Qui sont les naturopathes ?

La naturopathie n’est pas une science exacte, car elle tire son origine de la théorie des Humeurs. C’est une science qui est fondée sur 7 principes :

  • d’abord ne pas nuire ("primum non nocere")
  • la nature est guérisseuse ("vis medicatrix naturae")
  • identifier et traiter la cause ("tolle causam")
  • traiter la personne globale
  • le thérapeute est un éducateur
  • la prévention est la meilleure des cures
  • établir la santé et le bien-être.

  • Deux des spécialités de la naturopathie sont la diététique et la sophrologie. La sophrologie est notamment utilisée pour lutter contre les dépendances, par exemple le sevrage du tabac.
    La plupart des opposants du lait se décrivent comme naturopathe ou bien sophrologues. Ainsi, avec le lait, tolle causam est réalisé : la cause est déterminée. Cela permet de mieux percevoir leur position : ils considèrent que la société a été en quelque sorte droguée par les industriels laitiers, puisqu’ils ont fait du lait une denrée vitale. Les naturopathes s’évertuent donc à sevrer les gens, à faire qu’ils cessent de consommer, ou du moins qu’ils réduisent leur consommation, de lait.

    Que recherchent les naturopathes ? Ont-ils tous le même objectif ?

    Ainsi, en toute logique il est pour eux question dans un premier temps de sortir des mentalités européennes le caractère vital du lait. Ils considèrent que les industriels laitiers et les institutions gouvernementales ont fait naître une phobie au sein de la société : « il me faut mon lait, sinon je vais souffrir d’ostéoporose, je vais avoir de mauvaises dents, je vais… ».
    Mais, deux types de naturopathes se distinguent. Pour certains des naturopathes, le lait est l’Ennemi, le Mal lui-même. Tous les hypothétiques bienfaits du lait présentés par les industriels deviennent des maux. Le lait ne guérit plus, il rend malade, il est dangereux. Pour eux, il ne faut plus boire de lait. Cette réaction peut s’interpréter comme une réaction basique face aux argumentations faciles des industriels laitiers. Ces « anti-lait » s’expriment en grande majorité par internet, utilisent des titres censés être aguichants : « lait décalcifiant ! » « surtout pas pour les bébés ! » (par exemple sur le site suivant http://biogassendi.ifrance.com/biogassendi/editobiofr11lait.htm). Dent pour dent, œil pour œil, il s’agit ici d’imiter les industriels, avec des phrases choc. Leur rêve serait probablement de remplacer les phrases qui sont restées ancrées dans les esprits comme « boire du lait permet de réduire la formation des caries», par « le lait est tue ». Leur réponse extrême leur permet d’acquérir une certaine visibilité, mais ils n’ont pas une grande crédibilité. Tous ces sites recommandent des régimes spéciaux, à base de soja, ou d’autres aliments qui ne font pas plus partie de l’alimentation habituelle d’un mammifère lambda. On attache donc aisément au naturopathe l’étiquette d’un diététicien fou qui, si on l’écoutait, nous interdirait de manger de tout, et nous forcerait à manger des graines et des feuilles.
    Ces sites, soi-disant spécialisés, ont donc un effet mitigé sur l’action menée par l’autre type de naturopathes. Ceux-ci sont des scientifiques de carrière, qui appuient leurs thèses sur des arguments scientifiques, c’est-à-dire sur des articles relativement fiables. Ils s’expriment naturellement par internet, mais pas uniquement. Ils ont pour la grande majorité écrit des livres faisant références à des articles de recherche en biologie. C’est par exemple le cas de l’ouvrage de T. Souccar, acteur majeur dans la controverse sur le lait, biophysicien de formation, et auteur de Santé, Mensonges et Propagande, qui recense quelques 300 références scientifiques. Leur but est essentiellement de montrer que le lait n’est pas aussi bénéfique qu’il en a l’air, et qu’à haute dose il peut devenir dangereux. Il s’agit de sensibiliser la société, non d’éradiquer tout produit laitier de nos frigidaires. Leur discours rejoint donc celui des chercheurs indépendants, qui prônent une consommation raisonnée de produits laitiers, estimant que toute surconsommation est effectivement nocive pour l’organisme.
    Leur discours est plus sensé, plus réfléchi, mais attire moins le regard.

