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Icône Chronologie intégrale
1898
Le concept d’attention décrypté par le philosophe Willam James.
Le psychologue et philosophe américain William James, considéré comme le fondateur de la psychologie aux États-Unis, donne une définition précise de l’attention au moment où le trouble commence à être décrit
C’est prendre possession par l’esprit, sous une forme vive et claire d’un objet ou courant de pensée parmi tous ceux qui paraissent se présenter simultanément. Focalisation, concentration de la conscience sont de son essence. Cela implique de se retirer de certaines choses pour en traiter d’autres efficacement.
William James (1842-1910)

1902
Première description du trouble par Sir George Still - «A defect moral control»
Le pédiatre anglais Sir George Frederick Still du King’s College Hospital de Londres étudie une vingtaine d’enfants «présentant un trouble du comportement».
Si ces enfants sont «normaux» du point de vue de l’intelligence, ils présentent des signes «de violence, de destruction et un manque cruel de conscience de la punition».
Ils sont incapables de rester calmes, ont une tendance exacerbée à la distraction et ne peuvent pas se concentrer sur une seule chose à la fois. Selon lui, les enfants souffres «d’immoralité».
Ces descriptions ont servi de point de référence dans l’histoire du TDAH. C’est également le moment où l’enfant TDAH est devenu un objet clinique à part entière.
1918
Les travaux d’Alfred Tredgold
Alfred F. Tredgold suggère que le trouble est à l’origine d’un dysfonctionnement du cerveau trouvant sa cause quelques temps avant la naissance. Il note également que ces enfants ne sont pas idiots, mais que leur comportement est totalement «anti-scolaire».
La grande popularité de Tredgold est aujourd’hui assurée par le fait que les enfants qu’il a décrit ressemblent trait pour trait à ceux que l’on identifie actuellement comme diagnostiqué TDAH.
Pour lui, l’environnement de l’enfant n’est pas la cause mais la conséquence de son trouble.
1918
La fin de la Première Guerre Mondiale
À la fin de la Première Guerre Mondiale, 30 millions de personnes décèdent d’une grippe nommée encephalitis lethargica (connue en France sous le nom de Grippe espagnole). Tredgold relie alors l’hyperactivité observée chez certains enfants avec le fait que ceux-ci aient survécus à cette grippe.

Si ce lien peut bien sûr paraître erroné aujourd’hui, il a eu le mérite de médicaliser un comportement spécifique à l’enfant.
1925
«L’enfant Turbulent» par Henri Wallon
Après quelques tentatives de description par Bourneville ou Heuyer, c’est enfin Henri Wallon qui publie en 1925 sa thèse intitulée L’enfant Turbulent». Le neuropsychiatre rédige pour chacun de ses jeunes patients des petites fiches décrivant précisément leurs symptômes, ce qui lui permet de dégager des grandes lignes dans la description du trouble.
L’évolution des connaissances sont en revanche bien différentes chez nos amis anglo-saxons, qui mettent en avant des méthodes statistiques et s’attachent plutôt à la découverte de lésions cérébrales à l’origine du trouble.
1934
Eugene Kahn et Louis Cohen identifient un certain nombre de patients incapables de rester calmes. Ils attribuent ces problèmes émotionnels pour la première fois à une déficience neurologique.
1937
Le premier traitement de l’hyperactivité découvert par hasard

Comme la chronologie relative à la Ritaline le montrera, Charles Bradley, pédiatre et directeur d’une association de médecins de l’Université de Yale, effectue pour la première fois un pneumoencéphalogramme sur des enfants souffrants de migraine. Il leur donne alors par hasard de la Benzédrine (une amphétamine découverte récemment) en espérant que la molécule stimule leur plexus choroïde et réduise la pression dans les sinus de l’enfants.
Il réitère l’opération sur des enfants au comportement difficile : les résultats sont là. Les enfants s’intéressent à leur devoir et redeviennent calmes.
1937
Charles Bradley, pédiatre et directeur d’une association de médecins de l’Université de Yale, effectue pour la première fois un pneumoencéphalogramme sur des enfants souffrants de migraine. Il leur donne alors par hasard de la Benzédrine (une amphétamine découverte récemment) en espérant que la molécule stimule leur plexus choroïde et réduire la pression dans les sinus de l’enfants.

