L'opinion publique et les médias

 Avec la crise financière, l’opinion publique a été confrontée à une situation à laquelle elle n’était pas préparée et dont elle n’a pas vraiment compris les causes. Les échanges entre les différents acteurs et leur portée n’étaient compréhensibles pour la plupart des gens que par le truchement des médias.

Or la crise financière n'est pas un sujet facile à traiter par les médias : elle impose de décrire et de comprendre des phénomènes abstraits et compliqués, des évènements rapides, dans le temps et l'espace courts qui caractérisent le travail journalistique.

Les médias : un effort de vulgarisation

Dans ces conditions, les journalistes ont essayé de faire leur travail de façon correcte. Ils ont donné la parole aux acteurs (banquiers, régulateurs, hommes politiques) Mais l’opinion publique bien loin de percevoir quel était vraiment le rôle des différents acteurs et les causes profondes de la crise -la procyclicité des normes de réglementaires étant par exemple complètement incompréhensible par les non initiés - à retenu quelque idées flash : nous sommes face "à la crise du libéralisme", pour conclure sur "nous allons assister au retour de l'Etat" contre la "finance folle".

Dire "finance folle" permet de s'épargner la difficulté de comprendre le réel et sa complexité. Se limiter à des discussions "rôle de l'Etat" vs "marché dérégulé (et fou)" c'est éviter de se souvenir que l'activité financière est l'une des plus réglementées au monde, et que le problème n'est pas "plus ou moins de réglementation" mais quelles réglementations sont appropriées et si a contrario certaines ne jouent pas parfois un rôle contreproductif.

De plus, la question a également été posée de savoir si la couverture des médias n’avait pas amplifié la crise par le sentiment de catastrophisme qu’ils véhiculaient. La question est donc posée : les médias en font-ils trop sur la crise financière ? Pour Eric Bleines, directeur général délégué de la société de gestion CCR-Action, "même si le devoir des médias est d'informer", cette médiatisation massive de la crise peut faire "paniquer les gens" si elle n'est pas accompagnée d'un minimum d'analyse.

La tentation du sensationnel

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La crise financière a présenté au moins un avantage: elle a permis de faire de jolies Une. Des Une qui font peur pour de vrai.

The Economist nous voyait au bord du gouffre, avec un petit morceau de corniche qui se détache, prêt à s'effondrer.

Le magazine Time nous a replongé à l'époque de la crise de 1929.  Des hommes font la queue à la soupe populaire. Titre: The New Hard Times. Cette une trouvait un écho dans les files de personnes faisant la queue en septembre 2007 devant les agences de la Banque Northern Rock

                              

Expliquer sans affoler, c'est toute la difficulté de l'exercice journalistique en de pareilles circonstances. Pas évident d'expliquer la crise financière lorsque même les observateurs les plus avisés y perdent leurs repères. Exercice encore plus délicat dans le cadre du journal Télévisé qui se doit de simplifier des données difficiles à appréhender.

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