Sujets de l'année 2024 - 2025

Cohabiter avec les rats ?

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Grève des éboueurs, grands travaux en vue des JO… et la présence des rats dans les villes revient sur le devant de la scène. Nuisibles à éradiquer pour les uns, contributeurs à la biodiversité pour les autres, les rats se sont invités dans le débat public, mobilisant élus, citoyens, médecins, écologistes. Leur nombre, les maladies et les nuisances qu’ils causent, les méthodes pour maîtriser leur prolifération, leur utilité, tout est sujet à controverse, et tous de se demander s’il faut cohabiter avec les rats.

Comment construire une politique de logement social juste et efficace?

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À en croire les acteurs du domaine, le logement social connaît une grave crise : chute de la construction qui va de pair avec une augmentation du nombre de demandeurs et de personnes sans domicile ; non-respect des objectifs fixés par la loi afin que toutes les agglomérations disposent de 25% de logements sociaux, alors que dans le même temps, on constate qu’il existe un contingent important de logements vacants dans le secteur privé. Le projet de loi relatif au développement de l'offre de logements abordables dit Kasbarian déposé au printemps 2024 a relancé le débat : certains dénoncent le désengagement de l’Etat ; d’autres considèrent que les pénalités pour logements non construits s’apparentent à une forme de racket ; les bailleurs déplorent le fait que la réduction de loyer de solidarité pèse sur eux et limite leurs marges de manœuvre ; certains pensent que la politique actuelle aboutit à des formes de ghettoïsations, alors que d’autres s’opposent au « pastillage », c’est-à-dire la pratique de certains maires de consistant à réserver des emplacements au logement social en cas de gros travaux, justement pour favoriser la mixité sociale... Qu’est-ce qu’une politique de logement social juste et efficace et comment la construire, tel est le sens des débats actuels.

Dysphorie de genre : quel traitement de la question pour les mineurs ?

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"Récemment, le Sénat français a interdit l'utilisation des bloqueurs de puberté dans les processus de transition des mineurs. Cette décision, initiée par le parti Les Républicains, survient alors que la Haute Autorité de la Santé élabore un rapport sur ce sujet, commandé par le gouvernement il y a quelques années. La production de ce rapport a par ailleurs été l’objet de vives tensions, certaines organisations récusant l’objectivité et donc la légitimité des experts impliqués dans sa rédaction. Cette interdiction rouvre en outre le débat sur le traitement médical et politique de la transidentité, mais aussi sur sa dimension juridique : le droit des individus, en particulier des mineurs, à décider de leur identité civile et de leurs transformations physiques par des interventions médicales et chirurgicales est ainsi remise au cœur du débat public. "

Électrosensibilité : une maladie fabriquée ?

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La presse relate les témoignages de personnes qui se disent électrosensibles et les difficultés qu’elles éprouvent au quotidien, depuis les symptômes qui envahissent leur quotidien jusqu’à l’errance pour enfin trouver à se loger dans un environnement favorable à leur prévention. Elle se fait aussi l’écho des scepticismes qui remettent en cause l’existence d’une électrosensibilité au titre qu’aucun lien de causalité entre l’émission d’ondes et les symptômes décrits n’est « scientifiquement prouvée ». La communauté médicale est en effet divisée quant à la reconnaissance d’une affection auxquels seraient liés ces symptômes, oscillant entre explications physiques et psychologiques, qui parfois tendent à décrédibiliser les revendications des victimes et des associations qui les représentent pour une reconnaissance de électrosensibilité comme maladie, le développement de recherches, une prise en charge adéquate. Loin de se situer uniquement sur le terrain médical, la prise en compte de l’électrosensibilité doit, selon ces revendications, interroger aussi l’habitabilité des environnements urbains pour les personnes affectées et plus généralement la prévention des risques pour la population induits par l’installation toujours croissante de dispositifs émetteurs (antennes radioélectriques, compteurs électriques « intelligents », etc.) susceptibles de déclencher ces symptômes ; elle doit dès lors figurer à l’agenda politique. Face aux quelques décisions de justice récentes en faveur de plaignants qui se déclarent électrosensibles, la voix de certains experts spécialistes des champs électromagnétiques ou des rayonnements non-ionisants s’élève, dénonçant aussi bien une justice qui « légitime un discours pseudoscientifique ou charlatanesque » que les biais méthodologiques d’études menées sur la question, voire accusant les médias et les associations d’avoir « fabriqué ces gens qui souffrent ».