Les maux de têtes ne s’estompent pas, mais il note quelque chose d’étonnant : «Leur changement de comportement durant la semaine de traitement à la Benzédrine affecta grandement leur activité scolaire», note-t-il dans un article daté de 1950.
En effet, environ 70% des enfants traités améliorèrent immédiatement leur intérêt pour les devoirs qu’ils avaient à faire. La molécule calmait les enfants sans pour autant anihiler toute leur attention.
Pourtant, dès l’arrêt du traitement à la Benzédrine, ses effets disparaissent immédiatement.
1937
Motlich et Sullivan note «une amélioration du test de QI chez des sujets traités aux amphétamines».
1954
Synthèse du méthylphénidate

La firme pharmaceutique suisse Geigy synthétise pour la première fois le méthylphénidate, qu’il commercialise aussitôt sous le nom de Ritaline.
La molécule a été créée pour reproduire les stimulants amphétaminiques tout en réduisants ses effets secondaires.
1955
Les traitements aux amphétamines se développent massivement pour les adultes atteints de troubles mentaux sévères, comme la Thorazine (ou Largactil en Europe).
1955
Une firme suisse, JR Geigy, synthétise depuis les années 1940 une molécule appelée méthylphénidate en lui donnant le nom commercial de Ritaline. Son but : reproduire les effets stimulants des amphétamines en réduisant les effets secondaires.
1956
Premier vrai questionnement paru dans l'American Journal of Psychiatry : Herbet Freed et Charles Pfeifer écrivent un article : «Pourquoi utiliser un médicament aussi puissant sur nos enfants plutôt qu’une psychothérapie ?»
1956
La NIMH crée le PRB ou Psychopharmalogical Research Brand. Elle nomme Eisenberg et Conners du Johns Hopkins Hospital comme chefs du projet, destiné à effectuer une enquête de grande envergure sur le thème «L’utilisation de médicaments chez les enfants».
1957
Les découvertes de Laufer et Denhoff

Un terme est enfin apposé sur tous les symptômes décrits depuis plus de soixante ans : les deux chercheurs parlent de «Hyperkinetic Impulse Disorder».
Les deux chercheurs poursuivent les recherches de Bradley et montrent toute l’efficacité des stimulants sur les enfants hyperactifs en particulier.
C’est aussi la toute première mise en garde par rapport à l’utilisation de ces médicaments :
In the 1950’s, educators learned about [the] . . . psychopharmacological aspect of behavior modification, and began to encourage parents to seek such help from the child’s physician. Soon it became evident that these drugs were being used indiscriminately— prescription would depend mostly upon a description of behavior by a teacher or parent. There was little awareness or use of the supporting information required to differentiate the hyperkinetic impulse disorder from other types of behavior disorders in which overactivity was also a predominant feature.

1956
L’article de Laufer et Denhoff est publié et le trouble est qualifié dHyperkinetic Impulse Disorder. Les deux chercheurs travaillent dans la même association que C. Bradley, dont ils espèrent poursuivre les travaux.
Les chercheurs sont clairs : «Le trouble est le résultat d’un dysfonctionnement d’une partie l’encéphale». Laufer reconnu plusieurs années après que ces conclusions étaient beaucoup trop hâtives.

Les chercheurs posent un avertissement ferme : «It would be infortunate if, as a result of these observations, amphetamines were used indiscriminately for the treatment of behavior disturbance in children [...]. Amphetamine has a specific role, but is no susbstitue for psychotherapy».
1961
La Ritaline est autorisée par la Food and Drug Administration (FDA) pour le traitement des problèmes de comportements chez les enfants.
1963
L’article de Conners et Eisenberg est le premier a prouvé l’efficacité de la Ritaline chez les enfants à problèmes. Ils notent également «que 70% des enfants perdent l’appétit suite au traitement».

