Nous avions enregistré l’interview de M. Préel. En voici une retraduction mot pour mot !
Presentation
-Alors… Mr Montaud vous avait fait passer le mail que j’avais envoyé…
-Oui oui, tout à fait !
-…pour expliquer… Pour une controverse, on étudie un sujet controversé. Il ne faut pas spécialement répondre au sujet, heureusement, parce que la fin du pétrole, on ne peut pas y répondre précisément, il faut simplement étudier la question, les acteurs, cartographier ce qui se passe autour de la question.
-D’accord, très bien… C’est sympa comme démarche ! De quel cours ça fait partie ?
-Ca fait partie du centre de sociologie.
-Sociologie ! C’est bien ça !
-C’est la composante transverse de l’école ! Oh, ça peut parler de tout vous savez. Il y en a qui travaillent sur le foie gras pour tout vous dire…
-Ah, ben ça c’est pas mal... Je ne sais pas s’il y a une composante transverse mais il y a quelques agréments… Non non, je trouve que c’est une bonne idée de faire cela. Et c’est vrai, quand on lit les journaux…Les journalistes qui doivent rendre compte d’un sujet… Dans la plupart des cas, ils prennent en tout cas les différentes perceptions, les différents discours et puis essayent de faire une synthèse aussi bonne que possible. Et ce n’est pas toujours un exercice très facile. Et c’est vrai quand on est dans l’industrie, on a ces choses là mais c’est presque plus souvent des réflexions personnelles qu’autre chose. C’est vrai que quand on est dans un groupe humain, on a tendance à se créer une espèce de consensus interne avec lequel on vit bien, comme d’ailleurs après dans la vie privée donc… les gens ont tendance à créer des certitudes avec lesquels ils peuvent survivre et vivre bien et puis ils vivent avec ça et ça donne des certitudes marquées dans le marbre…Mais le monde est plus incertain que ça…. Non je dis ça parce que à la réflexion, j’ai quelques années de plus que vous, malheureusement ou heureusement … c’est vrai que quand j’avais votre age, ayant fait des études scientifiques, j’avais plutôt tendance à penser qu’il y avait qu’une seule vérité et rien qu’une seule vérité. Mais je pense que la réalité humaine et la manière dont les sociétés évoluent sont faites de plusieurs vérités, de groupes de pression et chacun pensant avoir raison… et après il y a une espèce de décision moyenne ou médiane qui se fait et c’est avec ça qu’il faut vivre après quoi.
-C’est exactement ce qu’on nous a dit pour présenter la controverse.
-Alors là, ça devait être quelqu’un qui a mon âge au moins…(Rires)
-Donc, nous ça porte sur le temps qu’il nous reste avant… enfin avant la fin de l’ère du pétrole, mais on s’est rendu compte au cours de nos recherches qu’on pouvait aussi s’intéresser à la date du pic de Hubbert, du Peak Oil qui pouvait être révélateur. On s’est rendu compte qu’il y avait deux types de grands facteurs qui influaient, des facteurs purement scientifiques : Combien il y a de pétrole dans tel champ et après il y a des tas de facteurs complètement différents difficiles à prendre en compte comme tous les critères démographiques, économiques, politiques, etc.…
Et c’est un peu avec les deux facteurs qu’on aimerait bien mener l’interview, on a prévu un petit plan pour progresser … on aimerait bien partir de comment on détermine les réserves au niveau d’un champ, puis passer à comment on détermine les réserves au niveau mondial et enfin comment on détermine l’estimation du temps. Donc voilà trois axes qu’on aimerait bien explorer avec vous.
-Très bien.
-Allons y, vous êtes bien préparés …
Opérations à l'échelle d'un champ
-Donc au niveau physique des réserves et de l’huile en elle-même, on va commencer à l’échelle d’un champ tout simplement, en fait on aimerait bien avoir des informations sur ce qui se passe, quelles sont les opérations faites pour estimer la taille du champ, le réservoir, dans quel ordre…
-Très brièvement donc … D’abord, ce qu’il faut bien voir déjà, et j’insiste là-dessus parce qu’il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas ça mais on est entre 2000 et 6000-7000m sous terre, donc en particulier. Ce ne sont pas des réservoir comme on peut en voir ou des cuves quoi… Donc il y a un facteur d’incertitudes qui est absolument fondamental dans nos métiers… pour la raison très simple que je viens d’expliquer, c’est parce que ce sont des choses qui sont sous sol, qu’on ne peut pas voir donc. L’aventure pétrolière commence par de la géologie, donc ce sont des gens qui estiment… _vous êtes bien placés à l’Ecole des Mines pour savoir ce que c’est_ enfin qui essayent de savoir dans quel type de réservoir, quel type de dépôt sédimentaire le pétrole a pu se déposer et puis aussi être piégé. Pour qu’il y ait encore du pétrole qui reste aujourd’hui, il faut non seulement qu’il y ait eu formation de pétrole, et aussi un piège pour faire en sorte que le pétrole ne soit pas remonté à la surface et qu’il ait disparu… Parce qu’il y a déjà eu une énorme quantité de pétrole qui a déjà disparu comme cela. Donc, pour faire ça on fait de la sismique…Cela permet à peu près de cartographier les niveaux du sous sol, et puis des modèles géologiques qui nous disent finalement, là dedans, il peut y avoir tel type de réservoir, tel type de pétrole, et puis après on fore pour vérifier si la théorie est bonne ou pas, et on essaie de ne pas trop se tromper, puis une fois qu’on a ça, et bien en fait, qu’est ce qu’on a ? On a une cubature, un volume de roches imprégnés de pétrole, je vous dis ça, c’est pour montrer comment on arrive aux réserves… Donc on a un volume imprégné de pétrole, dans ce volume, ben il y a beaucoup de roches d’abord, parce que là encore, le pétrole ce ne sont pas des cuves souterraines mais des microgouttelettes qui sont intimement liés à la roche elle-même, donc il y a un facteur de volume. Et donc on arrive à partir de volume total de roches imprégnées, à déduire le volume total de pétrole et donc ça, c’est ce qu’on appelle l’initial oil implesed…ou initial gas inmplezed ? Initial parce que du moment ou on va le produire, la valeur initiale reste et vous comprenez bien que c’est le maximum de ce qu’on peut extraire.
