Les syndicats et coopératives laitières
Les produits laitiers que peut boire ou manger le consommateur sont transformés à partir du lait collecté auprès des producteurs de lait de vache. Il semble intéressant de noter ici, pour mieux évaluer le poids de ceux-ci que la France compte 103 000 exploitations laitières. Ces dernières sont des éleveurs de bétail bovin qui se regroupent en coopératives laitières afin de mutualiser leur production. La quasi-totalité des coopératives laitières collectent et transforment le lait. Ces coopératives ont une dimension locale, c’est la raison pour laquelle elles se rassemblent en fédérations régionales, elles mêmes coordonnées par la Fédération Nationale des Coopératives Laitières (FNCL). Il s’agit d’un syndicat professionnel qui a été créé en 1930 et qui s’occupe notamment des relations entre producteurs et coopératives.
En outre, la Fédération Nationale des Producteurs Laitiers (FNPL), branche de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), créé en 1946 est le plus important syndicat professionnel ayant pour vocation de représenter les producteurs de lait eux-mêmes auprès des pouvoirs publics ; il prend donc part aux travaux ayant une incidence sur la production laitière et sur les revenus des producteurs de lait.
Ces syndicats apparaissent comme les représentants de tous ceux qui interviennent, à l’échelle française, dans la filière laitière en amont des groupes industriels qui livrent, eux, le produit laitier fini au consommateur. Ils s’expriment d’une seule voix, et, en ce sens constituent un seul et même acteur dans la controverse qui nous intéresse. On peut considérer qu’il joue un rôle particulier dans cette dernière car en effet, il ne s’exprime pas sur la question qu’il ignore en apparence. Cette attitude est cohérente avec ses intérêts et sa volonté de veiller à garantir un certain niveau de revenu aux producteurs laitiers.
La Fédération Nationale des Industries Laitières (FNIL), syndicat qui défend les intérêts des industries privées du lait, a créé en 1993, en association avec la Fédération Nationale des Coopératives Laitières, l’Association de la Transformation Laitière (ATLA) qui travaille sur les questions liées à la transformation industrielle et à la commercialisation par les entreprises. Cette collaboration met en évidence les rapports étroits qui se sont établis entre les producteurs, en amont de la filière laitière, et les groupes industriels qui sont en aval de celle-ci. Il s’agit de deux acteurs impliqués dans la controverse qui adoptent la même attitude : le mutisme volontaire. Cette complicité entre ces deux acteurs, mue par des intérêts qui convergent à de nombreux égards, est également illustrée par la création en 1973 du Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière (CNIEL), fruit de la volonté commune de la Fédération Nationale des Producteurs Laitiers, de la Fédération Nationale des Coopératives Laitières et de la Fédération Nationale des Industries Laitières. Ce syndicat revendique la mission de « promotion des produits laitiers et de valorisation de leur image » (sic) ce qui ne saurait être compatible avec l’ouverture d’un débat sur les nuisances imposées par la consommation du lait.
Pourtant, ce même syndicat revendique également la mission de « définition et de mise en œuvre de programme de recherche d’intérêt collectif »(sic). Ainsi, le groupement d’intérêt scientifique Amalthée (GIS Amalthée) voit le jour en 1998, alors que la naissance du CNIEL a été précédée en 1990 par la création d’Arilait. Ce sont deux organismes de recherche, qui, là encore, restent muets à propos d’éventuelles nuisances imposées par la consommation de lait. En effet, leur travaux demeurent concentrés sur l’hygiène alimentaire et les moyens d’améliorer la production et la transformation du lait.