Les arènes : une controverse cloisonée
Le paysage de la controverse apparaît très cloisonné. En effet, si certains acteurs qui interviennent au sein de celle-ci se sont positionnés clairement (c’est le cas des naturopathes), quand d’autres feignent l’ignorance (c’est le cas des industriels et des syndicats), et alors que d’autres encore semblent adopter un avis nuancé (c’est le cas des scientifiques), on ne peut en revanche affirmer en aucun cas qu’un débat s’installe entre eux.
Ainsi, au mutisme des syndicats et des industriels s’ajoute l’indifférence des scientifiques et de l’Etat à l’égard des sophrologues. La réciproque n’est pas vraie puisque ces derniers n’hésitent pas, pour donner de la force à la thèse qu’ils défendent (la consommation de lait est mauvaise pour la santé), à faire référence aux études réalisées par les scientifiques dans lesquelles ils mettent en évidence une relation entre la consommation excessive de lait et certaines maladies telles que les cancers de la prostate, des ovaires, ou encore colorectal. Ce cloisonnement de la controverse est mis en évidence dans la pages précédente.
Des arènes disjointes
Ce cloisonnement de la controverse se traduit également par le fait que les acteurs évoluent dans des arènes disjointes.
En effet, les industriels s’expriment à travers des campagnes publicitaires dans les médias, essentiellement par l’intermédiaire de la télévision, et dont l’unique destinataire est le consommateur. La voix des scientifiques se fait entendre, et ce à une échelle internationale, grâce aux publications dans des revues telles que l’American Journal of Epidemiology, Cancer Research, ou encore la Revue Internationale de Pédiatrie. Ces publications par des scientifiques sont destinées à des scientifiques. En outre, on ne rencontre pas de publication visant à infirmer les études sur la relation entre la consommation du lait et les cancers. Ces deux acteurs, industriels et scientifiques, ainsi que l’Etat et les syndicats, muets, sont très peu présents sur Internet, au contraire des sophrologues qui cherchent à se faire entendre du grand public, à une échelle nationale. Ils se manifestent également en publiant des ouvrages de vulgarisation destinés au consommateur.