Il reflète à quel point l’ambiance de la recherche dans les années 1960 est détendue. Aucun contrôle n’était vraiment effectué, note Conners. «Je suis allé dans une école de Baltimore, et j’ai demandé au principal si je pouvais effectuer des tests dans une des classes en traitant des enfants volontaires.» Celui-ci m’a répondu : «Génial ! et les parents étaient encore plus enthousiastes !».
1964
Les premières contestations apparaîssent. Chess montre grâce aux nouvelles technologies que beaucoup d’enfants diagnostiqués hyperactifs ne montrent aucun dysfonctionnement du cerveau. Le NIMH est donc obligé de financer la recherche dans ce domaine.
1967
Première bourse du gouvernement pour l’étude du trouble
Celle-ci est accordée par le NIMH - National Institue for Mental Health - à Keith Conners de la Harvard Medical School and Massachusetts General Hospital.
C’est le seul cas dans l’histoire du TDAH où l’État américain a publiquement financé la recherche sur le TDAH. Même les laboratoires pharmaceutiques, depuis la découverte de la Ritaline, n’ont alloué aucun budget pour la recherche de nouveaux traitements.
1968
Les premières bourses sont distribuées par le NIMH aux chercheurs capables de mener des études de grande envergure.
1970
200 000 enfants sous Ritaline aux États-Unis
Cela représente environ 0.002% des enfants américains. C’est également l’époque où éclatent des scandales relatifs à la Ritaline.
Le trouble est porté sur le devant de la scène médiatique.
1970
Un article ouvre la voie à la controverse. Le Washington Post, dans un article du 29 juin intitulé «Omaha pupils giver ‘behaviour drugs’» affirme que 10% des enfants d’une école du Nebraska sont traités à la Ritaline par décision de la direction de l’école, sans aucun avis médical.
S’il a été montré que l’article comportait énormément d’erreurs, il a au moins réveillé l’attention des médias sur le sujet.
1970
Suite à cet article, la prescription de Ritaline devient restreinte aux États-Unis par un programme intitulé Schedule III.
1970
Un scandale éclate en Suède, où des dizaines de cas d’abus de Ritaline sont diagnostiqués. Elle sera interdite pendant 38 ans du marché suédois.
1971
La Ritaline est classée aux États-Unis comme substance encore plus dangereuse, avec le Demerol ou la morphine. La Drug Enforcement Administration (DEA) surveille de près sa prescription dans tout le pays.
1975
Trois nouvelles publications finissent d’achever la Ritaline, qui devient la cible de tous les médias américains. Peter Conrad accusent la société de vouloir contrôler les masses avec des stimulants ainsi que les lobbies pharmaceutiques.
1978
Une découverte complique la relation entre le diagnostic et l’utilisation de Ritaline. Judith Rapoport, une chercheuse au NIMH, montre que les effets de la Ritaline sont les mêmes chez les enfants hyperactifs aussi bien que chez les enfants «normaux».
1980
Le DSM-III impose le terme de TDA/H
En cette année 1980, la très réputée American Psychological Association (APA) publie le DSM-III, c’est à dire la troisième révision du Diagnostic and Statistical Manual, outil de classification qui représente le résultat actuel des efforts poursuivis par les Etats-Unis pour décrire précisément les troubles mentaux.
Cette nouvelle édition regroupe les diverses appellations sous une seule et unique nomenclature : on parlera dorénavant dAttention Deficit Disorder ou ADD. La publication balaye d’un seul et même coup toutes les anciennes appellations : minimal brain damage, hyperkinetic disorder, brain dysfunction syndrom... Une dernière révision surgit sept ans plus tard et introduit la lettre H pour désigner lhyperactivité. La dernière édition en date du DSM a conservé toutes ces descriptions. L’année 1980 est donc la première année où le trouble est véritablement institutionnalisé en Amérique du Nord.

C’est la version révisée du DSM-III, le DSM-III-R qui rajoute le «H» sept années plus tard.
1990
Une littérature de plus en plus abondante
Automédication, dénonciation, révélation sur la Ritaline... sont autant de thèmes qu’entend mettre en avant une littérature de plus en plus prolifique et abondante.
1994
Le DSM-IV est publié
2000
Les premiers procès contre la Ritaline
Ce n'est pas une bataille juridique, c'est un combat moral : on ne peut pas continuer à bourrer nos enfants de psychotropes tout en leur demandant de dire non à la drogue.
L'avocat Andrew Waters


Andrew dirige à Dallas (Texas) le cabinet d'avocats Waters & Kraus, qui vient d'intenter le premier procès contre la Ritaline. Quatre class actions - procès en action collective - ont été ouvertes au Texas, en Californie et dans le New Jersey, au nom de dizaines de milliers de familles d'enfants «hyperactifs». Elles accusent Ciba-Geigy - la filiale d'Aventis qui fabrique le médicament - et l'American Psychiatric Association (APA) d'avoir comploté pour pousser la jeunesse américaine à la consommation des pilules calmantes.

Un non-lieu a été prononcé.
Sujet « Les enfants turbulents » —
Jérémy BLACHIER, Arthur BRIQUET, Édouard DENYS DE BONNAVENTURE, Elsa MERCKEL, François HENNETON.