AUTEUR: Daniel Rosenweg
ALORS que les Bourses occidentales chavirent sous les
vagues inflationnistes du pétrole et le ressac de l'immobilier
américain, à
l'autre bout du globe, des populations entières subissent ce que
d'aucuns
appellent déjà un «tsunami humanitaire ». Un peu partout, des émeutes
de la
faim réclament simplement le droit à s'alimenter, en Haïti,
en Egypte, aux
Philippines, au Cameroun, au Sénégal, au Mexique, en Indonésie, à
Madagascar...
Les manifestations se sont multipliées contre la hausse du prix des
produits de
première nécessité, particulièrement du blé et du riz, laissant parfois
derrière elles des morts. Hier, le président haïtien, René Préval, a
annoncé
une baisse du prix du riz dans le pays pour tenter d'apaiser la
population, et
le Premier ministre a été renversé. Un phénomène que le FMI et
Un rapport des Nations unies dresse une liste de trente-sept pays « actuellement confrontés à des crises alimentaires ». Dans la plupart de ces pays, les dépenses d'alimentation représentent plus de 60 % des revenus, contre 15% en France. Or, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui tire la sonnette d'alarme, l'assure : « En 2008, la facture des importations céréalières des pays les plus pauvres du monde devrait augmenter de 56 %, voire 74 %, pour les pays à faibles revenus après une hausse significative de 37 % en 2007. »
Comment
tout cela est arrivé. C'est une succession
d'événements avec, au départ, une mauvaise météo au printemps 2007, et
donc de
mauvaises récoltes, notamment en Australie qui a perdu 10 millions de
tonnes et
en Ukraine. Ceci a entraîné une réduction volontaire des exportations
des pays
producteurs, dont
Pourquoi cette pénurie. Jean Ziegler, auteur de « l'Empire de la honte » et rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, considère que la situation a des causes avant tout structurelles. Selon lui, par exemple, les pays pauvres et endettés ont été contraints par les organismes officiels internationaux, comme le FMI, à produire des matières premières exportables, telles que cacao, coton, pour rétablir l'équilibre de leur balance commerciale, « au détriment des besoins locaux ». Ces pays sont donc tributaires des cours mondiaux. A côté, la montée en puissance des biocarburants a détourné des millions de tonnes de céréales du circuit alimentaire. Ainsi, 11 % de la production du maïs américain sont dorénavant consacrés à la production d'éthanol.
Par
ailleurs, José Manuel Barroso, président de
Et
l'avenir ? Vendredi, sur France Inter,
Jean-Christophe Rufin, ambassadeur de France au Sénégal et ancien
président d'Action
contre la faim, était pessimiste: « Il faut cinq ans pour que des
terres non
cultivées produisent à nouveau. » La situation est compliquée par le
fait,
selon
DATE-CHARGEMENT: 13 Avril 2008
LANGUE: FRENCH; FRANÇAIS
TYPE-PUBLICATION: Journal
CODE-REVUE: DXADM
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