Les scientifiques

L’intérêt que la science porte pour le lait ne date pas du début de la controverse sur les produits laitiers. La pasteurisation, inventée par Louis Pasteur en 1856 avait pour but de diminuer les infections liées aux produits laitiers. Ceci dit, l’attitude de la science à l’égard des produits laitiers est restée très passive jusqu’en 1970 environ. Elle restait alors très proche de l’opinion publique, qui avait un très bon a priori sur la question. A partir de 1970, donc, des études ont commencé à émerger, qui mettaient en doute la facilité de digestion du lait. Ce n’était qu’un début, et progressivement, on a fait le lien entre diverses maladies et la consommation ou la surconsommation de lait. C’est depuis 1991, avec l’éclatement de la controverse que la presse s’est mise à fleurir d’article appelant à la consommation modérée des produits laitiers. Des études scientifiques, mêmes les plus crédibles, c'est-à-dire rigoureuses dans leur démarche, voyaient et voient encore des liens entre les cancers de la prostate, du sein, éventuellement des cancers colorectaux, des diabètes, des troubles digestifs et la consommation de lait. Pour faire un tour d’horizon de l’état actuel des recherches sur les dangers et bienfaits du lait, nous avons choisi d’aller rencontrer le Professeur Jean François Huneau, professeur de nutrition humaine, et expert de la question surtout, qui nous a accueilli pour une longue interview filmée. (voir le Compte rendu de l’interview). Globalement, d’après lui, les avis scientifiques vont unanimement dans le même sens : le lait contribue à une alimentation trop riche, et ses acides gras sont dangereux. Des études extrêmement sérieuses et crédibles (en tout cas basées sur des données rigoureuses) montrent des liens avec des diabètes, et plusieurs types de cancers ou d’accidents cardiovasculaires. Une équipe de chercheurs de Harvard travaille depuis quelques années sur différentes caractéristiques du lait. Lui-même a travaillé sur des propriétés très pointues du lait, et notamment un lien éventuel avec les troubles du sommeil. Il nous a aussi transmis de nombreux rapports de recherche, très précis et détaillés, liant le lait au sommeil, à l’ostéoporose, au diabète, études des protéines de l’alimentation, etc. Il faut malgré tout distinguer trois, voire même quatre types de scientifiques :

  • Les scientifiques attachés au CNRS, à des laboratoires universitaires, ou à des écoles. Ils sont les plus crédibles, sérieux et rigoureux, du fait de leur indépendance, mais leur médiatisation est trop souvent limitée. L’Inserm, l’Inra sont des laboratoires de recherches intéressants qui travaillent beaucoup sur le sujet.
  • Les scientifiques attachés à des laboratoires de recherche pour des industriels du lait. Ceux-ci sont par définition peu crédibles, et leur fonction devrait se résumer à concevoir des produits innovants, et aux propriétés intéressantes. Ils sont toutefois très influents à travers les messages publicitaires.
  • Les scientifiques militant contre la consommation de lait. Il faut en général se méfier de leur formation de scientifique, car pour des besoins de médiatisation, ils n’hésitent pas à employer des raccourcis parfois hasardeux, et peuvent s’en convaincre eux-mêmes.
  • La médecine « classique », qui apparaît très divisée, est finalement bien ignorante. Au mieux prudente sur le sujet, elle recommande en général la modération (tout comme les chercheurs en nutrition), mais il n’est pas à exclure de rencontrer des cas extrêmes qui proscrivent la consommation de lait, ou encouragent les abus.

  • Sur la scène internationale, il existe un auteur particulièrement présent, qui s’intéresse au lait très précisément et depuis près de 20 ans. Il s’agit de WC Willet, professeur de nutrition et d’épidémiologie à Harvard, aussi connu de Jean-François Huneau. Ses publications (nombreuses) dans l’American Journal of Epidemiology, dans Lancet, dans Cancer Research, et dans Cancer Epidemiology, Biomerkers and prevention sont datées de 1989 à 1995. Elles couvrent tous les types de cancers que l’on a déjà suspecté (ovaires, prostate, colorectal).

    Liens

  • Interview de Jean-François Huneau ici
  • Site de l’INRA, qui étudie les qualités du lait cru, par exemple :
    https://www.inra.fr/la_science_et_vous/apprendre_experimenter/le_lait_dans_tous_ses_etats/qu_est_ce_que_le_lait_cru
  • Un site très connu, portail français de la médecine : http://www.doctissimo.fr/html/nutrition/aliments/lait.htm