou plutôt le retour - de telles méthodes de "géoingénierie" une forme ultime de démesure dans la gestion de la nature, dans le droit fil de ce que représente l'hybris dans la mythologie grecque : le dépassement de la limite. Avant même sa mise en oeuvre, la géoingénierie suscite des controverses à de multiples niveaux, tant sur le principe général qu'en ce qui concerne les conséquences supposées des nombreuses méthodes qui sont proposées. C'est à une première cartographie de ces controverses que cette étude s'attache. |
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