Chroniques d'une controverse économique et politique
La loi Macron promulguée le 6 août 2015 comporte dans son volet mobilité une mesure phare qui a nourri un vif débat dans l’ensemble du modèle de transport multimodal: la libéralisation des autocars. Une analyse approfondie conjuguant d’une part, la consultation d’un grand nombre d’articles de presse et d’articles scientifiques, et d’autre part, la conduite d'entretiens avec des acteurs du débat et des spécialistes du sujet, a fait émerger de nombreuses observations contre-intuitives sur l’arrivée du bus dans la concurrence multimodale contre un train déjà en proie à de nombreuses difficultés en France.
En effet, le modèle ferroviaire français est hérité d’une longue tradition de monopole où une unique entreprise, la SNCF, assurait l’exploitation des lignes à travers tout le territoire. Toutefois, ce modèle connait de plus en plus de difficultés notamment sur le plan financier : bien que le réseau ferroviaire français ait toujours été à pertes, sa dette a considérablement augmenté, en particulier celle de RFF, l’ancienne entreprise chargée de la gestion de l’ensemble du réseau.
En plus de ce déséquilibre financier, les directives européennes récemment émises vont dans le sens d’une ouverture croissante à la concurrence dans les moyens de transport qui tendent vers plus d’intermodalité. Afin de s’inscrire dans cette logique d’ouverture, et surtout pour insuffler un nouvel élan au modèle ferroviaire, le gouvernement, l’Assemblée Nationale, la SNCF et RFF ont redéfini en profondeur une toute nouvelle réorganisation du chemin de fer en France : il s’agit de la réforme d’août 2014.
Les principales visées de cette réforme étaient de donner plus de cohérence et de transparence au système de gouvernance de la SNCF et de RFF qui ont été fusionnées et séparées en trois EPIC : SNCF Réseau qui s’occupe des infrastructures à la manière de RFF auparavant, SNCF Mobilité qui est en charge de l’exploitation des lignes, des gares et autres infrastructures, et le groupe mère SNCF qui unifie l’ensemble en centralisant des services communs. Cette réorganisation a pour but de mieux redéfinir une stratégie commune des principaux acteurs du réseau en établissant des rapports normalisés avec l’ARAFER, le régulateur du réseau ferroviaire, et un meilleur contrôle des trajectoires financières du groupe.
Bien que des efforts structurels considérables ont été mis en œuvre et continuent de l’être pour tenter d’assainir le système économique précédent, la loi Macron du 6 juin 2015 portée par le gouvernement est apparue comme une contradiction au regard des réformes initiées par l’Etat. En effet, est notamment prévue dans la loi Macron la libéralisation des autocars s’inscrivant dans une logique d’ouverture à la concurrence dans les transports, conformément aux directives européennes, qui renforce la concurrence avec le réseau ferroviaire.
D’autres débats ont émergé dans les media sur des aspects très divers des conséquences que pourraient avoir cette loi. D’un point de vue écologique, la libéralisation des cars pourrait entrainer une hausse significative des rejets de CO2 par usager transporté par kilomètre parcouru par rapport au train qui est réputé pour être un moyen de transport plus vert. De plus, des chiffres inquiétants sont avancés dans les media au sujet de dizaines de milliers d’emplois qui pourraient disparaitre dans le groupe SNCF, en contradiction avec la volonté du gouvernement de lutter contre un chômage de masse.
Tous ces points clés qui apparaissent incontournables sont repris et exposés dans notre cartographie selon les cinq axes sur lesquels le point de vue des acteurs est mis en avant. Le système ferroviaire peut-il s’adapter à ce changement économique qui passe d’un monopole étatique sans partage à une ouverture inéluctable initiée par les directives européennes ? La libéralisation des autocars peut-elle avoir un impact négatif significatif sur l’ensemble des transports ? L’ouverture à la concurrence signifie-t-elle la fin d’une ère pour le ferroviaire en France et le début d’un tout nouveau train plus adapté aux contraintes contemporaines ?
Aide à la navigation
La carte ci-contre liste les points qui nous ont paru clés dans la controverse de la libéralisation du train en France. Vous pouvez cliquer sur chaque titre pour agrandir un noeud, ou utiliser les boutons en bas de la page pour suivre un itinéraire faisant naviguer dans les noeuds.
Chemin pré-défini
Nous vous proposons d’explorer dans un premier temps les textes fondateurs et la structure nouvelle de la SNCF, puis la position du gouvernement sur les différents axes de débats
Ensuite, nous développerons la problématique de la dette et son importance dans les tarifs au travers des péages ferroviaires
C’est à partir des niveaux élevés de péages incompatibles avec une ouverture à la concurrence que nous allons démarrer notre voyage pour analyser en quoi les cars Macron répondent à un besoin des Français, qui délaisseraient le train, et ainsi mettraient en péril l’équilibre actuel du service public ferroviaire, en particulier au niveau des TER
C’est pourquoi la loi Macron confère à l’ARAFER (l’autorité de régulation des activités ferroviaires et routières) un rôle de protecteur des services publics en plus de sa mission principale, à savoir préparer l’ouverture à la concurrence et veiller à son respect selon les directives européennes
Enfin, nous évoquerons les effets actuels et futurs de la loi Macron sur l’emploi et l’environnement, la croissance verte étant de plus en plus au cœur de la réflexion des politiques, avec un car s’apparentant à une alternative dangereuse.
État des lieux des points chauds du ferroviaire français
Infrastructures
Autopsie d'un billet
Qualité Service
De nouvelles offres concurrentes
Long terme
Normes Euro6
Innovation
Aménagement du territoire
Car contre contribuable
Financements publics
Protection des services publics
Péages trop élévés ?
Accès au réseau équitable
Projets
Dette
Libéralisation
Impact sur le chômage ?
Réforme environnement
Loi de la réforme ferroviaire de 2014
Promulguée le 4 août 2014, la loi sur la réforme du système ferroviaire marque la réorganisation totale du modèle du train en France.
Cette réforme comporte plusieurs mesures phares destinées à adapter le système ferroviaire à une ouverture à la concurrence, ainsi que de mieux équilibrer la dette du réseau, ces deux axes s’inscrivant entièrement dans un modèle plus compatible avec les directives européennes.
Une des mesures principales s’est traduite par la suppression de RFF (Réseau Ferré de France) qui était l’entreprise autrefois chargée de la gestion du réseau et qui a vu sa dette croître de manière incontrôlée depuis sa création en 1997. Trois EPICs (Etablissements Publics à caractère Industriel et Commercial) ont vu le jour afin d’offrir plus de cohérence dans la gestion à la fois du réseau, et de l’exploitation de celui-ci.
Ainsi, SNCF Réseau a remplacé RFF comme nouveau gestionnaire de réseau avec des effectifs plus nombreux, et une nouvelle gouvernance plus vertueuse.
De même, SNCF Mobilité est désormais responsable de l’exploitation du réseau, de diverses infrastructures comme les gares, et disposent d’une large gamme de services comme Voyages-SNCF.com.
Enfin, l’EPIC de tête réclamé par les syndicats inquiets de voir le groupe se fragmenter, chapote les deux EPIC précédents en centralisant de nombreux services comme le service juridique, le service des payes, ou encore la direction stratégique de l’ensemble du groupe.
Ces différents EPIC sont reliés entre eux par de nombreuses conventions qui fixent plusieurs règles sur les dividendes par exemple, où la répartition des employés.
Les objectifs de cette réforme sont multiples puisque cette refonte du système en EPIC vise surtout à donner plus de transparence sur les objectifs et les financements, en installant une gouvernance plus rigoureuse dans un cadre plus strict et contrôlé par le régulateur ainsi que par l’Etat.
Ainsi, les EPIC suivent de manière obligatoire un principe de concertation qui vise à dresser une feuille de route stratégique à suivre sur 10 ans et qui est révisée tous les 3 ans par l’Etat afin de faire le bilan de l’état des avancements qui ont été réalisés.
SNCF Réseau
Créée à la suite de la réforme ferroviaire d’août 2014, SNCF Réseau est un EPIC (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial) chargé de veiller à la supervision du réseau ferroviaire en France à la manière de RFF (Réseau Ferré de France), l’ancienne compagnie qui a été créée en 1997.
Toutefois, le fonctionnement de l’entreprise gestionnaire du réseau ferroviaire a subi des transformations profondes. En effet, il est important de savoir que l’ensemble du réseau ferroviaire français était partagé entre deux entreprises : la SNCF et RFF.
Cette organisation permettait de se conformer aux directives européennes contre le monopole tout en laissant le champ libre à la SNCF, RFF s’était alors empressé de rédiger une convention, sous l’impulsion de l’Etat, dans laquelle la SNCF gérait les travaux d’infrastructures, l’attribution des sillons à travers la direction des circulations ferroviaires, et la fixation des péages.
Les sillons désignent les tranches horaires sur une ligne, et la capacité d’une ligne en termes de trains et de wagons.
Ainsi, si la SNCF et RFF semblaient en apparence être deux entités totalement indépendantes, la réalité était tout autre : l’une RFF était constituée de 1500 personnes et ne faisait que des études, et l’accès aux fonctions essentielles qui doit être impartiale était gérée par SNCF, ce qui posait de sérieux problèmes dans un problématique d’ouverture à la concurrence.
Ainsi, deux services de la SNCF ont été mutées au sein du nouveau gestionnaire d’infrastructure afin de mieux définir les limites du pouvoir trop important de l’entreprise dans l’ancien modèle datant d’avant la loi sur la réforme ferroviaire de 2014.
Au total, plus de 55000 cheminots provenant des deux services SNCF Infra, qui regroupe le personnel chargé de la maintenance et de l’entretien du réseau (typiquement les cheminots sur le ballaste qui s’occupent des caténaires par exemple), ainsi que la Direction Centrale Ferroviaire, qui est centrale car responsable de l’attribution des sillons et qui fixe les péages, tout cela sous le contrôle de l’ARAFER l’autorité régulatrice veille à ce que toutes les décisions du gestionnaire soient impartiale vis-à-vis de l’accès aux fonctions essentielles du réseau ferroviaire (la tarification des péages étant la pierre angulaire de l’impartialité du gestionnaire).
L’ARAFER a en effet un pouvoir étendu sur le gestionnaire du réseau, elle peut maintenant récuser le limogeage ou la nomination du président de SNCF Réseau. Cet avis conforme extrêmement puissant vise à assurer l’indépendance de ce dernier vis-à-vis des deux autres EPIC du groupe SNCF qui pourraient essayer de mettre à la tête du gestionnaire du réseau ferroviaire quelqu’un plus soucieux de défendre leurs intérêts (comme ce fut le cas pendant plusieurs années).
Toujours dans la perspective d’offrir plus de transparence dans la gestion et l’indépendance du réseau, l’Etat a incorporé à l’intérieur de SNCF Réseau le Comité des Opérateurs du Réseau (COPER) qui fait intervenir tous ceux qui agissent sur le réseau ferré, les opérateurs privés comme les régions.
Il s’agit d’une petite instance qui est importante car elle permet la transparence et le dialogue permanent entre SNCF Réseau et tous ceux qui sont sur le réseau ferroviaire, afin de traiter de petits litiges sans avoir recours à l’ARAFER où à la justice éventuellement.
En ce qui concerne la dette de l’EPIC, SNCF Réseau a hérité de la dette colossale de RFF ce qui handicape considérablement SNCF Réseau qui doit s’inscrire dans une logique de stabilité économique et financière d’après la loi sur la réforme ferroviaire de 2014.
La situation demeure préoccupante pour le gestionnaire du réseau au sens où la trajectoire qui avait été élaborée et proposée à l’Etat convergeait vers un recouvrement des coûts pour 2015 sur 10 ans, en accord avec la loi, mais qui reposait sur une augmentation des recours publics de 650-700 millions d’euros sur 10 ans, ce qui n’est pas négligeable dans une logique de stabilité jusqu’à maintenant.