Et puis après, là c’est ce qu’on appellerait le facteur statique, géologique… là-dessus, il y a la technologie d’exploitation, la technique mise en œuvre pour exploiter ce pétrole, qui va permettre de récupérer une partie de ce pétrole…. Et comme vous le savez, on ne récupère pas 100% de ce pétrole… donc il y a toute sorte de taux de récupération, on estime en moyenne qu’aujourd’hui, on est aux alentour de grosso modo un tiers de taux de récupération, ça dépend beaucoup du gisement, de la viscosité de l’huile, ça dépend des schéma de développement, et donc il y a beaucoup de facteurs qui jouent, mais il est clair que moi je vous dis ça mais on va y revenir par la suite, il est clair que dans l’évaluation justement pétrole qui peut in fine être produit, et mis à la disposition des utilisateurs et donc de l’estimation du peak oil, le taux de récupération est une variable très importante…
Alors, juste un exemple, si on fait la comparaison avec le gaz, c’est peut être pas le thème de votre propos mais sachez que grosso modo, pour le gaz, le piégeage est le même, les mécanismes géologiques sont les mêmes, mêmes si les conditions de températures et de pressions sont différentes. Il faut avoir des températures plus chaudes, et des pressions supérieures pour avoir du gaz. De plus, le gaz est bien plus mobile que le pétrole, et beaucoup moins visqueux. On a des taux de récupérations qui sont de l’ordre de 70-80%. Donc c’est une bonne nouvelle en soit, puisque on a des meilleurs taux de récupérations, la nouvelle est moins bonne lorsque l’on se dit : qu’est ce que la technologie peut apporter dans l’amélioration du taux de récupération, dans le report du peak gas. Puisqu’il y a aussi le peak gas dont on en parle moins, on a bien raison d’en parler moins. Mais il est important aujourd’hui de voir que le fait d’être à 35% de taux de récupération pour le pétrole est plutôt un facteur d’optimisme, pour la technologie et pour le pétrole supplémentaire qu’on pourra exploiter…
Mais ceci étant, je ne pense pas qu’on puisse arriver un jour à 70% hein ? Personne ne sait vraiment, pour être tout à fait clair, ce à quoi on pourrait arriver, alors les Norvégiens ont fait beaucoup de choses, ils disent qu’ils veulent arriver à 45-50%... dans leurs champs en Norvège… Mais ils ont des champs qui sont plus faciles en général que les autres.
Je dirais que si on arrivait au niveau mondial à gagner 10 points, c'est-à-dire passer de 35 à 45, ce serait déjà bien… Alors, 35 à 45%, ça ne fait pas 10% de pétrole en plus, ça fait un tiers de plus de pétrole…. C’est élémentaire mais il y a beaucoup de gens qui font cette erreur là… Donc ça fait beaucoup…. Et c’est ça les enjeux.
-Mais toutes ces opérations… C’est mené en interne ? Total les mène seul ou …
-Lesquelles ? On a décrit beaucoup d’opérations là.
- Tout ce qui est géologie, sismique, forages… Total a sûrement des géologues, des géophysiciens, des…
-Non non, effectivement, on fait appel à ce qu’on appelle le secteur parapétrolier, tout ce qui regroupe les services pétroliers qui vont notamment de la parasismique … jusqu’aux gens qui nous construisent les plateformes, aux gens du forage… Par analogie, c’est comme si vous étiez hôtelier quoi…Vous êtes hôtelier, vous faites construire votre hôtel, vous savez quel type d’hôtel vous voulez… C’est pas vous qui avez la bétonneuse et… vous n’êtes pas non plus en train de produire vos draps et vos couvertures… Donc chacun son métier. Effectivement, on prétend savoir de quoi on parle, donc on détermine clairement les besoins que l’on a pour d’abord faire de l’exploration efficace, puis de développer les champs, l’exploiter et produire… Et ça c’est vraiment le savoir faire d’une boite pétrolière. Mais des boites comme la CGG par exemple, leur savoir faire, c’est de faire de l’acquisition de données pour faire de la sismique, pour mettre ces données dans des modèles géologiques pour savoir ou se trouvent le pétrole, il y a TECHNIP qui fait des installations pétrolières de production, Forex qui fournit des rigs de forages….
Il y a tout un monde de services pétroliers quoi… Et notre métier de base, c’est l’exploration, la découverte de gisements et l’exploitation des gisements. L’exploitation dans la durée… Sachant que cela se produit sur 20-30-40 ans. Et là, c’est vraiment le métier de petrol engineers, c’est de savoir exploiter au mieux la ressource pétrolière, en fonction des contraintes et des objectifs qui peuvent nous être fixés.
-Je voulais revenir sur le taux de récupération, vous devez avoir des laboratoires de recherches qui travaillent sur l’amélioration justement de ce taux, et jusqu’à présent, à chaque fois qu’il y a eu une amélioration du taux de récupération, est ce que ça nécessitait d’avoir beaucoup d’investissement matériel en plus ou est ce que la nouvelle technique pouvait s’appliquer sur le matériel qui est déjà en place ?
-Ca dépend, il n’y a pas de recettes miracles mais en général, on n’a rien sans rien, il y a toujours un petit bout d’investissement mais ça peut être des choses très simples. Quelques fois, il s’agit d’augmenter la capacité des installations de surface en faisant des opérations très simples, puis ça peut être des développements supplémentaires considérables…
Sur un facteur de durée, on a sans cesse la nécessité de suivre la production sur un champ, … On est sur une incertitude géologique, on fait des modèles mais on sait bien que la réalité géologique peut être différente des modèles qui sont simplificateurs. Donc au début on démarre la production, on prévoit ce qui va a peu près se passer, et puis on découvre des choses qu’on avait pas vues : qu’il y avait une faille dans le gisement, ce qui se traduit pour nous comme une barrière de perméabilité, donc le pétrole vient moins bien que ce qui était imaginé… On apprend parfois ça au bout de quelques 5 ans de production, alors est ce qu’il faut faire une plateforme complémentaire, un puit complémentaire, toutes les options sont analysées et on regarde ce qu’on peut faire.
Il y a aussi d’autres systèmes comme l’injection d’eau, qui est un mécanisme assez courant. Il permet de maintenir la pression, rappelons le : le pétrole revient à la surface parce qu’il y a une différence de pression entre la pression du réservoir et la pression de l’atmosphère. Souvent, on a ce qu’on appelle un plan d’eau, le waterdrive qui maintient la pression. Et lorsqu’il n’y a plus assez de pression, on injecte de l’eau et parfois même du gaz…La différence de pression permet au pétrole de revenir à la surface.
Aussi, en général, dans un champ de pétrole, il y a aussi du gaz, on évite de produire ce gaz avant de produire le pétrole pour justement maintenir la pression. Cela explique qu’il y a beaucoup de pays qui ont des réserves de gaz très importantes, qui sont réelles… je ne pense pas qu’il faille revenir sur le sujet, mais qui sont des réserves qui ne peuvent pas être produites aujourd’hui. Des réserves pour dans plus longtemps, une fois que le pétrole aura été produit.
Partage d'un champ entre plusieurs compagnies
-Alors, quand vous exploitez un champ, on a vu souvent que vous n’étiez pas seul sur ce champs, il y a plusieurs compagnies qui ont des parts du champs, comment vous vous répartissez l’exploitation, est ce que c’est simplement les pourcentages…
-Et bien, c’est très simple, on désigne un opérateur, qui a… en fait, on est tous associés, on a des parts un petit peu comme dans une société ou vous pourriez avoir différents actionnaires, et il y en a un qui est chargé de mener tous les travaux pour le compte des autres. Il faut dire que c’est une responsabilité très très lourde puisque cela implique de faire toutes les études techniques, de proposer aux partenaires des solutions techniques, de dire : enfin voilà ce qu’on va faire en termes de travaux, ce que ça va coûter…Et puis on le met en œuvre et puis au fur et à mesure, on rend compte à nos partenaires… un petit peu comme le ferait un syndicat d’immeuble …
-Ca ne doit quand même pas être les mêmes sommes mises en jeu…
-Oui oui bien sur, chaque industrie vit avec ses échelles. Et donc c’est très rare, ça arrive quelques fois, qu’il y ait des morceaux de travaux qui soient dévolus à une compagnie plutôt qu’une autre. Donc en général, c’est comme si on était tout seul, sauf qu’on est plusieurs. Ça permet de réduire les risques financiers, et ça permet aussi, dans la mesure ou l’association se passe bien, (parfois ça ne se passe pas bien), ça permet de profiter du savoir faire de tout le monde. Mais en général, tout le monde a intérêt à ce que tout se passe bien.
