Conférence de Claude Jablon au Salon Européen de la recherche et de l’innovation
Nous avons assisté à une conférence donnée par Claude Jablon, le Directeur scientifique du groupe Total.
Le thème de la conférence était : Le pétrole a-t-il encore un avenir ? Certitudes et inconnues sur l’évolution futures des énergies fossiles.
La conférence a durée dans son intégralité 45min : 25 min d’exposé suivi de 20min de questions du public.
Le pétrole a-t-il un avenir ? Claude Jablon répond à cette question par l’affirmative ! OUI le pétrole a encore un bel avenir devant lui. Il veut nous en convaincre.
Dans une première partie de son exposé, Claude Jablon évoque les sujets d’inquiétudes qui alertent le grand public.
Il en dénombre trois : le prix du pétrole, le problème des réserves de pétrole incluant les maxima de production encore connus sous le nom de peak oil et enfin le problème de rejet de gaz carbonique dans l’atmosphère.
En ce qui concerne les prix, Claude Jablon souligne que le prix du baril a toujours connu des poussées vers le haut et des accès de déprime depuis les débuts de son exploitation au milieu du XIX e siècle. Cela dépend de l’offre et de la demande. Par exemple, dans les années 1975-1980, le baril a beaucoup augmenté à cause de la guerre Iran-Irak en passant à 40 dollars. Mais la hausse fut de courte durée car le prix du baril retomba à 12 dollars quelques années plus tard. De plus, la question de la fin du pétrole bon marché est mise sur le tapis à chaque hausse du prix du baril. Pour Clause Jablon, il ne s’agit pas de la fin d’une ressource mais plutôt de variation de l’offre et de la demande sur le marché économique.
Les éléments d’incertitudes qui portent sur les réserves sont de trois types : technique, économique et politique. En ce qui concerne l’univers technique, Claude Jablon indique que les connaissances au niveau d’un champ varient beaucoup au cours de l’exploitation. Au début de l’exploitation du champ, les données sont relativement minces puis au fur et à mesure de la production, les informations se font plus nombreuses. De plus, la notion de réserves n’a de sens que par référence à un certain prix du baril. Il y a une grande corrélation entre le chiffre des réserves et la donnée économique qu’est le prix. Le club de Rome et son rapport Meadows prévoyaient la pénurie de certaines matières premières. Pour Claude Jablon, les auteurs de ce rapport ont oublié un détail important : la variation du prix des matières premières. C’est un exemple de l’importante de la variable économique dans les prévisions. On peut aussi noter que par exemple, le choc pétrolier de 1973 a provoqué une relance de la production notamment en incitant les exploitants à se lancer dans l’exploration de nouveaux gisements en mer du nord. Restent des éléments d’ordre politique. Aujourd’hui, un cartel puissant influe largement sur l’univers du pétrole : l’OPEP qui fixe des quotas de production sur ses pays membres. Ces quotas sont assis sur ce que produisent les pays. C’est pour cela qu’on observe une augmentation fictive des réserves afin d’augmenter les quotas de production. On voit donc que les estimations sont entachées d’énormément d’incertitudes.
Quand on parle de maximum de production on fait souvent référence à la méthode de Hubbert. Claude Jablon souligne d’abord que la prévision faite par King Hubbert en 1956 portait sur le territoire des Etats-Unis d’Amérique hors Alaska et non sur le monde entier. De plus la prévision s’est avérée exacte alors que de nombreux changements que King Hubbert n’a pas pris en compte ont malgré tout eu lieu entre temps. Claude Jablon précise tout de même que si l’on considère l’ensemble des Etats-Unis, Alaska comprise, Hubbert est « passé à côté »… Plus récemment, cette méthodologie a été reprise à l’échelle de la planète.
Claude Jablon présente en quelques mots la position de Total : le peak oil mondial aura lieu dans 15 ou 20 ans. Cela ne sera pas le signe de la fin du pétrole mais simplement le signe que le pétrole se raréfiera. A ce stade, le prix du pétrole augmentera de façon durable mais non pour des raisons politiques ou conjoncturelles mais bien parce que le pétrole se fera plus rare.
Le problème du dioxyde de carbone atmosphérique est largement abordé au cours de cette conférence : c’est une expérience géophysique en vraie grandeur qui se déroule sous nos yeux mais ils nous faut appliquer le principe de précaution en diminuant les émission de dioxyde de carbone.
La deuxième partie de l’exposé porte sur les pistes de réflexion qui peuvent nous rassurer. Déjà, il nous faut faire des économies d’énergie pour plusieurs raisons :
- Notre façon de consommer l’énergie conduit encore à trop de gaspillage
- Cela retarde le peak oil
- Cela diminue l’émission de dioxyde de carbone.
Beaucoup de choses restent à faire : prévoir des bâtiments qui gaspillent moins l’énergie, faire des progrès dans le milieu des transports
Ces progrès peuvent avoir aussi lieu dans l’exploitation même des champs pétrolifères :
- Mieux récupérer le pétrole des champs que l’on exploite déjà par une amélioration des techniques
- Faire plus d’exploration
- Développer l’exploitation des bruts non conventionnels
Les évolutions possibles peuvent provenir de la diversification des sources d’energie (Charbon, nucléaire, énergie renouvelables)
Le pétrole ne sera plus utilisé que pour ses fonctions nobles c’est-à-dire le transport et la pétrochimie.
De plus les méthodes de production d’énergie fossile devront dans le futur intégrer la capacité de stocker le CO2
Il faut aussi noter quelques chiffres : les réserves en charbon représentent en quantité d’énergie 3 à 4 fois les réserves de pétrole et de gaz.
Les schistes bitumineux dont l’exploitation est encore en phase de recherche et de développement pourrait représenter une réserve équivalente à ce que représente l’Arabie Saoudite.
Voir la biographie de Claude Jabelon
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