Les nitrates agricoles, cause d’une modification de l’écosystème et des paysages
Les pollutions agricoles, des catalyseurs d’eutrophisation
L’eutrophisation est une pollution des milieux aquatiques, qui se fait même en l’absence d’activité humaine. Toutefois, elle est grandement favorisée par le rejet de nitrate et de phosphate dans l’environnement. La présence de ces deux nutriments encourage la croissance d’organismes organiques tels que les algues – le mot eutrophisation vient du grec eu-trofein, (bien nourrir)-, qui, lorsqu’elles meurent, forment un amas de matière organique. Les bactéries qui se nourrissent de celles-ci absorbent également de l’oxygène présent dans l’eau, limitant la croissance des autres organismes. Selon un article du CNRS [1], « l’eutrophisation s’observe surtout dans les écosystèmes dont les eaux se renouvellent lentement et en particulier dans les lacs profonds. », à l’inverse des cours d’eau naturellement brassés, qui ne permettent pas aux algues de s’y accumuler.
La géographie du paysage intervient également. Par exemple les plaines alluviales s’avèrent plus fortement touchées par les pollutions liées à l’agriculture, l’eau chargée en nitrates, ou autres éléments chimique, comme le phosphate, déversés en excès dans les champs de culture s’écoulant naturellement des bassins versants, vers le cour d’eau situé en contrebas.
Le processus d’eutrophisation nécessite la présence de deux éléments : le phosphore et l’azote, tous deux apportés, sous forme de phosphate et de nitrate respectivement, dans le milieu par diverses activités humaines, dont l’industrie et l’agriculture, en moindre mesure par l’industrie toutefois, puisqu’il est possible de traiter les eaux rejetées par les usines. Il a été montré, d’après l’article « L’eutrophisation des rivières par les nitrates et les phosphates » [2] que « algues avaient besoin à la fois d’azote et de phosphore dans un rapport de 7 pour 1 en masse. » . Cette information permet de savoir que, pour lutter contre l’eutrophisation d’un milieu, plutôt que de d’essayer de supprimer ces deux éléments, il est plus aisé, et tout aussi efficace, de supprimer le « facteur limitant », c’est à dire, l’élément, qui proportionnellement à son rôle dans l’eutrophisation, est présent en quantité moindre que l’autre.
Les marées vertes
Les algues vertes, aussi appelées laitues de mer, sont naturellement présentes dans l’écosystème Breton. Elles sont d’ailleurs comestibles. Les marées vertes résultent d’un développement rapide de ces algues. Des marées vertes sont observées en France depuis les années cinquante, mais ce phénomène s’est accéléré depuis les année soixante-dix. Elles sont dues à un excès d’azote dans le milieu marin, cet azote provient des nitrates drainés par les rivières jusqu’à la mer. Les algues se forment en mer, et sont rabattues par le courant, sur les littoraux. Au désagrément causé par ces marées vertes sur le paysage, s’ajoute la dangerosité pour la santé des êtres vivants qui s’en approchent. En effet, la décomposition de ces algues libère un gaz mortel, l’hydrogène sulfuré. La mort en juillet 2009 d’un cheval, intoxiqué par l’hydrogène sulfuré sur une plage bretonne avait mis en évidence l’ampleur du problème, en particulier aux yeux de l’opinion publique. Par ailleurs, cette prolifération excessive perturbe l’écosystème marin, les algues trop nombreuses formant un écran à la lumière, empêchant parfois le développement des autres organismes.
Cette pollution végétale provient essentiellement de l’épandage d’azote sous forme d’engrais par les agriculteurs. L’industrie est aussi responsable, en moindre mesure cependant, puisqu’une partie des eaux usées est traitée.
Si la Bretagne est particulièrement touchée par ces marées vertes, c’est à cause de sa grande densité en élevages porcins, qui constituent, par l’intermédiaire du lisier, une source de pollution aux nitrates.
En réaction à cette situation, le gouvernement a mis en place un soutien financier aux agriculteurs pour le stockage des engrais de ferme, cherche à les inciter à adopter des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, et souhaite renforcer les contrôles et les sanctions.
Cependant, d’après Alain Menesguen, cité dans l’article du journal Libération [3], « pour que ce soit visible et efficace, il faudrait redescendre en dessous des 10 milligrammes par litre d’eau… »
[1]CNRS, « L’eutrophisation » Disponible sur http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/ecosys/eutrophisat.html
[2]CPEPESC, « L’eutrophisation des rivières par les nitrates et les phosphates », publié le 28/10/2004 Disponible sur http://www.cpepesc.org/L-EUTROPHISATION-des-rivieres-par.html
[3]Libération, Marie Piquemal, «Les algues vertes en décomposition fabriquent un gaz très toxique», publié le 4/08/2009Disponible sur :http://www.liberation.fr/terre/2009/08/04/les-algues-vertes-en-decomposition-fabriquent-un-gaz-tres-toxique_574307