Et puis un élément qui est très important et qu’il faut mentionner, c’est qu’on est tous ensemble entre compagnies pétrolières et donc on a le même objectif… Sauf dans les pays de l’OCDE, mais dans les autres pays, on agit pour le compte de la compagnie nationale ou de l’état dans lequel on est. L’état, qui est souvent un partenaire mais un partenaire un peu particulier, qui quelques fois n’investit pas et qui est préoccupé par la production pétrolière bien sûr et la bonne exploitation des ressources. Il est le garant je dirais, il veille sur la ressource nationale.
Dans les pays de l’OCDE, il n’y a pas de compagnie nationale qui s’immisce dans notre partenariat mais il y a aussi les ministères des mines qui existent dans tous les pays, qui eux sont responsables de la conservation ou plutôt de l’exploitation optimale. Tout cela est plutôt normal, en France, cela existe aussi. Tous les plans de développement, les plans de gestion et d’exploitation des ressources naturelles en France sont soumis au droit de regard de la LICA ? qui surveille tous les aspects HSE, exploitation des ressources… tous aspects les liés à la problématique du peak oil…
Donc on ne fait pas ce qu’on veut, contrairement à ce que certains racontent. Tout est perfectible mais enfin, le système n’est pas si mal.
-Sinon, au moment de l’exploration, au moment ou les bases sont posées, la décision de savoir si un champ va être exploité ou pas, je pense qu’il y a de grosses réunions avant, est ce qu’il y a quelqu’un qui prend les décisions finales ?
-Ah bah c’est l’association, ah donc comment ça se passe dans la plupart des cas, les partenaires sont là, l’opérateur a conduit la plupart des travaux qui ont mené à la découverte, puis il y a ce qu’on appelle une phase d’appréciation, qui peut durer 3 ou 4 ans. Ensuite, par des travaux complémentaires : puits, sismiques, les études de développement permettent de déterminer quel peut être le programme de développement. Puis ensuite, ce programme est proposé aux partenaires par l’opérateur, on a un système de vote, en général, c’est la majorité qualifiée… Puis une fois qu’on est d’accord, c’est proposé à l’Etat. Quelques fois, c’est un peu bâtard parce que la compagnie nationale est aussi partenaire, enfin, grosso modo, c’est ce schéma-là. Après, l’état est d’accord ou il n'est pas d’accord. S’il n’est pas d’accord, il fait des remarques puis on modifie le plan de développement et puis, ainsi de suite. Ça ne peut pas être lancé si tout le monde n’est pas d’accord.
- Pourtant avec tous ces allers-retours, il peut y avoir des erreurs, il peut y avoir des gros … Avec l’exemple de Shell avec le champs de Yibal… Il y a eu un gros problème, comment ça s’est passé ?
-Ben comment ça s’est passé… Enfin le zéro défaut, ça n’existe pas, d’autant plus qu’on est dans un monde relativement incertain, on fait des choses. Puis il y a certaines personnes qui ont envie de prendre le cas médian comme argent comptant, mais dans la réalité, ce n’est pas le cas. Une grande partie de ce qui est compliqué avec les Etats dans lesquels on travaille, les ministères… font parfois mine de prendre pour argent comptant ce qui n’est que le cas médian… Parfois, ce n’est pas de chance, l’injection d’eau ne fonctionne pas, on a fait ce qu’il fallait, et ça ne fonctionne pas… C’est comme les avions qui ne décollent pas parce qu’il y a une pièce électronique qui ne fonctionne pas… c’est pas de chance quoi.
On essaie de se prémunir contre ça donc…
Mais ces incertitudes sont quand même très fondamentales dans nos métiers, mais tout ça se joue au niveau d’un champ et c’est vrai qu’au niveau mondial, on peut se dire que la loi des probabilité fait que tout ça n’est pas très grave.
-Donc on a vu ce qui se passait au niveau d’un champ
-et oui…
Chiffres...
-Mais nous notre problème il est bien plus global, plus mondial et là il y a d’autres enjeux qui arrivent, dans la revue Energies en Mars 2005, Total annonce qu’il y avait 2400 milliards de barils en place. Comment Total arrive à ce chiffre, quelles sont les hypothèses derrières, quelles sont les théories derrière, est ce que ce sont des théories globales, c'est-à-dire probabiliste sur la Terre_il y a tant de pétrole_ ou est-ce que c’est tout simplement sommer les ressources au niveau des différents acteurs, des différentes entreprises qui travaillent sur la production de pétrole, les pays producteurs… C’est un petit peu ça qu’on aimerait soulever comme question. Comment on arrive à ce chiffre chez Total ?
-D’abord, ce qu’il faut bien voir, c’est que on a l’activité mondiale mais on n’est pas du tout présent dans tous les champs du monde. Quelque chose qui est assez méconnu mais qui mérite d’être rappelé, c’est que Total produit actuellement 2% de la production mondiale de pétrole. Donc ce n’est pas 60% hein, c’est 2%. Et si vous prenez le 5 majors pétroliers, BP, Total, Shell, Exxon et Chevron réunis, vous êtes à 15% quoi. C’est ça les ordres de grandeur…
Tout ça pour dire qu’on a pas une connaissance intime de tous les gisements, nous avons une connaissance intime de nos gisements à nous, avec les risques que l’on connaît donc on publie les chiffres sur nos propres réserves pétrolières et gazières, on est tenu de le faire et c’est bien normal… Il y a tout un tas de règles mais on ne va pas entrer là dedans parce que c’est un vaste débat…
Donc sur les réserves je dirai auxquelles on ne participe pas… Je veux dire qu’on a nos connaissances, mais on se réfère quand même pas mal à la littérature, et puis quelque part un peu à notre bon sens. Ce qu’il faut savoir, c’est que les chiffres sur les réserves mondiales sont évaluées tous les ans, essentiellement par l’OIL AND GAZ JOURNAL qui fait une enquête au niveau du ministère de chacun des pays et qui leur demande : quelles sont les réserves que vous avez dans votre pays ? Pour le pétrole et le gaz, les gens répondent, il arrive alors toute sorte de type de réponse, puis ils reprennent ce chiffre là, ils additionnent pays par pays, et grosso modo, mille milliard de baril de pétrole conventionnel restant aujourd’hui et environ 1200 milliards pour le gaz.
