Le rôle des ONG
Face à des entreprises et des gouvernements qui présentent le dessalement de l’eau de mer comme la solution viable aux problèmes grandissants d’accès à l’eau potable, des ONG organisent une résistance et dénoncent des projets coûteux et fallacieux.
Parmi elles la WWF (World Wildlife Fondation) considère que le dessalement ne devrait avoir qu’une place limitée dans le panel des solutions envisagées aux problèmes d’approvisionnement en eau potable étant donné son impact considérable sur les nappes phréatiques et les cours d’eau qui restent nos réserves d’eau potable les plus importantes. Les arguments avancés par la WWF sont les suivants :
- La nécessité de savoir mieux gérer nos ressources en eau avant de penser à construire des infrastructures productrices d’eau : la construction de centrale de dessalement implique en effet un choix plus large dans la gestion de la crise de l’eau, celui de produire plus d’eau en réponse à la demande grandissante au lieu de chercher à diminuer notre consommation.
- La nécessité de considérer toutes les options s’offrant à nous lorsqu’il s’agit de produire de l’eau : la construction massive de centrales de dessalement risque d’occulter d’autres solutions plus viables et plus adaptées dans certaines situations, comme l’entretien des canalisations d’eau potables qui représentent des pertes considérables, ou encore des techniques de recyclage de l’eau ou de conservation de celle-ci.
- Minimiser l’impact environnemental du dessalement : celui-ci est en effet considérable, il endommage la vie marine (manque à gagner de 212,5 millions $ pour les pêcheurs) et est source d’une pollution importante, seuls 35 à 60% des eaux aspirées est dessalée, le reste constituant des saumures dont le rejet est dangereux. La WWF préconise donc un choix méticuleux des lieux d’implantations des usines, et de freiner l’essor du dessalement en attentes de techniques sans impact environnemental mais aussi la multiplication des études portant sur l’effet à long terme de l’implantation d’une usine de dessalement en un lieux donné, notamment en ce qui concerne la vie marine.
Ces arguments, on les retrouve dans la bouche des militants de l’ONG Food and Water Watch. Cette ONG américaine, dont la mission est de veiller sur la provenance et la qualité des denrées alimentaires et de l’eau mises à disposition des américains, a enquêté sur l’état actuel des technologies de dessalement et a conclu que les importants coûts financiers, sociaux et environnementaux l’emportaient largement sur les faibles avantages de la technique, surtout en comparaison avec d’autres alternatives. Ses arguments sont :
- Le prix : produire de l’eau à partir du dessalement coûte jusqu'à trois fois plus cher qu’avec les méthodes classiques. D’une part, il faut des investissements de départ considérables pour la construction de l’usine et la mise en état des techniques et d’autre part, les techniques de dessalement sont très gourmandes en énergie.
- La contribution au réchauffement climatique : les grandes quantités d’énergies demandées par le processus impliquent leur production, qui peut être plus ou moins « propre ». Si la WWF et Food and Water Watch préconisent des usines alimentées exclusivement par des sources d’énergies renouvelables ou bien des usines de dessalement couplées à des usines de production d’énergie, cela n’est pas toujours le cas. Citons les usines de dessalement du Moyen-Orient, dont la plus grande part est alimentée énergétiquement par la combustion de pétrole.
- Le fait que cette technique donne à des acteurs privés la gestion totale des réserves d'eau et de leur distribution : des entreprises privées possèdent et revendent de l’eau potable ce qui peut être source d’abus dans un contexte de recherche du profit de la part des entreprises concernées.
Les arguments citées ci-dessus sont les plus partagées par les nombreuses associations qui s’élèvent contre le dessalement, et mettent en lumière les aspects négatifs d’une solution « miracle » pour certains.
Sources :
Food and Water Watch. Desalination: an Ocean of problems. Food and Water Watch. Fev. 2009.
Phil Dickie. MAKING WATER, Desalination: option or distraction for a thirsty world? WWF. Juin 2007