De plus, le réseau est dans un état assez catastrophique et nécessite des investissements massifs. Une telle trajectoire aboutissait à une dépréciation des actifs de 17 milliards, soit la moitié de la valeur totale des actifs de SNCF Réseau, avec en plus une augmentation de la dette de 15 milliards d’euros pour culminer à un total de 55 milliards d’euros de dette.
Dans une optique de stabilité économique, cette situation préoccupante aurait attiré l’attention d’Eurostat, l’agence chargée par la Commission Européenne d’établir des rapports sur la santé économique des pays membres de l’Union Européenne et notamment de juger de la qualité Maastrichtienne des dettes.
Ainsi, sur la dette actuelle de 40 milliards d’euros de SNCF Réseau, 10 milliards a été requalifié en dette Maastrichtienne en 2012 à la suite d’un travail assez approfondi qui a été mené par la direction stratégique de la SNCF et l’INSEE pour interpréter les dispositions du Plan Comptable Européen qui laissent une part assez importante à l’interprétation une fois traduit en droit français.
Finalement, la dette de l’EPIC est restée relativement stable avec une dépréciation de 10 milliards d’euros de ses actifs, soit le montant de la dette qui a été requalifiée.
SNCF Mobilité
Créée à la suite de la réforme ferroviaire d’août 2014, SNCF Mobilité est un EPIC (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial) chargé de l’exploitation des trains et autres services de la compagnie ferroviaire de la SNCF.
Cet EPIC regroupe de nombreuses filiales dont l’une des plus importantes est SNCF Voyages
Loi Macron
Promulguée le 6 août 2015, la loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, également appelée « loi Macron » du nom du ministre de l’économie Emmanuel Macron qui l’a portée au nom du gouvernement, s’inscrit dans une logique d’ouverture à la concurrence dans les services de transport notamment, avec des mesures phares telle que la libéralisation des autocars qui ouvre un nouveau marché concurrentiel sur les trajets de longue distance.
Pour se concentrer plus sur les aspects de la loi qui jouent un rôle central dans la description de la controverse que notre site propose d’explorer, nous nous limiterons aux amendements de la loi qui ont un impact sur l’ensemble du système ferroviaire.
Parmi ces mesures importantes, outre la libéralisation des autocars, la loi Macron a permis de conforter le régulateur qu’est l’ARAFER en élargissant son pouvoir de régulation des routes et des autoroutes pour s’adapter à l’apparition des autocars issus de compagnies privées autorisée par le volet mobilité de la loi Macron.
Cette réforme vise à donner une nouvelle offre de transport à moindres coûts pour une partie de la population plus sensible à l’aspect économique dans un ancien contexte de monopôle des transports en commun autrefois détenu par le train qui exerçait des tarifs parfois insupportables pour toute une frange de la population.
Si cette réforme semble mettre à mal l’ensemble du groupe SNCF, et le système ferroviaire dans sa globalité, il est important de noter que la réforme comporte un amendement présenté comme un véritable fer de lance protégeant le chemin de fer d’une concurrence déloyale : la limite aux 100 kilomètres glissant.
Il y a eu une certaine incompréhension concernant la limite de 100 km, et ce qu’elle recouvre. En effet, le service exploité par l’opérateur de bout en bout, n’est quasiment jamais inférieur à 100km (ce qui est le cas des nouvelles lignes d’autocars permises par la loi Macron). D’où le terme « glissant », qui peut s’appliquer entre deux dessertes, « une origine, une destination » (on utilise le terme technique OD, qui doit faire moins de 100km). Ainsi, une ligne peut s’étendre sur 1000 kilomètres mais dès lors qu'entre deux points d’arrêts il y a moins de 100km, cette OD particulière peut faire l’objet d’une régulation.
Au-delà de cette mesure permettant de protéger le réseau ferroviaire de cette nouvelle concurrence, des mesures en matière de subventions des financements par l’Etat ont été mises en place comme la « règle d’or » qui se précise dans des décrets d’application issue de la loi : au-delà d’un certain ratio dette sur marge opérationnelle, qui a été fixé à 18 par la loi Macron, il n’y a plus de participation de SNCF Réseau dans les projets de développement.
Toutefois, cette mesure ne signifie pas qu’il n’y a plus de projets de développement, simplement ils sont tous pris entièrement en charge par des recours publics si ce ratio est supérieur à 18.
TechniqueMinistères
Projets
Face à la croissance démographique de la population française, plusieurs projets de lignes à grande vitesse ont été développés, notamment au niveau du bassin Méditerranéen.
Mais, sans même prendre en compte le développement futur du réseau, ce dernier possède déjà une inertie colossale. C’est pourquoi, un des objectifs de la loi sur la réforme ferroviaire du 4 août 2014 est d’instaurer un meilleur modèle de gouvernance du gestionnaire du réseau, SNCF Réseau, ainsi que pour les deux autres EPIC du groupe, SNCF Mobilité et l’EPIC (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial) de tête SNCF assurant une cohésion dans le groupe en rassurant les syndicats de cheminots.
Ainsi, l’une des mesures phares est de donner plus de transparence sur la gestion des projets de SNCF Réseau et de SNCF Mobilité, des trajectoires financières, en imposant un principe de concertation.
En effet, l’État doit soumettre au Haut Comité du Système des Transports Ferroviaires un rapport stratégique décrivant les grandes orientations de la politique ferroviaire dans une perspective intermodale (et intégrant éventuellement un plan national des transports)
Sur la base de ce rapport, les EPIC (Réseau, Mobilité et SNCF) élaborent des contrats avec l’État. Ces contrats ont la spécificité de s’échelonner sur 10 ans et d’être révisés tous les 3 ans de façon glissante (ils donnent une perspective à 10 ans et sont actualisés tous les 3 ans) : ils contiennent les objectifs de performance (notamment pour les services en ce qui concerne SNCF Mobilité) et les trajectoires financières.
L’un des sujets techniques, qui est depuis longtemps source d’opposition entre acteurs du gouvernement, reste la fermeture des lignes du réseau ferroviaire qui sont dans un état très préoccupant.
La position de la SNCF sur ce sujet est claire : une grande partie de ces lignes voient passer moins de 20 trains par jour (on les qualifie de catégorie UC de 7 à 9), il serait un non-sens économique de les rénover sachant qu’à minima, les coûts de rénovation sont proches de 300 000 euros le kilomètre et qu’il y a au moins 10 000 km de lignes concernés.
Pour l’instant, le coût d’entretien que représentent ces lignes est de l’ordre de 200 millions d’euros à l’année, ce qui reste modeste comparé à la totalité des coûts sur le réseau.
De plus, parmi ces lignes, certaines ne font que du FRET, et nécessitent donc des coûts d’entretien moins importants. SNCF Réseau a même la possibilité de les transférer dans le cadre de conventions à des opérateurs de FRET.
Cependant, le sujet est plus problématique pour le gestionnaire du réseau lorsqu’il s’agit de lignes de transport de voyageurs avec des enjeux politiques locaux assez importants. Il y a peu de trains et peu de voyageurs, mais ce sont des lignes importantes politiquement pour de petites villes ou de petits villages ; c’est parfois leur seul point de dessert.
Les décisions de fermeture sont pratiquement toujours attaquées devant les tribunaux, et SNCF Réseau ne parvient que difficilement à fermer 130 kilomètres de lignes par an.
L’État désirait transférer ces lignes de trains aux collectivités, qui avaient déjà cofinancé des projets de rénovation avec RFF, l’ancien gestionnaire du réseau. Néanmoins, les régions ne voulaient pas se lancer dans de tels projets, à moins que le gestionnaire de réseau ne les remette en bon état, ou bien que des ressources suffisantes pour financer les rénovations leur soient garanties.
TechniqueUsagers
Infrastructures
Le réseau ferroviaire français comporte plus de 36 000 km de lignes et transporte plus d’un milliard de passagers par an.
L’entretien nécessaire pour un réseau de cette taille est, par conséquent, tout aussi important et coûteux, que ce soit pour la réparation des rails, des câbles ou le renouvellement des trains et des gares.
Jusqu’à maintenant, le réseau ainsi que les trains étaient la propriété exclusive de la SNCF. Néanmoins, avec l’ouverture à la concurrence, les infrastructures réseau vont être mises à disposition des différents opérateurs sous la gouvernance du nouveau gestionnaire du réseau, l’EPIC SNCF Réseau, avec l’ARAFER pour veiller à un accès équitable et non discriminatoire sur ce dernier.
Aujourd’hui, les collectivités payent 50 % de l’entretien des infrastructures et le reste est payé par les transporteurs comme la SNCF.
Ce gigantesque réseau qui quadrille la France a un coût pour les usagers. En effet, la maintenance et la gestion des infrastructures du réseau ferré comptent pour 40 % du prix du billet de train.
Sur les 36 000 km de voies ferrées, plus d’un tiers, soit 13 000 km de lignes, est dans un état très préoccupant et nécessite des investissements colossaux. Plus précisément, deux audits sur le réseau ferroviaire français réalisés par l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne se sont soldés par un constat sans appel : ces 13 000 km de lignes doivent être abandonnées et fermées par la SNCF.
De plus, la majorité de ces lignes vétustes sont en réalité de petites lignes où ne circulent pas plus de 20 trains par jour dans les deux sens, mais leur entretien représente un coût annuel proche de 200 millions d’euros par an.
Ainsi, tandis que les ministères de l’économie et du budget, la direction du Trésor et de la SNCF sont d’accord pour aller dans le sens d’une fermeture progressive de ces lignes, le ministère de l’Écologie, chargé aussi des Transports, bloque la situation, tout comme Matignon qui ne veut pas apparaître comme le fossoyeur du ferroviaire dans les zones les plus reculées du territoire, de même que les élus de certaines régions dont l’accès au réseau constitue un point central de leur politique d’aménagement de leur localité.
Les infrastructures du réseau ferroviaire ont des durées de vie longues, 40-50 ans pour les bâtiments, et au moins 30 ans pour une ligne. Ainsi, cela demande d’établir des stratégies adaptées à cette durée de vie, tant pour leur exploitation que leur entretien. Cependant, les contrats actuellement prévus par la loi réforme de 2014 ont une durée de 10 ans, et pourrait ne pas embrasser complètement les exigences d’un tel système.
EmploiMinistères
Impact sur le chômage ?
Avec l’entrée sur le marché des bus, l’inquiétude commence à gagner peu à peu les rangs des travailleurs du secteur ferroviaire. Certains journalistes annoncent un peu rapidement que l’arrivée des autocars pourrait supprimer 22 000 emplois au sein de SNCF Mobilité. Aujourd’hui, aucun indicateur ne peut prévoir l’impact qu’aura un déplacement de 10% de fréquentation des trains vers les bus. Ce qui est sûr, c’est que la SNCF et en particulier SNCF Mobilité va devoir réfléchir à son organisation afin de s’adapter à ce nouveau modèle où la SNCF n’a plus le monopole. De même, on ne sait pas combien d’emplois vont être créés par l’arrivée des autocars sur le marché même si les chiffres de 2015 sont encourageants, plus de 1300 postes créés en 6 mois.
Si l’impact sur le chômage est difficile à quantifier, il est facile d’imaginer que l’ouverture à la concurrence aura des répercussions sur les conditions de travail. En sortant d’un modèle de monopole, les cheminots risquent de perdre certains de leurs avantages. Par contre, dans quelle mesure les conditions de travail dans le secteur ferroviaire seront changées ?
ConcurrenceMinistères
Libéralisation
L’ouverture à la concurrence notamment dans le ferroviaire devrait théoriquement déjà avoir eu lieu dans certaines activités du réseau, mais cela reste très marginal en France (et de façon plus volontaire dans les autres pays).