Ces chiffres sont repris plus ou moins, il y a très peu de corrections, dans le BP Statistical, qui ne sont pas une évaluation de BP des réserves mondiales. Et ça je dirai, c’est la base. Une des raisons pour lesquelles on peut rajouter des réserves à ça, c’est que théoriquement, la plupart de ces chiffres ne tiennent pas compte de ce qu’on appelle le pétrole non conventionnel, notamment les huiles lourdes. Ça dépend des années. Il y a des années où tel journal prend en compte 180 milliards de barils qui correspondent aux huiles lourdes de l’Athabasca au Canada. C’est pour cela que le chiffre de 1000 milliards est passé à 1200 milliards de barils. Bon, c’est vrai qu’il y a des réserves d’huile lourde au Canada, moi je pense que le chiffre de 180 n’est pas idiot… mais il y a des gens qui les retirent. En tout cas, ce qui est sûr, c’est lorsque vous regardez l’évolution de ces chiffres-là, d’une année sur l’autre, vous n’en déduisez pas qu’il y a eu des découvertes à hauteur de la différence. Il y a des gens qui disent : les réserves ont augmenté donc il y a eu des découvertes d’une année sur l’autre. Mais il y a des phénomènes de comptabilisation des réserves mais également des phénomènes politiques qui jouent effectivement sur l’évaluation des réserves. Et donc moi je pense que c’est un assez bon ordre de grandeur. Donc ça ce sont les chiffres officiels.
Et vous avez une autre… je dirai même deux autres sources de données, une source de données qui s’appelle IHS , qui est un consultant pétrolier. Il s’appelait pétro-consultant avant. Eux, ce sont des géologues, et ils produisent des chiffres qui sont je dirais indépendants. La première série de chiffres est empreinte de manipulations géopolitiques… mais c’est vrai, il faut l’avouer… C’est vrai qu’il y a eu une augmentation assez phénoménale des réserves pétrolières notamment à la fin des années 80, parce que les quotas de l’OPEP étaient déterminés en fonction des réserves des pays donc ils les ont augmentés etc.… donc c’est vrai que c’est faux mais il ne faut pas passer à l’excès inverse en disant que ces chiffres-là ne tiennent pas debout etc.… si vous allez vous promener dans les pays de l’OPEP, vous allez vraiment voir qu’il y a des réserves… Arrêtons de dire qu’il n’y a plus de pétrole en Arabie Saoudite quand même. Donc il ne faut pas tomber dans l’excès inverse.
Et donc l’IHS produit des chiffres réputés indépendants, et ils arrivent à peu près aux mêmes ordres de grandeur, c’est plutôt rassurant. Bon alors, il y a des tas de variations… ils sont pas d’accord sur la Russie. Je dirais que ça ne change pas beaucoup des ordres de grandeurs disponibles pour les réserves d’aujourd’hui.
Et puis après, quand on se projette dans le futur, c’est encore plus compliqué : il y a une estimation de ce qui peut encore être découvert, voilà… il y a une estimation du pétrole qui a déjà été découvert mais pour savoir s’il va être productible ou pas… Dans les chiffres que l’on vient de citer des 1200 milliards, il y a notamment 180 milliards d’huiles lourdes du Canada, qui pourraient monter à 300-350 d’après les canadiens s’il y avait des progrès technologiques, et théoriquement, il n’y a pas les réserves d’huiles lourdes du Venezuela. Je dis théoriquement, il y en a peut-être un petit bout…Bon, c’est pour ça que parfois on fait des corrections, on rajoute des choses.
Et puis il y a une autre ressource, je dirai une ressource peut-être du futur… par expérience, il faut vraiment faire attention parce qu’il y a une vingtaine d’année, on parlait des huiles lourdes du Canada comme d’un truc vraiment bizarre, et maintenant c’est vraiment en production et c’est vraiment économique… c’est les schistes bitumineux, donc là c’est encore autre chose, tiens j’en ai un ici, je vais vous le montrer.
(Il va le chercher)
Donc là aussi, on ne sait pas combien il y en a mais il y a énormément de schistes bitumineux, est ce que c’est exploitable ou pas… oui, c’est exploitable puisque c’est déjà en production dans certains pays, mais quel est le véritable potentiel économique et de production pétrolière de ces schistes, on ne sait pas très bien.
Il y a pas mal d’incertitudes sur les découvertes futures de réserves conventionnelles, le pétrole non conventionnel et le troisième qui est aussi l’objet de vives polémiques, c'est-à-dire pour simplifier l’augmentation du taux moyen de récupération.
-Mais il y a tout de même quelque chose qui parait assez choquant, de même qu’il y a des incertitudes assez énormes à l’échelle d’un champs, comment est ce que l’on peut sortir un chiffre d’une estimation globale alors que si l’on somme les incertitudes au niveau de chaque champs, ça nous fait tout de même une incertitude assez gigantesque.
-Non parce que les incertitudes ne se somment pas. La loi des grands nombres joue quand même… Mais ce n’est pas fait scientifiquement, ce qu’il faut que vous sachiez, c’est que ce n’est pas du tout un calcul scientifique… Ce qu’on a fait au niveau mondial, c’est qu’on ajoute les valeurs moyennes au niveau de chaque champ. Quand on dit que les gens travaillent sérieusement, c’est ça. Et c’est déjà pas mal.
-D’accord. Au niveau des majors, pourquoi y a-t-il des différences assez gigantesques, énormes…
-Sur quoi ?
-Sur le nombre de barils en place, les quantités de pétrole exploitable, est ce que…
-Je ne crois pas qu’il y ait tellement de différences. En pourcentage, c’est peut être pas énorme…
-Mais en milliards de barils, …
-Quand on parle des réserves, on est tous obligés de prendre en compte les réserves officielles… Donc quelques fois on parle d’IHS, quelques fois on parle de réserves officielles, et puis après, on rajoute un peu de feeling mais on n’est pas sur des valeurs très sûres quoi.
-Il y a bien des différences au niveau des politiques menées. Total s’intéresse particulièrement aux huiles lourdes, c’est peut être pas le cas des autres majors qui ne voient peut être pas ça comme voie d’avenir,
-Je ne sais pas si on peut dire ça comme ça. C’est vrai qu’on s’intéresse beaucoup aux huiles lourdes mais enfin malheureusement, on n’est pas les seuls majors à s’intéresser aux huiles lourdes, on aimerait bien…
Mais voyez par exemple BP qui n’aime pas du tout les huiles lourdes, qui est assez atypique… C’est une décision business qu’ils ont prise et qu’ils ont du largement débattre chez eux….
Mais quand on se prive plus ou moins volontairement, parce que ce n’est pas du tout sur que cela soit volontaire, d’un secteur de développement comme les huiles lourdes, et bien on est un peu vulnérables quoi.
Donc c’est un choix qu’ils ont fait mais je ne crois pas que ça modifie d’une manière ou d’une autre leur communication sur le sujet.
-C’est bon. Il y a également d’autres types d’acteurs qui sont complètement différents… on a entendu parler de l’ASPO quand on s’intéresse un peu à ce secteur. Je crois que vous avez dit que l’ASPO privilégie les hypothèses les plus pessimistes et pourquoi vous pensez ça et qu’est ce que vous pensez de l’ASPO en général et de la position qu’ils prennent ?