Faire des enfants : un devoir citoyen ?

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Lors de sa conférence de presse du 17 janvier 2024, Emmanuel Macron a plaidé pour un « réarmement démographique » de la France, à la suite du rapport de l’INSEE sur la baisse de la natalité en France. De vives réactions ont suivies, émanant de l’ensemble de l’échiquier politique, des associations féministes, de « think tanks », de démographes et d’économistes. Pourquoi la natalité baisse-t-elle ? Le « réarmement démographique » doit-elle être une variable d’ajustement des retraites et de la relance économique ? Faire des enfants devient-il un devoir citoyen ? Les controverses font rage sur cette proposition de « politique nataliste » comme « arme » pour recouvrer une certaine grandeur de la France.

Faut-il interdire l’usage de l’écriture inclusive ?

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"Parfois aussi désignée par les concepts de ""langage inclusif"", de ""langage épicène"" ou de ""féminisation du langage"", ""l’écriture inclusive"" est définie par la circulaire du Premier ministre du 21 novembre 2017 comme un ensemble de ""pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine"". Insatisfait d’une nouvelle interdiction du point médian dans l’enseignement en 2021, des parlementaires proposent en 2023 un nouveau projet de loi contre les « dérives » de l’écriture inclusive. Au nom du bon usage de la langue française, l’Académie française et certains linguistes dénoncent certaines formes d’écriture qui s’affranchissent des règles orthographiques et de syntaxe. Des parlementaires demandent l’interdiction des néologismes dans des documents dont le droit exige qu’ils soient rédigés en français, mais pas celle de la féminisation des titres ou ni celle de techniques d’écritures comme l’emploi de mots épicènes ou de la double flexion. Du côté des activistes et scientifiques qui défendent le principe que l’énonciation participe d’une égalité des représentations entre les femmes et les hommes, on clame qu’il est temps que les règles d’écriture abolissent l’asymétrie."

Faut-il ouvrir une mine de lithium en France?

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Faut-il ouvrir une toute première mine de lithium en France ? Fin 2022,Emmanuel Macron déclarait dans Les Échos l'intention du gouvernement de développer des mines de lithium en France grâce au nouveau code minier. Le principal argument de l'exécutif est qu'il s'agit là de la "clé pour notre souveraineté", réduisant la dépendance de la France à la Chine, notamment pour alimenter la chaîne de production de voitures électriques françaises, le lithium étant un composant essentiel des batteries. Dans la foulée, le ministère de l’Économie annonçait financer à hauteur de 100 millions d’euros le projet d’Imerys, une multinationale française de minéraux industriels, d'installer dès 2028 une mine de lithium à Échassières, dans l'Allier. Imerys promet une mine "propre", souterraine et utilisant un transport ferroviaire, de même qu'un développement en concertation avec les instances nationales et locales concernées. Organisées en collectif, les associations doutent de ces assertions et publient un plaidoyer commun. Des chercheurs, reconnaissant qu'il n'existe pas de mine "propre" sans impact sur l'environnement, soulignent la responsabilité des pays occidentaux quant au coût environnemental de leur transition. L’ouverture d’une mine risque de créer un précédent, n’est-il pas préférable de concentrer les efforts sur le recyclage, une solution alternative qui reste sous-exploitée ?, interrogent des syndicalistes et responsables associatifs et politiques.

Faut-il reconnaître le syndrome aérotoxique?

