À l’origine, le glyphosate est le principe actif du Roundup, désherbant créé et distribué par Monsanto depuis 1974. Son brevet a expiré en 2000 et il est maintenant utilisé par plus de 90 firmes agrochimiques, dans plus de 750 substances différentes.[1]
Le glyphosate est aujourd’hui le pesticide le plus couramment utilisé au monde, à raison de 720 000 tonnes par an dans le monde, dont 9 200 tonnes en France[1]. Ses utilisations sont variées : il est surtout utilisé dans le domaine agricole, soit de manière intensive, avec un épandage sur des plantes génétiquement modifiés (comme au Brésil ou aux États-Unis) ou pour préparer la terre avant l’accueil des plants (technique agricole des pays européens). Mais il est également utilisé par des particuliers pour l’entretien de leur jardin ou par des entreprises comme la SNCF pour désherber les voies de chemin de fer (à hauteur de 34 tonnes/an).[2]
Son mode d’action est le suivant : le glyphosate est déposé sur la plante qui l’absorbe. Ensuite, la molécule se lie avec l’enzyme ESPS et l’empêche d’agir. Cette enzyme entraîne normalement par réaction en chaîne la génération de vitamines ou hormones qui sont nécessaires à la plante. C’est ainsi que le glyphosate entraîne la mort de la plante, faute de nutriments.[3]
La substance en elle-même est très peu soluble dans l’eau et est difficilement absorbée par les plantes. C’est pourquoi on ajoute au glyphosate des additifs facilitant son absorption et son transit dans la sève.
L’entreprise à l’origine du glyphosate, Monsanto, est une multinationale dans le domaine de la biotechnologie et de la chimie appliquée à l’agriculture. Cette société a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment concernant la commercialisation des OGM et sa vente d’agent orange à l’armée américaine durant la guerre du Vietnam.
Le nom de Monsanto est amené à disparaître puisque Monsanto vient d’être racheté le 7 Juin 2018 par Bayer, qui promet plus de transparence.
Monsanto - Bayer est évidemment en première ligne pour la défense du glyphosate.
Le glyphosate fait lui-même l’objet de débats quant à sa dangerosité pour l’Homme et pour l’environnement. Par exemple, le CIRC, agence de l’OMS, le considère comme cancérigène probable tandis qu’une agence Européenne, l’EFSA, le classe comme non cancérigène. Il est également publiquement critiqué par des ONG comme Global 2000.
Ainsi, de nombreuses études ont été menées sur le glyphosate, mettant en jeu des animaux comme les rats ou les oursins mais menant à des conclusions souvent contradictoires, ou bien sont infirmées par un argument provenant de l’opinion adverse.
Ici, le problème de l’indépendance scientifique apparaît puisqu’il a été découvert que Monsanto interférait dans certaines prises de décisions scientifiques, notamment celle de l’EFSA. En effet, les Monsanto Papers - des archives de la firme ayant été rendus publics – ont dévoilé que la multinationale de l’agrochimie avait sponsorisé plusieurs analyses infirmant des études scientifiques montrant la dangerosité du glyphosate.
Cette opposition induit une difficulté dans la prise de décision de la commission européenne, hésitante vis à vis de la décision d’interdiction ou non du glyphosate.
À ce déchirement dans le monde scientifique viennent s’ajouter des questionnements économiques puisque le glyphosate est à l’heure actuelle le désherbant le moins coûteux et le plus efficace. Si la substance venait à être interdite, les agriculteurs utilisateurs de glyphosate verraient le rendement de leur terre diminuer.
Pour pallier ces problèmes de rendements, certains agriculteurs se sont organisés en groupes n’utilisant plus de glyphosate et développent des techniques, parfois innovantes, pour conserver un rendement acceptable sans glyphosate.