Les mesures européennes pour réduire la surexploitation des océans consistent essentiellement à durcir les règles des quotas pour réduire la quantité de poissons pêchés dans les eaux européennes en 2012. Ces mesures suffiront-elles à faire reculer le “Fish dependence day” (date à partir de laquelle la France a fini de manger son stock de poissons pour l’année et doit importer sa consommation) qui a dangereusement avancé ces dernières années : 6 septembre en 1990, 25 juillet en 2000 et 13 juin en 2011.
Quotas, réduction des capacités de pêche (l’Europe dépense des millions pour encourager la destruction d’une partie de la flotte de pêche après avoir dépensé des sommes énormes pour encourager la construction de bateaux de plus en plus gros …), mesures pour empêcher le rejet à la mer des poissons morts et des pêches collatérales : pour un consultant en pêcheries, conseiller politique d’Ocean2012 (coalition européenne regroupant une centaine d’organisations luttant contre la surpêche), ces mesures sont insuffisantes et inadaptées et il faut repenser intégralement la politique commune de pêche: il propose, avec d’autres, de faire prévaloir le critère environnemental, là où étaient principalement pris en compte les critères économiques et sociaux. Contre une approche en quotas qui donnent des droits de pêche pour une année, pour une espèce et une zone données, il propose de raisonner en termes d’écosystèmes, la surpêche dans une zone ayant un impact sur les autres stocks de poissons.
Les connaissances sur les stocks halieutiques, leur évolution, les moyens d’action sur les facteurs permettent-elles de fixer les politiques de pêche et de les faire reconnaitre à l’échelle internationale ? L’instauration d’un marché de quotas individuels de pêche à partir de 2013 par la commission européenne contribuera-t-elle à limiter significativement la surexploitation ? Peut-on encore (et doit-on) sauver les poissons (et les pêcheurs) en passant d’une politique « socio-économique » à une politique environnementale ? Sous quelles conditions est-ce acceptable ? Faut-il conditionner en partie l’obtention des droits de pêche au respect de critères écologiques permettant une pratique de « pêche durable » ?