Une solution pour l’alimentation en énergie des usines de dessalement consiste à les coupler avec une centrale énergétique. Ainsi, la source d’alimentation se situe à proximité immédiate de l’usine et on minimise ainsi les pertes énergétiques. La centrale d’alimentation produit non seulement de l’électricité pour l’usine de dessalement, mais également pour toute la région.
Pendant longtemps, le choix de coupler une usine de dessalement à une centrale nucléaire a été considéré avec un vif intérêt. Une telle possibilité a été étudiée à partir des années 1960. C’est ce qu’on relève à la lecture du livre de J.R. Vaillant, Les problèmes du dessalement de l’eau de mer et des eaux saumâtres : « Des installations de ce type seront très utiles dans des zones fortement industrialisés ».
Le dessalement est envisagé comme un domaine d’application pour la filière nucléaire en plein développement à cette époque. Des groupes d’experts se constituent pour évaluer la faisabilité d’une telle solution. L’AIEA ou Agence Internationale de L’Energie Atomique mène des études scientifiques et économiques dans le monde entier. Des spécialistes établissent des bilans comparatifs sur l’utilisation des combustibles classiques et nucléaires. Les conclusions sont positives à tel point que certains extrapolent à long terme des capacités de production d’eau dessalée de 1 000 000 m3/ jour, en deçà des plus grandes capacités de production actuelles qui s’élèvent à 600 000 m3/ jour. La possibilité d’exploiter le nucléaire intéresse d’autant plus les spécialistes français que « la France a mis au point des réacteurs nucléaires compétitifs ». Tout concourt donc à une intégration progressive de la technologie nucléaire dans le dessalement.
Cependant l’idée d’exploiter le nucléaire a fini par retomber dans l’oubli général lorsque les États ont cessé d’investir dans le perfectionnement du dessalement. Seul un prototype d’usine de dessalement couplé à une centrale nucléaire a finalement été construit, faute sans doute de volonté.
La solution nucléaire refait surface à partir de 1989, en témoigne ce rapport de l’AIEA de 1995 intitulé L’énergie nucléaire et le dessalement de l’eau de mer : le point sur la question. Les conclusions des diverses études de faisabilité restent toutefois prudentes : « Le dessalement de l'eau de mer à l'aide de l'énergie nucléaire est une option réaliste ». La centrale nucléaire doit produire à la fois l’énergie thermique nécessaire à l’usine et l’énergie électrique indispensable pour les populations locales.
Alors qu’aujourd’hui, cette solution ne semble plus envisageable à cause de la méfiance inspirée par le nucléaire, on note à la lecture des sources précédentes, que le nucléaire couplé au dessalement avait d’abord été considéré très favorablement. Il faut s’appuyer sur le contexte pour comprendre un tel engouement. Le nucléaire ne suscitait alors pas la polémique. Maintenant « certains craignent que la multiplication des usines de dessalement n’entraîne une relance à grande échelle de la construction de centrales nucléaires : chaque unité de dessalement serait accompagnée de son unité nucléaire dédiée », selon BOUGUERRA L. dans un article du site internet Partage des Eaux. La crainte est légitime...
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