En effet, la concurrence est ouverte depuis mars 2003 dans le FRET international, c’est-à-dire au départ ou à l’arrivée d’un pays étranger, et depuis 2006 pour le FRET national de la marchandise, de même que pour l’international passager. Pour les années à venir, l’ouverture à la concurrence est prévue pour 2020 pour les TGV, et 2023 pour les TER et TET.
La raison de cette ouverture tardive s’explique, d’une part, par le fait que les chemins de fer ont été non interopérables entre pays voisins pour des considérations stratégiques datant d’avant la Seconde guerre Mondiale (écartements des rails non identiques, systèmes de guidage incompatibles, …). Le train est ainsi le dernier mode de transport à se libéraliser car il y a un immense travail d’investissements dans des normes communes européennes, notamment en matière de sécurité dans le choix du matériel de chaque côté des frontières.
Ce choix assez récent de l’accélération de l’ouverture à la concurrence a été motivé par la volonté du premier gouvernement Valls de construire un projet de loi « sur la croissance et le pouvoir d’achat », projet qui a alors été porté par Arnaud Montebourg dans le but de « restituer 6 milliards d’euros de pouvoir d’achat » aux Français. Cette volonté s’est ainsi concrétisée par la libéralisation des autocars dans le secteur des transports, mesure qui est censée permettre aux Français disposant de moins de moyens financiers d’assurer un besoin élémentaire, qui est de pouvoir se déplacer sur l’ensemble du territoire à des prix accessibles.
Toutefois, afin de préserver la SNCF d’une concurrence féroce susceptible de prendre une trop grande part de marché, l’État a mis en place une réglementation comprise dans la loi Macron et entrée en vigueur le 15 octobre 2015 par décret : la limite aux 100 km « glissants».
Concrètement, une ligne d’autocar peut s’étendre sur 1000 kilomètres mais dès lors qu'entre deux points d’arrêts il y a moins de 100km, ce tronçon de ligne particulier peut faire l’objet d’une régulation si les collectivités estiment que la ligne exerce une concurrence déloyale avec des lignes de train déjà existantes, et surtout subventionnée par ces dernières.
Initialement dans les discussions entre l’État, la SNCF et le régulateur l’ARAFER, le géant du ferroviaire était plus enclin à une limitation de 250 kilomètres statique, c’est-à-dire de part et d’autre du point de départ de la ligne d’autocar et de la ligne d’arrivée : le choix de l’État a été de couvrir plus de territoires avec cette mesure.
FinanceMinistères
Dette
Depuis sa création en 1997, l’ancien gestionnaire du réseau ferroviaire RFF (Réseau Ferré de France) a vu sa dette augmenter de façon incontrôlée jusqu’à atteindre plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Afin de mettre fin à cette situation catastrophique, la loi sur la réforme ferroviaire d’août 2014 a réorganisé tout le modèle économique ferroviaire en créant l’EPIC SNCF Réseau, le nouveau gestionnaire du réseau.
Ainsi, SNCF Réseau a hérité de la dette colossale accumulée par son prédécesseur RFF et s’est retrouvé dans une situation critique de 40 milliards d’euros de dette en 2012, avec un réseau nécessitant des investissements massifs. Une telle trajectoire aboutissait pour la fin de l’année 2015 à une dépréciation des actifs de 17 milliards d’euros (ce qui représente la moitié de la valeur totale des actifs de SNCF Réseau) combinée avec une augmentation de la dette de 15 milliards.
Dans une optique de stabilité économique, cette situation préoccupante aurait attiré l’attention d’Eurostat, l’agence chargée par la Commission Européenne d’établir des rapports sur la santé économique des pays membres de l’Union Européenne.
Ainsi, sur la dette actuelle de 40 milliards d’euros de SNCF Réseau, 10 milliards d’euros ont été requalifiés en dette Maastrichtienne en 2012 à la suite d’un travail approfondi mené par la direction stratégique de la SNCF et l’INSEE pour appliquer les dispositions du Plan Comptable Européen (avec une place importante à l’interprétation une fois traduit en droit français).
Pour simplifier, si plus de 50% des recettes sont commerciales, toute la dette est considérée comme privée, et dans le cas inverse, si vous en avez moins de 50%, alors en fait vous êtes une administration et toute la dette est publique.
Or, SNCF Réseau est au-delà des 50% de recettes commerciales et donc toute la dette est considérée privée. Toutefois, son modèle économique, qui est quand même déséquilibré à cause d’une accumulation de dette, est non soutenable.
Finalement, la dette de l’EPIC est restée relativement stable avec une dépréciation de 10 milliards d’euros de ses actifs, soit le montant de la dette qui a été requalifiée.
Il faut bien comprendre que cette dette a été requalifiée, et non reprise par l’État. En effet, deux visions politiques s’opposent sur le traitement de la dette du gestionnaire de réseau : une partie de la classe politique préconise que l’État reprenne l’intégralité de la dette de SNCF Réseau afin de disposer d’un effet levier plus important pour les nouveaux projets d’investissement, tandis que leurs opposants y voient le risque d’une gestion des finances semblable au « seau percé » et souhaitent au contraire un État stratège capable de redresser la situation économique (la loi sur la réforme ferroviaire d’août 2014 va d’ailleurs dans ce sens).
Une autre raison plus politique du refus de l’État de reprendre une part de la dette plus importante réside dans le fait que la dette de l’État aurait risqué par causer un endettement souverain supérieur à 100% par rapport au PIB, entraînant alors des sanctions de la part des instances de l’Union Européenne.
Côté SNCF Mobilité, les prévisions sont également sombres à cause de la mauvaise santé économique de la filiale SNCF-Voyages, surtout en ce qui concerne le modèle économique du TGV qui ne parvient pas à rester stable.
Ainsi, lors de la clôture des comptes pour l’année 2015, la revalorisation des actifs de SNCF Mobilité menaçait de conduire à une dépréciation de l’ensemble de la valeur des TGV de la filiale. Mais finalement, cette dernière s’est limitée à une dépréciation de 2 milliards d’euros.
La situation passée du modèle ferroviaire français nécessitait donc une meilleure transparence dans la gestion des projets, une plus grande visibilité, une meilleure maitrise des trajectoires financières.
La loi sur la réforme ferroviaire d’août 2014 s’inscrit dans ce sens de concertations avec la mise en place de contrats entre les trois EPIC de la SNCF et l’État pour assurer les grandes lignes de la politique d’investissement en matière de transport multimodal.
De la même manière, la loi Macron a optimisé le principe de la règle pour soutenir les projets d’investissement dans le ferroviaire. La « règle d’or » stipule que pour un rapport dette sur marge opérationnelle supérieur à 18 pour la réalisation d’un projet, l’État s’engage à subventionner la totalité du projet.
FinanceCollectivités territoriales, Régions
Financements publics
La loi sur la réforme ferroviaire d’août 2014 impose à SNCF Réseau et à SNCF Mobilité de suivre un modèle économique viable qui ne repose plus sur l’augmentation de la dette.
La situation demeure préoccupante pour le gestionnaire du réseau, SNCF Réseau, au sens où la trajectoire qui avait été élaborée et proposée à l’État (dans le cadre de la signature conjointe de contrat permettant une meilleure visibilité des projets) convergeait vers un recouvrement des coûts pour l’année 2015 sur 10 ans, en accord avec la loi d’août 2014, mais qui reposait sur une augmentation des recours publics de 650-700 millions d’euros sur 10 ans.
Rien qu’en Ile-de-France, la subvention des fonds publics atteint 800 millions d’euros pour la seule maintenance du réseau ; l’inertie est considérable.
Ce recours aux financements étatiques et l’augmentation de ces derniers risquent de mettre à mal la logique de stabilité financière du modèle économique ferroviaire, ce qui risque d’alerter le régulateur l’ARAFER chargé de s’assurer d’aucun favoritisme économique en vue de l’ouverture à la concurrence.
La loi sur la réforme ferroviaire demande à la SNCF d’être à l’équilibre toute subvention égale par ailleurs, la SNCF, et notamment l’EPIC SNCF Mobilité, peut avancer un résultat nette de 655 millions d’euros dont 200 ou 300 millions d’euros de dividendes reversés, elle est officiellement bénéficiaire, toutes subventions égales par ailleurs. Toutefois, ces résultats masquent une comptabilité qui juge cela logique de payer trois milliards d’euros pour les retraites des cheminots, de subventionner les redevances TGV, les redevances de péage, et que les collectivités subventionnent à hauteur de 50% les infrastructures.
Ainsi, État et collectivités territoriales ne risquent pas de cesser de subventionner la SNCF pour assurer sa viabilité économique ; ce qui est demandé à travers la loi sur la réforme ferroviaire, c’est que la SNCF réduise sa dette.
FinanceUsagers
Autopsie d'un billet
La tarification des billets prend en compte les différents coûts nécessaires au développement du réseau, son entretien, le personnel et surtout les péages.
Le prix d’un billet de train peut ainsi se décomposer de la manière suivante :
40% du prix permet de payer les péages et les infrastructures, et plus précisément une partie sert à rembourser la dette du réseau
15-20% du prix sert à payer l’énergie consommée par le train
15-20% du prix du billet est utilisé pour le matériel roulant
le reste du prix du billet payé par les usagers, c’est-à-dire 20-30 % du prix permet de payer le personnel
En ce qui concerne le TER, il est intéressant de noter que seul 30% des usagers paye leur billet, d’où une fraude colossale.
FinanceL’ARAFER
Des péages trop élevés ?
La question de la tarification des péages ferroviaires est abordée avec beaucoup de prudence. Il y a deux conceptions majeures qui s’affrontent. Celle qui domine dans le secteur ferroviaire français est, de manière schématique, concevoir la tarification comme un équilibre entre ce que paye l’opérateur et par extension les usagers, et ce que paye le contribuable.
Cependant, il est également possible de voir la tarification comme un instrument de politique économique afin d’adresser de bons signaux à ses utilisateurs, tout comme au gestionnaire d’infrastructure, en l’occurrence SNCF réseau, dans le but d’avoir une utilisation plus performante d’une infrastructure qui soit à la fois incitative pour le gestionnaire et pour les opérateurs ferroviaires.
Aujourd’hui, la tarification est le fruit de l’histoire, c’est-à-dire d’un arbitrage usagers/contribuable. Les augmentations extrêmement dynamiques constatées de 2008 à 2012 des péages TGV permettaient de rééquilibrer le bilan de Réseau ferré de France à l’époque avec les ressources de Voyages-SNCF. Cependant, le TGV n’est plus aussi rentable qu’au début des années 2000, et les péages actuels sont désormais considérés comme élevés, voire trop élevés, en particulier dans une perspective d’ouverture à la concurrence. C’est pourquoi l’ARAFER s’est fixé comme objectifs d’injecter de la rationalité économique dans le paysage ferroviaire au travers de ses recommandations. L’échéance à venir concerne la tarification 2018, et le régulateur espère que SNCF réseau va s’engager dans la refonte de sa tarification basée sur une évaluation des coûts réels. Evidemment, cela n’est pas chose aisée pour SNCF réseau qui est soumise à de nombreuses contraintes. L’ARAFER pense que pour faciliter cette transition, l’État va devoir assumer son rôle de stratège en fixant une « trajectoire ambitieuse de productivité » pour le gestionnaire, cela passant en grande partie au travers des contrats de 10 ans prévus par la loi réforme de 2014. De plus, le manque à gagner pour SNCF réseau peut être compensé, ou partiellement compensé par les collectivités et l’Etat.
La vision du régulateur est donc en faveur d’une baisse des péages, avec une tarification basée moins sur une politique de gestion d’entreprise que sur une rationalité économique, dans le but de rendre le ferroviaire français plus attractif, en particulier avec l’horizon d’ouverture à la concurrence pour le TGV en 2020, et en 2023 pour les trains régionaux.
ConcurrenceUsagers
Qualité service
Le transport ferroviaire est un service unique et complexe car il doit satisfaire une clientèle à large spectre avec des profils et des attentes relativement éloignées.
