Présentation de Scopus
Scopus est une base de données bibliographique indexant plus de 18 000 titres de périodiques de nature scientifique provenant de plus de 4 000 éditeurs. C’est donc un réservoir immense d’articles scientifiques sur tous les domaines, et en particulier en économie, sciences sociales, etc. Cette base spécialisée permet de réaliser de nombreuses statistiques sur des volumes gigantesques de données, de manière à dégager les tendances d’un phénomène dans le champ académique.
Nous allons rechercher les mots-clés « microfinance » et « microcredit », puis faire des statistiques sur les résultats.
Sans grande surprise, nous notons que les articles proviennent pour plus des deux tiers des Sciences Sociales (Management, Businness) et de l’Economie. De nombreux autres domaines sont représentés, avec des petits pourcentages ; ceci peut peut-être s’expliquer ou par une certaine pluridisciplinarité des scientifiques, ou des collaborations interdisciplinaires.
Après les domaines, on peut vouloir préciser la nature des articles sur la microfinance : s’agit-il de thèses ? D’articles dans la presse ? Pour une conférence ?
Le diagramme montre clairement plusieurs tendances : tout d’abord, on note qu’un tiers des articles sont des « conference paper » c’est-à-dire des articles qui ont été présentés dans une conférence : on a donc un domaine scientifique assez actif, avec des rencontres entre les chercheurs. Ensuite, on note une proportion également importante d’articles « Review », donc des articles n’apportant pas de nouvelles idées, mais qui résument et organisent les idées déjà formulées. Ceci montre à la fois une volonté de rationaliser le champ et de le synthétiser, mais nuance aussi le dynamisme supposé du domaine, qui semble pour une certaine part « recycler » ses connaissances.
Maintenant que nous avons défini la morphologie du débat académique, séparé entre articles de synthèse et articles pour des conférences, nous allons essayer de découvrir d’où viennent ces chercheurs.
Les statistiques montrent une claire implantation du débat aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. A noter que l’Inde arrive en troisième position et l’Afrique du Sud en sixième, signe que la recherche n’est pas forcément déconnectée géographiquement des lieux d’action de la microfinance.
Nous avons donc un champ fortement ancré dans les pays anglophones du Nord, avec des pays considérés comme des grandes puissances émergentes comme l’Inde, et des pays du Sud comme la Malaisie. Nous allons maintenant utiliser Scopus pour dater la controverse et confirmer ou infirmer l’hypothèse d’un démarrage vers 1990.
Ce graphe porte en abscisse le temps, et en ordonnée un nombre de publications. La courbe donne ainsi le nombre d’articles publiés chaque année sur la microfinance.
Nous voyons ainsi que sur la base Scopus on peut faire remonter l’origine de la controverse au début des années 1990. Malgré un recul du nombre de publications en 2004 et 2005, la courbe montre une croissance très forte du domaine, avec une multiplication par 200 du flux d’articles en 20 ans. Scopus donne une première confirmation de notre hypothèse formulée grâce à Google NGram Viewer. Un deuxième outil statistique issu de Scopus va nous permettre de donner un troisième point de vue sur la question.
Ce dernier graphe vient apporter la confirmation de notre hypothèse : on note une apparition des articles dans les revues vers 1994. De plus, les courbes montrent une véritable diversification dans les revues : on a d’abord une seule revue qui publie en 1994 puis très vite de nombreuses revues s’intéressent au domaine, parfois par vague.
Dans ce graphe, chaque courbe représente une revue, et donne le nombre d’article publié par celle-ci en fonction des années. Ici, il faut à la fois prêter attention au volume des publications, ainsi qu’au nombre de revues qui publient des articles sur la microfinance au fil des ans.