LE PLURALISME EN ÉCONOMIE http://www.controverses-minesparistech-1.fr/~groupe2 L'Enseignement de l'Économie est-il adapté à l'Économie ? Fri, 29 Jul 2016 10:06:24 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.4.2 Le pluralisme en débat 2016/04/15/le-pluralisme-en-debat/ 2016/04/15/le-pluralisme-en-debat/#respond Fri, 15 Apr 2016 13:51:45 +0000 ?p=88 Read More Read More

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Le 8 juin 2015, Hakubun Shimonura, ministre de l’éducation adresse une lettre aux président des 86 université du pays leur demandant « d’abolir ou de convertir ces départements [de sciences humaines et sociales] pour favoriser des disciplines qui servent mieux les besoins de la société ». Par la suite, 26 universités japonaises ont annoncé qu’elles allaient  fermer leurs facultés de sciences humaines et sociales, ou du moins diminuer leur activité.

Ainsi, la question du pluralisme disciplinaire doit-elle donc encore se poser si ces sciences humaines et sociales ne sont d’aucune utilité pour la société, d’après le ministre japonais ? Pour Dave Ramsden, l’économiste en chef du ministère des finances britanniques, les étudiants en économie qui sortent des universités sont trop spécialisés et incapables de mobiliser différentes variétés d’outils d’analyse. Néanmoins, il rappelle que dans la vie réelle, et non celle des modèles, il n’y a pas de frontières disciplinaires. Dès lors, la capacité à s’appuyer sur des approches pluralistes est nécessaire pour appréhender le monde.

Qu’il soit disciplinaire, méthodologique ou théorique, le pluralisme soulève donc de nombreuses questions et fait débat.

Voici un tableau récapitulant le point de vue des différents acteurs :

L’orthodoxie et la question du pluralisme

Changement ou renversement du modèle actuel  Conservation ou approfondissement du modèle actuel 
L’orthodoxie et la question du pluralisme
  • La discipline économique est dominée à 95 % par les économistes orthodoxes (ou mainstream) d’après l’AFEP.
  • Les «  économistes auto-proclamés hétérodoxes  » sont les «  frustrés du système ». Incapables de publier dans les revues scientifiques les plus prestigieuses, ils proposent un «  pluralisme  » pour se soustraire aux règles du jeu, d’après Jean Tirole
  • L’économie aujourd’hui souffre d’un manque de pluralisme, pour de nombreux hétérodoxes
  • Le pluralisme existe déjà dans le cadre d’un consensus théorique, garant du sérieux de la science économique,selon Jean Tirole
  • L’absence de pluralisme théorique en économie nuit à la discipline elle-même.
  • Pour Jean Tirole, un «  relativisme des connaissances  » nuirait à la science économique
  • La théorie néoclassique n’est pas la meilleure approche. Elle n’est qu’une approche parmi d’autres.
  • La théorie néoclassique fournit des bases qui constituent un ensemble de consensus nécessaire à la survie de la science économique.
  • Il existe des variations théoriques comme la théorie néokeynésienne partagée par de nombreux économistes reconnus.
  • Le pluralisme théorique est aussi une question de pluralisme politique et de démocratie, selon André Orléan.
  • Par ailleurs,pour les économistes atterrés, les analyses des orthodoxes sont favorables au libéralisme économique.
  • La science économique doit être préservée des luttes sociales et politiques. La question de la démocratie ne la concerne pas.
  • La vision des «  auto-proclamés hétérodoxes  » est teintée d’idéologie, souvent de gauche  : c’est une menace pour la science neutre et objective, d’après certains orthodoxes.

Pour nuancer, on peut voir qu’orthodoxie et pluralisme ne sont pas forcément antithétiques : Jean Tirole, considéré comme orthodoxe par ses opposants, prône tout de même un pluralisme disciplinaire. En effet, l’article L’économie de la réconciliation, paru dans le journal le Monde, proposait de décerner le Prix Nobel de la Paix à Jean Tirole, qui, dans son dernier ouvrage L’économie du bien commun, tente d’apaiser les débats entre hétérodoxes et orthodoxes, entre science économique et autres sciences sociales, entre modélisation mathématique et travaux empiriques,… Le prix Nobel d’économie ajoute ainsi :

« L’économie est au service du bien commun ; elle a pour objet de rendre le monde meilleur. »

Dès lors, il veut prendre en compte, non seulement l’homo-economicus mais aussi  l’homo psychologicus, l’homo incitatus, l’homo socialis, l’homo juridicus afin de tendre vers une convergence entre les sciences humaines et sociales, qui ont finalement le même objet d’étude. Il ne manque cependant pas de souligner que :

« sans modèle à tester, les données ne révèlent pas grand- chose d’utilisable pour la politique économique »

 

Vous voulez participer au débat ? Laissez donc un commentaire !

 

 

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