-Bah l’ASPO, c’est sympa de voir une association, j’aime bien les associations c’est vrai. Dans l’ASPO, il n’y a pas forcément que des pessimistes mais enfin, si on va à l’ASPO, c’est qu’on a envie de raconter autre chose quoi, autre chose que les discours officiels. Alors dans les tenants de l’ASPO, il y a beaucoup de catastrophisme, je ne dis pas qu’il n’y a pas de sujets sérieux qui sont débattus à l’ASPO. J’ai été à un ou deux congrès de l’ASPO, ce qu’ils racontent est tout de même intéressant, ce que je regrette, c’est qu’à force de trop vouloir crier au feu, on risque de ne plus trop les entendre. On les entends trop et je pense que cela ne fait pas forcément progresser le débat de dire qu’on raconte n’importe quoi, et que eux ont la vérité, et je crois que dans ce type d’estimation, la modestie est la première des vertus… donc il faut y faire attention dans les discours qu’ils ont fait. Ceci dit comme dans toute association, il y a x individus, il n’y a pas de position officielle de l’ASPO. Moi ce que j’entends et ce que je retiens des discours de l’ASPO, c’est le message. Ils disent je crois à juste titre que c’est un véritable problème, qui est un problème important, qu’on devrait mieux s’en occuper, ça je suis assez d’accord. Mais il faut savoir qu’est ce que ça veut dire que le « on ». Est-ce qu’on a envie que ce soit l’ONU qui s’occupe de ça, est ce qu’on a envie que … ça je ne sais pas trop… Et puis il y a des sortes de messages qui sont mal traduits et qui tournent autour de la fin du pétrole. Alors on ne sait pas si c’est un rêve ou un cauchemar, ça dépend des gens.
Franchement je ne vous dis pas ça parce que je travaille dans une boite pétrolière mais je pense que le pétrole ne s’est pas développé par hasard. Il n’y a pas eu un méchant big brother qui a dit, le pétrole, c’est affreux, et on va utiliser le pétrole parce que c’est super, je vais pouvoir verser des pots de vins à mes copains…
Quand on regarde l’histoire énergétique, il y a eu le charbon au début, vers le début du 19 e siècle. Et puis le charbon est mort non pas parce qu’il n’y avait plus de charbon… non, justement, aujourd’hui, il y a eu tout un débat pour savoir si le charbon va revivre ou pas. Et je crois que le pétrole a pris sa place parce que c’est un carburant qui a des qualités absolument extraordinaires. Il n’y a pas eu un mauvais dessein pour imposer le pétrole à la planète… Quand on regarde le Type du pétrole, sa facilité d’exploitation, son coût d’exploitation, c’est une ressource qui a naturellement trouvé sa place et qui a pris peut être une place un peu trop grande dans nos économies. Mais tout s’est passé suivant des règles tout à fait claires de coût de revient, d’économie, et puis après il y a des gens qui disent que nous sommes dépendants, ce n’est pas facile à remplacer… ça c’est vrai.
Et puis il y a l’autre débat qui s’ouvre. Le prix du pétrole augmente, bon pourquoi il a augmenté : on s’est retrouvé dans un phénomène de ciseau entre une évolution de la demande qui était mal anticipée, et une offre qui n’a pas réussi à suivre. Et il y a tout un débat pour savoir si on est reparti dans un cycle comme dans les années 80 ou si on est parti sur quelque chose de beaucoup plus durable. Moi personnellement, et c’est pratiquement la position officielle de Total, lors de la récente conférence de presse du président lorsqu’il a présenté les résultats, il a bien fait un appel assez clair pour essayer de limiter en fait la croissance de la consommation. Si la consommation pétrolière augmente à plus de 2% par an, on va être dans un système qui n’est pas tenable. C’était un peu ça le fond du discours. Ce qui est assez courageux parce que parmi les pétroliers, je crois qu’il y en ait pas beaucoup qui racontent ce genre d’histoire quoi. Et personnellement, je pense que ça fait partie de notre responsabilité d’attirer l’attention des gens, au-delà du débat qu’on a vu et qu’il est difficile de résoudre, sur le fait que on a quand même malgré tout une ressource finie, même si on peut étendre cette ressource grâce au progrès technologique. Et dans cette logique là, l’augmentation des prix nous aide, évidemment, parce qu’à 60$ on peut faire beaucoup plus de choses qu’à 20$ et en particulier on peut commencer à penser à faire des machins comme ça (montre le schiste).
Ça c’est la première chose.
Et puis on doit aussi commencer à parler de la consommation et de préparer quelque chose d’autre sachant que je ne crois pas à la fin du pétrole. Je crois qu’il y aura une spécificité de plus en plus grande du pétrole qui sera réservé à ce que j’appelle les usages nobles du pétrole : essentiellement le transport et puis la pétrochimie. ….
Et puis de l’autre coté, cet usage sera prolongé parce qu’on va faire des efforts dans les aspects énergétiques dans les automobiles, dans les avions, dans tous les domaines ou l’énergie va être utilisée de manière à ce que le contenu énergétique soit le plus faible.
Alternatives
-Quand vous parlez d’utiliser plus le pétrole pour les transports, pour la pétrochimie… Et pour le reste, que va-t-on utiliser comme source d’énergie ? Vous l’avez dit vous-même, le pétrole, c’était bien utile, ça ne s’est pas développé par hasard, parce qu’il était pratique à exploiter. Et maintenant, qu’est ce qui va le remplacer ?
-L’avantage du pétrole, c’est qu’il y a un contenu énergétique absolument phénoménal, et qu’il est pratique d’emploi, on peut le trimballer sans presque aucune mesure de sécurité dans des réservoirs d’automobiles de manière complètement diffuse, vous mettez du pétrole dans un jerricane, dans une tondeuse… c’est quand même complètement extraordinaire… Donc c’est quand même un usage qu’il est très difficile à déplacer. Pour tout le reste, le chauffage… Il reste tout de même plus de 8-10 millions de baril/jour qui est utilisé pour le chauffage qui n’est pas un secteur très naturel pour le pétrole. Donc soit par du chauffage de réseau : soit par du gaz, soit pas l’électricité, soit par du charbon… Parce quand on dit électricité, on a tendance à penser en France que c’est du nucléaire. L’ennui, c’est qu’il y a plus de 50% de l’électricité mondiale qui est produite à partir du charbon. Je ne suis pas entrain de dire que c’est un bien ou un mal, c’est un fait. Donc on peut très bien développer des usages des autres énergies… On voit bien vers où ça va.
-Et est ce que chez Total, il y a des recherches qui sont menées sur les alternatives d’énergies autres que le pétrole. Est-ce qu vous cherchez à vous diversifier ?
-Bah on fait un petit peu d’énergies renouvelables, un peu dans l’éolien et dans le solaire justement. Ce n’est pas un secteur industriel majeur à hauteur des compagnies comme la nôtre. On a beaucoup de gaz bien sur, et puis on a beaucoup d’interrogations internes qui ne sont pas résolues, qui n’ont pas fait l’objet de grandes annonces à l’extérieur pour savoir si oui ou non on va faire du charbon, si oui ou non, on va faire du nucléaire, ou encore des énergies renouvelables, plus d’énergies renouvelables. Il y a toutes sortes d’idées qui circulent. Moi, mais c’est un point de vue purement personnel, je pense qu’il y a tellement de choses à faire dans le pétrole et le gaz, je ne vois pas très bien ce qu’on irait faire ailleurs. Il y a beaucoup de sujets sur l’aspect énergétique, sur le taux de récupération, sur lesquelles on pourrait se mobiliser plutôt que d’aller dans d’autres énergies. De toute façon, l’herbe sera toujours plus verte à côté.
Par exemple, je vais prendre un exemple sur le nucléaire. On pourrait dire : oui Total pourrait aller dans le nucléaire. Oui, pourquoi pas ? Mais qu’est ce qu’on pourrait faire dans le nucléaire ?
