La spéculation sur les produits agricoles
La spéculation sur les produits agricoles
AMELIORER LE FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS DÉRIVÉS DE MATIÈRES PREMIÈRES
﷯ La mise en place des marchés dérivés Le volume de transactions sur les marchés financiers de matières premières, notamment les marchés de gré à gré, a fortement crû depuis les années 2000, parallèlement à la diversification des agents impliqués, avec l’arrivée massive des hedge funds et des fonds indexés. Ces transactions commerciales s’effectuent autour de marchés au comptant où acheteurs et vendeurs statuent sur la qualité et le prix des produits échangés. On parle de produits dérivés dans la mesure où leur valeur découle des quantités physiques de matières premières.
Nombre de contrats futures et options sur les marchés organisés de matières premières
L’émergence sur le marché des matières premières agricoles de ces acteurs financiers est due notamment au vote en 2000 du Commodities Futures Modernization Act qui libère la majorité des transactions de produits dérivés de gré à gré de la surveillance de la CFTC et la SEC. L’augmentation de la participation des agents financiers à ces marchés s’inscrit dans une dynamique globale de financiarisation de ces marchés. Les produits dérivés sur les matières premières agricoles se transforment en une classe d’actifs exploités par les investisseurs pour diversifier leurs portefeuilles. Le risque de défaut sur les contrats à terme a par ailleurs conduit à une réorganisation des marchés dérivés autour de chambres de compensation garants du bon fonctionnement des échanges, tels que le CME : on parle de marchés organisés. Parallèlement, les marchés de gré à gré permettent des transactions confidentielles puisque l’enregistrement des acteurs n’y est pas obligatoire. La spéculation sur les marchés à terme Les futures (contrats, statuant à un prix déterminé au préalable sur une quantité donnée à une date donnée, vendus sur les marchés organisés) ont pour fonction principale la facilitation du transfert des risques depuis les acteurs désirant se protéger contre les variations du cours vers des agents qui acceptent d’assumer le risque de variation. Ces derniers agents fournissent donc de la liquidité indispensable au mécanisme de formation des cours par la rencontre d’un grand nombre d’acteurs possédant une information partielle sur le marché : leur existence est donc fondamentale pour la bonne marche du marché. Néanmoins, en cas de manque de transparence des transactions ou de prise de position dominante par un agent, ces spéculateurs tendent à former des anticipations sur l’évolution des prix sans liens avec les fondamentaux du marché, responsables de l’apparition de bulles. Des mécanismes auto-entretenus d’anticipations de plus en plus éloignées de ces fondamentaux se mettent alors en place. L’influence des fonds indexés sur l’évolution des cours Les fonds indexés ont un comportement très dissemblable de celui des autres acteurs du marchés : intervention sur plusieurs marchés à termes, positions majoritairement longues et comportement spéculatif passif. Ces caractéristiques les rendent susceptibles d’avoir une réelle influence sur l’évolution des prix futures. Néanmoins, la mesure statistique n’a pas pu statué sur l’existence d’une telle corrélation.
Investissement des fonds indexés de matières premières, 1990-2009 (milliards de dollars)
La spéculation et le marché physique Il n’existe pas de lien mécanique entre les marchés physiques et les marchés financiers. Le prix spot est déterminé par la transaction de matières premières sur le marché physique. Le prix future est alors simplement le prix spot auquel s’ajoutent coût de stockage et taux d’intérêt. En principe, la hausse des prix futures à la suite d’anticipations à la hausse ne générera donc une hausse des prix spot que si les agents retirent des quantités de matières premières du marché physique et les concentrent sous forme de stocks spéculatifs. Limiter le risque de volatilité Si la preuve empirique de l’impact négatif des marchés dérivés sur la volatilité des prix fait défaut, les gouvernements des pays développés et notamment du G20 ne nient pas la possibilité d’une corrélation et proposent une augmentation de la surveillance de ces marchés. D’une part, ils prônent l’instauration d’une obligation sur les marchés organisés européens d’un enregistrement des acteurs par catégorie et l’affichage des transactions selon une politique de transparence maximale. Cet enregistrement doit s’étendre aux marchés de gré à gré auprès des autorités de marché comme la AEMF. Il faut aussi modifier les législations de constitutions des bilans d’entreprise pour obliger les acteurs à déclarer dans leurs bilans leurs opérations sur ces marchés. La Commission européenne prévoit également le transit des marchés de gré à gré suffisamment standardisés par des chambres de compensation.
«Nous encourageons fortement les Ministres des finances et les Gouverneurs de Banques centrales du G20 à prendre les décisions appropriées pour une meilleure régulation et supervision des marchés financiers agricoles. Nous soutenons les Ministres des finances et les Gouverneurs de Banques centrales du G20 qui, lors de leur réunion à Washington les 14 et 15 avril 2011, ont souligné la nécessité que les intervenants sur les marchés dérivés de matières premières soient soumis à une régulation et une supervision appropriées, et ont appelé à une plus grande transparence des marchés au comptant et des marchés dérivés, conformément aux recommandations déjà avancées par l'OICV, et ont marqué leur intérêt pour que l'OICV finalise d'ici septembre 2011 ses recommandations en matière de régulation et de supervision dans ce domaine tout particulièrement afin de lutter contre les manipulations et abus de marché, par exemple au moyen de prérogatives formalisées en matière de gestion des positions, y compris, en tant que de besoin, d'établissement de limites de positions ex ante parmi d'autres modalités d'intervention.»
Plan d’action sur la volatilité des prix alimentaires et sur l'agriculture
Réunion des Ministres de l’Agriculture du G20
Paris, 22 et 23 juin 2011
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