Ainsi, le modèle économique du TGV, notamment, est dans une situation délicate où il doit parvenir à capter deux catégories de la clientèle qui se dessinent à travers différentes études.
Une première branche du spectre regroupe des clients très sensibles à la qualité de service, très attentifs à l’espace, au confort et à la ponctualité du train.
Cette catégorie correspond aux professionnels qui attachent moins d’importance au prix qu’à la qualité du service (notamment la possibilité de prendre des billets au dernier moment).
À l’autre extrémité du spectre, la clientèle est au contraire plus sensible à leur pouvoir d’achat, ce qui se concrétise par une plus grande attention au prix des billets, quitte à réserver leur billet à l’avance, où à sacrifier une partie du confort du service.
Dans le modèle économique du TGV actuel, aucune de ces deux catégories de client ne peut être délaissée au profit de l’autre.
En effet, l’offre ne peut se cantonner à du pur haut de gamme. Dans ce cas-là, les trains comporteraient moins de wagons, donc moins de voyageurs, et surtout cela engendrerait une perte d’efficacité en terme d’optimisation du matériel roulant.
Symétriquement, le TGV ne peut pas s’aligner entièrement sur un modèle de gamme plus basse au risque de voir sa clientèle professionnelle choisir d’autres moyens de transport tel que l’avion dit « low-cost », qui s’impose de plus en plus sur les distances de plus de 500 km.
Pour assurer l’équilibre du TGV, il est donc indispensable d’attirer ses deux extrémités du spectre : celle professionnelle sensible au confort, à la fréquence et aux services, et la clientèle populaire, plus sensible aux prix et qui recherche des offres économiques même si la qualité du service est moins bonne.
De plus, des études menées notamment à la direction stratégique de la SNCF montrent que cette clientèle sensible au prix (mais moins au temps de transport ou à la qualité du service) ne fait pas de réelles différences entre TGV «low-cost» (comme OuiGo), autocars longue distance, ou encore covoiturage.
Typiquement, le bus va être plus long mais moins cher, le covoiturage va être intermédiaire, et le TGV dans les prix les plus bas va être plus rapide mais un peu plus cher.
Cette indifférence souligne que la concurrence au TGV n’affecte pas la clientèle professionnelle, bien que le contexte économique actuel tend à faire baisser cette partie des usagers, sinon celle plus sensible au prix qui représente la majorité de la clientèle indispensable à l’équilibre économique du modèle, et qui est de plus en plus séduite par l’offre des autocars de la loi Macron
Finalement, le modèle économique du TGV est mis à mal par les deux extrémités du spectre.
ConcurrenceAutocar/Autopartage
De nouvelles offres concurrentes
Avec la libéralisation du transport en autocar et l’essor de l’économie du partage motivé par une volonté des usagers de conjuguer une plus grande flexibilité et une réduction des coûts, le réseau ferroviaire français, qui a déjà accumulé une dette colossale, voit malgré lui apparaître depuis quelques années des concurrents potentiels sur le marché du transport. Quel danger représentent-t-ils pour la SNCF ? La SNCF décide-t-elle de ne pas prendre part au partage du gâteau ? Ou au contraire, opte-t-elle pour un remaniement de ses services ?
De nouveaux moyens de transport attractifs
Tout d’abord, rappelons que la SNCF possède une clientèle très diversifiée. Une partie de cette clientèle, appelée clientèle professionnelle, est très sensible à la qualité du service et au confort proposé et une autre partie, la clientèle populaire, est plus sensible au coût du billet au détriment de la qualité du service. Ces deux clientèles représentent une part importante du chiffre d’affaire annuel de la SNCF et ni l’une ni l’autre ne peut être laissée à l’abandon. C’est pourquoi la SNCF propose deux gammes de billets, la première classe et la seconde classe, dont le rapport des prix est d’environ 1,5.
L’ouverture de lignes d’autocars de plus de 100km en France a attiré de nombreuses sociétés autocaristes, françaises comme étrangères, et aujourd’hui, seuls 5 acteurs majeurs persistent bien qu’ils ne soient pas rentables financièrement. La virulente concurrence oblige les groupes a proposé des trajets à des prix attractifs et cela séduit la clientèle populaire de la SNCF, soucieuse du prix du trajet plutôt que de sa durée et de son confort. En effet, le prix moyen au km d’un trajet en autocar est de 4.5 centimes contre 10 centimes pour un trajet similaire en train. C’est ainsi, qu’au cours du dernier trimestre 2015, les autocars ont transporté pas moins de 614.500 passagers, l’équivalent de 1.600 rames de TGV, soit cinq fois plus qu’au trimestre précédent. De même, l’essor du covoiturage menace cette partie de la clientèle de la SNCF. À titre d’exemple, Blablacar, le leader européen du covoiturage fédérant une communauté de plus de 20 millions de membres répartis dans l’Europe, remplissait en 2014 l’équivalent de 1.500 rames de TGV chaque mois. Selon une étude menée par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) en 2015, l’autopartage (entre particuliers ou « en boucle »), quant à lui, ne semble pas avoir d’impact sur les transports quotidiens ni sur les modes de transport longue distance (train, bus et avion).
Outre le fait que les sociétés autocaristes et le covoiturage permettent de se déplacer à plus faible coût, ils permettent aussi d’effectuer des trajets plus spécifiques, voire des trajets porte-à-porte, et ce sur une plus grande plage horaire. Cette flexibilité fait défaut aux transports ferroviaires qui souffrent d’une inertie handicapante liée à la taille des infrastructures.
Une situation pour le moment anodine
Tous ces avantages rendent l’autocar et les autres modes de déplacement alternatifs très attractifs, au détriment du train. Cela place la SNCF dans une position encore plus incommodante, si l’on pense à la dette colossale qu’elle doit encore rembourser et aux investissements qu’elle doit effectuer afin de garder une place parmi les grands. Toutefois, la situation est encore loin d’être alarmante. Avant la mise en place de la loi Macron, la part de marché des sociétés autocaristes restait très faible comparée à celle de la SNCF et, à l’heure actuelle, l’impact de cette libéralisation semble mineur : le train reste le mode de transport aujourd’hui le plus apprécié et le plus utilisé, après la voiture individuelle.
Par ces nouvelles offres concurrentes compétitives, le système ferroviaire français semble ainsi devoir s’adapter à cette évolution de la mobilité afin de pérenniser son réseau et son influence. Le développement de son propre réseau de bus (OUIBUS) et le lancement de sa propre plateforme de covoiturage (OUICAR) sont des marqueurs de cette adaptation, qui constitue le début d’une nouvelle ère pour la SNCF : une ère basée sur la diversité des services afin d’être plus adaptée aux contraintes contemporaines et à l’attente des usagers.
TechniqueAutocar/Autopartage
Innovation Technologique
L’autocar et l’auto-partage se développent pour répondre à un besoin de mobilité de plus en plus important.
En effet, le réseau ferroviaire français, un réseau connu sous le nom d’Étoile de Legrand, a pour particularité d’être en forme d’étoile, centré sur Paris, et laisse ainsi de nombreuses zones de la France isolées : leur accessibilité en train reste aujourd’hui compliquée voire inexistante. De plus, ce réseau empêche des déplacements transversaux efficaces. À titre d’exemple, le trajet Bordeaux-Marseille proposé par la SNCF dure environ 6h30 tandis que le même trajet en voiture dure 6h.
Cette nécessité de compenser l’absence et l’inefficacité de certains déplacements en train par des services routiers se retrouve au sein même de la SNCF qui a développé ses propres services de transport en autocar et en covoiturage. En effet, OUIBUS, anciennement iDBUS, est une filiale du Groupe SNCF, exploitant depuis le 23 juillet 2012 un réseau de lignes d'autocars longue distance en France et en Europe. De plus, la SNCF a lancé en septembre 2014 son propre site de covoiturage, baptisé iDVROOM, après avoir racheté « Easycovoiturage.com » et « 123envoiture.com » en 2013.
TechniqueCollectivités territoriales, Régions
Aménagement du territoire
Lorsqu’on parle d’aménagement du territoire, cela peut concerner l’Etat et les collectivités territoriales. De nos jours, c’est une réflexion à l’échelle régionale qui prône, avec une reconnaissance de l’Etat au travers des Plans Etat-Région. Ce terme très large va de la gestion des déchets au développement de nouveaux logements. Evidemment, nous allons nous intéresser aux politiques de transports.
Les objectifs d’une région sont clairs. Elle cherche à offrir à tous ces citoyens une offre de mobilité multimodale de qualité avec une tarification adaptée. Egalement, c’est un moyen pour la région de développer son activité économique tout en essayant de réduire son empreinte écologique en favorisant certains moyens ou habitudes de transport.
Pour ce faire, elle doit développer son réseau, y compris dans les zones les plus reculées à mal desservie. Du point de vue du ferroviaire, cela veut dire créer de nouvelles lignes non pas dans un but de rentabilité, mais dans un but social. Ainsi, selon la règle d’or défini d’abord dans les statuts de RFF, puis repris dans différents textes de loi, il est impératif pour la collectivité territoriale de contribuer au financement de la ligne afin d’éviter des conséquences négatives trop lourdes sur les comptes du gestionnaire de réseau, SNCF réseau aujourd’hui. De plus, pour pouvoir maintenir toutes les dessertes à un tarif fixe, l’autorité organisatrice de transport, que ce soit l’Etat ou une collectivité territoriale, va subventionner ses lignes. Par exemple, en moyenne, la part de la contribution publique pour le TER (Transport express régional) est de 70%.
Ainsi, la collectivité a une forte contribution à la fois dans l’investissement dans l’infrastructure de transport même, mais aussi dans sa maintenance.
ConcurrenceCollectivités territoriales, Régions
Le car contre le contribuable
La libéralisation du transport de voyageurs par autocar a été accueillie par certains acteurs de manière assez sceptique. En particulier par les collectivités territoriales comme les régions qui financent en grande partie des lignes TER (Train express Région) et TET (Trains d'Équilibre du Territoire). Il faut savoir qu’en moyenne, la part de la contribution public pour le TER représente entre 50% et 70% du financement de la ligne en service.
En effet, les nouvelles lignes d’autocars seraient susceptibles de concurrencer les lignes de service public existantes et ainsi engendrer de la perte d’argent public. De nombreux débats ont eu lieu pour définir la limite en km au-dessus de laquelle la libéralisation est totale, sans droit d’opposition de la part des autorités organisatrices de transport, l’ARF (Association des régions de France) avait pris position pour une limite à 200km, au lieu de 100km comme en vigueur actuellement. De plus, une incertitude pèse toujours sur la réaction des collectivités territoriales en cas de diminution de la clientèle sur une ligne conventionnée. En effet, si par exemple 10% des recettes commerciales des TER dans la région PACA venait à disparaitre à cause d’un report sur les autocars, est-ce que la région serait prête à compenser cette baisse ? Si ce n’est pas le cas, cela pourrait poser des problèmes à la SNCF qui a pour obligation d’être à l’équilibre, et c’est donc un champ de réflexion important à la fois pour la SNCF, mais aussi pour la région.
Cependant, l’objectif premier d’une Autorité organisatrice de transport, par exemple une région, est d’offrir de la mobilité. Ainsi, si une entreprise privée est capable d’assurer une liaison donnée, on peut se demander s’il est vraiment nécessaire de conserver une liaison ferroviaire en parallèle qui serait source de dépense publique. Ainsi, dans la problématique qui est celle des grandes régions, les collectivités territoriales vont peut-être devoir repenser leur offre ferroviaire. Elles sont les mieux placer pour évaluer la nécessité d’une ligne de service public là où une ligne d’autocar privée assure déjà les dessertes et exploite la liaison à un fort pourcentage de sa capacité. Une telle réflexion implique nécessairement de se recentrer sur les lignes rentables, et de fermer les autres.
