Les confrontations religieuses ne sont pas les seuls événements qui secouent actuellement le Proche-Orient. Plus discrète, une guerre de l’eau se dessine doucement et risque, à terme, de devenir le problème majeur de cette partie du monde. Comme annonçait le Premier Ministre Palestinien en août 2012, la situation de la bande de Gaza est pour le moins problématique. Selon ses propos : « « D'après un rapport des Nations unies publié hier (lundi [27 août 2012]), Gaza sera invivable en 2020 si nous ne résolvons pas le problème de l'eau », a affirmé le ministre dans le cadre de la Semaine mondiale de l'eau (World Water Week). ». C’est dans ce contexte que le projet d’une usine de dessalement a été proposé puis validé. Monsieur le Ministre a d’ailleurs fait appel à l’Union Européenne pour cofinancer la construction de l’usine. Elle devrait être terminée à l’horizon 2017.
Ces dires illustrent une nécessité naissante : l’accès à l’eau. Jusqu’à présent, ces régions s’alimentaient en eau grâce à d’importantes réserves souterraines et aux rivières sillonnant les terres. Or, ces sources commencent à se tarir, laissant présager de sombres années. Tel est le cas de l’Egypte qui utilise une source souterraine pour subvenir aux besoins de la population du Caire. C’est dans cette dynamique que la plupart des états ont décidé d’avoir recours au dessalement. Leur principale préoccupation concerne le coût de l’eau. Cependant à la vue des récentes avancées technologiques dans le domaine, il devient de plus en plus abordable.
Et l’environnement dans tout ça ? Cette question est bien sûr capitale dans la prise de décision. La réponse est pourtant assez simple pour la plupart des analystes : les besoins de la population et la stabilité politique priment. En effet c’est interrogation est en fait bien plus politique qu’écologique. Observons la situation de la Jordanie. La région entière a été longtemps le théâtre d’affrontements armés, et même si la situation s’est calmée les tensions persistent aujourd’hui. Mais un nouveau problème est en train d’émerger, les sources se tarissent, ce pourrait bien raviver les ressentis. Comme l’affirme M. Meir Ben, ancien responsable des ressources en eau d’Israël “if there is not sufficient water in the Jordan vallay, we shall doubtless face war” (S’il n’y a pas assez d’eau pour tous dans la vallée de Jourdan, nous serons sans aucun doute confronté à une guerre). En effet, l’ethnie possédant l’accès aux réserves s’assure un avenir tenable alors que les autres courent à de graves pénuries. Dans ce contexte le prix environnemental passe au second plan. C’est en tout cas ce que pense M. Sanders, professeur mérite de l’Université nationale des Etats Unis d’Amérique, en écrivant : “In short, the ecological damage caused by these plants would be very tolerable and the Israelis would lose some important political advantages by abandoning their desalination plans.” (En somme, l’impact environnemental causé par les usines serait tout à fait tolérable, de plus, les israéliens perdraient un avantage politique certain en abandonnant leurs usines de dessalement).
Un autre phénomène est à prendre en compte : l’eau produite dans ces régions aujourd’hui est loin de respecter les standards imposés par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Comme affirmait le Premier Ministre Palestinien lors de sa visite en Union Européenne, 90% de l’eau produite dans la bande de Gaza ne correspond pas aux normes de l’OMS. Le dessalement, connu pour sa capacité à produire une eau ultra-pure peut être, encore une fois, une solution à ce problème.
Le dessalement est avant tout un enjeu politique et ne serait être analysé sans considérer la situation géographique de la zone intéressée. Le coût environnemental et même l’impact économique, sont parfois relégués au second plan, tant la nécessité d’eau potable peut devenir grande. Car, quoi qu’on en dise, ni les paysages ni l’argent ne se boivent.
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