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L’air dans les avions est-il toxique ? Périodiquement, au rythme de la publication de rapports ou d’actions en justice, la presse évoque le syndrome aérotoxique, dont serait principalement victime le personnel naviguant. Le syndicat des pilotes (SNPL) et l’AVSA France (l’association des victimes du syndrome ae?rotoxique) luttent pour assister les victimes et pour la reconnaissance de ce qu’ils considèrent être une "nouvelle maladie professionnelle", tout en maintenant une veille scientifique. De son côté, le syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC) « dans le cadre de son travail pour la reconnaissance du syndrome aérotoxique s’est rapproché de l’ATC » (Association de toxicologie et de chimie) dans la perspective d’une publication scientifique sur le syndrome. L’SNPL et l’AVSA ont ensemble fait appel à l’expertise de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) en 2019 pour aider à établir des preuves dans le cadre des procédures intentées. Outre le fait de souligner qu’il ne s’agit pas d’une "entité nosologique consensuelle", ses conclusions insistent en substance sur la nécessité d’approfondir les recherches ; l’ANSES réitère cet encouragement dans un avis rendu en 2023. Les travaux de recherches continuent, la lutte et les procédures aussi.

Fonds d’investissement fondés sur la nature : un bon moyen de préserver l’environnement et la biodiversité ?

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Un des moyens de financement qui s’offre aux porteurs de projets de restauration de la nature, ou aux projets de recherche qui s’y rapportent, sont les fonds d’investissements dits « fondés sur la nature », « verts » ou « durables », dont les banques vantent la croissance. L’ampleur des projets est variable, allant de la restauration d’une rivière dans l’Oise impliquant le fonds d’investissement d’Amazon, au projet de repeuplement du rhinocéros noir en Afrique du Sud grâce au « Rhio Bond », conçu à l'origine comme une obligation à impact sur le développement, axé sur les résultats et financé par des investisseurs privés. Groupes bancaires, comme représentants des Nations Unies louent ce qu’ils considèrent comme des « solutions financières innovantes », susceptibles de « réorienter les flux financiers pour qu'ils aient des impacts positifs pour la biodiversité et non plus des impacts néfastes à la biodiversité ». La communication de grandes ONG environnementales tend à adopter un ton prudent, accueillant cette forme de financement mais pointant néanmoins les contradictions des investisseurs. La presse se montre à temps sceptique, les chercheurs interrogent : comment évaluer l’impact d’un projet de restauration de la nature ? Suffit-il d’étudier le site de restauration concerné ou faut-il le comparer à d’autres – mais comment ? Faut-il également évaluer les raisons d’être de certains fonds d’investissements « verts » : peuvent-ils à la fois générer un retour sur investissement et être philanthropiques ? Y a-t-il d’autres raisons d’être ?

Interdire les réseaux sociaux avant 15 ans ?

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De nombreux observateurs en conviennent, les enfants ont une connaissance et un usage bien plus affiné des réseaux sociaux que leurs parents, les éducateurs ou les responsables politiques. La presse ne manque cependant pas de souligner les dangers de cet usage pour les enfants et adolescents, exhortant les parents à la vigilance. Responsables politiques, éducateurs, soignants et chercheurs s’interrogent : faut-il interdire l’usage des réseaux sociaux avant l’âge de 15 ans ? En quels termes peut-on étudier et évaluer ces risques, mais aussi d’éventuels bénéfices ? Des alternatives sont-elles envisageables ? A quelle échelle ?

Interfaces cerveau-machine implantables, une perspective enviable ou terrifiante ?