Mais, c’est là que la rationalité économique peut rentrer en conflit avec des objectifs politiques. En effet, pour un élu, il est plus avantageux de s’associer à l’ouverture d’une nouvelle ligne qu’à la fermeture d’une autre. Ainsi, malgré une envie exprimé par le ministère de l’économie et la direction de la SNCF de fermer certaines lignes à pertes, seulement environ 40km de lignes par an ferment sur 12 000km identifiées comme non rentable. De plus, certaines liaisons financées par une collectivité territoriale ont pour objectif de désenclaver certaines zones du territoire et aider des populations en difficulté, et donc leur création n’était pas motivée par la rentabilité, mais par une politique sociale.
Ainsi, les collectivités territoriales ont des choix importants à faire dans le futur afin de créer un réseau de transport vertueux en accord avec leurs objectifs, qu’ils soient économiques ou sociaux. Les régions prennent donc une importance de plus en plus centrale, et c’est dans cette tendance que s’inscrit le droit prévu dans la loi Macron de saisir l’ARAFER pour s’opposer à la création d’une ligne de bus « Macron » de moins de 100km. Ensuite l’ARAFER évaluera l’impact potentiel de cette ligne sur les lignes de services publics existantes et rendra un avis conforme favorable ou défavorable vis-à-vis de l’autorité organisatrice de transport.
TechniqueL’ARAFER
Protection des services publics
La mission de l’ARAFER
Le décret ministériel du 15 octobre 2015, prévu dans la loi Macron, crée l’ARAFER (Autorité de Régulation des Activités Ferroviaires et Routières) qui remplace l’ARAF (Autorité de Régulation des Activités Ferroviaires). Ce décret donne donc naissance à un régulateur de transport multimodal. Sa mission phare : s’assurer que la création de nouveaux services de transport par autocar ne porte pas « une atteinte substantielle à l’équilibre économique des services publics » existants et conventionnés pour des lignes de moins de 100km « glissants ». Le terme « glissant » signifie que la limite de 100km s’applique à n’importe quelle OD (Origine-Destination), et qu’il ne s’agit pas d’une mesure s’appliquant uniquement à la ligne complète, de son origine à son terminus. En effet, les lignes d’autocars font rarement moins de 100km et offrent bien souvent plusieurs dessertes.
Pour ce faire, le législateur a prévu un garde-fou qui consiste à permettre à une AOT (Autorité Organisatrice de Transport), en général les régions, de saisir le régulateur pour interdire, ou limiter un nouveau service routier « Macron ». L’ARAFER, après son analyse de la situation conformément aux critères décrits précédemment, rend un avis conforme qui est soit défavorable vis-à-vis de l’AOT, dans ce cas l’opérateur d’autocars peut exploiter la ligne en question, soit favorable et l’opérateur se voit contraint d’abandonner son projet initial.
À l’heure d’aujourd’hui, il y n’y a eu que très peu d’avis favorables, et cela peut engendrer une certaine frustration de la part des régions. Il est d’ailleurs important de noter que tout avis rendu par l’ARAFER est public et consultable sur leur site internet.
Méthodologie de l’ARAFER
C’est ainsi qu’il est important de comprendre la méthodologie employée par l’ARAFER pour rendre ses avis. De manière simplifiée, on peut la décomposer en deux phases. Tout d’abord, il y a une phase d’analyse qualitative qui a pour objectif d’apprécier le degré de substituabilité du service routier au service ferroviaire à la lumière des temps de parcours, de la localisation des points d’arrêt, des bassins desservis, etc. La problématique tarifaire ne fait cependant pas partie des critères étudiés car l’opérateur d’autocars a tout le loisir de modifier ses prix. Ainsi, le régulateur part du principe que l’autocariste propose des offres à des prix inférieurs au ferroviaire. Si les deux services étudiés sont jugés non substituables, alors ils ne concourent pas dans la même catégorie et il ne devrait pas y avoir d’incidence du service routier sur le service ferroviaire. Dans le cas contraire, c’est-à-dire une substituabilité au moins partielle, l’ARAFER entre dans une phase d’analyse quantitative.
Cette dernière se base sur des chiffres qui sont communiqués par les AOT, ou alors recueillis par des mesures d’instructions. Cela permet à l’autorité de voir en fonction des caractéristiques financières et économiques du service ferroviaire, si le service de l’autocariste est en mesure de menacer financièrement et substantiellement la ligne de contrat service public. Pour ce faire, l’autorité, même dans des hypothèses maximalistes, s’assure entre autres, que les pertes de recettes, et plus précisément l’impact sur les subventions, qui sont versées par les régions pour financer les services publics, lié au report du service conventionné sur le service par autocar n’est pas substantiel. A la fin de cette phase quantitative, l’ARAFER juge être en mesure de donner un avis conforme en faveur ou en défaveur de l’AOT.
La définition d’atteinte substantielle, une source de débat ?
La notion « d’atteinte substantielle » apparaissant clairement dans la loi encadrant les compétences de l’ARAFER semble être source d’incompréhension du fait qu’elle n’est pas accompagnée d’une mesure quantitative de celle-ci. C’est pourquoi, pour comprendre les avis rendus par l’ARAFER, il est important de connaître leur point de vue sur la question.
Tout d’abord, la vision de l’ARAFER est qu’un impact économique et financier ne peut être considéré uniquement par rapport aux recettes commerciales mais doit également prendre en compte le financement de l’AOT. Prenons l’exemple du TER qui est financé en moyenne à 30% par les usagers et à 70% par les subventions des collectivités locales des régions. Pour le régulateur, s’intéresser uniquement à l’impact sur les recettes commerciales, représentant 30% du total, n’est pas représentatif de la réalité. La valeur de référence pour l’autorité est donc avant toute chose la contribution publique. Ceci est source d’incompréhension dans les échanges entre les régions et l’ARAFER car il peut y avoir des pertes de recettes commerciales qui en valeur relative aux recettes directes du trafic sont importantes, mais comme l’essentiel des coûts est supporté par la collectivité, l’atteinte reste marginale, ou, dans les termes de la loi, non substantielle vis-à-vis des dépenses de l’autorité organisatrice.
Sur l’échantillon d’avis rendus par l’ARAFER disponible fin mai, un impact de l’ordre de 5% de la contribution public fait systématiquement l’objet d’un avis défavorable, tandis qu’à partir d’un impact de l’ordre de 15% de la contribution public, pour le régulateur, cela constitue dans la plupart des cas une atteinte substantielle.
L’ARAFER hors d’atteinte ?
A la lumière de ce que nous venons de voir, il pourrait sembler que l’ARAFER est libre d’interpréter comme bon lui semble le critère de substantialité évoqué dans la loi. Cependant, dans un état de droits, toutes décisions ou avis sont susceptibles de recours devant le juge. C’est pourquoi, en ce qui concerne les avis conformes de l’ARAFER en matière d’autocar, les autorités organisatrices de transport ont la possibilité de faire appel au conseil d’État pour contester la décision du régulateur. Par exemple, après l’avis défavorable rendu par l’ARAFER le 23 février 2016 concernant la liaison envisagée par FlixBus France, Brive-Limoges, la région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes a décidé de saisir le conseil d’État.
Le jugement du conseil d’État, qu’il soit favorable ou défavorable pour l’un des deux acteurs, permettra dans tous les cas de purger certains débats entre l’ARAFER et les collectivités locales en remettant en cause soit l’appréciation de l’ARAFER de la loi, soit celle des AOT. Mais il est assez important de noter que pour le moment aucun des deux acteurs n’a beaucoup de recul sur la situation, et que les avis rendus par l’ARAFER, au fur et à mesure, pourront être fondé sur une expérience accrue, mais surtout sur une base de données de plus en plus importante et concrète au vu de l’évolution du marché.
ConcurrenceL’ARAFER
Un accès au réseau équitable
L’ARAF (autorité de régulation des activités ferroviaires) créée en décembre 2009, puis l’ARAFER (autorité de régulation des activités ferroviaires et routières) depuis le 15 octobre 2015 suite à un décret d’application prévu par la loi Macron, en tant que régulateur, a pour ligne directrice de s’assurer que l’accès au réseau ferroviaire français, mais aussi aux différents services et infrastructures qui lui sont associés, soit équitable et non discriminatoire, afin de veiller au bon développement de la concurrence que les différents « paquets ferroviaires » adoptés par la commission européenne prévoit. Cependant, ses compétences en matière de régulation s’étendent désormais au-delà du ferroviaire depuis le 15 octobre 2015, avec par exemple la problématique des règles d’accès aux gares routières qui sera étudiée dans le futur afin d’assurer l’accès libre, non discriminatoire et équitable à une infrastructure pour autant qu’elle soit qualifiée d’essentielle.
Mais au-delà de son rôle de régulateur, l’ARAFER joue également un rôle de conseiller en émettant des recommandations, par exemple sur le niveau des péages, afin d’injecter de la rationalité économique dans le système ferroviaire français et le rendre plus attractif. Son rôle d'autorité indépendante lui permet également, avec un regard extérieur, de proposer aux acteurs actuels du secteur ferroviaire une issue à certaines impasses économiques et financières. Par exemple, la dette de SNCF Réseau est un sujet majeur d’inquiétude, en particulier dans une perspective d’ouverture à la concurrence qui pourrait s’avérer fatale si elle n’est pas bien préparée.
De plus, dans le cadre des contrats de 10 ans entre la SNCF et l’Etat prévu par la loi réforme de 2014 fixant une trajectoire financière pour la SNCF, l’ARAFER pourra juger chaque année, de manière non biaisée et objective de l’exécution des engagements des différents acteurs. C’est donc un rôle de juge de paix que va jouer l’ARAFER. Cependant, après presque deux ans, aucun contrat n’a encore été signé.
EmploiAutocar/Autopartage
Création ? Long terme ?
La large libéralisation du transport en autocar contenue dans la loi Macron était motivée par plusieurs objectifs et un des points centraux de cette loi était de créer de nouveaux emplois dans le secteur des transports, et plus particulièrement dans les sociétés autocaristes. En effet selon le gouvernement, cette libéralisation devrait aboutir à la création de 200 lignes de bus d’ici 2016 et pourrait créer jusqu’à 22.000 emplois (conducteurs, contrôleurs, agents d’accueil, etc.) en France.
Six mois après la promulgation de cette loi, les effets en termes de création d’emplois commencent à voir le jour : selon un rapport de France Stratégie, elle aurait déjà permis la création de plus de 1.300 postes directs. De plus, le ministère de l’économie soutient l’idée que l’inertie de la mise en place de la loi retarde l’augmentation plus importante des emplois dans ce secteur, de quoi se demander si cette réforme produira les effets escomptés.
ÉcologieMinistères
Loi Transition Energetique
La loi sur la transition énergétique de 2015 a pour ambition de permettre une croissance plus verte, c’est-à-dire améliorer la compétitivité tant économique qu’environnementale. L’impact de cette loi reste encore à évaluer.
Cependant on sait où chercher les changements, par exemple un des enjeux des transports sera de réduire le CO2/km parcouru/personne.
En effet, si on fait un calcul en se basant sur la fréquentation des trains sur les dernières années, on remarque que les trains émettent 4 fois moins de CO2 que les autocars. Néanmoins, dans des cas ou la fréquentation est très faible et les distances courtes, comme dans « la zone des derniers kilomètres », ce rapport de force peut s’inverser.
Ainsi la réforme environnementale sera amenée à être appelée dans les décisions d’ouverture de ligne relativement vides ou inversement dans les choix de les fermer au profit de lignes de bus.
