Attribution des savoirs aux autres : expériences de Povinelli

Les tests

Le dispositif expérimental de ces tests menés vers 1990 par Povinelli est simple. Quatre récipients peuvent contenir ou non de la nourriture. Au début, deux humains sont présents : l'un sera le parieur et l'autre l'initié. Le parieur sort pendant que l'initié, qui tient la friandise à la main, la cache sous le regard des singes, en prenant soin toutefois d'interposer son corps entre les animaux et les bols pour qu'ils ne voient pas dans lequel la friandise est cachée. Puis le parieur revient. Les deux hommes montre un bol : l'initié montre le bon, le parieur en prend un au hasard. Les chimpanzés apprennent à se fier davantage à l'initié qu'au parieur.
Mais les chercheurs s'interrogent : le chimpanzé fait-il confiance à l'initié parce qu'il a compris que l'initié sait, ou parce qu'il a constaté empiriquement que l'expérimentateur qui restait dans son champ de vision tout le temps donnait les bonnes informations ?
Pour mieux cerner les compétences des singes, un nouveau protocole a été imaginé par Povinelli : le parieur et l'initié restent tous deux dans la cage, mais le parieur se recouvre la tête d'un sac en papier. Trois quart des singes distinguent encore le parieur de l'initié dans ces conditions. Cette expérience, selon J Vauclair et B Deputte, qui la relatent et l'interprètent dans " se représenter et dire le monde ", Aux origines de l'humanité, le propre de l'homme, plaide en faveur d'une capacité des singes à se représenter l'état de connaissance de l'autre.


Remarques & réactions

Cependant, huit ans après, alors que les tests qu'ils a menés sont utilisés par plusieurs scientifiques (Vauclair et Deputte mais aussi Gallup) pour plaider pour une conscience de soi chez les chimpanzés, Povinelli publie un arcticle où il nie que les primates attribuent des états mentaux aux autres. On se reportera à la description de ces recherches où d'ingénieux dispositifs permettent d'essayer de cerner plus précisément ce que peuvent prendre en compte les singes lorsqu'ils réagissent aux états de l'autre (s'imaginent ils vraiment ce que peut savoir l'autre ou utilisent-ils des indices comportementaux ?)