Dopage » L’entourage du Sportif http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress Sport de haut niveau et Transformation physique Sun, 28 Apr 2013 22:15:14 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 S’il est entouré, le sportif est-il seul responsable? http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=452 http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=452#comments Sat, 20 Apr 2013 13:53:26 +0000 laguittemh http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=452 Soumis aux pressions des sponsors, des médias, à l’envie d’être le meilleur, à celle de le rester, est-il légitime que le sportif soit le seul incriminé en matière de dopage ?

On stigmatise bien souvent l’athlète dopé. Ce fut le cas dans l’affaire Armstrong. Dans cette affaire ce ne sont pourtant pas Armstrong et son palmarès les plus intéressants. « C’est tout ce qu’il y a autour, qui attire moins la lumière mais constitue une opportunité de nettoyer le cyclisme. L’affaire est baptisée « Conspiraton USPS » par l’agence américaine, parce qu’elle ne concerne pas Armstrong mais toute une équipe, l’US Postal Services (USPS) et sa successeur, Discovery Channel. »1

En réalité, la pratique dopante est répandue. Clouer au pilori un sport en particulier est vide de sens. Différents athlètes sont touchés, comme le montrent les images suivantes. Stigmatiser le rugby pour donner de l’air au cyclisme, ou stigmatiser Armstrong pour donner de l’air aux autres athlètes ne sert à rien.

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Le sportif n’est donc pas le seul acteur. Il faut tenir compte du rôle de la famille, du coach et du grand public ! C’est la raison pour laquelle le CIO a mis en place une commission dédiée, appelée commission entourage. Celle-ci vise à conseiller le sportif sur le choix de sa structure et à l’en protéger le cas échéant.2

Le CIO n’est pas le seul à se pencher sur ce cas. Ainsi, Valérie FOUREYRON, ministre française des Sports, s’est elle aussi déclarée contre une pénalisation du sportif dopé lors du colloque sur le dopage du CNOSF. Le ministère des sports veut lui aussi prendre en compte l’entourage et non pas créer un climat pénal autour du sportif.3

La question d’une nouvelle lutte antidopage se pose. Nous avons pu voir que certains partis la défendent: Mme Fourneyron ou M. Schamash. Mais les agences comme USADA resteront tributaires des témoignages d’athlètes dopés pour démanteler le système du dopage.4 Or comme on peut le constater dans la vidéo qui suit de l’interview-confession d’Armstrong avec Oprah, bien qu’il parle de « culture » du dopage, il explique que ça n’est pas à lui de dire « nettoyons le cyclisme ».5

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  1. RUE89 Dans l’affaire Armstrong, Armstrong est le moins important. 29/08/2012. Disponible sur : http://www.rue89.com/rue89-sport/2012/08/29/dans-laffaire-armstrong-armstrong-est-le-moins-important-234915
  2. OLYMPIC.ORG Commission de l’entourage [en ligne] Disponible sur http://www.olympic.org/fr/commission-de-lentourage
  3. Propos recueillis lors du 13ème colloque national pour la lutte contre le dopage 
  4. Propos recueillis auprès de William Bocke au cours du 13ème colloque national sur le dopage
  5. 20MINUTES Lance Armstrong: «Ce n’est pas à moi de dire  »nettoyons le cyclisme »». 18/01/13 http://www.20minutes.fr/sport/cyclisme/1082375-lance-armstrong-ce-a-dire-nettoyons-cyclisme
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Deux autres moteurs du dopage http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=449 http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=449#comments Sat, 20 Apr 2013 13:43:16 +0000 laguittemh http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=449 Quelles sont les pressions, dans l’entourage du sportif, qui poussent le sportif au dopage?
Le coach et son athlète

Le coach et son athlète

Le docteur Patrick Schamash, ancien directeur médical et scientifique du CIO, directeur médical de la fédération internationale de golf, est en faveur d’une nouvelle lutte contre le dopage, non plus ciblée sur le sportif, mais sur l’ensemble de son entourage.1

Selon lui, il ne faut pas chercher à pénaliser le sportif. Il faut « remonter la chaine » pour trouver l’ensemble des responsables du dopage. Chaque sportif est en effet soumis à quatre pressions:

boltrecord blessure
pressionmedia romain mesnil cherchesponsor

(Romain Mesnil, bien que médaillé mondial de saut à la perche,

en est arrivé à se vendre aux enchères sur eBay pour trouver un sponsor)

Le sportif est donc, dans son entraînement, tiraillé entre le désir d’être le meilleur et la peur de ne pas le rester.