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Elon Musk annonçait en 2024 l’implantation imminente chez l’humain de Telepathy, un implant cérébral développé par sa société Neuralink, à grand renfort de stratégie communicationnelle sur les perspectives jusqu’ici futuristes de contrôle de dispositifs électroniques, comme un smartphone ou un jeu vidéo, mais plus encore d’augmentation des capacités humaines sensorielles et mnémoniques, mais aussi de sa motivation et sa créativité, sans oublier la transmission de pensée. La presse s’empresse de préciser qu’il s’agit là d’un projet d’implant cérébral parmi d’autres, dont certains moins invasifs, et se faisant l’écho des médecins et chercheurs, pour lesquels l’implantation sur l’homme est avant tout destiné à améliorer le quotidien de personnes atteintes de lésions ou pathologies neurologiques invalidantes, en tant que "prothèse du cerveau". En France, l'Académie de médecine s'alarme de "cette quête d’un transhumanisme", "porteuse de risques très importants" d’instaurer une nouvelle forme d'esclavage qui soumettrait les utilisateurs au contrôle de "l’entreprise responsable de l’implant" et en appelle au moratoire ; néanmoins, elle reconnait l’intérêt de la promesse thérapeutique de la technologie, qui devrait recevoir plus de soutien des pouvoirs publics, mais souligne que bien que se prévalant "d’expériences concluantes chez les primates" ces entreprises peinent à publier les "progrès technologiques" "dans des revues internationales avec comité de lecture" (communiqué du 13 décembre 2023). Les ambitions transhumanistes affichées par certaines entreprises relèvent-elle plus de la fiction publicitaire que d’un proche futur, selon les points de vue, enviable ou terrifiant ? La Commission Européenne et les États doivent-ils continuer à financer la recherche et le développement en matière d’implants cérébraux ? Est-il nécessaire d’instaurer un frein réglementaire au développement entrepris par les sociétés qui ambitionnent l’ouverture d’un marché (y compris non médical) de ces dispositifs implantables ? L’Union Européenne doit-elle s’alarmer d’être à la pointe de la recherche mais insuffisamment préparée à l’ouverture d’un marché ?

L’agrivoltaïsme permet-il de composer l’agriculture et la production énergétique ?

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Les technologies de l’agrivoltaïsme connaissent actuellement une forte croissance. Apparues il y a une vingtaine d’année, ces technologies associent sur un même site production agricole et production d’électricité photovoltaïque. Si elles portent la promesse d’une augmentation des surfaces disponible pour la production d’énergie renouvelable, elles n’en posent pas moins une série de questions. Quelles sont les cultures réellement compatibles avec ces infrastructures ? N’aboutira-t-on pas de fait à une réduction des surfaces cultivables ? Des questions économiques se posent également. Quelles sont les conditions de rentabilité de ces installations ? Et quelles conséquences sur les prix des terres agricoles pourrait survenir de l’entrée des acteurs du monde de l’énergie dans ce secteur ? Au total, l’agrivoltaïsme permettra-t-il de composer la production énergétique et la production agricole ?

L’e-cigarette est-elle un moyen de lutte contre le tabagisme ?

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Malgré un développement fulgurant, les risques et bénéfices de la cigarette électronique continuent de susciter de vifs débats. Pour certains, dont l’Organisation mondiale de la santé, il est impossible de conclure que celle-ci est moins risquée que la cigarette à défaut de recul nécessaire - un principe de précaution qui a motivé son interdiction dans près d’une trentaine de pays. Pour d’autres, l’e- cigarette constitue un moyen efficace pour parvenir à un sevrage tabagique, un des seuls même susceptible de sauver les milliers de personnes qui chaque année décèdent des conséquences du tabagisme. Pour d’autres encore, loin d’être un facteur d’éloignement du tabagisme, la cigarette électronique peut au contraire y conduire, en particulier chez les jeunes. La question clive ainsi à la fois les organisations de santé publique, la communauté médicale et les associations de patients, ainsi que les lobbies industriel qui investissent ces marchés. En définitive, les questions que soulèvent les usages de la cigarette électronique pour la le sevrage tabagique interrogent le type de légitimité dont peut se prévaloir une politique de santé publique.

L’IA menace-t-elle le droit d’auteur et la création ?