Alors vous dites : est ce que l’on veut exploiter les centrales électriques nucléaires, c’est le métier d’EDF, c’est un métier d’électricien, nous on n’est pas électriciens. Un petit bout de centrale par ci par là, c’est des choses qui nous semblent légitime de faire, mais on n’a pas un business d’électricien en tant que tel. D’autant plus que si on veut compter dans le secteur de l’électricité, il faut tout de suite être très gros. Donc, c’est une question : est ce que l’on veut être là dedans, est ce qu’on veut être dans la production d’uranium, c’est complètement à l’autre échelle, historiquement, on y a été, c’est plus près de nos métiers de géologie, alors pourquoi pas ? Moi je pense que si on devait être dans le nucléaire, c’est l’endroit le plus légitime ou on pourrait être. Est-ce qu’on veut être dans la fabrication de centrales, personnellement, je ne pense pas parce que c’est pas notre métier. On ne construit pas nos plateformes…
Donc vous voyez, c’est pas évident de dire, Total doit être dans un autre secteur énergétique, parce que tout dépend de ce qu’on veut faire. On est dans le charbon et on est dans les mines. Vous êtes à l’école des mines donc vous comprenez bien.
Moi je fais partie de l’exploration production mais on est dans l’exploitation des gisements pétroliers et gaziers, je me sentirais très bien dans les mines de charbon… Ce qui ne veut pas dire qu’on ne fasse pas d’efforts après pour développer le charbon propre, les centrales sans CO2. Mais personnellement, je préfèrerais qu’on rentre massivement dans ce secteur-là plutôt que dans le nucléaire. Mais je ne suis pas sûr d’abord que Total se diversifie. La décision n’a pas été prise que je sache en tout cas massivement dans l’énergie, au-delà de ce qu’on peut faire dans les énergies renouvelables, Et puis si on le fait, je préfèrerais qu’on aille dans le charbon. Mais c’est mon avis et ça n’engage que moi. Après, il y a l’administration, le comité exécutif, des tas de gens très intelligents qui réfléchissent sur ce sujet là.
-Et comment est-ce que vous voyez l’avenir de Total justement quand l’utilisation du pétrole se réduira, puisque forcément, il se réduira.
-Très bien. Pour nous tout ça est une très bonne nouvelle. Parce qu’on est convaincu que le pétrole trouvera toujours une utilité même si elle est moins répandue qu’aujourd’hui. Et qu’on pourra enfin vendre notre produit plus cher que l’eau minérale. Et ce sera pas mal quoi. Ça a tout un tas d’application. Mais on produit 2% de la production mondiale. La production mondiale peut baisser mais on peut continuer à croître et surtout on peut continuer à croître sur l’augmentation de la valeur des produits qu’on vend. N’importe quel industriel vous dirait c’est une bonne nouvelle que d’avoir un produit d’une valeur qui va en augmentant.
Ce n’est pas un truc qu’on raconte… C’est un truc que les gens ont du mal à comprendre mais moi je pense que c’est fondamentalement vrai. Ça veut dire un certain nombre de choses pour nous qui sommes fortement impliqués industriellement. Etre capable d’exploiter au mieux le pétrole. Et puis vous comprenez bien qu’avec un pétrole à 80$, vous êtes beaucoup plus incités à des programmes de récupération supplémentaire que quand vous êtes à 15$.
-C’est sûr.
-Comme je le dis souvent, on va passer de la cueillette à l’agriculture. On va commencer à entrer dans un processus je crois beaucoup plus intéressant pour des ingénieurs et pour des industriels. Alors il y a beaucoup de si parce que on ne produit que 2% de la production mondiale, que les réserves pétrolières n’appartiennent pas aux boîtes pétrolières mais aux pays. Donc ça suppose qu’on soit invité et qu’on ait suffisamment de technologie disponible pour montrer aux Etats qu’on va mieux les exploiter qu’un autre. Et ça c’est pas toujours évident. C’est même pas évident du tout. Et je dirais qu’on est beaucoup plus soucieux de cette dernière partie qui est un challenge quotidien que de l’autre partie : tiens en 2020, on ne va plus utiliser de pétrole. Et puis c’est un raccourci complètement abusif, il n’y aura pas de fin de pétrole d’un coup du jour au lendemain. Et c’est pas parce qu’on sera au peak oil que tout d’un coup, la production va… Et puis le peak oil, ce n’est pas la moitié, c’est un raccourci complètement abusif qui ne veut pas dire grand-chose quoi. Et le monde n’est pas fait que de courbes de Gauss contrairement à ce que pense Mr Hubbert.
-Justement, sur cette estimation du temps dont on a un peu parlé, elle dépend d’énormément de paramètres, notamment de la hausse de demande d’énergie, des progrès technologiques aussi… Donc dans toute cette complexité du problème, comment est-ce qu’on arrive à sortir un chiffre ? On fait une sorte de moyenne, on estime qu’on va faire à peu près ça dans l’avenir…
-On ne sort pas de chiffres. Ce qu’on essaye de voir, ce qui nous intéresse, c’est la capacité de l’industrie à maintenir ou à augmenter l’offre pétrolière donc on s’intéresse aux réserves mais je dirais qu’on s’intéresse moyennement aux réserves. Ce qui est plus intéressant, c’est le pétrole qui est effectivement produit. Donc ça part des réserves, mais ce sont les réserves plus les schémas de développement, plus les schémas d’investissement mais aussi plus de la volonté politique. Pour moi, la politique du peak oil, elle se résume en une seule phrase, quand on regarde les perspectives de l’AIE par exemple, alors en 2030, il nous faut produire 130 millions de baril/jour, il faudrait que l’Arabie Saoudite en produise 28. Et les Saoudiens ben ils disent : nous on a envie de produire 15. Ce n’est pas on peut en produire 15, c’est on a envie d’en produire 15. C’est pas très intéressant de savoir s’il y a une possibilité physique de produire plus ou pas. C’est intéressant mais c’est plus intéressant de savoir ce que les pays qui sont quand même maîtres de leurs ressources veulent faire chez eux. Et donc la problématique est celle là. C’est ce se dire, les saoudiens ont envie de produire 15. Ils disent pour faire plaisir, il disent on peut en produire un peu plus… Mais on sent bien qu’il y a un hiatus et c’est un hiatus je dirais de politique. Et je dirais que c’est très mauvais politiquement de dire les saoudiens vont produire tout ce que le reste du monde ne peut pas produire, parce qu’il arrivera un jour ou un va avoir un pic très accentué et tout va dégringoler après. C’est plus raisonnable de regarder de loin et de dire voilà, on arrive à des niveaux raisonnables de production, les prix vont peut être monter de cette manière mais ils vaut mieux qu’ils montent de manière progressive plutôt que ça soit apocalyptique.
-Pour eux, c’est quelque soit la demande, nous on va gérer notre production comme on l’entend ? Est-ce qu’il ne va pas y avoir des problèmes ?