Lance Armstrong s’est ainsi justifié devant Oprah Winfrey « J’avais un désir impitoyable de gagner »2.

Il y a une certaine « rationalité sportive et économique du dopage »3 . Lorsque le risque de blessure est trop grand par exemple. « La fatigue consécutive à un entraînement intensif et de (trop) nombreuses compétitions, ainsi que la productivité décroissante du volume d’entraînement marginal en termes d’amélioration des performances peuvent conduire le sportif à l’utilisation de produits dopants. »

 

  1. Propos recueillis lors du 13ème colloque international de lutte contre le dopage
  2. 20 MINUTES. Lance Armstrong: «Ce n’est pas à moi de dire  »nettoyons le cyclisme »». 18/01/13 [en ligne] Disponible sur : http://www.20minutes.fr/sport/cyclisme/1082375-lance-armstrong-ce-a-dire-nettoyons-cyclisme
  3. SOBRY Claude, Socioéconomie du sport. Structures sportives et libéralisme économique, De Boeck, 2003.
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Le rôle de l’équipement http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=445 http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=445#comments Sat, 20 Apr 2013 13:39:31 +0000 laguittemh http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=445 Quelle part de la performance doit être laissée aux expérimentations technologiques sur le sportif ?

« Mais la natation combat le fléau du dopage ! Les combinaisons, elles, s’inscrivent dans des règles établies par la Fédération internationale. Le dopage, lui, est illégal. Ne mélangeons pas tout. » se défend Alan Thompson, le patron de la natation australienne.1 Entre le 16 février 2008 et le 28 mars de la même année, pas moins de 16 records du monde ont été battus par des nageurs portant un nouvel équipement. Jamais autant de records n’avaient été battus pendant cette période de l’année. « Ces records du monde battus à la pelle lors des championnats du monde ont-ils encore une signification ? [*Alan Thompson*]. Tout le monde se trouve a priori sur un pied d’égalité, parce qu’il peut choisir son matériel »2

Lors des Jeux Olympiques de Pékin, l’été suivant, 25 records du monde sont tombés, et 94% des vainqueurs avaient une combinaison dotée de cette technologie. 3

Dès leur apparition, des critiques montent. Dans un article de L’Equipe, daté du 23 mars 2008, Benoît Lallemand qui appelle la LZR la « La combinaison gagnante », montre que « Tout le monde ne semble pas égal devant la performance ».4

Eric Moussambi (Guinée Equatoriale)

Eric Moussambi (Guinée Equatoriale)

Mickael Phelps (USA)

Mickael Phelps (USA)

 

 

 

 

 

 

 Qui va gagner selon vous ?

 Mais cette révolution a permis de mettre en lumière un sport jusque-là peu médiatisé. Jamais les sponsors n’ont autant investi dans la natation, les audiences des compétitions explosent. En 2010, après deux ans de controverse, la FINA interdit ces combinaisons pour une trop grande flottabilité. Seuls les bermudas sont autorisés maintenant. Mais les records établis entre 2008 et 2010 demeurent homologués. Qui sait si on pourra les battre un jour ?5

Les équipementiers quant à eux demandent plus de clarté  « En tant qu’équipementier, nous croyons à l’innovation. Si la FINA nous dit « vous pouvez mettre des avions sur le dos des nageurs », nous le ferons »6

Tennis et football : la technologie au service du sport.

Les raquettes et les crampons, seuls équipements utilisés par les tennismen et les footballeurs, peuvent suivre les dernières avancées technologiques. Les équipementiers mettent au point de nouveaux équipements plus adaptés aux contraintes des terrains pour le football, ou la technique de frappe de balle pour le tennis.

Crampons datant de 1950

Crampons datant de 1950

Les crampons du ballon d'or

Les crampons du ballon d’or

 

Voici les crampons du meilleur joueur du monde. Imaginez le un instant avec ces chaussures de 1950.

Aurait-il été aussi bon ?

