La mer du Nord

La mer du nord est l’endroit idéal pour faire du stockage géologique de carbone. Tout d’abord, les sites potentiels de stockage sont nombreux : on trouve non seulement d’anciens réservoirs pétroliers et gaziers, mais aussi beaucoup d’aquifères salins qui pourraient accueillir du carbone en état supercritique.

La mer du nord est connue depuis les années 1950 pour contenir d’importants gisements de pétrole et de gaz. L’exploitation a commencé en 1960, a atteint un pic à la fin des années 1990 avant d’amorcer un déclin de plus en plus marqué pour cause d’épuisement de certains réservoirs de pétrole, or un réservoir de pétrole épuisé est un site potentiel de stockage de carbone : c’est une structure étanche, capable d’éviter toute remontée de CO2 à la surface.

Cependant, les réservoirs de pétrole ne sont pas la cible privilégiée pour servir de réservoirs de carbone, car leur capacité, bien qu’importante, est malgré tout limitée. Les aquifères salins présentent bien plus d’avantages : une capacité presque illimitée, une étanchéité prouvée… le seul problème est que l’on connaît beaucoup moins bien ces formations que les réservoirs de pétrole, dont la forme et la taille exacte ont été étudiées soigneusement par les compagnies pétrolières qui les ont exploités. De plus, ce sont en général les plate-formes gazières qui s’occupent d’injecter du carbone dans le sous-sol, puisque c’est dans le gaz naturel qu’on trouve des concentrations importantes de CO2, or contrairement à la production de pétrole, la production de gaz n’est pas du tout en déclin en mer du nord, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de gisement de gaz abandonné. Comme il est évidemment hord de question d’injecter du CO2 dans une poche de gaz exploitée (cela ferait augmenter la teneur en dioxyde de carbone du gaz naturel, teneur limitée à 2.5%), c’est surtout vers les aquifères salins qu’on se tourne. A Sleipner, par exemple, c’est dans une formation saline qu’on injecte un million de tonnes de CO2 par an.


Expérience de Sleipner : injection du carbone récupéré dans une formation saline : la formation d’utsira

Les ressources naturelles en mer du nord sont partagées principalement entre deux pays : la Norvège à l’est et le Royaume uni à l’ouest. Ces deux pays s’intéressent à l’injection de CO2 en couche géologique profonde. Cependant, la Norvège est déjà très organisée, avec un organisme proche du gouvernement : Gassanova, qui centralise toutes les informations et tous les projets, et une compagnie pétrolière puissante : Statoil, qui investit à plein dans la technologie SGC (stockage géologique de carbone). En Angleterre, les compagnies pétrolières partent en ordre plus dispersé, il n’ a pas de centralisation des projets et surtout aucune expérience de l’envergure de celle de Sleipner. Cependant, la volont est là et la recherche avance tout de même. Quant aux autres pays riverains de la mer du nord, les Pays-bas par exemple, ils se montrent également intéressés mais s’investissent moins dans la recherche, dans la mesure où ils exploitent une partie de la mer du nord de taille beaucoup plus modeste que la partie anglaise ou la partie norvégienne.

La mer du nord est aujourd’hui la zone la plus connue et la mieux adaptée pour faire du stockage géologique off shore de carbone. Néanmoins, la Norvège commence à regarder dans d’autres directions, en particulier en direction de la mer de Barents, où le champ gazier de snøhvit (gisement découvert en 1984) se prépare à accueillir une nouvelle expérience de stockage de carbone (avec toujours un injection dans un aquifère salin). Beaucoup plus loin de là, certains projets se dessinent pour stocker sous la mer de Chine, les entreprises qui financent ces projets sont Exxon et Pertamina Oil.Néanmoins, c’est toujours la mer du nord qui tient la corde dans les expérimentations de stockage géologique off shore.