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Le développement des capacités de l’IA ces dernières années inquiète les industries culturelles. L’exploitation des œuvres existantes par ces outils, tout comme la création de nouvelles œuvres, ont des incidences majeures sur les questions de droit d’auteur. Les IA peuvent-elles utiliser des œuvres protégées pour s’entraîner ? Les œuvres générées par l’IA peuvent-elles être protégées ? Si oui, qui détient les droits ? Autant de questions dont s’emparent juristes, artistes, société de défense des droits et entreprises et qui viennent remettre en cause, à une échelle internationale, les définitions de la propriété intellectuelle.

L’IA, atout pour l’environnement ou catastrophe écologique ?

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Alors que l'IA offre des perspectives prometteuses pour optimiser les processus industriels, améliorer les diagnostics médicaux, faire avancer la recherche, ou encore dynamiser les marchés financiers (cryptomonnaie), elle se heurte à son bilan carbone et à l’impératif de la transition. Les centres de données, nécessaires pour entraîner les modèles d'IA et exécuter leurs inférences consomment d'énormes quantités d'énergie, souvent produite à partir de sources non renouvelables. Tandis que les chercheurs enquêtent et que les rapports s’accumulent sur les tonnes d’équivalent CO2 des technologies d’apprentissage automatique, les acteurs de l'industrie, comme Google et Microsoft, se trouvent d’autant plus concernés par ce bilan qu’ils prétendent à la « neutralité carbone », investissent et « verdissent » leurs solutions pour atténuer cet impact. En parallèle des appels à la « sobriété » et autres plans pour la « soutenabilité » du numérique, on assiste à l’émergence d’un discours qui voit dans l’IA un outil au service de l’environnement : le rapport ‘AI for Energy’ du département de l'Énergie des États-Unis promeut l’intégration des modèles d’IA pour améliorer la gestion du réseau électrique et produire une « énergie propre » (clean energy). Cette situation génère une tension et des débats entre les promesses de l'IA comme solution pour divers problèmes globaux et ses coûts environnementaux croissants.

L'impact écologique des animaux domestiques est-il soutenable?

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"Le chat est une catastrophe pour la biodiversité, le chien est une catastrophe pour le climat", affirmait en décembre 2023 sur LCI François Gemenne, politologue et membre du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). La préoccupation à l’égard de de l’impact environnemental des animaux domestiques, notamment en raison de leur régime protéiné, monte, accompagnée de travaux scientifques sur le sujet. Certains travaux portent sur la mesure des impact et proposent des indicateurs, par exemple « ecological paw print (EPP) » qui fournirait une mesure de l’impact en termes d’émissions de carbone ou de gaz à effet de serre en calculant le nombre de m2 de terre agricole nécessaire à la production de la nourriture de ces carnivores ; d’autres indicateurs incluent des ressources telles que l’eau, ou encore l’espace de vie occupé par les animaux de compagnie. Certains explorent des régimes alternatifs (vegan, nourriture à base d’insectes) avec la visée est d’aller vers une gestion durable de la possession d'un animal de compagnie. En offrant une gamme de produits végétariens et vegan pour chiens et chats, l’industrie emboite le pas et mise sur l’expansion d’un nouveau marché. L’impact des animaux de compagnie sur la biodiversité est également abordé sous l’angle de l’étude de l’effet destructeur des comportements de chasse des chats sur les populations d’oiseaux et de petits mammifères sauvages. La presse se fait l’écho de ces travaux et nouvelles tendances, autant que des cris horrifiés et des mises en garde contre un régime « contre nature » néfaste à la santé des chiens et chats. La présidente de la SPA qualifie les propos de Gemenne « d’affirmations scientifiques provocatrices » ignorant les bénéfices reconnus à la présence des animaux de compagnie dans un foyer : amélioration de la santé mentale et physique, contribution au développement des enfants et adolescents, élargissement des réseaux sociaux…

La tarification progressive de l’eau : une solution pour concilier justice sociale et écologie ?