 

Retour aux vieux matériel

Retour au vieux matériel

Une initiative du quotidien USAToday, rapportée par un article de Libération du 22 juin 2007, a permis de faire jouer des joueurs de tennis contemporains avec des raquettes des années 70. Selon Tommy Robredo «Les chances de rater (un coup) sont nettement plus importantes » alors que Robby Ginepri s’exclame «Honnêtement, j’ai l’impression que c’est un sport différent». De l’autre coté de la barrière, McEnroe confirme la différence de performance entre les raquettes avec lesquelles il a joué au plus haut niveau et celles avec lesquelles il peut s’entrainer aujourd’hui : «S’ils (les joueurs actuels) avaient les équipements que nous avions, ils sortiraient les balles de 200 mètres. J’ai 48 ans et je sers plus fort que lorsque j’en avais 25»7

Si l’on compare les sportifs d’aujourd’hui à ceux d’hier, un nageur vêtu de polyuréthane à un autre sans combinaison, force est de constater que les premiers sont avantagés technologiquement. Les différents cas étudiés montrent que les comportements face aux technologies varient d’une fédération à l’autre. Dans son livre « Le corps sportif à l’ère de son épuisement », Patrice Blouin affirme (concernant les combinaisons de natation) qu’on « pourrait tout à fait admettre que la question de la flottaison ne soit plus dépendante de l’équilibre et de la dépense physique des nageurs. Simplement, la nature des épreuves aurait changé. La natation deviendrait un « sport technologique » ».8

Si la technologie rend le sport plus spectaculaire, elle nuit cependant aux principes même de la compétition sportive : le vainqueur est censé être le plus méritant, par son talent ou son entrainement, et non pas le mieux équipé.

Les athlètes handisports, aidés par des prothèses à la pointe de la technologie peuvent également soulever des débats.

 

Le cas Oscar Pistorius

Oscar Pistorius au départ d'une course

Oscar Pistorius au départ d’une course

Né sans péronés, Oscar Pistorius a été amputé des deux pieds à onze mois. Il court aujourd’hui avec deux lames de carbones, à la pointe de la technologie. Après avoir dominé outrageusement les compétitions paralympiques, l’athlète sud-africain a voulu se mesurer aux « valides » en sprint.9 Sa participation a fait débat, certains tests émettant la possibilité que ses lames lui permettent de courir plus vite qu’un « valide» aux mêmes qualités. Dans un article du Monde daté du 27 aout 2011, Pierre-Jean Vazel explique « la morphologie de la lame en carbone étant différente de celle d’un pied humain, les mesures biomécaniques sont différentes, sans que l’on puisse déterminer si l’une est plus performante que l’autre ». Les expériences réalisées montrent que ses lames lui procurent un avantage en ligne droite et à pleine vitesse mais un désavantage encore plus grand au départ et dans les phases d’accélération. Il poursuit « Faut-il exclure Pistorius au prétexte de la différence, induisant nécessairement des mesures discriminatoires ? »10

Après plusieurs refus, Pistorius est finalement autorisé à participer au Championnat du monde de Daegu en 2011 et devient alors le premier athlète « handisport » médaillé dans une compétition « valide » (relais 4×400 m).

