Synthèse : Quand les réserves pétrolières mondiales seront-elles épuisées ?
La controverse porte sur l’estimation d’une date : celle de l’épuisement des réserves pétrolières. De manière très globale, on perçoit déjà les grands enjeux : pour déterminer cette date encore faut-il connaître la quantité de pétrole en place mais aussi la consommation et son évolution dans les années à venir. Mais ces deux variables sont loin d’être faciles à déterminer : quelles réserves prendre en compte (pétrole conventionnel, huiles lourdes schistes bitumineux) ? Sur quel progrès des technologies peut-on compter ?
De plus, tous les facteurs influent les uns sur les autres : si la consommation augmente, l’offre diminue, les prix augmentent et les compagnies pétrolières faisant plus de bénéfices investissent plus dans la recherche. De même, des prix plus élevés permettent à certains types de pétrole de devenir rentables économiquement : de nouveaux producteurs entrent en scène.
C’était sans compter sur les aspects politiques et stratégiques au cœur de cette controverse : les enjeux sont tels et la richesse étant inégalement répartie que des conflits d’intérêts perturbent la détermination de la date de l’épuisement.
Pour simplifier le problème, tout le monde s’accorde à dire que la date importante n’est pas la fin du pétrole mais le début de la déplétion (diminution de la production après son apogée). Cette date est au moins aussi importante que celle de la fin du pétrole et y est bien sur liée. A partir de cette date, le pétrole sera considéré comme une denrée rare : la production mondiale ne pourra plus satisfaire l’offre.
Nos incertitudes sont donc triples :
- Technique : Comment trouver tous les champs du monde ? Comment déterminer précisément leurs réserves pour chacun d’eux ?
- Economique : Comment déterminer l’évolution de la consommation mondiale ? Comment prévoir le prix du baril au cours des décennies qui viendront ?
- Géopolitique : comment prendre en compte des événements géopolitiques comme les guerres dans notre prévision ? Comment accéder à des informations non biaisées pour des raisons politiques ?
Malgré toutes ces incertitudes tout le monde donne son avis que ce soit pour alerter, pour rassurer, pour temporiser ou pour gagner sa vie…Cependant certains refusent même d’évoquer le peak oil. Les positions de chacun des groupes d’acteurs sont résumées dans la cartographie.
Olivier ABEL, rencontré peu avant l’échéance de notre travail dans une conférence de l’association 4D, nous a permis de mettre le doigt sur un autre facteur. En effet, le problème est aussi éthique et moral et ce pour plusieurs raisons. D’abord gérer une crise qui pourra mener à des périodes de violence sur la planète demande une remise en cause de nos modes de vie. De plus, Olivier ABEL a souligné un autre point : nos sociétés ont eu tendance à baser leur vision de l’avenir sur la croissance atteinte par des raisonnements scientifiques rationnels. Il préconise une vision sous un autre angle : « un comportement de compromis » où chacun devra accepter d’abandonner peut-être une certaine de son confort.
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