Aujourd’hui, on voit que ce point de vue environnemental n’est pas au cœur du débat. En analysant les différentes parutions sur le sujet, environnement n’est pas le mot qui revient le plus souvent. D’après les entretiens que nous avons fait, les plans de réduction d’émission du système ferroviaire ne sont pas particulièrement ambitieux. Pourtant il est clair pour certains que les transports, que ce soient les bus ou les trains, ont un grand rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. En effet, les scénarios les plus durs de changement climatique préconisent une diminution de 60% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. Cette réduction pourrait être amenée par l’innovation technologique mais personne à la SNCF ne doute une seule seconde qu’une telle diminution implique forcément un changement dans les pratiques d’utilisation des transports. Ce changement sera d’abord ressenti dans la zone des derniers kilomètres de ligne, là où les trains circulent quasiment vide avec pour conséquence un bilan carbone négatif par rapport à un bus. Dans ce contexte, choisir le transport le moins coûteux en énergie, entre l’avion, le train, le bus, la voiture est une question difficile dont les réponses ne sont pas fixes.
Comme souvent, les économies d’énergie sont reliées à des économies d’argent. Ainsi la suppression de certaines lignes peu rentables et fortement émettrices est au cœur des discussions. Ces décisions doivent être prises par les régions, devenues autorités régulatrices du réseau depuis la loi SRU.
ÉcologieAutocar/Autopartage
Normes Euro 6
Depuis le 1er Septembre 2015, les nouveaux véhiculent doivent répondre aux normes Euro 6 qui imposent un maximum d’émission de particules et d’oxyde d’azote. Elles ne prennent pas en compte les émissions de CO2, considérées comme non dangereuses pour la santé directement. Ces normes touchent essentiellement les bus qui sont obligés de s’y soumettre. Ces normes Euro 6 sont la sixième génération des normes européennes de santé publique liées aux émissions de particules, elles sont amenées à être modifiées. En effet, les standards de santé durcissent d’années en années obligeant les constructeurs à des évolutions permanentes dans leur moteur. Ces évolutions sont à prendre en compte autant pour la création de nouveaux bus que dans l’ouverture ou le maintien de lignes ferroviaires. Au-delà du train, les autocars sont aussi en concurrence avec les voitures individuelles qui représentent encore 83% des trajets. Soumises elles aussi aux normes Euro 6, les voitures peuvent être plus émettrices que les autocars lorsqu’on ramène cela au nombre de personnes transportées. D’un point de vue de réduction des émissions, de particules ou de CO2, l’autocar a donc sa place en remplacement des voitures individuelles.
L’Écotaxe :
L’écotaxe a été mise en place en 2014, mais les nombreuses contestations notamment avec le mouvement des bonnets rouges a gelé ce projet et avec lui un grand nombre de projets de transport. Néanmoins, la volonté qui a amenée à la mise en place de l’écotaxe est toujours dans les esprits. Il s’agit de favoriser les transports émettant le moins de carbone possible, c’est-à-dire, le ferroviaire, le fluvial. Dans ce contexte, les subventions accordées par l’Etat à la création d’une nouvelle ligne de bus ou de train dépendent de la réduction d’émission. La différence entre le train et le bus se fait aux nombres de personnes empruntant la ligne, en moyenne, le train devient plus écologique à partir de 20 passagers par train. En conséquence, l’organisation des transports au sein d’une région dépendrait plus de cette caractéristique écologique. L’écotaxe reste toujours dans l’ombre de la scène politique et personne ne sait encore si elle reviendra sur le devant de la scène pour être un élément déterminant.
Entretiens
Afin de donner un aspect plus prospectif à notre étude, nous avons réalisé des entretiens avec des personnalités susceptibles d’apporter un éclairage sur les enjeux et leur vision du futur du transport ferroviaire en France.
Bien que s’inspirant fortement de l’expertise des personnalités que nous avons rencontrées, toute production disponible sur ce site internet n’engage en rien leur opinion, et correspond à notre propre analyse.
Pascal Boyeau
Pascal Boyeau est Responsable Marketing chez HERE, une division de Nokia spécialisée dans la cartographie et la géolocalisation. En sa qualité de leader de la navigation mobile pour les automobiles, HERE possède une vision précise de l’état de l’avancement de l’automatisation des véhicules, qui représente un potentiel grand tournant dans la mobilité des Français de demain.
Thèmes abordés : problématique des données (loi Lemaire), point de vue des acteurs privés sur la loi Macron
Nicolas Mourlon
Nommé conseiller Infrastructures, Transports, Partenariats et Social au sein du cabinet de Ségolène Royal en septembre 2014, Nicolas Mourlon est un conseiller chargé du dialogue environnemental, de la contractualisation, de la simplification et un conseiller social. Il participe à l’écriture des politiques de transport et à la réflexion sur les nouvelles mesures à mettre en place.
Thèmes abordés : question de l’impact écologique prévu par le ministère de la réforme
Gilles Martinelli
Depuis janvier 2014, Gilles Martinelli est le directeur commercial de HERE, une entreprise spécialisée dans la cartographie. En sa qualité de leader de la navigation mobile pour les automobiles, HERE possède une vision précise de l’état de l’avancement de l’automatisation des véhicules, qui représente un potentiel grand tournant dans la mobilité des Français de demain.
Thèmes abordés : importance de l’ouverture des données pour le transport multimodal, collectivités locales ne veulent pas transmettre aux sociétés telles qu’Here des données liées au transport (horaires, trains, bus …) sauf sous ordre de l’État
Albane Giraud
Diplômée de Sciences Po Lille, Albane Giraud est responsable des relations académiques au sein de Blablacar, une start-up française devenue leader mondial du covoiturage, depuis août 2015. Potentiel concurrent du transport ferroviaire, le covoiturage est en pleine expansion et pourrait transformer les transports du quotidien des Français.
Thèmes abordés : développement du covoiturage, stratégie commerciale de BlablaCar, potentielle concurrence avec le train
Grégoire Marlot
Docteur en Économie des Transports, Grégoire Marlot est l’actuel directeur de la stratégie à la SNCF depuis janvier 2016. Il s’occupe de l’économie, de la régulation, de la prospective, des performances et des relations institutionnelles au sein du groupe.
Thèmes abordés : stratégie de la SNCF, ouverture à la concurrence, impact de la libéralisation des autocars sur la SNCF, situation du système ferroviaire français, gestion de la dette
Gilles Savary
Titulaire d'une maîtrise en sciences économiques, d'un DESS d'aménagement du territoire et d'un DEA d'analyse régionale et urbaine, Gilles Savary est l’actuel député de la Gironde. Lors du débat national sur l’avenir du modèle ferroviaire français en septembre 2011, il a présidé la commission "Le ferroviaire français au cœur de l’Europe". Il a de plus été désigné, en juillet 2013, rapporteur parlementaire pour analyser le projet de la loi sur la réforme ferroviaire et du volet mobilité de la loi Macron.
Thèmes abordés : ouverture à la concurrence, délibérations à l'assemblée nationale au sujet de la loi Macron, situation du système ferroviaire français, gestion de la dette
Alexis Vuillemin
Ingénieur X-Ponts, Alexis Vuillemin est, depuis décembre 2014, le secrétaire général de l’Arafer, une autorité publique indépendante chargée de surveiller le bon déroulement de l’ouverture à la concurrence du transport terrestre, ferroviaire et routier en France. Alexis Vuillemin est chargé de préparer les décisions et de veiller à l’exécution des décisions, mais aussi d’apporter son expertise à l’autorité. En effet, son parcours à la direction du budget sur les questions transport, en cabinets ministériels et dans l’administration en tant que sous-directeur des transports ferroviaire lui confère une double vision financière et sectorielle intéressante sur le ferroviaire français.
Thèmes abordés : compétences et objectifs de l'ARAFER, évolutions potentielles du ferroviaire français
Interlocuteur au Ministère de l'économie et des finances
Créée en 1985, Ryanair est une compagnie aérienne à bas prix, ou compagnie dite low-cost, Irlandaise qui petit à petit devenu le leader européen dans le secteur. Les offres proposées séduisent la clientèle de la SNCF en proposant des trajets nettement plus rapides et parfois de meilleure qualité.
Ryanair fait partie du groupe de compagnies non certifiées IATA et possède une flotte de 342 appareils, entièrement composée de Boeing 737. Les principaux concurrents de Ryanair en Europe sont Air Berlin, EasyJet, Germanwings, Hapag-Lloyd Express, Norwegian, Transavia.com, Vueling et Wizz Air.
Michael O'Leary, le président de Ryanair, a développé la société en un peu plus de vingt ans en faisant évoluer le concept de transporteur aérien, jusqu’alors réservé aux classes aisées en raison du prix élevé du billet d’avion. Les entreprises low-cost ont ainsi eu le mérite de permettre à une plus grande partie de la population d’accéder à un transport en avion.
Pour proposer des billets à si faible coût, Ryanair applique un prix de base, qui comprend le prix du vol et des taxes. À ce prix s’ajoute une série d’options souvent comprises d’office chez les autres compagnies. En créant des vols « à la carte », elle permet au consommateur d’ajuster les modalités de son vol. Elle applique de plus, des temps de rotation très courts, permettant aux avions d’atterrir et de décoller, pour passer à un autre vol en un temps très court puisqu’il faut en moyenne moins de trente minutes à l’un de ses avions pour effectuer la manœuvre totale.
Ces compagnies low-cost s’impose de plus en plus aujourd’hui : en 1994, la compagnie ne transportait que 1,7 millions de passagers contre 79 millions en 2012, un chiffre multiplié par 46. De nombreux adeptes du train choisissent, grâce aux compagnies low-cost, de se déplacer en avion du fait du gain de temps et des prix comparables entre les deux modes de transport. Par exemple, un Paris-Brest en avion peut-être obtenu pour 89 euros, le même prix que pour un billet en première classe en TGV.
Arrêté du 29 décembre 1989
1989
L’élaboration d’un schéma directeur national des liaisons ferroviaires à grande vitesse a été engagée par arrêté du 29 décembre 1989 du ministre de l’Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer.
Dans le cadre des orientations nationales de la planification et de l’aménagement du territoire, des schémas directeurs d’infrastructures sont établis par l’État en concertation avec les régions, afin d’assurer la cohérence à long terme des réseaux définis pour les différents modes de transport. Il s’agit là du premier schéma directeur ferroviaire étudié dans le cadre des dispositions de la loi d’orientation des transports intérieurs (LOTI) du 30 décembre 1982. Ce schéma a pour vocation d’évaluer les besoins compte tenu de l’importance des délais de réalisations des lignes et permettra d’éclairer les décisions relatives à l’aménagement du reste du réseau dans une perspective de complémentarité avec les TGV.
Loi du 4 février 1995
1985
La loi n°95-115 du 4 février 1995 d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire a pour but « d'assurer, à chaque citoyen, l'égalité des chances sur l'ensemble du territoire et de créer les conditions de leur égal accès au savoir. Elle a pour objet la mise en valeur et le développement équilibré du territoire de la République. A cet effet, elle corrige les inégalités des conditions de vie des citoyens liées à la situation géographique et à ses conséquences en matière démographique, économique et d'emploi. Elle vise à compenser les handicaps territoriaux. »
Cette loi conduit à l’élaboration d’un schéma national d’aménagement et de développement du territoire fixant ainsi leurs orientations fondamentales. Ce schéma « établit les principes régissant la localisation des grandes infrastructures de transport, des grands équipements et des services collectifs d’intérêt national. Il détermine la manière dont les politiques de développement économique, social, culturel, sportif, d’éducation, de formation, de protection de l’environnement, du logement et d’amélioration du cadre de vie concourent à la réalisation de ces orientations et à la mise en œuvre de ces principes. Le projet de schéma national d'aménagement et de développement du territoire est, préalablement à son adoption, soumis pour avis aux régions, aux départements, ainsi qu'aux principales organisations représentatives des communes urbaines et rurales et des groupements de communes.»
La réforme ferroviaire de 1997
1er Janvier 1997
La loi mis en application le 1er Janvier 1997, impulsée par les directives européennes préparant l’ouverture du réseau ferroviaire à la concurrence, constitue une réforme capitale du système ferroviaire français avec trois objectifs majeurs.