  1. HUMANITE « Ne mélangeons pas dopage et combinaisons » 3/08/09 http://www.humanite.fr/node/21281
  2. HUMANITE « Ne mélangeons pas dopage et combinaisons » 3/08/09 http://www.humanite.fr/node/21281
  3. Wikipédia, article « combinaisons de natations » . modifié le 25/03/2013, Disponible sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Combinaison_de_natation
  4. LEQUIPE.FR, la combinaison gagnante, 23/03/2008, [en ligne], disponible sur : http://www.la-revanche-des-ses.fr/Speedo.pdf
  5. Wikipédia, article « combinaisons de natations » . modifié le 25/03/2013, Disponible sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Combinaison_de_natation
  6. L’EQUIPE Natation – Dopage : Horter demande de la clarté. http://video.lequipe.fr/video/tous-sports/natation-dopage-horter-demande-de-la-clarte/?sig=iLyROoafJttN&
  7. Libération. Tennis: des joueurs d’aujourd’hui testent les raquettes d’autrefois . 22/07/2007, [en ligne]. Disponible sur : http://www.liberation.fr/actualite/010122451-tennis-des-joueurs-d-aujourd-hui-testent-les-raquettes-d-autrefois
  8. Patrice Blouin.  Le corps sportif à l’ère de son épuisement , Critique 1/2011 (n° 764-765), p. 25-35. Disponible sur : www.cairn.info/revue-critique-2011-1-page-25.htm.
  9. LEFIGARO. Premier athlète double amputé à participer aux Jeux olympiques, Oscar Pistorius a passé le premier tour sur 400 mètres samedi matin. 04/08/2012.[en ligne], disponible sur : http://www.lefigaro.fr/jeux-olympiques/2012/08/04/02020-20120804ARTSPO00362-pistorius-un-pas-dans-l-histoire.php
  10. LEMONDE.FR. Le cas Pistorius. 27/08/2011.[en ligne]. disponible sur http://www.lemonde.fr/sport/article/2011/08/27/athletisme-le-cas-pistorius-question-scientifique-ou-question-ethique_1564433_3242.html
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Les Sponsors http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=429 http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=429#comments Sat, 20 Apr 2013 13:15:25 +0000 laguittemh http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=429 Acteurs majeurs du sport de haut-niveau, les sponsors contribuent-ils à stimuler économiquement le dopage ?

Les sponsors ont une part de responsabilité dans les problèmes de dopage. Pour Claude-Louis Gallien – ancien vice-président du CNOSF -, la mainmise des sponsors sur le sport-spectacle menace l’éthique coubertinienne du sport.1
Comme la performance fait vivre le spectacle, les financeurs requièrent des résultats. Le docteur Karl-Heinrich Bette rejoint l’idée de monsieur Gallien et affirme que « pour éviter des inconvénients réels ou seulement imaginaires, chaque athlète est contraint en quelque sorte d’envisager des formes alternatives et même illicites pour augmenter la performance. Seule la haute performance est garante de l’appui offert par les entreprises et par la politique, ainsi que de l’attention des médias et du public ».2
Par exemple pour l’athlétisme Handisport, l’achat de lames lie l’athlète à son sponsor. Les lames d’Oscar Pistorius coûtent au moins 20 000 €3, on imagine la pression que représentait la fin du partenariat avec son sponsor.

 

Christophe Blanchard-Dignac, PDG de la Française Des Jeux

Christophe Blanchard-Dignac, PDG de la Française Des Jeux

Mais aujourd’hui, la prise de conscience de cette responsabilité est réelle. La société australienne de vêtements Skins l’a illustrée en novembre 2012, lorsqu’elle a attaqué en justice l’Union Cycliste Internationale. Skins estime avoir subi un préjudice en raison des actes et omissions de l’UCI en matière de surveillance antidopage. Un des avocats de Skins affirme qu’ils sont «la première compagnie à attaquer une fédération. Les fédérations ne peuvent plus jouir d’une totale impunité et doivent être tenues responsables des agissements antisportifs qui s’opèrent sous leur nez ».4
En France, certains sponsors participent activement à la lutte antidopage. Ainsi M. Christophe Blanchard-Dignac, PDG de la Française Des Jeux, prône le modèle du « sponsor éthique ». Partant du constat que « sans ses valeurs, le sport perd sa valeur », le sponsor doit d’après lui assumer un rôle de garant des valeurs du sport. « C’est inscrit dans leur contrat de travail : en cas de dopage avéré, ils sont renvoyés sans indemnités. »5

  1. Claude-Louis Gallien. Le dopage, un phénomène de société. Bulletin de l’Académie nationale de Chirurgie dentaire, 2002, 45-4. [en ligne]
    disponible sur : http://www.academiedentaire.fr/attachments/0000/0031/45_4_Gallien.pdf
  2. Dr. Karl-Heinrich Bette .Le dopage : entre culpabilité individuelle et responsabilité collective. Staps 1/2011 (n°91). p. 87-99. [en lige].Disponible sur: www.cairn.info/revue-staps-2011-1-page-87.htm
  3. 20MINUTES. Meeting Areva: Oscar Pistorius, le pro des prothèses. 8/07/2011. [en ligne]. Disponible sur : http://www.20minutes.fr/article/755609/meeting-areva-oscar-pistorius-pro-protheses.
  4. LE MONDE. Dopage : un sponsor mène la fronde contre l’UCI. 26/11/12. [en ligne] Disponible sur : http://www.lemonde.fr/sport/article/2012/11/26/un-sponsor-mene-la-fronde-contre-l-uci_1796017_3242.html
  5. Propos recueillis lors du 13ème colloque national de lutte contre le dopage.
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Le Public et les Médias http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=434 http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=434#comments Wed, 10 Apr 2013 13:22:27 +0000 laguittemh http://www.controverses-minesparistech-7.fr/wordpress/?p=434

Pour maintenir l’intérêt du public, faut-il faire du sport un spectacle où tout est permis pour créer l’engouement médiatique ?

