Les Majors

Total

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Données économiques 2005 :

  • chiffre d’affaire : 143 milliards d’euros
  • revenu net : 12 milliards d’euros
  • ROCE : 27%
  • rapport dette/fonds propres : 27%

 

En comparaison aux deux majors précédentes, Total semble communiquer beaucoup plus sur la fin du pétrole (à moins que ce soit le fait qu’ils communiquent en français, et donc que je comprends tout…). Une revue en ligne, « Energies », est éditée régulièrement et aborde tous les thèmes se rapportant aux différentes sources d’énergie. Dès le premier numéro en 2003, il est question d’une forte augmentation de la demande mondiale en pétrole dans les années à venir (demande doublée voire triplée d’ici 2050), ce qui impliquerait « une véritable crise énergétique » si on n’anticipe pas, et si l’on ne change pas radicalement nos comportements en matière énergétique. Le numéro sorti en mars 2005 est intitulé : « approfondir la question du pétrole ». Il revient longuement sur la hausse de la demande mondiale d’énergie :

  • la hausse moyenne de demande mondiale a triplé en peu de temps : 660 000 barils par jours entre 1999 et 2002 ; 2,24 millions entre 2003 et 2004 (donnée AIE)
  • les importations de la Chine et de l’Inde sont passées de 2,6 millions de barils par jour en 2002 à 4,9 millions en 2004
  • Total met l’accent sur le point suivant : pour la première fois de son histoire, l’OPEP est à son maximum de production et perd donc sa capacité à réguler les prix du marché.
  • un point rassurant : « le pétrole n’est pas rare » ; il existe 2400 milliards de barils en place, dont 1000 ont déjà été exploités !

On remarque immédiatement que les chiffres diffèrent entre Exxon/Mobil et Total : 800 milliards de barils de différence ! De plus, Total est la seule major à évoquer le rôle de l’OPEP de manière développée.

Une autre publication de Total en 2005 est son « Rapport sociétal et environnemental sur le futur énergétique ». Selon ce rapport, les énergies fossiles ont encore un bel avenir. Le peak oil est évoqué sans remise en question : il devrait survenir dans quarante trois ans, ce qui est un bon résultat car cette durée a augmenté de quinze ans sur les trente dernières années. Le déclin des réserves d’hydrocarbures est repoussé grâce à deux éléments sur lesquels Total insiste beaucoup :

  • l’amélioration des technologies, et un énorme savoir-faire dans la récupération des « pétroles de l’extrême »
  • la possibilité d’exploiter les sables bitumineux en Athabasca

Pour finir, un extrait de l’interview de Thierry Desmarest, PDG de Total, concernant les enjeux du XXI e siècle :

L’industrie pétrolière se trouve donc confrontée à un véritable dilemme : fournir aux pays émergents le pétrole indispensable à leur développement sans épuiser trop vite les réserves mondiales. Dans cette perspective, la question de la disponibilité des réserves physiques de brut n’apparaît-elle pas cruciale ? Car les réserves de pétrole ne sont pas inépuisables…

Ni épuisées, loin s’en faut ! Et les hydrocarbures ont encore un bel avenir devant eux ! Les réserves de pétrole et, plus encore, de gaz demeurent très importantes. Nous disposons actuellement de réserves suffisantes pour nous assurer quarante-trois années de consommation de pétrole et près de soixante-cinq années de consommation de gaz. Dans les années 70, nous n’avions que vingt-huit années de consommation de pétrole devant nous. Nous parlons ici de réserves prouvées, c’est-à-dire susceptibles d’être mises en production avec les techniques actuelles. Certes, les réserves de pétrole ne sont pas infinies et les territoires vierges de toute exploration se font rares, tout comme les découvertes de gisements géants. Mais les progrès considérables réalisés dans les techniques d’exploration et de production, notamment en matière d’imagerie sismique et de simulation du comportement des réservoirs, ont permis une meilleure connaissance des gisements et une amélioration sensible du taux de récupération des hydrocarbures, allongeant sans aucun doute la durée de vie des réserves. Vraisemblablement, d’autres innovations technologiques nous aideront à repousser les limites imposées par la nature. Quant au fameux pic de production du pétrole, que certains experts fixent en 2010 et d’autres en 2040, je le verrais plutôt vers 2020-2025, à condition de contenir l’augmentation annuelle de la demande autour de 1,5 million de barils/jour. Pour le gaz, il devrait intervenir une quinzaine d’années plus tard, vers 2040.

Son estimation du pic de Hubbert est donc différente de celle communiquée par son entreprise…

 

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