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En mars 2023, le gouvernement français annonçait la mise en place d'un "Plan Eau" dont l’un 53 objectifs (le 43ème) concerne la tarification progressive de l'eau : "Une tarification progressive du prix de l’eau permettrait d'inciter les consommateurs, particuliers ou acteurs économiques, à davantage de sobriété, qui est un levier majeur pour atteindre l'objectif de réduction de 10 % des prélèvements d’eau d’ici 2030" précise la saisine de la première ministre, à laquelle répond un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Le principe de la tarification progressive est d’offrir des premiers mètres cubes d’eau à bas tarif (voire mettre en place une gratuité), et d’augmenter le prix au-delà en fonction de la consommation. Comment évaluer que la tarification progressive de l'eau tient sa promesse de limiter le gaspillage ? Cette tarification est-elle inéquitable et pénalisante pour les foyers modestes, en particulier les familles nombreuses ? Dans quelle mesure l’eau est-elle, ou doit-elle être appréhendée comme un bien commun ? Plutôt que focaliser sur les volumes d’eau consommés, ne devrait-on pas davantage se préoccuper de la diversité de usages domestiques de l’eau - et faut-il définir des priorités ou usages essentiels ? – de même que sur la variété de la qualité des eaux ?

Le cuivre a-t-il sa place dans l'agriculture biologique ?

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L'usage des composés de cuivre (hydroxyde, sulfate et oxychlorure) dans l'agriculture conventionnelle en général, et dans l'agriculture biologique en particulier, soulève des questions complexes quant à la durabilité et l'impact environnemental de ces pratiques. Les agriculteurs bio, notamment les viticulteurs, qui ne peuvent recourir à des pesticides de synthèse, considèrent le cuivre comme un fongicide indispensable pour lutter contre des maladies telles que le mildiou. Cependant, la phytotoxicité du cuivre pour les plantes, et son accumulation dans la terre, constitue un risque et menace la biodiversité et la qualité des sols à long terme. Cette controverse se déroule sur fond de plan ministériel (Ecophyto), de réglementations européennes (Pacte vert), et de recherches d'alternatives au cuivre, conduites par les chercheurs en agronomie, les centres techniques et les producteurs depuis une vingtaine d'années.

Le recyclage du plastique peut-il tenir ses promesses ?

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Le développement de l'industrie du plastique au 20ème siècle est aujourd'hui largement critiqué par de nombreux acteurs. En cause, les dégâts du plastique sur la santé et l'environnement. Bien que le recyclage soit présenté comme une solution aux déchets plastiques, seulement une fraction est réellement recyclée, le reste finissant souvent dans des décharges ou les océans. Les caractéristiques qui rendent le plastique si attractif — sa stabilité, sa durabilité, sont aussi ce qui en fait un matériau si difficile à recycler. Le processus, non seulement souvent complexe et coûteux, peut aussi générer des gaz à effets de serre et d'autres polluants. Sont ainsi mises en controverse les promesses du plastique et des technologies de recyclage ainsi que le développement de matériaux alternatifs tels que les bio-plastiques.

Les zones à faible émission (ZFE), un outil pour la transition écologique ou un dispositif d'exclusion.

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La mise en place des zones à faibles émissions dans plusieurs villes françaises cristallise aujourd’hui les oppositions. D’abord implantées dans les pays scandinaves, ces zones constituent un instrument d’action publique mis en place pour lutter contre les conséquences environnementales et sanitaires du trafic automobile dans plusieurs métropoles françaises. Elles consistent à délimiter des zones au sein desquelles seront progressivement interdits des véhicules en fonction de leur niveau de pollution, fixé par des catégorisations de vignettes Crit’air. Elles ont été rapidement rebaptisées « Zones à fortes exclusions » par les opposants à leur mise en place, qui la décrivent comme une véritable « bombe sociale » produisant l’exclusion des populations périurbaines défavorisées dépendantes de l’automobile et sont devenues l’emblème d’une transition écologique se faisant au détriment des classes populaires périurbaines et rurales. En cause notamment, un marché des véhicules électriques dont les coûts seraient encore largement inaccessibles pour une partie importante de la population. Loin de se restreindre aux seules conséquences sanitaires ou à l’ « acceptabilité sociale » de ces mesures, la mise en place de ces ZFE soulève plus généralement la question de l’avenir de l’automobile, du type de transition souhaitable et des différentes manières de la réaliser.