Pour maintenir l’intérêt de millions de passionnés pour un sport, il faut que le match en lui-même offre également du spectacle. Il faut que les joueurs soient au sommet de leur forme, physiquement et techniquement, et ce en permanence. C’est ce que montre Lionel Maltese, Maître de Conférences à l’Université d’Aix-Marseille III, dans sa conférence « Management des ressources et des compétences des clubs et événements sportifs professionnels » Il y explique que l’organisation d’une rencontre sportive est désormais comparable à la préparation d’une émission de télévision : tout doit être programmé pour séduire !1. L’équipe qui décroche les meilleures redevances audiovisuelles est la plus spectaculaire. L’athlète qui a le sponsor le plus lucratif est celui qui impressionne constamment. Un passage à vide, une blessure, et c’est peut-être la fin d’une carrière. A travers cette exigence de spectacle, on voit donc une nouvelle fois surgir la tentation du dopage pour le sportif professionnel.  C’est en effet un moyen de décupler ses capacités physiques ou mentales, mais également de récupérer, c’est-à-dire de durer.

L’ex-directeur médical du CIO, Patrick Schamasch  fait remarquer à juste titre, que de nos jours, les spectateurs sont peu ou pas intéressés par un 100m en lui-même. Ce qui importe, c’est le chrono. Il est fréquent de voir des gens sortir déçus d’un meeting d’athlétisme parce qu’aucun record n’a été battu.2 Le souci de plaire au grand public ou aux sponsors pousse les athlètes à être de plus en plus performants. Qu’y a-t-il de mieux pour captiver le public qu’un record du monde ? Une telle performance fait vivre aux téléspectateurs un moment historique ! Les supporters dans le stade en ont alors pour leur argent. Mais battre un record n’est pas donné à tout le monde : il faut tout simplement être le meilleur depuis la création de son sport. Les athlètes prennent rapidement conscience que leur corps a des limites. Mais le public n’aime pas les limites. Les sportifs ont alors recours au dopage. Et le public aime ça … Rien ne vaut une lutte acharnée entre deux athlètes pulvérisant tous les records.

 

Armstrong vs Pantani au sommet du Mont Ventoux en 2000 : un duel entre deux athlètes ensuite accusés de dopage, qui passionna le cyclisme mondial.

Armstrong vs Pantani au sommet du Mont Ventoux en 2000 : un duel entre deux athlètes ensuite accusés de dopage, qui passionna le cyclisme mondial.

 

Dans un article pour ABC Madrid, le journaliste Gabriel Albiac constate : “Le recours de la chimie est indispensable pour se plier aux exigences d’un spectacle qui doit toujours tenir le spectateur en haleine”. Et le spectateur ne s’en plaint pas tant qu’il ignore que les athlètes pour qui il vibre, sont dopés ! Pourquoi se plaindrait-il d’un spectacle aussi passionnant. Tant qu’il ne sait rien, tout va bien. C’est ce qui pousse le journaliste à dire : “La vraie compétition, la plus fascinante, c’est le match entre fabriquant de dopants efficaces et ceux qui conçoivent des tests pour les déceler”.3 Si on revient sur l’affaire Armstrong, tous les sportifs ont été captivés par la lutte entre le cycliste et l’agence mondiale antidopage. Allait-il montrer qu’il était innocent ou plonger ? Il n’y a qu’à voir la mise en scène qui a entouré l’émission au cours de laquelle le Texan est passé aux aveux pour comprendre l’intérêt du public pour cette affaire. Pour Jean François Toussaint, ancien athlète de haut niveau et professeur de physiologie à l’université Paris Descartes : « C’est une course proie prédateur »4

