La spéculation sur les produits agricoles
La spéculation sur les produits agricoles
RÉGULARISATION DES COMPORTEMENTS DANS LES MULTINATIONALES Le monde des multinationales agro alimentaires est mal connu, et est donc attaqué par les ONG, surtout par souci de transparence. En effet, on ne peut que s’étonner de la différence des prix d’achat au producteur et de vente en magasin. Le graphique ci-dessous, quoique relativement vieux, illustre la situation : en octobre 99, la différence de prix d’achat du grossiste et du consommateur était de 17 %. En juillet 97, le prix de l’achat à l’agriculteur (FOB soit Free on board) est deux fois moins élevé que le prix de vente au consommateur. Le manque de données est flagrant dans ce domaine, ou du moins sont-elles difficile d’accès.
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Graphe issu de : La protection des marchés agricoles, un outil de développement, ISBN : 2-9524132-3-1, Novembre 2006, par Arlène Alpha, pour Coordination SUD
Autre exemple édifiant, celui de la banane dans les Iles sous le Vent, pour laquelle les bénéfices sont répartis comme suit : - Planteur = 10 % - Transporteur/exportateur = 30 % - Importateur = 20 % - Grande distribution et détaillants = 40 %
(Chiffres issus de Agriculture : pour une régulation du commerce mondial -Mettre le développement au cœur des négociations de l’Accord sur l’Agriculture à l’OMC, Décembre 2005, Coordination SUD). Bien entendu, ces firmes subissent la pression de la grande distribution, qui souhaite conserver des prix relativement bas, mais cela justifie-t-il de tels écarts de prix ?
Par ailleurs, et c’est bien plus grave, ces firmes sont parfois considérées comme responsables des mauvaises conditions de travail des producteurs qui dépendent d’elles, ainsi que des éventuelles dégradations de l’environnement liées à l’agriculture. La citation suivante est extrêmement explicite : les firmes multinationales agroalimentaires sont accusées de
« problèmes graves de santé dus aux pesticides ; salaires en dessous du minimum vital ; journées pouvant aller jusqu’à 15 heures de travail ; harcèlement sexuel et discrimination contre les femmes ; travail des enfants ; risques de licenciement pour activité syndicale. À cela s’ajoutent des impacts environnementaux très néfastes : destruction d’écosystèmes entiers par la monoculture intensive ; pollution causée par l’usage massif de pesticides toxiques. Sur place, les États ne garantissent souvent pas le respect des droits sociaux et environnementaux fondamentaux. » Laurent Levard
La cohérence des politiques commerciales et agricoles avec les objectifs de développement, Septembre 2011, Coordination SUD

 

Ces firmes devraient donc pouvoir, selon Coordination SUD, pouvoir garantir à la fois le respect des Droits de l’Homme et de l’environnement dans leur sphère d’influence, et être tenues pour responsables légaux des entraves qui leurs sont faits en Europe ou ailleurs. Le but est simple :
« Ceci introduirait une notion de « sphère de responsabilité» des multinationales, celles-ci étant dans l’obligation d’enquêter sur les risques de violation des droits de l’Homme et d’atteinte à l’environnement, de rendre public les informations recueillies et de prendre des mesures «raisonnables » pour les prévenir. » Laurent Levard
ibid.
Le principe est simple : en forçant ces multinationales à publier des données précises sur le respect de l’environnement et des Droits de l’Homme, et en les menaçant de sanctions, les firmes agro alimentaires adopteront une démarche plus responsable. Cependant, le chemin à parcourir reste long. Tout d’abord, il faut adapter la loi en faisant voter les points précédents. Puis, il faut pouvoir saisir la justice facilement, car les infractions supposées des firmes européennes ne sont pas commises en Europe. Les victimes ont déjà la possibilité de saisir les tribunaux européens dans le cadre de l’environnement, par le règlement Rome II. Il faudrait que cette notion soit étendue aux violations des Droits de l’Homme. Réciproquement, les tribunaux européens devraient pouvoir juger des entreprises dont les sièges sociaux sont situés à l’étranger mais qui commentent des fautes en Europe. Enfin, il faut que le mouvement de protestation gagne en puissance et en importance. Les revendications qui précèdent sont principalement le fait du mouvement protestataire « Une seule Planète ». Depuis 2010, leur pétition n’a eu que peu d’échos car elle ne compte que 75 000 signataires environ en mai 2012 : ﷯
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