Controverse | Projet de construction de l'OL Land à Lyon
Projet de construction de l'OL Land à Lyon

Résumé de l'article

Courant 2006, l'Olympique Lyonnais présente son nouveau projet de construire un nouveau stade. Les premières oppositions apparaissent lors du choix du site en octobre. La solution d'un aménagement de Gerland avait été écartée par le président de l'OL, car trois difficultés se dressaient alors : le stade était situé dans une zone à risques " Seveso ", est classé monument historique et est limité en termes de capacité d'accueil. Seulement, selon le rapport d'un collectif d'associations publié en mars 2009, toutes ces difficultés sont surmontables.


Pourquoi construire un nouveau stade à Lyon ?

En effet, avant de se demander comment construire le nouveau stade de l'Olympique Lyonnais, il est légitime de se poser cette question. Un agrandissement de Gerland n'aurait-il pas été amplement suffisant et plus simple au niveau de l'élaboration du projet ? N'aurait-il pas réduit les problèmes que pose et que posera le projet OL Land, autant sur le plan environnemental que sur le plan social ? Décrivons chronologiquement l'implication des acteurs autour de ces questionnements.

Actuellement, le stade de l'Olympique Lyonnais est situé à Gerland (quartier dans le 7ème arrondissement, au sud de Lyon) ; il s'agit de la principale enceinte sportive de la ville avec une capacité théorique de 40494 places (contre 50 000 à 80 000 places pour les stades de clubs européens de renommée comparable à celle de l'Olympique Lyonnais). Le classement UEFA lui accorde 4 étoiles sur 5. Oeuvre de l'architecte lyonnais Tony Garnier, le stade fut mis en chantier en 1913 et opérationnel en 1920. Ne disposant pas de tribunes couvertes à son inauguration, le stade connaît des vagues d'aménagements successifs. Autre point important : les quatre portes du stade sont classées monument historique depuis 1967 (arches). D'autre part, ce site est desservi par les Transports en Commun Lyonnais : le métro B (station Stade de Gerland), la ligne de bus 96, les stations Vélo'v : Parc de Gerland (allée Pierre de Coubertin), Gerland (square Galtier).

Courant 2006, l'OL lance son projet, en choisissant de construire un grand stade dans l'agglomération de Lyon. Expliquons pourquoi l'Olympique Lyonnais veut mettre en place le projet OL Land : le club a l'ambition de rester un grand club européen, mais aussi de devenir un acteur majeur, en France et en Europe, du sport et du divertissement sportif (le " sportainment "), afin de diversifier les recettes du groupe. Il souhaite également pouvoir répondre aux exigences des spectateurs et supporters en matière de confort et de qualité des prestations qui leur sont proposées. Pour répondre à ces objectifs, l'OL doit pouvoir se doter d'équipements et d'infrastructures adaptés (décalage entre le classement sportif, où l'OL est au 8ème rang européen, et le classement en termes d'infrastructures, où il se situe au 66ème rang) et en avoir une maîtrise complète. C'est dans ce but qu'est créé le projet OL LAND. Ces enjeux sont confortés par les prises de position du secrétaire d'Etat aux Sports sur ces sujets et doivent faire l'objet de propositions de la Commission Grands Stades. Le choix du site est à l'époque encore débattu : trois options sont encore possibles (Vénissieux, Décines, Pusignan-Jonage-Meyzieu).

Octobre 2006 : Avec le choix du site d'accueil (à Décines) viennent les premières oppositions au projet. Dans le Progrès du 23 Octobre, le président de l'Olympique Lyonnais, J-M. Aulas rappelle que " dans un premier temps, il souhaitait que la ville de Lyon agrandisse Gerland. Mais il s'est heurté à deux problèmes majeurs. D'une part, le stade de Gerland est situé dans une zone " Seveso ". D'autre part, il est classé à l'inventaire des Monuments historiques. La moindre modification doit faire l'objet d'une autorisation de l'architecte des bâtiments de France. "

Le 31 Octobre apparaît la première conséquence du projet OL Land : le maire de Vénissieux, A. Gerin, opposé à l'installation du siège du LOU rugby à Gerland pour occuper le stade qui sera délaissé par l'OL, quitte son poste de vice-président de la Communauté urbaine du Grand Lyon. Il proteste contre la décision de G. Collomb de ne plus construire un grand stade de rugby de 18 000 places à Vénissieux, sur le site du Puisoz. Il demande en outre à Gérard Collomb de revenir à ce projet initial sur lequel il s'était engagé en septembre 2004 avant que les ambitions de Jean-Michel Aulas ne viennent tout bouleverser et tout balayer.

Septembre 2007 : La question de l'utilité d'un grand stade se pose dans la presse locale. En effet, l'affluence moyenne est seulement de 35 000 spectateurs. Pourquoi construire un stade de 60 000 places ?

