La spéculation sur les produits agricoles
La spéculation sur les produits agricoles
Les prêts contracycliques
« Les prêts aux pays les plus pauvres, même réalisés à des conditions concessionnelles, génèrent inévitablement un niveau d’endettement si élevé qu’il devient ingérable », d’après Daniel Cohen dans son article prêter aux pays les plus pauvres. Il convient donc de comprendre les raisons de la crise de la dette des PMA, afin de trouver un moyen de leur prêter de l’argent (ce qui est indispensable pour leur permettre d’effectuer des investissements rentables et ainsi de permettre le développement du pays) avec moins de risque de non remboursement. Relation entre chocs affectant les exportations et difficultés de service de la dette « Si nous analysons les liens qui existent entre la volatilité des revenus de l’exportation et les épisodes de surendettement, ce seuil semble également être le plus à même de refléter ce que nous recherchons : un choc qui handicape la capacité d’un pays à assurer le service de sa dette. » « Le résultat principal est que, pour les pays susceptibles d’avoir vécu les événements de surendettement les plus aigus (ce qui a conduit à l’initiative PPTE), les crises des exportations ont précédé la crise de la dette dans 60 % des cas. » « L’adoption d’une stratégie de prêt, prenant en compte cette vulnérabilité aux chocs affectant les exportations et à leurs implications négatives possibles en termes de service de la dette, pourrait fortement aider à prévenir l’accumulation des problèmes d’endettement dans ces pays. Lorsque les deux tiers de la variabilité du ratio service de la dette/exportations peuvent être attribués à la volatilité du dénominateur, un instrument de crédit liant les remboursements aux revenus des exportations peut s’avérer extrêmement utile pour préserver la soutenabilité de la dette. » En conclusion, il semble que la baisse du montant des exportations soit un précurseur d’une crise de la dette. La solution serait alors de prévoir un prêt prenant en compte ce facteur : les pays emprunteurs doivent bénéficier d’une flexibilité supplémentaire de remboursement, afin de ne pas avoir à rembourser leurs dettes en cas de crise d’exportation. Ceci leur permettrait de régler cette crise plus rapidement (car ayant plus de liquidité du fait du non-remboursement de la dette), et ainsi de rembourser leurs dettes plus tard, sans surendettement supplémentaire. Le prêt contracyclique Les prêts « classiques » s’effectuent sur une grande durée (30 à 50 ans), ont un taux faibles et accordent un délai de grâce (délai après la signature du prêt pendant laquelle le pays ne rembourse pas ses dettes. Ce délai de grâce est supposé laisser le temps au pays de toucher les premiers bénéfices générés par l’investissement effectué avec l’argent du prêt). « Notre idée est de transformer le délai de grâce d’un prêt concessionnel typique en un délai de grâce initial fixe et un délai de grâce flottant sur lequel le pays pourrait s’appuyer en cas de choc grave. Le choc grave est défini comme un choc affect-12.2s exportations, au cours duquel celles-ci chutent en dessous de la moyenne mobile des valeurs passées. Si aucun choc de ce type ne survient, ou de manière trop peu fréquente, le délai de grâce flottant est rendu au pays à la fin du prêt. » « Ce délai de grâce « flottant » peut être utilisé, à tout moment entre la sixième et la trentième année, en cas de choc grave. » Daniel Cohen veut ainsi créer deux types de prêts contracycliques. Le premier prêt propose un taux de 1%, avec un délai de grâce flottant de 5 ans, et un deuxième prêt avec un taux de 1,5%, et un délai de grâce de 6 ans. Critères d’utilisation du délai de grâce flottant Daniel Cohen montre que la baisse de la valeur des exportations du pays donne un bon indice de prévision d’une crise (une crise étant une période durant laquelle le pays est dans l’incapacité de rembourser sa dette). Ainsi, lorsque la valeur des exportations est en-dessous d’une certaine valeur, le pays peut demander un délai de grâce. Cependant, pour éviter des fraudes (des pays modifiant la valeur de leurs exportations afin de bénéficier d’une année de grâce), la valeur de ces exportations doit être calculée grâce aux données des pays voisins avec lesquels le pays en question effectue des échanges marchands. Source utilisée pour cet article :
Cohen Daniel et al., Prêter aux pays les plus pauvres : un nouvel instrument de prêt contracyclique,
Afrique contemporaine, 2007/3 n° 223-224, p. 87-111. DOI : 10.3917/afco.223.0087

 

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