-Bah c’est un fait. C’est un peu malthusien de dire que quelque soit la demande, les Saoudiens ouvriront les robinets pour qu’on puisse consommer n’importe quoi. Il y a un principe de réalité qui est complètement extraordinaire. Le monde économique tel qu’il est, il fonctionne tout de même, il fonctionne à condition d’avoir un peu de bon sens et de savoir comment il marche. Bon il y a des pays… il y a des gens qui voudraient que l’Irak soient le 51eme état des Etats-Unis mais les Américains, ils ne vont pas faire tout ce qu’ils veulent en Irak non plus. On voit bien déjà où est-ce qu’on en est. Ils ne font pas ce qu’ils veulent avec les Saoudiens non plus. Ils ne font pas ce qu’ils veulent avec les Français non plus.
C’est pour ça que quand l’ASPO dit on devrait s’occuper du pétrole, c’est bien mais comme je dis, tout est dans le « on ». C’est qui ? Comme si on créait un ministre supra national pour s’occuper du bonheur des gens ou savoir si on va donner du Prozac ou pas… je ne sais pas moi. Quel est le sujet ?
-Pour revenir quelques minutes sur la hausse de la demande. Pour trouver la hausse de la demande pour mieux gérer ce problème, ça veut dire quoi exactement ? Comment peut on maîtriser la hausse de la demande ?
-Ça veut dire de la technologie et ça veut dire un peu de politique aussi.
Je pense en particulier à ce qui s’est passé lors du premier choc pétrolier lors des années 75-80, ça a été du pain béni pour l’Europe, on a été capable de changer complètement d’énergie en Europe, la France ayant développé de manière assez massive le nucléaire, pour avoir un pétrole qui est pratiquement cantonné au transport et à la pétrochimie, et puis on a développé je crois toute une politique… des autorités publiques pour économiser l’énergie. Ça a permis aux industriels de l’automobile de développer des voitures qui consomment moins, c’est aussi du pain béni. Quand on voit l’automobile américaine, ils sont gravement malades parce qu’ils n’ont jamais été confrontés à cette politique là. Ils ont fait des espèces de bagnoles qui consomment 20 litres aux cent. Et bien aujourd’hui, ça pose un problème quoi. Et ce n’est pas des choses qui se font du jour au lendemain, donc je pense que tout ça c’est bien. C’est sûr qu’il faut le faire de manière générale, là on est dans un système de rendement décroissant. Une fois qu’on a fait le plus dur, c’est plus dur de gagner encore et encore… mais il y a encore des choses à faire en France.
-Justement, ce n’est pas la France qui va poser le plus de problèmes en demande d’énergies…
-Je suis d’accord, mais en même temps…
-Les pays émergents…
-Oui mais les pays émergents comme la Chine par exemple, ils ont le choix, c'est-à-dire que, la technologie existe. Et je peux vous dire que les Chinois sont très préoccupés par cette question-là et ils ont clairement choisi d’avoir des automobiles économes en énergies parce qu’ils ont vu quels étaient leurs intérêts aussi. Donc globalement c’est bien.
C’est bien que la Chine se développe, donc il faut aussi (rires) Oui, il y a des gens qui disent, c’est affreux, etc.…Je veux dire, c’est quand même une très bonne nouvelle.
-Vous parliez tout à l’heure de votre président, qui disait qu’il valait mieux réduire la demande d’énergie, Est-ce que ça veut dire qu’il va dire aux chinois, non, construisez des centrales nucléaires plutôt que…
-Non on ne le fait pas… ils font ce qu’ils veulent mais…
-Enfin, ce n’est pas la demande d’énergie…
-Oui, c’est effectivement, ça, c’est leur intérêt. Ils l’ont compris, pas la peine de…
-C’est quand même paradoxal pour Total de dire…
-Justement, ce n’est pas paradoxal. Je trouve personnellement qu’avoir fait une communication externe un peu sur ce terrain là est tout à fait responsable… En plus je crois que c’est dans notre intérêt à long terme aussi. On a plutôt intérêt à avoir une énergie qui continue à être utilisée en automobile et plutôt efficace plutôt que d’avoir des espèces de bagnoles plutôt invraisemblables qui mais finalement que les gens ne consomment plus parce que les gens ne peuvent plus rouler. Je schématise mais enfin…
-Là on a fait le tour des questions qu’on voulait aborder avec vous. Peut être une dernière question. Est ce qu’il y a un point qu’on a pas abordé avec vous et qui pourtant vous parait essentiel, qu’on aurait oublié ?
-Bah le CO 2. Non je ne sais pas.
-C’est pour ça qu’on pose cette question. C'est-à-dire les questions environnementales qu’il y a derrière tout ça ?
-Quand on regarde un peu la prospective énergétique, on est évidemment préoccupé par ces choses-là. Avec du coup une difficulté pour le pétrole, c’est que si on considère que le pétrole doit être utilisé dans les automobiles, dans une consommation atomisée, c’est compliqué de récupérer le CO 2 dans une automobile.
Donc la grosse problématique du CO 2, c’est que cela peut sans doute être séquestré lorsque c’est produit dans des installations centralisées, style centrale électriques etc.…
A ce moment là, une réponse évidente : si on veut éviter le CO 2, on n’a qu’à faire du nucléaire généralisé, de l’électricité, des voitures électriques voir des avions électriques je ne sais pas. Ou bien on produit de l’hydrogène avec le nucléaire, l’hydrogène, on le met dans les voitures ou dans les avions, ou bien on fait un peu de biomasse. Ça c’est les armes absolues contre le CO 2, a condition que la biomasse soit effectivement neutre c’est ce qui reste à démontrer. Ce n’est pas si simple que ça parce que le nucléaire généralisé, c’est une vision du monde qu’on aime ou on n’aime pas, qu’on ne sache pas trop… Mais bon, ce n’est pas très simple, donc il faut avoir des réseaux interconnectés aussi… Il y a peut-être Iter mais Iter, c’est pour 2080…mais je crois que c’est très bien qu’on ait commencé Iter, c’est sans doute un grand espoir, en tout cas, c’est ce que je raconte à mes enfants, un grand espoir énergétique que de maîtriser ce type d’énergie nucléaire, et qui est peu contaminant en termes d’éléments radioactifs, ce sont des choses qui ont pour durée de vie de 2 ou 3 ans, ça n’a rien à voir avec le nucléaire d’aujourd’hui mais c’est quand même un truc assez dangereux.
Et puis la biomasse mais la biomasse, elle pose quand même un petit problème, c’est que ce n’est pas possible de produire 80millions de baril/jour de biomasse. On peut en produire une partie.
Je pense que les efforts qu’on fait sont bons en particulier, je crois que la réglementation européenne va dans le bon sens.
On ne va pas arriver à une production de CO2 nulle. Il y a beaucoup d’efforts qui sont faits et j’ajouterai dans les commentaires généraux qu’on a pas beaucoup abordés : quand on regarde un peu tous les problèmes énergétiques, on est sur des constantes de temps extrêmement longues, on l’est de toute façon au niveau de la production, on l’est aussi sur la production des énergies nouvelles, par exemple, quand on a lancé le programme nucléaire en France, il a fallu attendre 20 ans avant que cela ne produise ses effets. Il y a beaucoup de recherches qui sont faites aujourd’hui pour les centrales électriques propres au charbon par exemple et on pense que ça va prendre 15 à 20 ans avant que ça produise ses effets. Influer sur le parc automobile, on est plutôt dans la dizaine d’année, ça peut se faire.
