Jean-Pierre Le Bail, patron-pêcheur, avait déjà fait connaître dans nos colonnes son hostilité au projet de parc éolien en mer au large du Tréport. Il fait savoir aujourd'hui son point de vue au nom du syndicat national des chefs d'entreprise à la pêche maritime qu'il préside, auprès du préfet et des présidents des Conseil Général et Régional:

«Par la présente, notre organisation entend émettre les plus extrêmes réserves sur le projet de création d'un parc de 156 éoliennes au large du Tréport, de Criel-sur-Mer et de la baie de Somme.

Ce projet s'étend sur une zone de forte fréquentation des navires de pêche pour l'activité en tant que telle - n'en déplaise à certains promoteurs de projet - comme pour l'entrée et la sortie des ports environnants.

Les plus petites unités de pêche ne pourront pas fréquenter des zones plus éloignées. Les plus grosses unités viendraient sur d'autres zones de pêche déjà exploitées. Je pense que vous avez conscience de l'effet domino pour la flottille et de ses conséquences socio-économiques désastreuses.

Les pêcheurs sont des gens responsables, soucieux de l'environnement comme de leur avenir: ils l'ont déjà démontré. Or ce projet, présenté comme à la pointe du développement durable, aura des conséquences graves sur l'environnement marin et constituera une pollution visuelle certaine. Par ailleurs, nous n'avons aucune certitude sur la responsabilisation des promoteurs du projet en cas d'accident et quant à l'entretien du matériel (qui sera chargé de démanteler les éoliennes si elles devenaient hors d'usage?).

Ce projet serait générateur d'emplois. Si cela est vrai, vous devez bien avoir conscience qu'il ne s'agira pas d'une possibilité de reconversion pour tous les marins pêcheurs sacrifiés et pour l'aval de la filière qui ne se relèveraient pas de la perte de territoire entier de pêche.

En l'état actuel du dossier, nous ne pouvons donc que refuser le projet. Il en va de l'avenir de toute une filière maritime et par là même de plusieurs villes côtières qui ont déjà dû subir les centrales nucléaires, ou les plans de sorties de flotte.

Certains que vous entendrez nos arguments, soyez assuré, Monsieur le Préfet, de nos plus respectueuses salutations».

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