La Tribune.fr
- 20/04/08
Crise
alimentaire : la
nécessité de développer l’agriculture fait consensus.
Il
y a une crise alimentaire dans plusieurs pays d’Asie et d’Afrique. Le
programme
alimentaire mondial (PAM) appelle à une augmentation de son budget de
756M$.
Les gouvernements français et américain répondent par une augmentation
de leurs
aides. Mais au-delà de ces mesures d’urgences, il est nécessaire
d’inciter le
développement de l’agriculture dans les pays en développement.
Le
président de la
Cnuced
(Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement)
affirme
qu’une « aide accrue à l’agriculture et l’abolition
des subventions agricoles sont essentiels pour
trouver une solution à long terme». Le non respect de ces deux points a
selon
lui mené les pays pauvres, autrefois exportateurs, à devenir
importateurs de
marchandises agricoles coûteuses.
C’est
un point de vue partagé par l’OMC qui a appelé le FMI et la BM
à tenter d’accroître l’offre
alimentaire afin d’enrayer la montée des prix. P. Lamy (OMC) pense
qu’il faut
adapter l’offre agricole à la demande.
Crise alimentaire:
la nécessité de
développer l'agriculture fait consensus
Le directeur général
de l'OMC a
appelé samedi la
Banque
mondiale et le FMI a recentré leur attention sur la production de
denrées
agricoles. La
Cnuced
plaide pour une aide accrue à l'agriculture dans les pays pauvres.
Il y a le court
terme. La crise
alimentaire que connaissent plusieurs pays en développement d'Asie et
d'Afrique
nécessite une augmentation de l'aide alimentaire d'urgence. Chaque
année
celle-ci ne parvient qu'à une minorité des plus de 800 millions de
personnes
dans le monde qui ne mangent pas à leur faim. Le Programme alimentaire
mondial
(Pam) avait lancé pour cette année un appel initial de 2,9 miliards de
dollars
aux pays donateurs. Mais avec l'envolée des prix des produits
alimentaires et
des carburants depuis la fin 2007, une rallonge de 500 millions de
dollars a
été décidée en février. Le Pam a encore révisé ses besoins à la hausse
samedi,
réclamant 756 millions de dollars supplémentaires pour 2008 pour un
budget
total de 3,65 milliards de dollars.
La France
a annoncé vendredi le doublement de son aide alimentaire pour cette
année, qui
passera de 30 à 60 millions d'euros (100 millions de dollars).
Mercredi, les
Etats-Unis avaient annoncé le déblocage d'une aide d'urgence de 200
millions de
dollars. Ces sommes ne représentent qu'une infime partie des besoins
sans cesse
grandissants du Pam. Mais au-delà de l'aide d'urgence, un consensus se
fait
jour parmi les organisations internationales, les pays développés, les
ONG,
pour qu'à moyen et long terme l'accent soit mis sur le développement de
l'agriculture dans les pays en développement.
Une aide accrue à
l'agriculture et
l'abolition des subventions agricoles dans les pays riches sont
essentiels pour
trouver une solution à long terme à la hausse des prix des produits
alimentaires, a déclaré samedi le président de la Conférence
des Nations
unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Supachai
Panitchpakdi. Il
estime qu'un montant disproportionné d'aide a été consacré à des
projets de
bonne gouvernance dans les pays en voie de développement au cours des
dernières
décennies alors que l'agriculture a été négligée, transformant des pays
pauvres
qui auparavant exportaient de la nourriture en pays dépendants
d'importations
coûteuses.
"Nous allons passer
d'une crise
à l'autre si la communauté internationale ne s'attaque pas au problème
majeur
de la restructuration de l'allocation de l'aide internationale", a-t-il
dit lors d'une conférence de presse à la veille d'un sommet de la Cnuced
au Ghana.
Son point de vue est
partagé par
Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce
(OMC).
Celui-ci a appelé samedi la Banque mondiale et le
Fonds monétaire international (FMI) à
recentrer leur attention sur l'agriculture afin d'accroître l'offre
alimentaire
afin d'enrayer la montée des prix. "En matière d'aide au développement,
l'attention n'a pas porté sur l'agriculture dans la dernière décennie.
L'agriculture doit devenir le centre d'attention pour la période à
venir",
a-t-il estimé sur la radio BBC 4, ajoutant: "la seule solution à long
terme est d'adapter l'offre" agricole.
Face à la pénurie de
produits
alimentaires et la hausse du prix des denrées, le ministre allemande de
l'agriculture, Horst Seehofer, a appelé dimanche à une "renaissance de
l'agriculture, une expansion de la production agricole en Allemagne, au
sein de
l'Union européenne et surtout dans les pays en développement" dans un
entretien au Bild am Sonntag.
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