Le régulateur de vitesse
 
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Le profond scepticisme d'un professionnel

 

Journaliste essayeur au sein de la rédaction de l'Automobile-Magazine, parfait connaisseur de la marque au losange, Christophe Congrega a accepté d'analyser pour nous les faits qui se sont déroulés dimanche soir sur l'A 71 tels qu'on les connaît. Il fait part sans ambages de son profond scepticisme.

« Nous avons là une conjonction très improbable d'événements. Il faut en effet comprendre qu'une unique panne ne suffit pas à rendre défaillants tous les systèmes électroniques incriminés. Il s'agit de calculateurs indépendants, il faut donc plusieurs pannes. Et dans cette hypothèse, au lieu de les bloquer, leurs systèmes d'autodiagnostic devraient les débrayer. La loi l'impose, une voiture doit pouvoir s'arrêter.

« Imaginons malgré tout que le régulateur de vitesse se bloque à 190 km/h et qu'il soit impossible de le déconnecter. Imaginons que le bouton stop soit inopérant (NDLR : les VelSatis ne sont plus équipées de clés, mais d'une carte électronique et d'un bouton de démarreur. Il suffit normalement d'appuyer cinq fois de suite sur celui-ci pour couper le moteur). Imaginons encore que le système d'urgence du frein de parking, électronique sur la VelSatis, soit lui aussi inopérant. Imaginons toujours qu'il soit impossible de repasser la boite de vitesse automatique proactive, qui équipe ce modèle, en mode séquentiel ce qui autorise le rétrogradage manuel.

" On doit pouvoir stopper la voiture même lancée à pleine vitesse "

« Imaginons cette conjonction extraordinaire d'événements. Malgré cela, on doit pouvoir stopper la voiture, même lancée à pleine vitesse.

« On peut d'abord faire passer la boîte automatique du mode " drive " au mode " neutre ". Il s'agit là d'une commande purement mécanique, à partir du levier de commande de boîte, qui agit sur un câble qui va en quelque sorte déconnecter de moteur de la transmission. Le moteur aura beau tourner, les roues ne seront plus entraînées ! Je ne connais pas l'architecture de la boîte à fond, mais je suis à 99 % sûr qu'aucun système électronique éventuellement défaillant n'est capable d'interdire cette manoeuvre.

« Deuxième solution : les freins ! Même à haute vitesse, même si le moteur accélère à fond, ils sont capables de stopper la voiture. La loi impose en effet aux constructeurs de très largement surdimensionner leurs systèmes de freinage. Pour faire simple, disons que sur une telle voiture, qui dispose d'une puissance de 180 CV, la puissance de freinage est équivalente à 800 à 900 CV ! En écrasant la pédale de frein, on s'arrête donc forcement. D'autant plus que, même si l'assistance au freinage d'urgence, électronique, est en panne, l'assistance classique, purement mécanique elle, fonctionne forcément. La manoeuvre est donc relativement aisée.

« On peut éventuellement imaginer que l'ABS, électronique, soit lui aussi défaillant et que, détectant un blocage des roues imaginaire, il interdise le freinage. Mais cela me paraît hautement improbable : en cas de défaillance l'ABS doit au contraire se déconnecter.»

 

Date : 6 octobre 2004
Paru dans : La Nouvelle République du Centre Ouest
Acteur : Presse généraliste

 

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