Lutter contre l’échouage de dauphins, une affaire de pêche ?

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D'importants épisodes d'échouages de dauphins sont constatés sur le littoral atlantique chaque hiver depuis fin 2016. En cause pour certains acteurs : la pêche, dont les techniques entraîneraient des captures accidentelles, ce dont se défendent les pêcheurs. Cette situation mettrait en péril certaines populations de dauphins, particulièrement celles déjà en déclin, entraînant la mobilisation de nombreuses ONG environnementales. Les pêcheurs, quant à eux, dépendent de méthodes de pêche efficaces pour leur subsistance. La protection des dauphins, via de multiples initiatives et directives institutionnelles à différents niveaux (européens, nationaux), entre ainsi en conflit avec des enjeux économiques locaux. Les débats émergent autour de la nécessité de développer des outils et des techniques de pêche plus durables, permettant une coexistence avec les dauphins. Bien que cette controverse soit principalement située sur la côte atlantique de la France, elle trouve des résonances sur de nombreux littoraux dans le monde.

Nouvelles technologies génomiques, une voie possible pour la transition agricole ?

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"En 2023 et 2024, des scientifiques soutiennent dans des lettres ouvertes publiées dans presse les cultures issues des « nouvelles techniques génomiques » (NGT ou NBT selon l’acronymes en anglais) et la mise en place d’une réglementation européenne, au titre que les NGT sont non seulement sans danger, mais constituent un moyen d’accompagner la transition écologique. L’édition du matériel génétique des plantes pour les rendre plus résistantes ou améliorer leur rendement, expliquent ses partisans, consiste à désactiver un gène ou à transférer des gènes de même espèce sans ajout extérieur, à la différence des OGM (organismes génétiquement modifiés) transgéniques. D’intenses discussions ont eu lieu lors de l’examen d’une réglementation européenne sur leur usage, concernant notamment la nécessité d’instaurer leur traçabilité et un étiquetage, de procéder à une évaluation des risques, voire à d’une interdiction de certains brevets. Le sujet est encore loin d’être clos. Les opposants aux NGT, que d’aucuns qualifient de « nouveaux OGM », dénoncent le fait que « sans fondement scientifique » il soit décrété une équivalence avec les plantes conventionnelles. Organisations écologistes et syndicales représentant les petits exploitants critiquent une visée faisant fi des conséquences socio-économiques de leur développement, en particulier les risques de contamination des cultures « bio », d’augmentation de l’usage de pesticides et d’appropriation du vivant par l’agrochimie. L’édition génomique des NGT est-elle aussi précise que le prétendent leurs promoteurs ? Non, répondent-elles, ajoutant à l’appui d’un avis rendu par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) appelant à un traitement au cas par cas, qu’il subsiste de grandes incertitudes quant au fonctionnement du gène édité et aux interférences avec d’autres gènes. "

Que faire de la dette et du déficit budgétaire français ?

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La question de la dette croissante et du déficit budgétaire français qui ne réduit pas occupe la scène politique et économique depuis plusieurs mois. De profondes divergences d’appréciation se font jour : à l’heure où Mario Draghi appelle à un nouvel emprunt communautaire de taille pour financer les défis auxquels est confrontée l’Europe, certains ont tendance à minimiser l’importance du sujet ; pour d’autres, à l’inverse, la situation est catastrophique et appelle des mesures drastiques. Faut-il augmenter les prélèvements et lesquels ? De manière transitoire ou pérenne ? Faut-il réduire prioritairement les dépenses ? C’est l’un des dilemmes sur lesquels débattent les politiques et les économistes.

Starlink et constellations de satellites, une menace pour la recherche et l'environnement?

