Les innovations dans les techniques de pêche industrielle font l’objet de controverses de longue date, depuis le chalutage en eaux profondes jusqu’aux débats actuels sur la senne danoise, en passant par la pêche électrique ou la pêche au jet d’eau haute pression. Alors que ces techniques sont prisées pour leur efficacité, les associations de défense de la biodiversité marine dénoncent leurs effets dévastateurs, notamment liés à leur incapacité de cibler certaines espèces. Dans le même temps, ces techniques sont décrites comme une menace contre la pêche dite artisanale, dont le sort était déjà engagé par la question des quotas, mais dont les contours demeurent difficiles à définir. Tandis que certains pêcheurs se voient ainsi constitués en alliés de la biodiversité marine, le débat gagne des arènes et des sujets multiples. Les politiques européennes et l’influence des lobbies sont directement pointées du doigt, mais les pratiques de consommation sont également questionnées : les débats sur les techniques de pêche engagent progressivement des modèles politico-économiques globaux, en même temps qu’une écologie dont le sort est lié à la sociologie d’une profession. Peut-on favoriser, voire exacerber un modèle extractiviste qui consiste à ravager les écosystèmes marins pour se procurer toutes espèces de poisson en toute saison ? Ne faut-il pas au contraire modérer la demande en l’ajustant sur les capacités d’une pratique de pêche raisonnée ? Ne serait-il pas préférable d’abolir toute forme de pêche ? L’examen précis des questions techniques, économiques, politiques et autres qui animent les débats sur les techniques de pêche révèlera des lignes de fracture parfois mouvantes.