Mais le spectateur est aussi impressionné par la performance pure. Il a beau défendre les valeurs coubertiniennes du sport, il veut quand même des records. Et puisque la science permet d’avoir des records pourquoi s’en priver. Y-a-t-il jamais eu plus d’enthousiasme autour de la natation qu’au temps des combinaisons en polyuréthane ? Il parait évident que ces compétitions ne seront plus des oppositions entre sportifs mais des oppositions entre scientifiques, mais pourquoi s’en priver ? C’est la raison pour laquelle Ryan Bradley, journaliste de Popular Science propose la création d’un championnat de dopés. Il va même plus loin: « We need a League of performance-enhanced Athletes ». En effet, le dopage dénature le sport, qui est à l’origine pur, en le réduisant à une lutte de chimistes. De l’autre côté, « interdire le dopage, c’est se priver d’avancées technologiques » . Il faut donc créer une discipline de dopés, ce qui autoriserait les exploits les plus insensés.

Cette solution a le mérite de résoudre de nombreux problèmes :5

Premièrement, il n’y aurait plus de souci de transparence: on sait exactement qui prend quoi. Deuxièmement, l’environnement serait plus sain : tout serait contrôlé donc il y aurait nécessairement moins de risques de santé pour les athlètes

Publicité pour les combinaison Speedo (désormais interdites en compétition) : pourquoi ne pas créer une course avec combinaison pour obtenir des chronos toujours plus psectaculaires ?

Publicité pour les combinaison Speedo (désormais interdites en compétition) : pourquoi ne pas créer une course avec combinaison pour obtenir des chronos toujours plus spectaculaires ?

 

Cette possibilité illustre la difficulté de la tâche des autorités, ce que confirme Claude Louis Gallien (ancien vice président du CNOSF) “C’est un véritable problème qui se pose en particulier au Comité international olympique, garant de l’héritage laissé par Pierre de Coubertin et pilote des évolutions éventuelles de « l’esprit olympique », lorsqu’il s’agit de concilier performance et santé, spectacle et label éthique »6

 

L’ex-directeur médical du CIO, Patrick Schamasch, répond à cette proposition. Le CIO veut modérer le coté spectacle des JO. Personnellement, il souhaiterait changer le moto “citius, altius, fortius” qui prône indirectement le dopage. Mettre en avant trois valeurs comme l’amitié, le respect et l’excellence serait, selon lui, beaucoup plus approprié.  Mais ce débat met en avant un problème d’éducation aux valeurs du sport.7 Il n’y a aucun besoin de record ou de spectacle lors d’une rencontre sportive. Prenons l’exemple des sports collectifs, comme le football et le tennis. Les matchs sont rarement le théâtre de records du monde, et pourtant ils passionnent des millions de fans.

Le spectacle qui parait promouvoir le sport, le détruirait. Développer le spectacle, c’est pousser les sportifs à dépasser leurs limites, battre des records, et inéluctablement avoir recours au dopage. Nous sommes donc tous responsables du dopage. Chaque spectateur devant sa télévision prône le dopage. Le sportif semble donc être autant  victime d’une culture du spectacle que de son orgueil.

 

  1. Lionel Maltese, cours de Management des ressources et des compétences des clubs et événements sportifs professionnels, [en ligne]. Disponible sur : http://cortoleo.free.fr/Research/LMALTESE.pdf
  2. Propos recueillis lors du 13ème colloque national de lutte contre le dopage.
  3. ABC MADRID. Elogio de Lance Armstrong. 24/12/2012. [En ligne]. Disponible sur : http://www.abc.es/historico-opinio/n/index.asp?ff=20121024&idn=1503547673858
  4. Propos recueillis lors du 13ème colloque national de lutte contre le dopage.
  5. Ryan Bradley. Popular science. We need a League of performance-enhanced Athletes . 26/07/12, [en ligne]. disponible sur:http://www.popsci.com/science/article/2011-05/why-we-need-league-performance-enhanced-athletes
  6. Claude-Louis Gallien. Le dopage, un phénomène de société. Bulletin de l’Académie nationale de Chirurgie dentaire, 2002, 45-4. [en ligne] disponible sur : http://www.academiedentaire.fr/attachments/0000/0031/45_4_Gallien.pdf
  7. Propos recueillis lors du 13ème colloque national de lutte contre le dopage.
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