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Porté principalement par SpaceX et son réseau Starlink, le réseau internet par satellite vise à fournir une connectivité Internet rapide et fiable même dans les régions les plus reculées, où les infrastructures terrestres traditionnelles sont limitées ou absentes. SpaceX a déjà envoyé des centaines de satellites Starlink et continue de les déployer à un rythme soutenu à l’aide de fusées réutilisables. Des préoccupations émergent néanmoins de la part de collectifs de scientifiques qui accusent ces satellites lancés à faible altitude de perturber les activités d'observation de l'espace et alertent des risques de collusion en orbite. Les enjeux environnementaux, qu'il s'agissent de l'implantation de dômes terrestres de lancement, de l'entretien des satellites, ou de l'impact des lancements conduisent certains à demander l'implication d'institutions étatiques et internationales face au développement de ce secteur difficile à réguler.

Taxer les riches, une mesure faisable efficace de justice fiscale ?

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Impôt confiscatoire qui a conduit par le passé à la fuite de capitaux qui auraient pu être investis en France et générer de la richesse, pour les uns, l’ISF est appelé de leurs vœux par d’autres, qui attendent de son rétablissement et son renforcement une réponse à un impératif de justice fiscale, que chacun paye sa juste part d’impôt. Faut-il élargir l’horizon et, comme le préconisent d’anciens chefs d'État et de gouvernement des pays du G20 et des pays à haut revenu, instaurer un nouvel accord mondial visant à taxer les « ultra-riches », les personnes les plus riches au monde ?

Taxer les superprofits ?

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Une taxation sur les bénéfices des multinationales considérés comme « exceptionnels »? L’idée n’est pas neuve, commentent les analystes, mais le sujet est ravivé par des événements récents : inflation, conflits armés, crise énergétique, crise du COVID. Plusieurs pays, dont l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni, ont entrepris des réformes fiscales visant à taxer les « superprofits ». La France se montre plus hésitante, moins ambitieuse, disent les critiques. La solution à « deux piliers » proposée par l’OCDE est loin de faire l’unanimité parmi les experts. Leurs avis, notamment ceux des économistes, divergent quant aux moyens et enjeux d'une taxation des superprofits. Ils diffèrent aussi sur les modalités de calcul, les estimations avancées sont très variables. Aux critiques, certains hommes politiques répondent qu’il faudrait d’abord s’entendre sur ce que signifie « superprofits », quand bien même des chercheurs soulignent que dans le monde académique on évite d’user de ce terme, le renvoyant à l’arène politique.

Travailler 32h par semaine, une bonne idée pour les salariés et l'économie?

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Le Nouveau Front Populaire, la CGT, le collectif d’ONG PJC [Plus jamais ça] – Alliance écologique et sociale, comme certains économistes revendiquent la semaine de 32 heures, c’est-à-dire une réduction de la durée hebdomadaire du travail sans baisse de rémunération. Cette revendication, si elle était suivie des faits, signerait pour d’autres, comme l’Institut Montaigne ou l’ancien président du MEDEF, la perte de notre économie. Prendre le temps de vivre, mais aussi préserver l’environnement et transformer la société, une réduction du temps de travail est également vue comme un levier de réduction des inégalités femmes-hommes, un moyen de prendre en compte les évolutions technologique, de réduire la pénibilité ou encore de lutter contre le chômage. Observateurs et analystes se penchent sur les expérimentations existantes. Le passage aux 32 heures, soulignent-ils, ne signifie pas systématiquement une réduction du travail demandé : il peut conduire à une augmentation du stress au travail et à plus long terme au burn-out. Se traduira-t-il par l’instauration de la semaine des 4 jours, une diminution du nombre d’heures travaillées par jour, une flexibilité des horaires ? Certains alertent contre une compression en quatre jours du même volume d’heures travaillées normalement en cinq, comme dans une partie des expériences réalisées sous l’égide de « The 4 Day Week » dans certains pays anglo-saxons. D’autres s’alarment du coût du passage aux 32 heures : qui en serait le payeur ?