Si vous voulez aller plus loin et avoir un impact sur le chauffage sur le terrain, là on est plutôt dans les 20-30 ans pour modifier la consommation dans les secteurs de l’habitat.
Dans les secteurs de l’urbanisme, des transports…
C’est sur que quand vous allez aux Etats-Unis avec les villes telles qu’ils sont entrain de les faire, il n’y a pas beaucoup de solutions pour régler le problème du transport et on ne va pas mettre des voies ferrées partout…
-Voilà
-Quel heure il est ?
-Je crois qu’on a fait le tour.
-Et bien merci
-Merci à vous.
-Vous avez rencontré d’autres personnes ? Je suis le premier ou ?
-J’avais discuté avec un monsieur qui est retraité mais qui était foreur avant. Lui ce qu’il disait, c’est que plus on investissait de l’argent pour faire des forages, plus on trouvait. Il a à peu près la même vision que vous, c'est-à-dire qu’on va arrêter d’utiliser progressivement le pétrole et qu’il n’y aura pas vraiment de crises énergétiques… ça ne va pas être la fin du monde comme le décrivent certains membres de l’ASPO.
-Ce n’est pas évident … ce n’est pas évident que la soif énergétique de pays émergents puisse être satisfaite dans des relativement bonnes conditions. Il peut y avoir n’importe quel événement politique ou de guerre etc.…
La chose effectivement nouvelle depuis 2003-2004, c’est qu’on est sortie d’une période qui était la conséquence de la crise des années 1980, qui était une période ou il y avait des excédents de production absolument phénoménaux. Personne ne l’avait pas vraiment voulu d’ailleurs, l’OPEP n’a pas dit c’est absolument génial d’avoir 15-20 millions de baril/jour qui n’était pas utilisé, c’est comme un industriel qui dit c’est absolument génial d’avoir une usine qui tourne un jour sur deux. Personne n’a envie de faire ça.
Enfin, c’est quand même l’histoire pétrolière, à l’époque, on était sur une croissance de consommation pétrolière de 7% par an, là on est plutôt dans les 1,5 à 2% pour 2004. Parce que ça n’a rien à voir avec la période d’avant les années 1970. Et je crois que le club de Rome a eu fondamentalement raison de tirer la sonnette d’alarme. 7% par an, ça ne peut pas durer quoi. 2-3% par an, ça ne peut pas durer non plus…mais c’est quand même plus durable, plus facile à maîtriser. Et aujourd’hui, une chose est sûre, c’est qu’il n’y a pas de flexibilité dans le système pétrolier. Le fait qu’il y ait un emballement de la consommation d’une manière ou d’une autre, un gros accident qui retire 2 ou 3 millions de baril/jour, et les prix vont encore plus s’envoler que maintenant.
Et puis il y a un autre élément que j’ai bien rappelé mais que dans les 2 ou 3 dernières années, on a vécu dans une révolution absolument incroyable. Personne ne croyait que ce serait possible, on s’est rendu compte qu’à 60$ le baril, globalement, ça allait assez bien …
L’OPEP va toujours rêver d’avoir des prix du pétrole assez élevé, mais ils se sont dit : à 60$ le baril, ça va être la catastrophe, les pays occidentaux aussi, on y est arrivé mais il n’y a plus personne qui dit mais c’est scandaleux. Si le G8 était capable de faire un deal avec l’OPEP en disant, vous allez maintenir le prix à 60$ le baril pendant 10 ans, tout le monde serait très content. Pourquoi ? Parce que les économies occidentales ont absorbé assez facilement ce choc-là. D’abord on est beaucoup plus riche qu’il n’y a vingt ans. Donc en proportion, le choc était plus faible, et puis nos économies sont moins énergivores, et puis cet argent, il ne disparaît pas quand même, il part dans les économies émergentes et puis il revient sous forme de commandes. Il y a une espèce de fluidité du système international, ce qui fait que ce n’est pas une si grande catastrophe. C’est sûr qu’il y a des pays qui souffrent, en Afrique, les pays sont un peu à l’écart de tout ça, à l’écart du pétrole en tout cas…
C’est un phénomène très novateur. Je ne suis pas en train de vous dire que ça peut monter à 200$ le baril sans problème, mais bon, c’est quelque chose qu’on savait pas. Et ce message-là, les pays de l’OPEP l’ont bien entendu. Maintenant, ils se rendent compte qu’à 60$ le baril, il y en a qui ne rouspètent pas trop. C’est pour ça que je pense que même s’il y avait des capacités de production qui auraient émergé, ce qui est quand même très probable … Parce qu’on a pas assez de recul pour savoir quels ont été les impacts de 60$ le baril. Les statistiques sont révisées tous les mois, ça change d’un côté comme de l’autre. Tout le monde est un peu perdu… Mais il est clair que s’il y a des capacités supplémentaires qui ré émergent, je pense que l’OPEP va revenir dans un système de contrôle de production pour maintenir peu ou prou ? Un baril…
-Qu’est ce que vous croyez qu’il peut y arriver du jour au lendemain… Enfin, l’augmentation de la demande, elle peut survenir. Après un accident, l’offre peut ne plus pouvoir suivre la demande… Cela peut se produire dans les 20 prochaines années ?
J’ai lu quelque part que les capacités de production étaient à leur maximum, il suffit donc d’un emballement de la demande pour qu’il y ait une crise générale,
D’abord, est ce que vous avez des gens qui travaillent pour éviter ce genre de cas…
-Ça nous dépasse un peu. Parce la demande est mondiale et qu’on produit 2%, et on consomme encore moins. Et c’est difficile. Nous on travaille sur nos propres installations pour réduire nos consommations, c’est un des effets de Kyoto transposés dans les lois françaises avec les syndicats d’énergie, donc toutes les installations industrielles en particulier en France puisque c’est une loi sont touchées. Moi je crois que c’est une loi très favorable. C’est une machinerie administrative infernale mais les effets sont clairs : mes copains dans le raffinage et la pétrochimie se sont véritablement mis à une économie d’énergies. Donc tout ça a un impact et c’est pour ça que c’est assez compliqué d’y voir clair sur les véritables effets... Alors ça c’est Kyoto, mais est-ce que c’est Kyoto, est-ce que c’est les prix du pétrole, c’est deux faces d’un même problème, mais Kyoto n’était pas véritablement lié à la raréfaction des ressources. Tout ça, ça va avoir des effets à long terme, qu’on verra dans 3 ou 4 ans. Peut-être dans 3 ou 4 ans, on dira que ce que s’est passé, ça a eu pour effet de casser la demande, peut être qu’on dira : on est plus sur un train de 2%, on est revenu sur un train de 1%. On ne sait pas, on n’a pas assez de recul.
-On va refaire cette controverse dans 4 ans.
-Non, c’est vrai. Et les Chinois, ils contrôlent un peu le robinet, ils suppriment le crédit à la consommation dans l’automobile, ils manipulent les prix des raffineries en interne pour que les raffineries n’aient plus intérêt à raffiner… Il y a une espèce de gestion interne peut-être un peu brouillonne mais enfin ça pèse, ça ne simplifie pas non plus les cours à court terme et ça peut avoir des conséquences sur la consommation.
-Bien, je pense que c’est bon.
-Là vous êtes en 2 e année ?
-Première ? Vous commencez tôt dites donc.
-Enfin notre première année est déjà presque terminée…
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