Tout d’abord assainir les comptes de la SNCF, l’entreprise ayant accumulée au fil des années un passif se chiffrant à environ 40 milliards d’euros.
Ensuite, séparer la gestion de l’infrastructure en créant Réseau Ferré de France, et l’exploitation du réseau par la SNCF. En plus de répondre aux exigences européennes d’éviter une relation trop étroite entre gestionnaire et opérateur pour assurer un développement sain de la concurrence, cela permet à l’Etat de créer un gestionnaire non pas seulement de réseau, mais aussi de passif. Cela permet à la SNCF en tant qu’opérateur d’atteindre ses objectifs d’équilibre, voire de profit, désormais allégé du fardeau que représente la dette ferroviaire.
Enfin, éviter la création nouvelle de dette, notamment en posant les bases d’un financement plus raisonnable des infrastructures ferroviaires au travers de la règle d’or définissant le seuil à partir duquel une ligne doit être entièrement financée par une collectivité territoriale ou l’Etat.
BlablaCar
2004
Créée en 2004 sous le nom de Covoiturage.fr, Blablacar est une entreprise proposant une plateforme communautaire payante de covoiturage. Elle répond à une évolution de la mobilité des Français qui s’inscrit dans l’économie collaborative.
Leader mondial du covoiturage avec ses 20 millions d’utilisateurs en 2015, Blablacar est un service de covoiturage qui met en relation des conducteurs et des passagers souhaitant partager un trajet et les frais associés. Les conducteurs publient leurs places disponibles et les passagers les achètent en ligne. Les frais facturés par Blablacar, à la charge du passager, sont de l’ordre de 15% du prix du trajet.
Selon une étude réalisée au sein de leur communauté en 2015, la mise en place d’une plateforme de covoiturage possède les avantages suivants, triés par ordre décroissant d’importance :
- Proposer des trajets à plus faible coût pour les conducteurs comme pour les passagers
- Rendre un trajet plus social et convivial
- Être vertueux pour l’environnement en augmentant le taux d’occupation des voitures
- Permettre aux utilisateurs d’effectuer des déplacements « last minute » i.e. des déplacements spontanés, non organisés à l’avance
Le géant du covoiturage voit plus loin. Pour lui, le covoiturage permet aussi de modifier le comportement au volant à l’aide du système de notation du conducteur : ce dernier est plus attentif et soucieux du ressenti de ses passagers. De plus, le covoiturage permet des dessertes plus fines et le trajet est parfois même plus rapide qu’en car ou qu’en train.
Le troisième paquet ferroviaire
adopté en 2007
Initié en mars 2004 par la commission européenne, le troisième paquet ferroviaire s’inscrit dans la volonté de Bruxelles d’ouvrir à la concurrence les réseaux ferroviaires nationaux afin de créer un réseau européen. La directive ayant fait le plus de bruit est celle relative à la libéralisation du trafic de voyageurs pour les services internationaux.
En effet la directive 2007/58/CE, voulait initialement fixer les échéances de libéralisation du transport international de voyageurs au 1er Janvier 2012, et le 1er Janvier 2015 pour le transport domestique. Le parlement européen était plus impatient et voulait une libéralisation respectivement pour le transport international et domestique, en 2008 et 2012. Mais suite à un amendement, une sorte de compromis avait été fait avec les échéances de 2010 et 2017. Cependant, de nombreux pays dont la France furent très réticents à l’idée de perturber leurs systèmes ferroviaires. Cela peut expliquer pourquoi le texte final adopté à la fois par le parlement européen et le conseil conserve l’échéance du 1er janvier 2010 pour la libéralisation du transport international de voyageurs, mais en ne mentionnant aucunement l’ouverture à la concurrence pour le transport de voyageurs domestique. Cette directive pose également les bases des modalités de cette ouverture notamment avec la possibilité pour un opérateur ferroviaire de faire du cabotage, c’est-à-dire prendre des voyageurs en cours de route sur la ligne internationale, mais un Etat membre a le droit d’imposer des restrictions voire une interdiction si elle juge que cela porte atteinte à l’équilibre économique d’une ligne de service public. De plus, au travers des accords-cadres d’une durée de 15ans entre le gestionnaire de réseau, Réseau ferré de France à l’époque et SNCF Réseau aujourd’hui, une entreprise sera plus à même d'investir compte tenu des garanties que ces accords offrent. Enfin, cette directive offre la possibilité à un Etat membre de déléguer à un régulateur l’autorité d’effectuer des péréquations compensant des pertes éventuelles au niveau des lignes de service public en imposant des prélèvements à tous les opérateurs ferroviaires. Cette autorité indépendante prendrait aujourd’hui la forme de l’ARAFER.
La deuxième directive, à savoir la directive 2007/59/CE, est beaucoup moins sujette à débat. En effet, dans le cadre d’un futur réseau ferroviaire européen, elle pose les bases d’une uniformisation de la formation des conducteurs de locomotives à l’aide de certifications. La sécurité étant un des points majeurs de tout système de transport, cette directive assure un niveau de formation minimal afin qu’il n’y ait pas de risque accru sur le réseau d’un pays donné à cause d’une hétérogénéité des critères de formation selon les pays.
Enfin, le règlement 1371/2007, s’inspirant fortement des règlements en application dans le secteur du transport aérien, s’intéresse cette fois-ci aux « droits et obligations du voyageur ». Ce point est loin d’être anodin car toujours dans la perspective d’un réseau européen, il est primordial de protéger les droits des voyageurs. Ces droits couvrent un large panel de situation allant d’une garantie sur les retards ou les annulations par le transporteur, une accessibilité autonome ou assisté pour les personnes à mobilité réduite, à la responsabilité du transporteur à verser des dommages et intérêts en cas de blessure ou mort qui leur est imputable. De même, les responsabilités du voyageur sont détaillées, avec par exemple les délais au-dessus
L'ARAF
2009
La loi du 9 décembre 2009 crée l’Autorité de Régulation des Activités Ferroviaires (ARAF), pour faciliter une ouverture juste du réseau ferroviaire à la concurrence. C’est une autorité publique indépendante, qui peut émettre des avis simples (consultatifs) et des avis conformes (qu’il est impératif de suivre sous peine de sanctions) sur les péages ferroviaires et les redevances relatives à l’accès aux gares. Elle peut également imposer des sanctions comme l’interdiction d’accès à une partie du réseau pendant un an, ou une sanction pécuniaire “d'un montant allant jusqu'à 3 % du chiffre d'affaires ou de 150 000 euros”.
Autolib'
2011
En 2011, le service public Autolib’ d’autopartage est lancé, visant à désengorger la capitale et introduire un réseau de chargeurs à voitures électriques. Le service, dont l’exploitation et la production des voitures utilisées sont assurées par le groupe Bolloré, opérait initialement au départ au coeur de l’agglomération parisienne. Le succès du service, qui compte aujourd’hui plus de 100 000 abonnés, a poussé de nouvelles communes comme Versailles à rejoindre le projet. Les transports régionaux comme le RER ou le covoiturage sont donc de plus en plus affectés par la présence de ce nouvel acteur public-privé.
OUIBUS
2012
La filiale iDBUS, lancée en 2012 par la SNCF et renommée OUIBUS en septembre 2015, est un réseau de lignes d’autocars low-cost dans la lignée du service TGV low-cost OUIGO. Le service, démarré avant la loi “Macron” pour la croissance et grandement agrandi après celle-ci, est un autre mouvement de la SNCF pour préparer l’arrivée de la concurrence au train par les autocars sur les longues distances.
OUIGO
2013
La création de l’offre TGV OuiGo en 2013 par la SNCF coïncide avec sa volonté de conserver son monopole sur son réseau, en proposant un service low-cost pour des longs trajets comme Paris-Marseille. La SNCF se positionne ainsi en prévision de l’ouverture de son réseau TGV à la concurrence, d’ici 2020.
OUIGO n’est pas une filiale de SNCF Mobilité à part entière mais une offre de SNCF Voyages, qui utilise pourtant ses propres rames TGV modifiées pour embarquer plus de passagers.
Similairement aux offres low-cost aériennes, les trains OUIGO ne partent pas de Paris mais d’une gare proche, ici Marne-La-Vallée, et ces trains proposent moins de services que les trains SNCF classiques.
Loi de la réforme ferroviaire d’août 2014
Août 2014
Promulguée le 4 août 2014, la loi sur la réforme du système ferroviaire marque la réorganisation totale du modèle du train en France.
Cette réforme comporte plusieurs mesures phares destinées à adapter le système ferroviaire à une ouverture à la concurrence, ainsi que de mieux équilibrer la dette du réseau, ces deux axes s’inscrivant entièrement dans un modèle plus compatible avec les directives européennes.
Une des mesures principales s’est traduite par la suppression de RFF (Réseau Ferré de France) qui était l’entreprise autrefois chargée de la gestion du réseau et qui a vu sa dette croître de manière incontrôlée depuis sa création en 1997. Trois EPIC (Etablissements Publics à caractère Industriel et Commercial) ont vu le jour afin d’offrir plus de cohérence dans la gestion à la fois du réseau, et de l’exploitation de celui-ci.
Ainsi, SNCF Réseau a remplacé RFF comme nouveau gestionnaire de réseau avec des effectifs plus nombreux.
SNCF Mobilité est désormais responsable de l’exploitation du réseau, de diverses infrastructures comme les gares : il s’agit de de la compagnie ferroviaire de la SNCF.
Enfin, l’EPIC SNCF assure la cohésion de l’ensemble du groupe en centralisant plusieurs services communs aux différents EPIC.
La loi sur la transition énergétique
Août 2015
La loi sur la transition énergétique pour la croissance verte a été promulguée le 17 août 2015. Les objectifs de cette loi sont de lutter contre le dérèglement climatique, réduire la facture énergétique de la France, combattre le chômage grâce à la croissance verte, valoriser les nouvelles technologies en particulier dans les secteurs du transport propre, des bâtiments durables et de l’efficacité énergétique. Cette loi donne des objectifs précis : réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, diviser par quatre ces émissions d’ici 2050, arriver à 32% d’énergie renouvelable d’ici 2030 et diviser par la consommation d’électricité à l’horizon 2050.
Souvent qualifiée de trop ambitieuse, cette loi fait de la France un des pays les plus engagés dans la transition énergétique et dans la lutte contre le changement climatique. En plus de vouloir réduire l’empreinte carbone de la France, cette loi annonçait la création de 100 000 emplois dans les domaines du bâtiment ou des énergies renouvelables.
Néanmoins, la loi sur la transition énergétique, n’apporte pas plus de soutien au transport ferroviaire. En effet, la question du ferroviaire est compliquée. Il est bien plus efficace d’un point de vue énergétique en moyenne, mais il existe des cas où d’autres moyens de transport lui seront préférés. Ce qui apparait avec la loi de transition énergétique c’est une prise de conscience de l’importance de réduire la consommation d’énergie.
