Compte rendu de l’entretien que nous avons eu avec Mr Steeger de la DDE 42 lors de notre visite dans la plaine du Forez le vendredi 12 mai 2007 à Saint Etienne, sur le site de la DDE.

La DDE occupe un rôle majeur en ce qui concerne l’affaissement du lit de la Loire. La Loire est en effet un fleuve domanial c'est-à-dire géré par l’état. La partie du fleuve située dans la plaine du Forez est précisément gérée par le département 42 de la DDE. Son rôle majeur est d’assurer le libre écoulement des eaux. Conscient de l’affaissement du lit de la Loire, la DDE a demandé en 2004 à des chercheurs de l’école des Mines de St Etienne d’effectuer une étude afin de diagnostiquer l’évolution de l’affaissement. La DDE espérait pouvoir déterminer les causes de l’enfoncement et développer par la suite des projets de réhabilitation. Dans ce rapport, un espace de mobilité du fleuve est défini. La préservation de cet espace pourrait permettre au fleuve de regagner son caractère sauvage. Nous avons alors demandé à Mr Steeger, responsable DDE du fleuve dans la plaine de Forez,  quels projets ont été mis en place à la suite de ce dossier. Pour l’instant, aucun travail de grande ampleur n’a été mené. Les raisons en sont multiples :

  • Tout d’abord, Mr Steeger nous a clairement dit que les causes de l’enfoncement du lit de la Loire ne sont pas encore totalement définies. Nous savons pour l’instant que les deux principales causes de l’affaissement sont le barrage de Grangent et la présence de carrières. Cependant, nous ne connaissons pas la part relative de chacune de ces causes. Jusqu’en 1980, nous savons que le lit de la Loire s’est affaissé et c’est ce qui a provoqué l’interdiction de l’extraction de granulats dans le lit mineur de la Loire. Depuis 1980, nous ne connaissons pas l’évolution de l’enfoncement et il est donc difficile de savoir à quel point le barrage est responsable de l’affaissement. Selon la DDE, des mesures devraient être faites avant de s’engager dans des travaux de grandes ampleurs.

 

  • Ensuite, si l’on suppose que le barrage est responsable de l’enfoncement du lit. Le problème est que les sédiments transportés  par le fleuve restent derrière le barrage ce qui provoque une diminution du débit solide dans la partie aval du fleuve et une perturbation de son équilibre. Il est impensable pour Mr Steeger de supprimer ou de déplacer ce barrage de Grangent. En effet, ce dernier n’existe que depuis 50 ans et aucun barrage n’a été détruit si tôt après sa mise en eau en France. EDF effectue un fort lobbying afin de le conserver. Il permet de fournir de             l’énergie à la région. De plus, l’énergie hydraulique a acquis le statut d’énergie renouvelable, ce qui donne une autre bonne raison de ne pas le détruire. La DDE pourrait envisager des opérations pour rattraper l’accumulation de sédiments           au pied du barrage et ensuite pour retrouver un flux normal de charge solide. Cependant, Mr Steeger se plaint d’une absence de solutions viables. Il est impensable de faire circuler des camions afin d’amener les sédiments de l’autre coté du barrage. En outre, toute solution qui consisterait à faire passer les sédiments dans des tuyaux ou des filtres semble peu réalisable car les sédiments sont mélangés à une vase épaisse qui n’a aucun intérêt  pour la Loire.

Même si aucune mesure de grande ampleur n’est envisagée aujourd’hui, la DDE effectue quelques opérations pour lutter contre l’affaissement du lit de la Loire. Elle veille par exemple à ce qu’aucune gravière ne s’implante dans les lits majeur et mineur. Dans le lit mineur, il n’existe plus aucune gravière à ce jour et dans le lit majeur, les gravières existantes n’ont pas le droit d’étendre leur site. Ces réglementations ont engendrées des querelles avec les exploitants de gravières mais aujourd’hui, ces mesures sont acceptées. Les industriels ont été sensibilisés aux différents problèmes et risques que cela pose.
Concernant le fleuve en lui-même, l’affaissement du lit a eu comme conséquence une mise hors eau de certains bras du fleuve. Cela pose des problèmes écologiques. Nous avons donc demandé à Mr Steeger s’il y avait des projets afin de remettre en eau ces bras. Il nous a répondu qu’il  ne voyait aucun intérêt à ces travaux éventuels. Ses arguments étaient que ces bras morts peuvent être des réserves potentielles en cas de crues et qu’ils sont aujourd’hui une niche écologique. Pour ce qui est du Plan Loire Grandeur Nature, des collectivités ou des associations proposent des projets qu’ils soumettent à la DDE. Un comité technique régional analyse ce dernier afin de savoir s’il est conforme au plan Loire Grandeur Nature. Dans un second temps, les différentes institutions se réunissent pour se mettre d’accord quant au financement du projet. Aujourd’hui, l’importance des problèmes liés à l’enfoncement du lit de la  Loire ne permet pas de mobiliser suffisamment les institutions pour que des projets voient le jour.
            La DDE a donc bien conscience qu’il sera nécessaire d’agir pour redonner au fleuve son caractère sauvage. Cependant, les problèmes liés à l’enfoncement ne semblent pas assez importants pour lancer des travaux à grande échelle. Le discours des responsables à la DDE reste au conditionnel : « il faudrait faire des études et des recherches ».