Public et scientifiques
Si on comprend par scientifiques les chercheurs, il n’y a en fait que très peu d’interactions entre ces deux acteurs, les scientifiques n’ayant pas pour but de toucher le grand public. Il est en effet quasiment impossible pour un « novice » de comprendre leurs articles. Les chercheurs ne font pas d’efforts particuliers pour vulgariser leurs articles et les rendre accessibles au grand public. De plus, les études sur le lait sont très précises, et deviennent rapidement très techniques. Ainsi, le fait de les banaliser amène le public à faire des raccourcis qui conduisent à de fausses conclusions. Par exemple, le tryptophane permet de former une protéine à caractère morphinique, donc pouvant avoir un effet soporifique. Cependant, les concentrations dans le lait sont tellement faibles, et les interactions avec d’autres acides aminés tellement compliquées à prendre en compte, que l’effet est en fait absolument négligeable. Le lait ne fait donc pas a priori dormir.
Cependant, il faut ici distinguer les médecins des scientifiques. Ceux-ci sont réellement au contact du grand public, et sont écoutés. Mais, n’étant pas pour la plupart des spécialistes de la biologie, en particulier sur le domaine du lait, ils sont obligés de simplifier les articles de chercheurs qu’ils sont amenés à lire. Ils doivent encore les simplifier pour les transmettre au grand public. Le public y est très attentif, car il a confiance en ses médecins. Le médecin est en effet l’interlocuteur privilégié du grand public en matière de santé. Cependant, ce que disent les médecins sur le sujet n’est pas forcément toujours fiable. A la base, ce sont les biophysiciens qui ont créé la profession de nutritionniste, et les médecins s’en sont emparés.
Ainsi les médecins et les chercheurs n’ont pas la même approche du sujet, mais n’ont pas le même contact avec le public. Surtout au début de la controverse, à l’heure où internet n’existait pas, le grand public n’a aucune chance de lire un article de qualité, et est quasiment incapable de discuter de la fiabilité de ce rapport, de juger si les expériences menées sont pertinentes ou non. De leur côté les médecins peuvent dire ce qui les arrangent.
Au fur et à mesure que la controverse évolue, le grand public est de plus en plus touché car rendu plus curieux par internet. Il a en effet plus facilement accès aux articles des chercheurs. En extrapolant, internet devient sinon un acteur, un facteur d’interaction primordial entre les acteurs. De plus, le regard des médecins change, et aujourd’hui deux groupes de médecins se distinguent : ceux qui continuent de promouvoir le lait comme l’aliment miracle, et ceux qui mettent en garde le public contre les excès. Certains chercheurs font de même des efforts pour rendre leurs articles plus accessibles par le grand public.