Les CRISPR accélèrent la recherche en biologie

« Ce qui prenait des mois prend désormais une semaine, ce qui était approximatif est devenu fiable, ce qui était temporaire est devenu stable, ce qui était cher est bon marché » Christelle Gally – Le Monde “Crispr, le big bang de la génétique La saga Crispr”

Pour comprendre la controverse qui sera détaillée dans les articles suivants, il est important de faire le constat suivant : CRISPR-Cas9 modifie les dynamiques de recherche en génétique et en biologie moléculaire. De plus, CRISPR-Cas9 permet de comprendre en profondeur les mécanismes d’immunologie des bactéries.

Mais ce n’est pas en cela que CRISPR-Cas9 est considéré par certains comme révolutionnaire pour la recherche en génie génétique : ce complexe enzymatique facilite grandement l’expérimentation. David Bikard de l’Institut Pasteur, comme de nombreux chercheurs en biologie moléculaire, en génie génétique, fait partie des personnes qui voient en les méthodes CRISPR des méthodes de rupture.

« Introduire une modification génétique peut désormais se faire en une semaine, contre plusieurs mois auparavant, et pour un coût dérisoire » David Bikard, (Yann Verdo 2016 – Révolution dans la manipulation des gènes Les Echos)

Crédit photo : http://www.orthodiet.org/fr/systeme-de-recherche-scientifique (Consulté [16/06/2017])

La méthode CRISPR-Cas9 permet de multiplier le nombre d’expériences par sa relative simplicité. CRISPR-Cas9 réduit en effet, les délais nécessaires à l’expérimentation de nouvelles combinaisons génétiques et va ainsi accélérer l’expérimentation i.e. la mise en pratique du génie génétique au vivant. En effet, il suffit aujourd’hui de quelques jours pour faire la modification génétique alors qu’il fallait plusieurs mois avant. A cela s’ajoute une certaine facilité pour faire des manipulations génétiques qui permet d’effectuer plusieurs modifications de brin d’ADN en même temps, ce qui n’était pas le cas avant. CRISPR-Cas9 peut même être utilisé par des étudiants de master. Par la facilité avec laquelle on peut désormais modifier le génome, la multiplication des expériences en la matière permet de parvenir à des conclusions quant à la composition du génome plus rapidement et plus efficacement.

Si pour certains scientifiques comme Yves Bertheau, CRISPR ne revêt pas un caractère révolutionnaire, il apparaît un consensus pour dire que cette méthode permet d’accélérer grandement la recherche.

«Les manipulations sur le patrimoine génétique de cellules humaines se sont démocratisées au point d’être désormais effectuées en travaux pratiques par des étudiants en master de biologie ! » David Bikard (Yann Verdo 2016 – Révolution dans la manipulation des gènes Les Echos)

Enfin, les méthodes CRISPR permettent une plus grande collaboration entre les chercheurs via une mise en commun des plasmides dans le réseau “Addgene” à but non lucratif qui a vu le nombre de dépôt de plasmides augmenter grâce aux plasmides CRISPR. Un tel réseau permet à des unités de recherches du monde entier de se procurer à moindre prix des séquences d’ADN ou d’ARN modifiés par des méthodes CRISPR ce qui rend encore plus facile la recherche utilisant CRISPR-Cas9.

https://www.addgene.org/

Une des craintes posées par cette technique est celle de l’effet dite “off-target” traduction anglaise de effet hors cible qui consiste en à la modification d’autres parties du brin d’ADN en plus de celui ciblé. Mais selon certains chercheurs, la technique est désormais très précise et l’effet “off-target” n’est plus à craindre. En effet, la peur de l’effet hors-cible est rapidement qualifiée de “superflue” par D. Bikard par exemple. Cependant cela reste une crainte technique pour de nombreux acteurs : cet “off-target” technique (par opposition à théorique) consiste en la modification de brins d’ADN différents de la programmation de CRISPR-Cas9.

Avec Addgene par exemple, la collaboration scientifique à grande échelle permettrait une meilleure utilisation de CRISPR-Cas9, car, si l’effet hors-cible est écarté selon D. Bikard, une connaissance des plus complètes du génome permet d’éviter ou de limiter un effet hors-cible théorique (en choisissant mal le gène à découper) selon lui.


Herzberg N., Morin H. (2016, 8 Août) La saga CRISPR-Cas9 4|6 – La guerre des brevets, Le Monde. Disponible sur http://www.lemonde.fr/festival/article/2016/08/08/la-guerre-des-brevets_4979971_4415198.html

Paillé J. (2016 28 octobre) Manipulation du vivant : “Il nous manque un groupe international d’experts”. La Tribune . Disponible sur : http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/chimie-pharmacie/manipulation-du-genome-il-nous-manque-un-groupe-international-d-experts-611579.html

Verdo,Y (2/1/16) Révolution dans la manipulation des gènes. Les Echos. Disponible sur :https://www.lesechos.fr/02/01/2016/lesechos.fr/021591969631_revolution-dans-la-manipulation-des-genes.html