Avril-Mai 2008 : M.Forissier, maire de Meyzieu, affirme dans Lyon Capitale qu'un agrandissement de Gerland est tout à fait possible et que le Grand Lyon a commencé à étudier de nouveau cette solution. Il évoque que peut-être que la difficulté du dossier est que M.Aulas n'est pas propriétaire de Gerland, et que finalement ce serait plus simple de le vendre à l'Olympique Lyonnais. " On peut aussi faire de la place autour du stade en dégageant certaines entreprises qui n'ont pas à être en centre-ville et s'interroger sur l'avenir du Palais des sports, qui peut être transféré autre part. "

Octobre 2008 : Il est question de retirer le stade de Gerland de la "zone Seveso", car il ne figure plus dans les "cartes d'aléas" qui viennent d'être envoyées aux grands élus de l'agglomération, dans le cadre de la préparation du prochain Plan de prévention des risques technologiques (PPRT) du couloir de la chimie. En clair, ce serait le principal obstacle à l'agrandissement du stade de Gerland (et donc le principal argument en faveur du Grand Stade) qui tomberait. Pour le député UMP Philippe Meunier, l'un des opposants au Grand Stade, l'affaire ne fait plus un pli : "ça fait des mois qu'on le dit. On savait qu'il y aurait une réduction du périmètre Seveso, car depuis AZF, il y a eu un renforcement des protections sur les usines chimiques. Les risques d'effets de souffle ou d'incendies ont ainsi été réduits, et logiquement les périmètres de sécurité autour doivent être réduits". Si cela devait se confirmer, l'alternative d'un agrandissement de Gerland se heurterait encore à un dernier obstacle : le classement aux bâtiments de France. Pour Meunier, ce dernier rempart cédera comme les autres : "Classement, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas construire. Regardez l'Opéra de Lyon, lui aussi était classé. Rien n'empêche le ministre d'autoriser l'agrandissement de Gerland". Il conclut : "Tous les arguments tombent les uns après les autres. La vérité sur le Grand Stade, c'est que l'OL veut faire une opération commerciale privée avec des fonds publics. Il faut qu'ils arrêtent de dire qu'ils auraient bien voulu agrandir Gerland, mais que ce n'est pas possible." Le feuilleton Grand Stade n'a sans doute pas fini de rebondir.

Novembre 2008 : remise du rapport Séguin de la commission Grands Stades Euro 2016 à F.Fillon. Cette commission a répertorié les qualités et les défauts des principaux stades français susceptibles d'accueillir l'Euro 2016. Bien évidemment, le stade municipal de Gerland en fait partie. Deux qualités sont notées : son accès qui est facilité par les transports en commun et sa proximité avec le Palais des sports et la présence d'espaces où aménager des structures extérieures temporaires. La liste des points à améliorer est plus longue. Y figurent notamment l'insuffisance d'espaces d'hospitalité à l'intérieur du stade, et le manque de surface disponible pour les locaux techniques, de stockage ou d'accueil des médias. La visibilité qui n'est correcte qu'à partir du troisième rang à certains endroits du stade est notée, ainsi que l'importance de la distance séparant les tribunes derrière les buts de l'aire de jeu. La configuration actuelle de la tribune de presse pose aussi souci car elle ne répond pas aux exigences de l'UEFA. Les aménagements nécessaires auraient pour conséquence de rogner sur la capacité du stade. Le projet OL Land porté par l'Olympique Lyonnais figure aussi dans le rapport.

Cependant, un collectif d'associations publie en mars 2009 un rapport intitulé " La difficile genèse du stade de Décines ", contrecarrant tous les arguments pour abandonner le stade de Gerland. Tout d'abord, il explique en détail pourquoi l'occupation de ce stade présente des inconvénients pour le club lyonnais : en effet, J-M. Aulas n'est que locataire du stade possédé par la ville de Lyon. Au début, la location était gratuite, mais, " à partir de 2003, la ville a conclu avec l'OL une convention d'autorisation d'occupation temporaire du stade de Gerland assortie d'une redevance de 600.00 eurospar an. " Elle a augmenté progressivement et aujourd'hui, le loyer se situe à environ 1 million d'euros pour 26 matchs. Cela présente donc de nombreux problèmes au niveau de sa situation de locataire (la ville de Lyon fixe le prix de la redevance, le club dépend de la collectivité notamment au niveau de la gestion du calendrier) et au niveau de son intérêt financier (recettes de la vente de billets plafonnées par la capacité du stade, la localisation dans une zone réduite ne permet pas de créer des activités commerciales complémentaires, ...). Cependant, selon ce rapport, l'abandon du stade peut causer un préjudice financier considérable à la ville de Lyon : les investissements effectués depuis 1998 pour la modernisation du stade deviendraient inutiles (montant de 32,6 millions d'euros) et d'autre part, les recettes fournies par l'OL (redevance, etc.) disparaîtraient sachant qu'aucune autre équipe sportive professionnelle ne serait en mesure d'assumer un loyer aussi important. Enfin, la surcapacité du stade de Gerland pourrait entraîner une tendance à une détérioration progressive des équipements. Pour ce rapport, une modernisation du stade est tout à fait envisageable et va d'ailleurs être l'objet d'une étude par la ville de Lyon, puisque les trois difficultés initiales semblent être résolues. Premièrement, le site n'est effectivement plus classé en zone " Seveso " d'après le nouveau Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT). Deuxièmement, plusieurs exemples de rénovation de monuments historiques (l'Opéra de Lyon, la Cité Internationale) ont démontré qu'il était tout à fait possible de concilier rénovation et protection du patrimoine. Enfin, peut-être que l'augmentation de la capacité du stade à 60.000 places n'est pas nécessaire au vu du nombre de places achetées et des résultats du club qui ne peut pas être comparé aux plus grandes équipes européennes. Le rapport note aussi les avantages de Gerland au niveau de sa proximité du centre ville, de sa grande accessibilité par les transports communs.

Voici un extrait de l'interview d'Olivier Frérot, directeur général de l'agence d'urbanisme pour le développement de l'agglomération lyonnaise, sur la possibilité d'un réaménagement du stade de Gerland :

Pourquoi construire un nouveau stade à Lyon ?