En 2015, suite aux engagements du Grenelle de l’environnement pris en 2007, le label « Haute Valeur Environnementale » (HVE) est proposé par le Ministère de l’Agriculture (et de l’alimentation) pour encourager les établissements agricoles à prendre compte de nombreux critères environnementaux. Sur une ligne différente du label AB (Bio) qui vise essentiellement la non-utilisation de pesticide et d’OGM, le label HVE a pour cible l’amélioration de la biodiversité, promouvant une large gamme de pratiques, d’outils et de semences. A sa sortie, le label HVE est porteur de nombreux espoirs : il est endossé par les associations pour la protection de l’environnement telles France Nature Environnement, Greenpeace et WWF. En quelques années, le label connaît un grand succès, de nombreuses exploitations agricoles se mettant en conformité. Pourtant, en 2020 le label HVE est sous le feu des critiques : les associations environnementales retirent leur soutien et s’associent à la Confédération Paysanne pour dénoncer « le label du greenwashing écologique ». Selon un nombre croissant d’acteurs, le label HVE ferait concurrence au label Bio, avec un cahier des charges bien moins exigeant, et induiraient les consommateurs en erreur. Les labels ne seraient pas complémentaires, mais concurrents. Au contraire, les promoteurs du label HVE vantent un cahier des charges flexible, enclin à favoriser la transition de l’agriculture conventionnelle vers un modèle plus vertueux, ce que ne pourrait permettre la rigidité du label bio. Le label HVE est-il trompeur pour les consommateurs ? Comment accompagner la transformation de l’agriculture conventionnelle vers des modèles plus responsables environnementalement ? Les labels sont-ils des outils pertinents dans l’écologisation des pratiques agricoles ? Le controverse HVE et ses multiples ramifications (médiatiques, juridiques, techniques, administratives) donne l’occasion d’interroger les modalités de la bifurcation des organisations industrielles.