    L’histoire des naturopathes et du lait

    Ce second type de naturopathe est à l’origine de la controverse. Ceux-ci ont pris leur temps pour commencer à exprimer leurs idées, c’est-à-dire vers le milieu des années 1975 (premier article trouvé en 1973 sur la digestion du lait). En effet, il a fallu que certains « effets néfastes » du lait apparaissent, pour que certains chercheurs entreprennent des études sérieuses, et publient des résultats exploitables. Le deuxième groupe de naturopathes est venu se greffer à la controverse en profitant de l’essor d’internet. En effet, publier un article sur internet n’est pas un engagement majeur, et l’émetteur n’est pas vraiment soumis à une critique pertinente. Chacun peut le faire dans le cadre de ses loisirs. En dépit de l’effet néfaste qu’ils ont pu avoir sur les « naturopathes sérieux », ils ont participé à l’essor du mouvement anti-lait. Désormais même certains médecins commencent à prendre parti pour eux, et conseiller à leurs patients de ne pas consommer trop de lait. On trouve ainsi sur certains « forums médicaux », (Le lait, danger ou pas ?) des commentaires qui peuvent faire sourire :

    Ma mère a consulté un docteur pour son régime, il lui a dit de ne pas trop consommer de lait qui serait dangereux pour la santé, et lui a conseillé deux ouvrages :
    "Ce lait qui menace les femmes" Dr Raphael NOGIER et "Le lait, une sacrée vacherie" Dr Nicolas LE BERRE
    Qu'en pensez-vous? Avez-vous des infos?
    Merci d'avance

    Ainsi la controverse est en phase de popularisation, et tout le monde peut s’improviser naturopathe, on écoute les conseils de tout le monde, en particulier sur des forums.

    A la recherche du débat public : un problème de visibilité

    Quel est la principale difficulté rencontrée par les naturopathes ? C’est la communication. Devant les grandes industries, ils sont ridicules et écrasés par la masse imposante de la publicité. Les naturopathes « scientifiques » n’ont en effet pour la plupart pas de spécialiste en marketing sous la main… A qui peuvent-ils s’adresser ? Les chercheurs les écoutent, mais ne bénéficient pas d’un meilleur contact avec le grand public, les institutions ne semblent pas très ouvertes à leurs idées, et ne parlons pas des industriels. Seuls restent les médecins qui ont un contact très privilégié avec le consommateur de lait. Le médecin est capable de mettre le doute dans les esprits de ses patients. Les naturopathes comptent donc sur ceux-ci pour entendre leurs arguments scientifiques, et assurer le lien avec le public.
    Autrement, il ne reste plus au naturopathe qu’un contact direct. Or il est couteux pour eux d’organiser des manifestations publiques, car ils ont bien du mal à trouver du financement. Ecrire un livre n’a pas un effet si bénéfique car cela ne touche qu’une petite partie du grand public. Face aux à la déferlante de publicités sur des produits laitiers tous plus beaux, plus sains, plus gouteux, que les autres, publier un livre s’apparente à un coup d’épée dans l’eau. Internet est un bon moyen, mais étant donné la surabondance de critiques que l’on peut trouver sur tous les sujets possibles et imaginables, il faut chercher un peu, ou avoir de la chance pour arriver sur un site de qualité présentant des arguments fiables contre le lait.
    L’ultime moyen serait donc une confrontation médiatisée entre un industriel et un naturopathe, un débat public. Mais le sujet n’est pas si attrayant que cela pour le grand public, et pour cause : les industriels ne vont pas faire en sorte que la polémique se répande. Ainsi, le sujet n’intéressant pas vraiment le grand public, les choses sont bloquées dans cette phase de la controverse, où les industriels réagissent de plus en plus vite, et de mieux en mieux aux attaques qui leurs sont faites, tout en restant discrets (par exemple les produits sans lactose), et où les ennemis du lait commencent à s’enfoncer de plus en plus en remplaçant leur approche scientifique de la controverse par une approche marketing, à toucher un plus grand public, mais à perdre en crédibilité.