Titre 1. Le texte fixe les grands objectifs de la transition énergétique et donne un horizon stable pour agir dès maintenant afin de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et de les diviser par quatre en 2050, de porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale en 2030 et de diviser par deux la consommation d’énergie finale à horizon 2050. Titre 2. Il introduit des dispositions permettant d’accélérer et d’amplifier les travaux de rénovation énergétique des bâtiments pour économiser l’énergie, faire baisser les factures et créer des emplois. Les nouvelles constructions de bâtiments publics seront exemplaires au plan énergétique et, chaque fois que possible, à énergie positive. Titre 3. Le projet de loi vise à développer les transports propres et la mobilité économe en énergie. Pour favoriser le déploiement en France des véhicules électriques et à faibles émissions, le renouvellement des flottes de l’Etat et de ses établissements publics devra comprendre 50% de véhicules propres. Le déploiement de 7 millions de bornes de recharge pour véhicules électriques et hybrides est également prévu. Une prime au remplacement d’un vieux véhicule diesel par un véhicule bénéficiant du bonus écologique est introduite sous condition de ressources. Titre 4. Le projet de loi encourage la lutte contre le gaspillage, la réduction des déchets à la source et le développement de l’économie circulaire, en favorisant la conception innovante des produits et des matériaux ainsi que le tri et le recyclage. Titre 5. Le projet de loi vise à favoriser le développement des énergies renouvelables pour diversifier la production et renforcer l’indépendance énergétique de la France. Il permet de valoriser toutes les ressources et de développer des filières industrielles d’avenir. Pour ce faire, l’Etat modernise le soutien aux énergies renouvelables. La simplification des procédures permettra de raccourcir les délais de réalisation. Le financement participatif de la production d’électricité et de chaleur contribuera à développer une nouvelle citoyenneté, individuelle, collective et territoriale. Le projet de loi modernise la gestion des concessions hydroélectriques, afin de mieux y associer les collectivités. Titre 6. Le projet de loi renforce la sûreté nucléaire et l’information des citoyens dans ce domaine. Il prévoit également le plafonnement de la production d’électricité d’origine nucléaire en France à 63,2 GigaWatt, et fixe une part du nucléaire dans l’électricité de 50 % à l’horizon 2025. Titre 7. Il simplifie et clarifie les procédures pour gagner en efficacité, en compétitivité et en maîtrise des coûts et permettre à la législation française de faire converger protection de l’environnement et montée en puissance des énergies renouvelables. Titre 8. Il établit le cadre qui va permettre aux citoyens, aux territoires, aux entreprises et à l’État d’agir ensemble pour la transition énergétique et la croissance verte. Une programmation pluriannuelle de l’énergie établira les priorités d’action des pouvoirs publics pour la gestion de l’ensemble des énergies.
Loi Macron
Août 2015
Promulguée le 6 août 2015, la loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, également appelée « loi Macron » du nom du ministre de l’économie Emmanuel Macron qui l’a portée au nom du gouvernement, s’inscrit dans une logique d’ouverture à la concurrence dans les services de transport notamment, avec des mesures phares telle que la libéralisation des autocars qui ouvre un nouveau marché concurrentiel sur les trajets de longue distance.
Cette loi est motivée par la volonté du gouvernement d’offrir une plus grande offre de transport multimodal à l’ensemble de la population qui se voit proposer des solutions parfois plus économiques avec les cars.
L'ARAFER
Octobre 2015
La loi “Macron” promulguée en août 2015 prévoit une expansion de l’ARAF pour qu’elle puisse réguler les services de transport par autocar, dès que les distances entre dessertes sont inférieures à 100km. L’autorité change alors de nom pour devenir l’ARAFER en octobre 2015, et étend ses pouvoirs d’émission d’avis conformes.
Les collectivités territoriales qui jugent que l’ouverture d’une ligne d’autocars peuvent saisir l’ARAFER, qui pourra limiter ou interdire l’ouverture de la ligne.
L’ARAFER veille également à “l’exécution des contrats de concessions autoroutières”, et les pouvoirs de sanctions sont augmentés.
L’autorité donne aussi un avis sur le document de référence du réseau (DRR) de SNCF Réseau, et a une influence sur la nomination du président de SNCF Réseau.
Le Quatrième paquet ferroviaire
adopté en mars 2016
Ce quatrième paquet ferroviaire, présenté par la commission européenne en février 2013 avait pour objectif de finaliser la création du marché ferroviaire européen unique ouvert à la concurrence en fixant les échéances de libéralisation du marché du transport ferroviaire de voyageurs national auxquelles les Etats membres doivent se soumettre. Cependant, adopter ce paquet ne fut pas chose aisée.
En effet, le modèle ferroviaire de 16 pays de l’Union européenne, dont la France avec la SNCF, était encore en situation de monopole. Or, l’ouverture à la concurrence en Allemagne, en Italie et en Suède adressait des signaux encourageant quant à l’effet positif de la concurrence sur la qualité et la diversité de l’offre ferroviaire. C’est pourquoi la commission avait proposé une ouverture obligatoire à la concurrence le 3 décembre 2019, et les ministres européens, le 8 octobre 2015, avaient réussi à repousser ce délais pour les liaisons sous convention de service public. La grande difficulté dans ces délibérations est la position de chaque Etat membre essayant d’obtenir un régime d’exception pour protéger leurs institutions. Par exemple, la grande crainte en France concerne les TER fortement subventionnés qui risqueraient d’être fortement touché par l’arrivée de nouveaux opérateurs sur le marché français.
C’est donc avec peine que ce quatrième paquet ferroviaire fut adopté en mars 2016. Ce-dernier repose sur deux piliers majeurs. Tout d’abord, le « pilier technique » ayant pour but de faciliter les démarches permettant d’accéder au réseau ferroviaire des Etats membres, afin qu’un opérateur puisse développer son activité le plus rapidement possible et à moindre coût. De plus, ce paquet permet aux opérateurs d’avoir un interlocuteur unique qu’est l’agence ferroviaire européenne pour demander l’accès aux réseaux de plusieurs Etats membres, sans avoir à s’adresser à chaque agence nationale. Dans le cas où l’activité de l’opérateur est restreinte à un seul Etat membre, l’entreprise concernée a le choix de s’adresser soit à l’agence ferroviaire européenne, soit à l’autorité nationale adéquate.
Ensuite, le « pilier marché » s’attarde sur ouverture du marché ferroviaire nationale en tant que tel. En premier lieu, le législateur demande à ce qu’il y ait une séparation claire entre gestionnaires d’infrastructure, SNCF Réseau en France, et opérateurs, SNCF mobilité en ce qui nous concerne. Le but de cette démarche étant d’assurer un accès équitable et non discriminatoire au réseau. C’est là qu’en France le rôle du régulateur, l’ARAFER (autorité de régulation des activités ferroviaires et routières), prend tout son sens. La conservation d’un groupe SNCF fait que c’est à ce-dernier de s’assurer qu’il n’y a pas de favoritisme dans l’accès au réseau pour l’opérateur historique à l’aide de compétences qui lui ont été attribuées par la loi réforme de 2014 et la loi Macron de 2015. Bruxelles souhaite également une plus grande transparence financière de la part des opérateurs, et une meilleure gestion des infrastructures de manière générale. Là encore, c’est l’ARAFER qui va être le juge quant au respect de ces impératifs. En second lieu, ce pilier repose en grande partie sur l’ouverture des marchés ferroviaires nationaux de passagers dès 2020, ce qui concrètement en France veut dire le TGV, afin d’impulser une amélioration de la qualité du service grâce à une contrainte concurrentielle. Enfin, une distinction est faite dans ce paquet pour les attributions des contrats de services publics dont les appels d’offres ne se feront qu’à partir de 2023. En France cela concerne essentiellement les TER, ce qui n’est pas négligeable sachant que cela représente un grand pourcentage des passagers. Cela permettra à la totalité des passagers de bénéficier des effets de la concurrence tout en laissant un délai plus important aux collectivités locales ou régionales pour se préparer à cette ouverture. En effet, compte tenu du fait que ce sont des lignes fortement subventionnées par ces-dernières, la perspective de perte d’argent public ne peut que nourrir les débats. C’est pourquoi la loi leur octroie le choix d’attribuer directement des contrats de service public afin de les rassurer tant que possible vis-à-vis de la transition à venir, inévitable pour redynamiser le ferroviaire français.
Projet de loi Lemaire
Mai 2016
Le partage des données des horaires des trains est une composante clé de la création d’un système multimodal. Les plateformes actuelles de calcul d’itinéraire (Google Maps, Here, …) ne peuvent accéder aux données pour des raisons de licences d’utilisation qui traduisent à plus grande échelle la volonté de l’État de protéger ses services de transport comme la SNCF ou la RATP.
Le projet de loi Lemaire pour la “République Numérique” qui rend obligatoire la publication des données produites par les administrations avec des licences permettant la ré-utilisation, laisse la place pour une exception pour le train :
“Des organismes tels que les établissements publics de transport auront ainsi le droit de refuser la réutilisation du contenu de leurs bases de données produites dans le cadre de leurs activités soumises à la concurrence (transport de fret ferroviaire pour la SNCF, nouvelles lignes d’autobus ou de métro franciliennes pour la RATP, etc.)”.
Ces Open Data sont donc accessibles aux particuliers, mais inexploitables par des services privés, et la SNCF se réserve le droit de construire sa propre plateforme multimodale, utilisant ses filiales non-ferroviaires (OuiBus, OuiCar …).
La position du ministère est ici ambiguë : la volonté de transparence d’ouverture et de modernité du ministère du numérique est mitigée par l’importance attachée à la protection de son entreprise publique face à la concurrence.
À propos
Quoi ?
Le site sur lequel vous naviguez a pour ambition de montrer les différents points de vue qui circulent autour d’une possible fin du train. Divers axes de discussion ont émergé, la concurrence, l’écologie, la finance, l’emploi, la technique. De la même façon, plusieurs acteurs prennent part à cette controverse. Parmi eux on trouve : les ministères, l’ARAFER, les collectivités, les compagnies d’autocars, les usagers.
Le cœur de l’étude de notre controverse a été les conséquences de la réforme ferroviaire, les conséquences de la loi Macron et le point de vue et la stratégie de la SNCF.
Nous avons cherché à être impartiaux dans l’importance donnée à chacune des parties, ainsi les différences que l’on pourrait voir reflètent la part que prennent les différents axes et acteurs dans la discussion et non notre propre vision des choses.
Qui ?
Nous sommes un groupe de 5 élèves en première année de l’école Mines ParisTech réalisant un projet dans le cadre d'un module appelé “description de controverse".
De gauche à droite : Jeremy Dahan, Tarik Hicheur, Tom Monnier, Hubert Furno, Greg Azemar
Pourquoi ?
L’objectif de ce cours est de nous confronter à des situations où il n’existe pas qu’une seule vérité mais plusieurs points de vue différents. C’est aussi l’occasion de nous montrer qu’on ne peut pas se faire une idée précise d’un sujet controversé sans une recherche exhaustive d’informations au moyen de diverses sources d’informations. Ce cours nous a permis de rencontrer des acteurs majeurs du domaine ferroviaire. Le but est de faire appel à nos compétences de recherche scientifique et technique, mais aussi d’analyse et de communication avec l’intention de réaliser le site internet présent.
Disclaimer: Clause de non responsabilité
Le site web suivant est un exercice réalisé par des élèves de première année de l’Ecole des Mines de Paris et des élèves de deuxième année du CPES (PSL) dans le cadre du cours de Description des controverses. Ces sites sont le résultat du travail d’étudiants et sont mis en ligne pour des raisons pédagogiques et didactiques. Mines ParisTech décline toute responsabilité pour les erreurs et les imprécisions que peuvent contenir ces sites. Vos réactions et commentaires sont très bienvenus. Pour signaler une erreur, réagir à un contenu ou demander une modification, merci d’écrire aux élèves et à la responsable de l’enseignement (madeleine.akrich@mines-paristech.fr).
Bibliographie
Articles de presse
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Articles scientifiques
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Crozet Y., Chassagne F., Rail access charges in France: Beyond the opposition between competition and financing, Research in Transportation Economics, Volume 39, Issue 1, March 2013, pages 247-254, ISSN 0739-8859
Delaplace M., Dobruszkes F., From low-cost airlines to low-cost high-speed rail? The French case, Transport Policy, Volume 38, February 2015, pages 73-85
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Speck K., Système national d’innovation et TGV: Ce qu’une grille de lecture de l’économie de l’innovation peut apporter à l’analyse des évolutions d’un système technique, et réciproquement, Recherche - Transports - Sécurité, Volume 78, January 2003, pages 33-41, ISSN 0761-8980
France Stratégie, Commission d’Étude des Effets de la Loi pour la Croissance et l’Activité, (Janvier 2015), Ouverture de l’offre de transport par autocar, 12 pages